De hautes murailles s'élevant au beau milieu d'une forêt aux cîmes hautes...
Dans ses entrailles, un sol terreux planté de lances, jonché d'épées fêlées, de heaumes cabossés...une brise portant l'odeur âcre de la mort parvient jusqu'à moi, je fronce le nez, incommodée. Un coup d'oeil circulaire...aucune trace de cadavre a proximité...le lieu semble désert...pourtant...il m'est famillié...et à la fois si lointain et abstrait...
Avant que je puisse me demander ce que je fais ici, un relent encore plus nauséabond que le premier me soulève le coeur, j'esquisse un pas en arrière, cherchant des yeux la source de cette pestilence.
"Or..ell"
Mon sang ne fait qu'un tour, j'ai cru entendre mon prénom. Dardant chaque centimètre du théâtre de la bataille, ma main glisse lentement vers la garde de mon épée.
"Oriell.."
Mon coeur s'arrête. C'était distinct. Je n'ai pas rêvé. Et toujours rien autour de moi. Mes lèvres murmurent l'incantation de la vigilance, la base de mon bâton tape le sol...
"Oriell !"
Une forme s'ébauche de l'invisible, vaporeuse...Ces traits... Sigileth! Elle accoure vers moi, ses vêtements en lambeaux maculés de sang. Un coup au cœur, j'écarquille les yeux, n'arrivant a croire ce que je vois. Elle est en vie! La joie me submerge mais plus elle approche plus ses formes deviennent précises et plus mon enthousiasme se meut en crainte. Elle est apeurée. Elle semble fuir quelque chose, mais quoi? Nous sommes seuls...
"Oriell!"
Elle se jette dans mes bras, je la rattrape, mon regard cherchant dans le sien une explication quand la pestilence me frappe a nouveau en plein visage. Mes paupières se ferment de toutes leurs forces. Soudain le corps léger de Sigileth s'alourdit, son poids devient impossible a porter si bien qu'elle m'entraîne dans sa chute. Nous tombons lourdement au sol, la jeune elfe contre moi. Avant même de retrouver assez de souffle pour articuler quelques mots, son regard auparavant doux et bienveillant a mon égard change brutalement. Ses yeux bleu azur prennent une teinte rougeoyante, ses pupilles s'allongent, sa peau diaphane se déchire soudain sous mon regard empli de terreur pour laisser place a l'horrible face d'un Ourouk.
Je reviens brusquement a la réalité. Glad Ereg. Mon campement près de la forêt.
Deux petits yeux pleins de haines transpercent mes pupilles, le monstre m'écrase de tout son poids. Je vois son bras se lever quand un sifflement furtif suivi d'un craquement et d'une gerbe de sang me balaye le visage...