cambrioleur/euse débutant/e Messages : 158
| Sujet: Les Pilleurs de l'Ombre : Épisode I : La Menace Fantoche Lun 24 Avr - 16:50 | |
| - Partie 1:
Alors que Gilserk et le Rohirrim pinaillaient sur les termes du contrat d'expédition, Anamaria de Sianim laissait ses rêves et sa mémoire l'emporter loin de l'ambiance moite du Poney Fringuant, elle était revenue des années en arrière, à l'époque où la jeune dame redoutée n'était qu'une fillette en mal d'aventure et de butin, loin de ses terres d'origine, toujours sur les routes en quête de gloire. Elle se trouvait sur la place de Grand'Cave le jour de la déchéance de Flambart Croustillant, dit Le Potiron. Ce Hobbit légendaire était le meilleur cuisinier que l'Eriador ait connu, ses tartes à la citrouille se dégustaient par-dessus et par delà la Colline, loin au dessous de l'Eau, derrière l'Eau, tout devant l'Eau, au loin de l'Eau, à Veau l'Eau mais surtout à Bree. Le Potiron avait acquis à force de pétrissage une richesse considérable qu'il conservait dans un endroit tenu secret sans jamais trop dépenser en herbe à pipe, chapeau coloré, vaisselle dorée, nain travesti et fille de joie, à l'inverse de ses voisins bien moins humble, c'était un hobbit en tout point remarquable, qui faisait l'admiration des siens mais qui attirait aussi bien des convoitises. Pour cette raison, il avait pris l'habitude de dissimuler son visage sous une citrouille creuse sur laquelle il avait taillé des orifices pour les yeux, le nez et la bouche, son masque possédait un regard jovial mais un sourire un peu inquiétant. L'objet déchaînait les passions et l'imagination des autres hobbits, c'est d'ailleurs ce masque qui lui avait valu son surnom, on imaginait que Le Potiron devait dissimuler un lourd secret en plus de cacher son or.
Un jour, tout bascula, Le Potiron fut accusé d'avoir empoisonné le Vieux Touque à l'aide d'une tarte à la citrouille assaisonnée à la bave de limace géante. Le Potiron clama haut et fort son innocence mais rien y fit, les shiriffes conduisirent Croustillant sur la place de Grand'Cave devant toute la ville et devant la jeune Anamaria qui assistait à la scène par hasard. On lui ordonna d'abord d'avouer son crime afin d'obtenir une peine plus douce mais il refusa, provoquant alors l'indignation générale. Le shiriffe chargé de l'interrogatoire lui demanda ensuite de révéler la cachette de son trésor, Le Potiron se tourna alors vers la foule et clama d'une voix éloquente :
« Mon trésor ? Je vous le laisse, si vous voulez. Trouvez-le ! Je l'ai laissé quelque part dans ce monde ! »
Après cette déclaration, Le Potiron ne prononça plus un mot, malgré les demandes de la foule et des shiriffes qui voulaient forcément plus d'information, mais le cuisinier refusa d'en dire plus. Alors le bourreau leva sa tarte à la crème et l'abattit avec force sur le visage de Flambart Croustillant. Le Potiron fut alors contraint à l'exil, il partit vers l'est. La légende raconte qu'il vivrait à présent en colocation avec une créature tordue et aveugle dans les profondeurs des Monts Brumeux et qu'il se serait spécialisé dans le sushi, mais ceci est une autre histoire. Ce jour-là, de nombreux aventuriers partirent à la recherche du fabuleux trésor de Potiron, et Anamaria ne fit pas exception. Partout en Eriador, on fouillait, creusait et recherchait une trace, même infime, du fabuleux trésor, mais rien n'y fit, aucun indice ne fut découvert par les aventuriers. Peu à peu, les chasseurs se firent moins nombreux, on douta même de l'existence du butin et le trésor de Potiron devint une sorte de légende. Pourtant, certains n'abandonnèrent pas, Anamaria fut de ceux-là, elle persévéra, à l'affût des moindres bruits sur une éventuelle localisation d'un indice. Mais après plusieurs années de chasse, la jeune cambrioleuse commençait à se rendre à l'évidence, l'or était perdu, malgré ses indéniables talents, elle n'avait pas réussi à mettre la main sur une seule pièce. La jolie rousse encapuchonnée vidait chope sur chope en grognant à l'auberge de l'Oiseau et du Nourrisson de Grand'Cave, là où sa quête avait commencé. C'est ici qu'un cri attira son attention, un vieil homme, à la barbe blanche foisonnante et aux cheveux hirsutes, unijambiste et probablement ivre braillait dans un coin sombre des paroles insensées : « Du sucre, des épices et plein de bonnes choses ! Tels étaient au départ les ingrédients choisis par le cuisinier Croustillant pour préparer la tourte parfaite. Mais il ajouta par erreur de la crème de potiron ! Et là...
- Pardonnez-moi, l'interrompit Anamaria qui l'avait discrètement rejoint, vous parlez bien de Flambart Croustillant ?
- Bien sûr ma p'tite dame ! J'étais son apprenti ! John Sylvain ! C'est mon nom ! On peut dire que je connais tous ses secrets !
- Vraiment ? Demanda la cambrioleuse en souriant, vous n'auriez pas des informations sur l'emplacement de son trésor par hasard ?
- Ha ha ha ! J'en étais sûr, encore une qui essaie de s'emparer du trésor du patron ! Vous le trouverez jamais ! L'est bien trop malin le Potiron ! Et radin aussi ! Il ne m'a laissé aucune piécette ! Seulement un vieux morceau de tissu qui me sert de mouchoir de poche ! Scandale ! Que la peste soit sur les hobbits ! Clama l'ivrogne en s'attirant toujours plus de regards désapprobateurs. Voyez par vous-même ! Il est pas bien beau en plus ! Dit-il en montrant son mouchoir très usagé à Anamaria qui eut un mouvement de recul en voyant le tissu recouvert de défection nasale s'approcher dangereusement de son visage. Malgré les abondantes traces de morve, la cambrioleuse novice pouvait distinguer des lignes et des dessins gribouillés sur le bien de John Sylvain, aucun doute possible, c'était une carte au trésor !
- Il me faut votre mouchoir !
- Ha ouais ? Et pourquoi que ça vous intéresse mon mouchoir ? Demanda le vieux débris.
- Heu...j'aime beaucoup ses motifs ! Allez, je peux vous le racheter.
- C'est 500 pièces d'or ! Dit l'ivrogne avec des yeux à la fois moqueurs, défiants et déviants, il comptait profiter de la situation pour effacer son ardoise à l'auberge.
- 500 piè...vous êtes dingue ? C'est hors de question ! Se braqua Anamaria dont la bourse était presque vide.
- Bon bon bon! Le vieillard se tut un moment et fixa la jeune femme avec un regard désagréable, il eut un sourire mauvais et méprisant. Y a bien kek'chose que vous pourriez faire, après tout! Z'êtes pas trop mauvaise comme dame, vous pourriez p'tet...
- Je pourrais quoi ? Demanda la voleuse, à la fois inquiète et impatiente d'en finir avec l'affreux énergumène.
- Vous m'faites un bisou ! Et puis on s'caline un peu, ça fait longtemps que j'ai pas profité d'un peu de présence chaleureuse si vous voyez c'que je veux dire !
- Je vois oui, un bisou donc. Conclut Anamaria alors que son interlocuteur avançait excessivement ses lèvres sèches vers elle en fermant les yeux. Voilà mon bisou ! » Dit-elle en assénant un puissant coup de tête au milieu du visage du sac à vin, attrapant au passage son précieux mouchoir.
John Sylvain s'affala sur le sol, emportant avec lui la table et le tabouret. Immédiatement, la panique s'empara de l'auberge, Anamaria s'enfuit en esquivant les jets de chope et les coups donnés au hasard, elle défonça presque la porte alors qu'une chaise jetée par un Hobbit fit éclater une fenêtre en mille morceaux. La cambrioleuse poursuivit sa fuite à travers les rues obscures de Grand-Cave, elle avait presque réussi à atteindre la sortie de la ville quand une douleur terrible à la cheville l'empêcha de tout mouvement. Elle avait activé un piège à loup ! Sans avoir le temps de réagir, Anamaria fut encerclé par des hommes armés, aux vêtements sales et délabrés, à la mine patibulaire, ils étaient commandés par une grande femme blonde aux yeux méchants, elle portait un gros gourdin dans sa main droite et s'avançait vers la cambrioleuse en jubilant : « Bonsoir Anamaria, vous avez quelque chose que je cherche depuis longtemps je crois.
- Je vous préviens, vous venez de faire une grossière erreur ! Lança la voleuse au groupe de brigand, elle essaya de se saisir d'une de ses dagues pour pouvoir riposter mais son agresseur anticipa son geste, la cheffe écrasa son pied sur le visage d'Anamaria et la frappa dans les côtes avec son arme. La victime hurla de douleur, son corps la faisait atrocement souffrir :
- J'ai assisté à ton petit numéro de tout à l'heure à l'auberge. Vois-tu j'avais prévu d'assassiner John Sylvain et de lui dérober sa carte, mais tu nous as facilité le travail. Notre employeur sera très content ! Le meurtre du vieux fou aurait fait du bruit, mais qui se soucie du cadavre d'une petite voleuse à la sauvette comme toi ? Personne.
- Qui...êtes-vous ?
- Mon nom est Esyth, ma bande et moi, on sera bientôt les bandits les plus puissants d'Eriador. Dommage, tu ne seras plus là pour assister à notre apogée ! Clama Esyth en levant haut son gourdin, elle s'apprêtait à abattre l'arme sur le corps tremblotant d'Anamaria quand un bruit de fruit pourri écrasé la stoppa dans son mouvement, la tête d'un de ses hommes venait d'éclater, une hache de lancer avait prématurément mis fin à son existence. Un brigand hurla :
- Attention ! On est attaqué ! Un rugissement guerrier retentit soudain, une deuxième hache se planta dans la cage thoracique d'un autre bandit qui s'effondra dans une gerbe de sang. Un nain en armure bondit alors de l'ombre, armé de deux lourdes haches, il débarrassa d'abord un adversaire de son avant bras avant de l'éventrer d'un coup sec. Le dernier malandrin fit quelques pas en arrière avant de fuir à toute allure dans les bois sous les injures d'Esyth. Cette dernière se jeta sur Anamaria pour tenter de lui dérober à la hâte son morceau de carte mais il était trop tard, le nain était sur elle. Elle sortit en un éclair une bombe fumigène d'une de ses poches et la jeta sur son robuste adversaire, qui fut aveuglé, sa promesse colérique recouvra les toussotements du nain :
- Soyez maudit tous les deux ! Je jure de vous retrouver et de vous faire payer ! On se reverra ! »
Anamaria ouvrit les yeux quelques heures plus tard, elle s'était évanouie après avoir subi l'agression d'Esyth. À sa grande surprise, quelqu'un avait pensé ses blessures, elle vérifia immédiatement si la carte était toujours sur elle, c'était le cas. Elle était toujours en Comté, à l'écart de la route de Grand'Cave, près d'un petit feu de camp aux flammes dorées et particulièrement réconfortantes en cette nuit difficile. Son regard se laissait absorber par la lumière du feu, elle ne fit pas attention à la silhouette qui s'approchait d'elle, la voix rauque la fit tressaillir : « Vous allez mieux ? » C'est ainsi qu'Anamaria fit la connaissance de Gilserk, un redoutable champion nain depuis longtemps sur les routes de la Terre du Milieu. Elle apprit que lui aussi possédait un morceau de la carte de Potiron qu'il avait dérobé à des criminels nains. Le partenariat se noua tout seul, ils continuèrent ensemble la quête du trésor de Potiron, jusqu'à ce jour fatidique au Poney Fringuant...
« Entre les brigands qui nous pourchassent et ces méchants nains qui veulent aussi une part du trésor, la quête risque d'être très dangereuse, je ne peux pas me permettre de recruter des pleurnicheuses ! Prévint Gilserk.
- Quand vous parlez de trésor, de combien de pièces d'or est-il vraiment question ? S'intéressa Brytnath.
- D'assez pour te permettre d'acheter une région du Rohan et de te tailler une barbe convenable. Répondit Anamaria du tac au tac en l'observant avec une méfiance non dissimulée.
- Vous avez deux morceaux de la carte à votre disposition, mais qu'en est-il du reste ?
- Nous t'expliquerons les détails si tu acceptes de nous suivre, hors de question de brailler nos informations ici, au milieu de cette horde de déchets imbibés de bière ! Cracha la cambrioleuse, qui avait depuis l'incident de Grand'Cave une mauvaise image des tavernes.
- Quand partons-nous ? Anamaria c'est cela ?
- Le plus tôt possible, et évite d'utiliser mon prénom d'accord ?
- Bien ! Je vous propose de quitter cette endroit discrètement et... Gilserk fut coupé par le bruit de la porte claquée contre le mur, un rôdeur pénétra en grande pompe dans le Poney Fringuant en clamant :
- Vous avez besoin d'un professionnel je crois ! Yannchatila à votre service ! L'homme s'avança d'un air assuré vers la table d'Anamaria, Gilserk et Brytnath. Son entrée aurait été plutôt réussie si le rôdeur n'avait pas marché sur sa cape trop longue. Il trébucha et bouscula un suderon grincheux qui terminait une bière ainsi qu'un serveur hobbit qui renversa tout son plateau sur une table de commerçants églains. Le suderon attrapa Yannchatila par le col et l'envoya en direction du comptoir de Poiredebeurré, le gérant du charmant établissement, il grogna :
- J'vais t'apprendre à regarder où tu mets les pieds ! Damné rôdeur !
- Voilà où je mets les pieds ! Dit le jeune éclaireur en donnant un vif coup de pied dans l'entrejambe de son adversaire. Le suderon s'écroula et adopta la position du fœtus. Un de ses congénères sortit de l'ombre de l'arrière boutique et hurla en lançant un couteau rouillé :
- Vengeance ! Prends ça ! Yannchatila esquiva de justesse et la lame se planta dans l’œil droit d'un nain, provoquant la colère de ses semblables :
- Baruk Khazâd ! Khazâd ai-mênu ! »
Nains, églains, suderons, hommes de Bree, hobbits, tout ce petit monde abandonna ses couverts, chopes et plats garnis pour se saisir d'armes et d'autres objets contondants afin de défendre son honneur. Bientôt une pluie de mobiliers divers s'abattit tout autour de Brytnath et de ses nouveaux compagnons, Anamaria lança le contenu de sa chope à la tête du premier adversaire qui se présenta pour l'étourdir et lui décocha un solide uppercut du droit, il s'effondra contre une armoire à vaisselle dans un épouvantable fracas. Gilserk n'en était pas non plus à sa première bagarre, il avait déjà assommé un suderon qui lui servait à présent de marteau pour s'en prendre aux hobbits retords qui tentaient de le renverser sous le nombre. Il en attrapa un plutôt obèse et le fit rouler sur le parquais de l'auberge et déquilla ainsi une dizaine de clients colériques. Pour Brytnath, tout cela était très nouveau, il esquiva un coup de poing rageur et chargea son agresseur qui heurta un adversaire de Yannchatila, le rôdeur remarqua le gardien paniqué et lui lança : « Hé le rohirrim ! Prend un otage ! Sors-nous de là !
- Un otage ? Mais...
- Vite ! Brytnath ne réfléchit pas, il se saisit d'une vieillarde bossue, édentée, à la chute de cheveux abondante et aux problèmes gastriques odorants. Le rôdeur secoua la tête et cria :
- Pas elle ! ELLE ! En pointant du doigt une jolie serveuse brune aux formes généreuses qui esquivait tant bien que mal les projectiles coupants. Le gardien barbu lâcha sa première prise et rejoint la dame indiquée par le rôdeur. Il l'attrapa en balbutiant des excuses et essaya de se diriger vers la sortie le plus prudemment possible alors que Yannchatila s'écria :
- Ha ha ! Nous avons un otage ! Laissez-nous sortir ou... Il fut interrompu par un tabouret qui heurta de plein fouet son visage.
- Il suffit ! Grogna Gilserk ! Cette mascarade a assez duré ! Le nain chargea, renversant et piétinant tout ceux qui eurent le malheur de croiser son chemin. Il réussit finalement à sortir du bâtiment en compagnie de Brytnath et de sa charmante otage qui se débattait en insultant le rohirrim et ses compères. Un hobbit plus courageux que la moyenne remarqua que le nain tentait de s'enfuir, il se lança alors à sa poursuite. Gilserk attendit le dernier moment pour lui fermer violemment la porte au visage, chacun put profiter du bruit des os brisés et du gémissement pitoyable du hobbit. Le champion remarqua qu'Anamaria était aussi sortie, appuyée sur le mur de l'établissement, elle semblait lassée et impatiente de s'en aller. Le rôdeur maladroit les rejoint aussi, malgré lui, il fut en effet projeté par la fenêtre et atterrit aux pieds du nain. Il se releva d'un bond et s'écria :
- Manants ! Ordures ! Rendez-moi ma bourse ! Un jet de poireau dans les dents le contraint au silence. La bagarre l'avait laissé dans un piètre état, il saignait de nez, sa cape était toute déchirée, une de ses bottes avait disparu et il boitait. Brytnath quant à lui avait fort à faire avec son otage, la damoiselle ne voulait rien savoir :
- Non mais ça va pas d'embarquer les gens comme ça ! Si vous croyez que je vais vous laisser repartir sans exiger réparation vous vous fourrez le doigt dans l’œil !
- Pardonnez-moi gente dame...
- Je ne veux rien savoir ! Je sais ce que vous préparez ! Je veux une partie du butin ! Sinon je cours vous dénoncer aux gardes ! Ils sauront s'occuper de vous !
- Je suis sûr qu'il y a moyen de trouver un arrangement à l'amiable...
- Bon écoute moi donzelle ! Coupa net Anamaria qui en avait plus qu'assez. Tu vas nous laisser quitter la ville bien gentiment ou je serais contrainte d'abîmer ton joli minois à grand renfort de coup de botte dans le pif !
- Quoi ?! Vous osez ?
- Et ne me force pas à répéter ! Dégage ! Sans prévenir, la serveuse se jeta sur Anamaria et les deux jeunes femmes se lancèrent dans un crêpage de chignon intensif, sous le regard fatigué de Gilserk et Brytnath. Alors qu'il pleuvait des étoffes de tissu, des mèches de cheveux et des sous-vêtements féminins autour des deux guerriers blasés, Yannchatila vint les réveiller :
- Il faut partir ! Vite ! La garde arrive ! »
En effet, la lueur des torches de la garde de Bree s'approchait dangereusement de leur position et les aboiements menaçants des chiens de garde retentissaient de plus en plus fort. Gilserk attrapa les deux femmes, il en prit une sous chaque bras et, en compagnie des deux hommes, se dirigea en courant vers la porte la plus proche pour quitter la ville, pendant qu'Anamaria et la serveuse continuaient à régler leur compte en se giflant et en se tirant les cheveux. La sortie se rapprochait, mais la garde aussi, et Brytnath aperçut une grande silhouette juste sous le porche de leur seule possibilité de fuite, elle avait l'air de s'affairer à quelque chose. En s'approchant, le rohirrim réalisa que le personnage avait planté une grosse fusée dans le sol qui était dangereusement dirigée dans leur direction, l'homme se baissa et Brytnath comprit qu'il venait d'allumer la mèche en gloussant, il reconnut après coup le magicien masqué que Gilserk avait refoulé un peu plus tôt dans la soirée. Le gardien hurla à ses compagnons : « à terre ! » Chacun se jeta au sol, la fusée fendit l'air dans un long bruit aigu et monta dans les airs. Les nombreux soldats de la garde de Bree regardèrent ce spectacle incompréhensible, ils virent la fusée monter assez haut avant d'exploser, un dragon de flamme jaillit alors et fonça vers eux, carbonisant les toits de bois et brûlant tout sur son passage, il disparut juste avant d'entrer en collision avec la taverne de la ville. Ce fut la panique générale, les gardes et les habitants s'enfuirent dans tous les sens en priant les Valars, on s'organisa pour éteindre les incendies et on oublia bien vite la cambrioleuse, le nain, le rohirrim, le rôdeur, la serveuse et le magicien. La communauté s'enfuit en direction des champs sud de Bree et dressa un campement en pleine nature, loin de toute habitation. Brytnath s'occupait du feu, son regard allait d'un compagnon à l'autre, Gilerk avait le dos tourné, il se contentait de regarder ses morceaux de carte en marmonnant et en pestant, Anamaria lançait des cailloux dans la rivière qui passait près de leur feu de camp, elle avait l'air assez énervée et le rohirrim jugea bon de ne pas la déranger, Yannchatila le rôdeur discutait avec la serveuse, qui se prénommait Lym, il lui proposa un jeu de dé connu des hommes d'Ithilien, le dés-habillant, la règle du jeu ne plut apparemment pas à Lym qui écrasa son poing sur le nez dont les saignements venaient tout juste de cesser. Le magicien, Aegharneris, regardait tout ce monde avec des yeux écarquillés, toujours dissimulés derrière son masque de cochon, il avait l'air d'être le plus heureux des six compagnons, ce qui le rendait encore plus inquiétant.
Après un repas frugal composé de poisson fumé et de patates à l'eau, Anamaria profita de l'inattention générale pour rejoindre discrètement Gilserk et lui expliquer à voix basse ce qu'elle pensait de la situation : « Ils se reposent et regardent ailleurs, on devrait en profiter pour mettre les voiles ! Tu as trouvé des indices sur la localisation du troisième morceau ?
- D'après les coordonnées laissées par Croustillant sur ta partie de la carte, ce qui nous intéresse se trouverait dans la Comté, au nord du marais de Rushock.
- La Comté ? Pas encore ! J'ai horreur de cette région de dégénérés ! Bon tant pis, prend tes affaires et fichons le camp !
- Anamaria...
- Dépêche-toi !
- Ces gens nous ont aidé, on doit bien leur offrir quelque chose en retour.
- Quoi ? C'est hors de question ! À cause d'eux je ne suis pas prête de remettre les pieds à Bree, je refuse de partager le butin de Potiron avec ces énergumènes ! Surtout l'autre pimbêche là ! Dit-elle en désignant Lym du regard.
- Vous préparez le départ ? Demanda soudainement Yannchatila en voyant le nain et la cambrioleuse s'activer dans leur coin.
- Oui ! Nous partons pour le marais de Rushock ! Annonça le champion.
- Gilserk ! Tu commets une énorme erreur ! Prévint Anamaria avant d'être réduite au silence par la main robuste du nain, elle continua à souffler son mécontentement pendant que son ami expliquait la situation à la communauté :
- Écoutez-moi ! Comme vous le savez sûrement, mon amie Anamaria de Sianim et moi-même nous apprêtons à partir en quête de l'or depuis longtemps oublié de Flambart Croustillant, dit le Potiron. Sachez que de mauvaises personnes sont aussi à la recherche de ce butin et que cette aventure peut s'avérer très dangereuse ! Ce n'est pas une mission pour les novices, les bras cassés, les bout-en-trains et les écervelées ! Clama-t-il en regardant l'un après l'autre Brytnath, Yannchatila, Aegharneris et Lym. Le destin a fait que nous soyons ensemble ce soir, peut-être faut-il alors que nous continuons ensemble ! Alors...
- Pardon, mais une écervelée c'est comme une langouste ? Demanda Brytnath.
- Mais non ! Répondit le rôdeur en coupant net le nain, c'est quelqu'un d'un peu bête.
- Ha ! Je ne connaissais pas ce mot.
- C'est peu utilisé, chez nous on utilise plutôt l'expression grosse cruche. Moi c'est le rapport entre le trésor et les potirons que j'ai toujours pas compris. On cherche un trésor de potirons c'est bien ça ? Donc beaucoup de potirons ? Questionna l'homme d'Ithilien.
- Je...je ne sais pas quoi dire... Balbutia le nain, le regard perdu, subissant les moqueries muettes d'Anamaria qui semblait dire « je te l'avais bien dit ».
- Sérieusement, vous êtes la pire communauté que j'ai jamais vu ! C'est trop la honte quoi ! » S'indigna Lym. Aegharneris se contenta d'un « gruik » pour clore ce commentaire de groupe.
Gilserk finit par se lever péniblement, il rangea ses affaires sans conviction et se dirigea d'un pas lourd vers la Comté, une larme perla sur sa joue quand il réalisa après quelques mètres que la joyeuse compagnie le suivait, bien décidée à faire ses preuves et à s'emparer du trésor de Potiron. Anamaria le suivait de près, elle regardait des deux côtés de la route, toujours méfiante et prête à riposter au moindre signe d'entourloupe, Brytnath marchait en pensant à son Rohan natal et aux aventures qui l'attendaient encore en compagnie de ce groupe étrange, Yannchatila réfléchissait au nombre de potirons qu'il fallait amasser pour pouvoir mener une vie de prince à Minas Tirith, Aegharneris était émerveillé par le ciel étoilé de cette région et il trébuchait souvent, parfois, il lançait des glands dans la direction d'Anamaria pour la voir bondir sur un ennemi imaginaire, cela l'amusait beaucoup, Lym quant à elle se repassait du rouge à lèvre et essayait de retrouver une coiffure digne de ce nom, parce que là c'était trop la honte quoi, comme elle avait l'habitude de dire.
- Partie II:
Arrivé au Carrefour, les héros en profitèrent pour faire quelques courses, c'est là que le groupe aperçut un imposant personnage qui tenait par le cou cinq poulets paniqués. Il les donna à une petite hobbitte visiblement furieuse contre l'homme, elle s'empressa d'enfermer les volatiles dans leurs cages avant de tourner le dos au grand aventurier. Il ne fit pas attention à l'humeur de son interlocutrice, l'homme lui sourit et lui annonça que son problème de loup était réglé définitivement. Un peu intriguée, Anamaria de Sianim s'approcha du soldat, il portait une armure de plaques à l'aspect léger mais résistant, elle était finement décorée et gravée avec soin. Son bouclier doré de sentinelle était tout aussi raffiné ainsi que sa lance et ses javelines. Il avait une petite barbe entretenue et de beaux cheveux longs et bruns, la lumière du jour se reflétaient dans ses grands yeux bleus, son regard était d'une extrême gentillesse, on pouvait presque y déceler une sorte de naïveté enfantine. La cambrioleuse prit cela en note, elle était aussi impressionnée par la stature de la sentinelle, c'était un géant tout en muscle, sa silhouette se démarquait immédiatement de la foule. Anamaria hésita un court instant avant de donner un coup de coude à son ami nain : « Psst ! Tu as vu ce colosse là-haut ? Il est impressionnant, et on dirait qu'il adore rendre service.
- Oui et alors ? Je ne vois pas ce qu'il a d'aussi phénoménal pour que tu t'attardes sur lui. Grogna Gilserk.
- Ce que je veux dire, poursuivit la jeune femme, c'est qu'un aventurier comme lui pourrait nous être utile, vraiment utile, pas comme certains ! Dit-elle en désignant du regard les aventuriers qui les suivaient depuis Bree.
- On est déjà trop nombreux ! Il ne restera plus grand chose à se partager si on recrute encore des aventuriers. Je ne vois pas pourquoi on s'encombrerait d'un énergumène pareil, et puis la taille, ça ne fait pas tout. Contra le nain.
- Allons Gilserk, tu ne serais tout-de-même pas jaloux ? Si ? Demanda Anamaria avec un sourire malicieux.
- Moi ? Jaloux ? De cette grande perche ? N'importe quoi ! Et jaloux pour quoi ? Non mademoiselle ! Il t'arrive de dire de ces sottises parfois ! Tu ne te rends même pas compte !
- Allons voir cette sentinelle ! Dit Anamaria en riant, elle partit sans attendre dans la direction du guerrier, suivie de près par Gilserk qui boudait. Elle interpella l'homme alors que ce dernier s'intéressait à un stand de pommes, hésitant entre deux fruits à l'aspect pourtant identique : Pardonnez-moi mon brave, commença la jeune cambrioleuse en baissant le capuchon de sa cape noire, elle laissa sa longue chevelure rousse tomber sur ses épaules. Cela faisait un moment que le vent n'avait plus effleuré son visage. Je me demandais...
- Par les Valars... Balbutia la sentinelle, il fixa Anamaria pendant un long moment assez gênant sans rien dire. Il se baissa un peu pour être à hauteur égale avec la dame avant de poursuivre : J'ai parcouru bien des chemins, j'ai vu moult choses fantastiques, j'ai marché sous les cieux les plus majestueux et les plus grandioses, j'ai admiré les trésors les plus féeriques, mais gente dame, votre visage est la plus belle chose qu'il m'ait été donné d'apercevoir.
- Heu...oui, répondit la cambrioleuse à la fois surprise et troublée, voilà, mon ami nain et moi, nous cherchons des aventuriers pour...
- Peu importent les dangers ! Si ma lance et mon bouclier me permettent de combler vos attentes, c'est avec joie que je me fais votre féal ! Je vous jure, belle inconnue, que mon courage et ma bravoure s'emporteront devant vos ennemis comme mon cœur s'est emporté devant vos yeux si doux ! Coupa la sentinelle en mettant un genou à terre, Anamaria ne savait pas quoi faire pour mettre fin à cette mascarade, et les gens commençaient à les regarder. Elle demanda d'une petite voix :
- Relevez-vous enfin ! C'est gênant ! Vous êtes disponible pour une chasse au trésor ?
- Une chasse au trésor ? Laissez-moi mener la marche vers notre destinée, je couronnerais votre tête avec le butin que nous aurons amassé, je vous trouverais le plus grand des trônes, reine de mon cœur ! Je combattrais...
- Oui oui bon ça va on a compris Roméo ! Tu nous suis et tu la mets en veilleuse maintenant ! Coupa Gilserk qui en avait déjà assez de tout ce cirque.
- Je ne me nomme pas Roméo maître nain, je suis Tuppers, sentinelle des Peuples Libres. Quel est votre nom douce créature, ? Que je puisse vous dédier mes victoires futures ? - Anamaria de Sianim, chasseuse de trésor experte, ou cambrioleuse, c'est comme vous préférez.
- Ô Anamaria de Sianim ! Entonna la grande sentinelle, ô voleuse nocturne aussi habile que gracieuse ! Habile car elle a su dérober mon cœur ! Je chante pour la chapardeuse...
- Mais taisez-vous bon sang ! Vous allez nous faire coffrer ! Rugit la jolie rousse. Hélas, il était trop tard, un frontalier hobbit qui entendit le discours flamboyant de Tuppers la pointa du doigt en s'écriant :
- C'est la mécréante qui a agressé le vieux John Sylvain ! Frontaliers à moi ! Capturons-la ! » Le petit bonhomme se précipita vers elle pour l'arrêter, mais c'était sans compter le croche-pied d'Aegharneris. Le hobbit perdit l'équilibre et s'écroula lamentablement dans la boue. Sans perdre de temps, la communauté prit la fuite en direction du marais de Rushock.
Arrivé à l'entrée du marais, le groupe fit une halte pour que chacun puisse retrouver son souffle. Yannchatila surveillait la route afin de vérifier si la compagnie avait bien réussi à semer les frontaliers, Brytnath veillait sur les marais, protégeant ses nouveaux amis d'une éventuelle menace, Aegharneris glissait du poil à gratter dans le dos de Lym qui dévorait du regard la silhouette musculeuse de Tuppers, occupé à cueillir un bouquet de jolies petites fleurs pour sa nouvelle dulcinée Anamaria, posée près de Gilserk, leurs yeux toujours rivés sur la carte de Potiron. La sentinelle finit par les rejoindre, le colosse s'intéressa alors au précieux document, il constata que la croix indiquant le trésor était sur un lieu qu'il connaissait. Tuppers prévint ses compagnons du danger qui les attendait : « Prenons garde mes amis ! Je connais cet endroit, on le nomme la clairière piquante, un groupe de brigands nains s'est installé près des marais, ils terrorisent les hobbits du coin. On raconte qu'ils dissimulent une terrible menace derrière les murs de leur petit camp. J'ignorais auparavant ce que ces mécréants pouvaient bien chercher dans la paisible Comté, mais tout s'éclaircit à présent, ces nains cherchent eux aussi le trésor de Potiron !
- Anamaria, tu crois que ces nains ont quelque chose à voir avec la bande d'Esyth ? Demanda Gilserk.
- Je ne sais pas, elle ne dispose pas de nos indices, comment a-t-elle pu guider ces fauteurs de troubles jusqu'à l'emplacement du trésor ? Elle doit avoir de l'aide, une aide qui lui vient peut-être des nains.
- Pardonnez-moi noble sentinelle, ces criminels ont-ils parlé d'un Skorgrim Poing Bourru quand vous les avez affronté ? Questionna Brytnath, dont la conversation avait suscité son intérêt.
- Ils avaient l'air d'obéir aux ordres d'un Roi Blafard, je ne sais pas si cela vous est familier brave gardien.
- Skorgrim est revenu à la vie grâce aux maléfices d'un mort-vivant nommé Ivar, les Poings Bourrus peuvent très bien lui avoir donné ce nouveau surnom. Ces criminels pourront me donner des informations sur la cachette de leur chef, il faut y aller !
- Nous n'avons pas le choix, il faut les stopper avant qu'ils ne mettent la main sur le trésor pour le compte de l'Ennemi, expliqua la cambrioleuse, nous allons avoir besoin de toute l'aide dont nous disposons, aussi performante soit-elle.
- Ne vous inquiétez pas ma mie ! Je ne laisserais pas le mal nous séparer, ma lance est vôtre ! Promit la sentinelle.
- Nos destins ont l'air liés Anamaria, je vous aiderais dans votre quête de fortune, au moins jusqu'à la clairière piquante, je dois retrouver ce Skorgrim. Si nous devons combattre ensemble, sachez que mon bouclier est vôtre ! Jura Brytnath.
- Et ma hache ! Grogna Gilserk.
- En fait, j'ai rien d'intéressant à faire en ce moment, et puis j'adore le potiron, alors si on va vraiment en trouver un sacré paquet, on peut dire que mon arc est vôtre ! Annonça Yannchatila.
- Je reste avec vous uniquement pour le trésor, parce que vous êtes vraiment trop relou ! Pesta Lym.
- Gruik ! Conclut Aegharneris, visiblement content.
- Alors c'est décidé, allons déloger ces brigands et retrouver le trésor ! » Clama Anamaria.
Revigorés et motivés, la compagnie traversa avec prudence le marais de Rushock, Gilserk et Brytnath en tête, tous les deux cherchaient à débusquer d'éventuels agresseurs nains, ils étaient suivis par Anamaria et Aegharneris, la cambrioleuse tentait de convaincre le magicien de cesser sa tentative bruyante de domptage de grenouille, lassé du comportement farouche de l'animal, Aegharneris finit par abandonner au bout de quelques minutes, avec un « gruik » de déception. Yannchatila et Tuppers discutaient des résultats du dernier championnat de chasse-poulet sans trop se soucier des dangers qui les entouraient ni du regard désapprobateur d'Anamaria. Lym fermait la marche, peu rassurée par cette randonnée pittoresque dans ce marais dégoûtant, le bruit des moustiques et les choses visqueuse qu'elle voyait se mouvoir dans l'eau trouble la poussèrent à signaler son mécontentement : « Dites, on arrive bientôt ? J'en ai marre de patauger, mes nouvelles bottes de chez Lalia sont déjà fichues !
- Écoute joli cœur... Yannchatila ne finit pas sa phrase, Lym vit dans son regard une horreur indescriptible, il pointa quelque chose du doigt qui se trouvait apparemment derrière elle, la serveuse frissonna et se retourna très lentement. Elle poussa un hurlement de terreur mais il était trop tard, la limace géante l'avait recouvert de sa bave gluante.
- Non ! C'est dégoûtant ! Enlevez-moi ça ! Enlevez-moi ça ! Suppliait la jeune femme en pleine crise d'hystérie alors que Tuppers et Brytnath s'élancèrent sur le monstre, Gilserk fit soudain face à une deuxième limace qui jaillit des roseaux, il abattit avec force sa hache dans la figure du monstre, le liquide qui s'en écoula recouvrit son arme et la rendit inutilisable dans l'instant, il jura et lança un conteau de botte sur un troisième monstre qui s'apprêtait à attaquer Yannchatila par derrière, le rôdeur réagit par réflexe et planta sa dague dans le cerveau de la répugnante créature, qui s'éteignit immédiatement. Anamaria était quant à elle tordue de rire devant le spectacle de Lym couverte de bave de limace, cette gamine insupportable l'avait bien cherché ! La limace qui avait agressé Lym poussa ses derniers soubresauts et mourut sous les coups répétés du gardien et de la sentinelle. Gilserk se tourna vers son amie chapardeuse et la sermonna :
- Tu aurais pu nous aider quand même !
- C'est vrai Aegharneris, tu aurais pu faire quelque chose ! » Répéta Anamaria en se retournant. C'est là qu'elle constata que le magicien au masque effrayant n'était plus là. Aegharneris avait disparu !
Peu intéressé par la chasse aux limaces, Aegharneris avait commencé à suivre une jolie grenouille verte pomme qui sautillait près des roseaux, il s'était mis en tête d'en faire un nouveau membre de sa communauté. Il essaya de s'approcher un peu mais elle sauta et atterrit un peu plus loin dans la végétation. Nullement découragé, le magicien continua sa petite escapade, il écartait les roseaux et avançait sans peur à travers le marais, soudain il aperçut de nouveau la grenouille de ses convoitises, il s'approcha à pas de loup pour ne pas l'effrayer, se prépara à la saisir, plia les genoux pour bondir et c'est là que deux brigands surgirent de nulle part et se ruèrent sur lui, provoquant la fuite du petit batracien. Aegharneris voulut appeler à l'aide mais il était trop tard, un puissant coup gourdin placé derrière la nuque le réduisit au silence. Il émergea un peu quelques instant plus tard et réalisa que les deux personnages le traînaient en direction d'un camp. Le coup qu'il avait reçu lui causait encore des vertiges mais il put saisir la conversation de ses deux agresseurs : « Pourquoi on le tue pas tout-de-suite ? Demanda le plus grand des deux.
- Parce qu'Esyth veut l'interroger.
- Pourquoi faire ? Ces types sont pas une menace !
- C'est les ordres mon gars, et crois-moi, vaut mieux pas contrarier la patronne !
- Et si on retrouve un cadavre ?
- Un cadavre ? Quel cadavre ? » Les deux criminels éclatèrent d'un rire sinistre et Aegharneris retomba dans le coma.
Cachés dans les roseaux, les membres restants de la communauté observaient le duo de criminel traîner Aegharneris vers l'entrée gardée de leur camp fortifié, Anamaria de Sianim avait du mal à retenir sa colère et sa frustration, ce diable de magicien capturé, ils allaient devoir pénétrer chez l'ennemi sans tarder et le camp semblait très bien gardé. La cambrioleuse aurait aimé piller les brigands et les Poings-Bourrus avec Gilserk pour être sûr de leur succès, mais maintenant, elle allait devoir faire confiance au reste de cette pauvre assemblée. Pendant ce temps, les malandrins faisaient traverser le camp à Aegharneris, au moment où les gardes et le captif passèrent près du gros chaudron qui servait de cuisinière aux bandits, le magicien masqué marcha sur le pied d'un de ses ravisseurs. L'homme trébucha en jurant, son compère corrigea immédiatement le prisonnier en le secouant violemment : « Refais-nous encore un coup comme celui-là l'ahuri et je te jure que tu le regrettera !
- Pardonnez-moi messire, il m'arrive d'être un peu étourdi ! » S'excusa platement Aegharneris.
Les deux bandits attachèrent le magicien à un poteau non loin du reste du camp, les nains et les hommes avait dressé leurs tentes au pied d'une colline entourée de barricades en bois, Aegharneris ne put observer ce qu'ils dissimulaient en haut mais les gredins en plaisantaient entre eux, il s'agissait apparemment d'une arme mise à leur disposition par Skorgrim lui-même, cependant, elle ne semblait pas agir comme prévu. Il fallut attendre la tombée de la nuit pour que quelqu'un daigne s'intéresser à lui, une humaine et un chef nain se dirigèrent vers la prison du magicien qui dormait paisiblement, le nain le réveilla brutalement avec un coup de pied dans les côtes, la dame se pencha alors au-dessus de lui, elle avait un regard cruel et satisfait : « Alors magicien, tu vas me dire tout ce que tu sais, et vite, sinon il t'arrivera quelque chose de très désagréable. Menaça Esyth en provoquant les ricanements de son complice nain.
- Très bien, je vais tout vous dire. Annonça calmement Aegharneris.
- Nous t'écoutons !
- Alors, je sais compter deux par deux, lacer mes chaussures, réciter les noms des anciens rois d'Arnor dans l'ordre chronologique et alphabétique, allumer des fusées, chasser des grenouilles...
- Cesse de te moquer de nous ! Clama la criminelle. Combien êtes-vous ? Tu vas parler !
- Je peux vous donner une moyenne ? Demanda l'elfe au visage porcin, les yeux brillants d'intérêt.
- Non je ne veux pas de moyenne ! S'égosilla Esyth, elle commençait à perdre son calme devant la mauvaise volonté d'Aegharneris. Je veux savoir combien de gens Anamaria a recruté dans sa communauté d'incapables !
- Haaa ! S'exclama le mage. Je vois, seulement, la question est plus complexe qu'il n'y paraît.
- Quoi ? S'étonna le nain, aussi perdu que la femme.
- En effet, suite à ma rencontre avec la petite grenouille amusante qui sautillait non loin d'ici, je n'ai pas eu de réponse de sa part à ma demande d'intégrer notre communauté. Peut-être a-t-elle accepté ? Peut-être a-t-elle refusé ? Le suspense est insoutenable ne trouvez-vous pas?Ceci étant dit, le nombre exact de membres dans notre communauté est hélas sujet à caution, j'espère ne pas trop vous décevoir. Expliqua-t-il avec une mine désolée.
- Je crois que tes hommes lui ont tapé trop fort sur la tête Esyth. Annonça le nain.
- Assez perdu de temps ! Ragea la cheffe des gredins. Dis à tes hommes de me jeter ce type dans l'enclos du troll ! Si Anamaria et ses recrues veulent nous attaquer, qu'ils viennent, vu leur niveau, ils n'ont pas l'ombre d'une chance ! »
Des cris de peur et de fuite retentirent soudainement plus bas dans le camp, deux nains se précipitèrent en direction d'Esyth, essoufflés, ils expliquèrent la raison de ce vacarme à leurs chefs : « On n'y comprend rien ! Les hommes mangeaient leur soupe tranquillement et d'un coup, ils ont commencé à dire que des armées d'elfes et de spectres nous attaquaient alors que tout était calme ! Ils se sont tapés dessus, certains ont même mis le feu à des tentes avant de s'enfuir en hurlant dans les marais ! Nous ne savons pas quoi faire ! Que s'est-il passé ?
- Quoi ? Mais qu'est-ce que c'est encore que cette histoire ? Questionna Esyth, visiblement au bout du rouleau. Elle se tourna alors vers Aegharneris qui éclata de rire en entendant l'histoire des nains, il se calma un peu et expliqua :
- Ha ha ha ! C'est une petite blague, pour rigoler, j'ai discrètement glissé un peu de potion hallucinogène dans votre chaudron quand j'ai bousculé un de vos homme tout à l'heure. J'espère que le divertissement vous a plu !
- Mais ce n'est pas possible ! On est cerné par les abrutis ici ! Clama Esyth. Vite ! Reprenez le contrôle du camp ! Nous risquons d'être attaqué à tout moment ! Vous deux, débarrassez-moi de ce nigaud !
- Oui chef ! » Dirent les nains en cœur en s'emparant d'Aegharneris toujours tordu de rire, ils l'emmenèrent en haut de la colline.
Anamaria et les autres observèrent interdits les bandits s'enfuir du camp en hurlant, que pouvait-il être en train de se passer là-bas ? Cette panique était une chance à saisir, la cambrioleuse sonna le rassemblement et donna ses ordres d'attaque : « Gilserk, Yannchatila et Lym, postez-vous dans les hauteurs qui surplombent leur camp, vous pourrez ainsi nous couvrir pendant notre assaut, les autres, avec moi, nous allons franchir les portes et tenter de sauver Aegharneris ! » La communauté donna son approbation et chacun se dirigea vers son objectif. Le groupe de Gilserk contourna discrètement le camp et escalada non sans mal la falaise rocheuse qui surplombait la clairière piquante, de cette hauteur, le champion nain et ses compagnons purent constater la panique qui régnait au sein des installations ennemies, on fuyait dans tous les sens en implorant pitié alors que personne ne semblait menacer quiconque. Un mystère absurde de plus pour le nain, le rôdeur et la serveuse. Pendant ce temps, Anamaria, Brytnath et Tuppers pénétraient dans le campement d'Esyth, peu de brigands opposèrent résistance, un bon nombre avait déjà pris la fuite. Anamaria menait sa petite troupe entre les tentes des voleurs, déterminée à accomplir sa destinée, mais une voix tristement familière la stoppa net : « Anamaria de Sianim ! Je ne pensais pas que tu aurais le cran de te montrer à découvert. Tu vas payer très cher ta petite farce ! Rugit Esyth, très remontée contre toute l'humanité.
- Esyth ! Tu es finie ! Libère le magicien !
- Le magicien ? Mon troll des cavernes est en train de le dévorer et vous serez les suivants ! Ha ha ha !
- Quoi ? Un troll des cavernes ? Où ont-ils pu trouver un troll des cavernes ? Demanda Brytnath.
- Mon ami Skorgrim m'a fait ce cadeau, il espère bien que je trouve le trésor avant les autres ahuris d'Eriador. Le roi déchu aura sa part, vous, vous n'aurez que la mort ! Menaça la criminelle.
- Je ne suis pas impressionnée par tes veines élucubrations maudite harpie ! Railla Anamaria.
- Vraiment ? Peut-être que cela te marquera d'avantage. Dit Esyth en lançant trois projectiles de métal vers les aventuriers. Par réflexe, le gardien bouscula la cambrioleuse en levant son grand bouclier, une explosion projeta des débris de fer et de terre dans toutes les directions. Heureusement Tuppers l'avait imité, ils étaient indemnes mais Esyth avait une nouvelle fois disparu.
- Vite ! Clama Anamaria. Il faut retrouver Aegharneris ! »
Les trois compagnons traversèrent la clairière alors qu'un incendie causé par le repli prématuré des bandits commençait à gagner les toiles de tente du campement, ils arrivèrent au bout de la zone et aperçurent le magicien acculé contre la paroi, un énorme troll au crâne rond et à la peau grise empêchait toute échappatoire. L'elfe au masque porcin ne semblait pourtant pas effrayé, au contraire, il riait à gorge déployée en faisant de grands gestes des bras. La cambrioleuse, le gardien et la sentinelle avancèrent prudemment, la mine déconcertée. Aegharneris leur fit signe de se présenter sans crainte, le troll des cavernes se tourna alors vers eux, chacun leva ses armes, la créature monstrueuse prit alors une expression surprise : « Allons mes braves aventuriers, nul besoin de pointer ces ustensiles vers moi, je me nomme Pacem, le gentil troll, j'étais retenu ici contre ma volonté, ces malandrins voulaient m'utiliser pour faire du mal aux petites gens. Jamais je n'aurais levé la main pour blesser un hobbit, leur herbe à pipe est trop fameuse !
- Un gentil troll ? Voilà qui est singulier ! S'étonna Tuppers.
- Il est vrai que mes semblables ont plutôt mauvaise réputation, mais je ne suis comme eux, j'ai eu une éducation moi monsieur ! Expliqua le monstre.
- Très bien, je suis ravie que vous n'ayez pas mangé le magicien, maintenant veuillez nous excuser mais nous allons devoir poursuivre notre quête, nous avons suffisamment perdu de temps comme cela. Dit Anamaria, lassée de ces péripéties sans fin.
- Votre quête ? Ha oui ! Votre ami Aegharneris m'en a parlé, vous cherchez le trésor de Potiron ? Hé bien figurez-vous que Flambart et moi, nous étions comme cul et chemise, si vous me permettez l'expression. Révéla le troll non sans fierté.
- Pas possible ! S'exclama Anamaria, abasourdie.
- Et je sais exactement ou ce gentil plaisantin a caché son trésor ! Poursuivit-il, provoquant les acclamations des héros. Je vais vous l'indiquer, il se trouve... » Le gentil troll fut coupé par un énorme rocher qui écrasa sa tête ronde, son contenu rougeoyant s'écoula au sol quand le reste de son corps mordit la poussière après un ultime soubresaut de surprise. Sous le choc, Anamaria leva des yeux presque révulsés vers les hauteurs. Là se tenait fièrement Gilserk et Yannchatila, le nain tenait encore dans les mains la grosse branche de bois qui avait servi de levier pour faire tomber le rocher sur la tête du troll. Il lança à sa cambrioleuse préférée :
« Hé ! C'était moins une ! J'ai bien cru que cet horrible troll allait vous dévorer ! Alors ? Des indices sur l'emplacement de ce fichu trésor ? »
Dernière édition par Riddor le Mar 25 Avr - 10:42, édité 2 fois |
|