Heureuse RencontreLes années passèrent et s’écoulèrent lentement aux yeux de Feredoc qui gardait en son cœur le douloureux souvenir de la perte de sa mère. Et, d’années en années son chagrin se transformait en amertume, puis en colère à l’encontre de chacune des créatures malfaisantes qui étaient au service de Sauron.
Son père, Hobson, au contraire, noyait son chagrin dans le travail. Mais il n’oublia néanmoins pas sa chère Estrella et, chaque année, à la date de leur rencontre, il monte au sommet de la colline et confectionne une couronne de fleurs blanches qu’il dépose sur la tombe de sa femme.
A l’âge de 21 ans, Feredoc était devenu un beau et jeune Hobbit, fort, robuste et plein d’entrain. La vie avait repris son cours mais à jamais sa mère resterait gravé dans son esprit et il ne l’oublia jamais. Mais il se languissait d’un avenir plus grand que celui que pouvait lui offrir la vie aux abords du marais et tout à ses réflexions, il avait pris la décision de fréquemment faire des incursions dans le Marais de Rushock et d’en éliminer les viles créatures qui y rôdaient. Car avec le temps, même des trolls finirent par arriver jusque là. Il ne s’agissait que de trolls solitaires mais, pour Feredoc, c’était un signe que l’avancement de l’ombre n’avait que trop durer !
Une année durant il tourmenta les créatures des marais, puis, un jour de l’été de ses 22 ans, il sut qu’il était temps pour lui de quitter sa demeure.
Il dit adieu à son père, qui ne pouvait que comprendre son choix, lui qui avait quitté le Pays de Touque par amour pour Estrella. Il fit aussi ses adieux à Drughun et à ses voisins et, un matin pluvieux de la mi-juillet, Feredoc rassembla ses affaires et se mit sur la route, prenant la direction de l’Est.
Malheureusement, les éléments se déchaînèrent contre lui et de lourdes averses et des vents violents le poussèrent vers le Nord-Est, jusqu’à la forêt de Bindbole. Perdu, il obliqua alors, sans le savoir, vers le plein Nord et fonça tête baissée dans l’Antre de Lob, une araignée répugnante, crainte par les animaux de la forêt. Bien qu’il manqua de se faire prendre dans les immondes toiles de Lob, il parvint, usant de la légendaire discrétion de son peuple, à terrasser Lob ainsi que toute sa portée.
Et c’est au fond de la tanière de l’araignée que Feredoc fit une heureuse rencontre. Car il fit la rencontre d’un arbre qui parle qui vivait là depuis des siècles et qui avait vu sa tranquillité perturbée par la venue de Lob et de ses rejetons. L’Arbre Qui Parle était tellement vieux qu’il en avait oublié son propre nom. En revanche, en guise de remerciement à l’égard du jeune Hobbit qui venait de le débarrasser de ses parasites, L’Arbre Qui Parle voulut offrir à Feredoc un peu de sa sagesse. Aussi lui enseigna-t-il une forme de combat très ancienne, emprunt de magie, qui consistait à amplifier les vibrations produites par la voix ou un instrument de musique dans le but de porter des coups à l’encontre de ses ennemis. Fasciné par les récits de L’Arbre, Feredoc resta là pendant près d’une année, vivant seul dans les bois, aux côté aux côtés de L’Arbre. Et plus d’une fois il se prit à penser et à rire au fait que L’Arbre ne parvenait pas à se souvenir de son nom mais qu’il se rappelait, en revanche, de nombreuses connaissances du monde.
Avec beaucoup de pratique, Feredoc acquit de nombreuses facultés. Il était capable d’amplifier le son de sa voix à un tel point qu’il parvenait à faire trembler la terre ou à plonger ses ennemis dans le coma. Aussi avait-il entreprit de se construire de somptueux instruments de musique : une harpe, une flûte et un tambour. Le tout dans des bois nobles qui furent enchantés par L’Arbre Qui Parle.
Et, ayant acquis un grand savoir et de puissantes compétences dans l’art qu’exerçaient autrefois les Ménestrels d’antan, L’Arbre dit à Feredoc qu’il était temps de partir et qu’il devait sillonné le monde et chasser l’ombre qui s’étendait toujours plus vers l’Ouest. Et, avant que Feredoc ne puisse remercier son ami comme il se devait, celui-ci s’était à nouveau plongé dans un profond sommeil.
Sûr à présent de la direction à prendre, Feredoc s’en alla vers le Sud, passa non loin de Cul-de-Sac où il salua son vieil ami Frodo qui semblait en pleine conspiration avec Sam Gamegie, Pippin et Merry. Mais il ne s’attarda pas longtemps et, poursuivant son périple dans la belle et lumineuse Comté, il passa de l’autre côté de la rivière qui passait dans Hobbitbourg et se rendit, seul, à Bourg de Touque, là d’où venait son père.