Chaque être a sa destinée propre. Le seul impératif est de la suivre et de l'accepter, où qu'elle mène. Même parmi les Ombres.(adoptez adblock plus pour ne plus être géné par la pub ) |
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cambrioleur/euse débutant/e Messages : 158
| Sujet: DEMONS Dim 12 Juil - 22:47 | |
| - Introduction:
Bonjour, bonsoir les amis ! Vous lisez actuellement l'intro de ma nouvelle saga que je publie ici, pour vous. Comme vous le remarquerez sans doute cette histoire n'a rien à voir avec la confrérie, ni avec les MMORPG, ni même avec l'univers de Tolkien, je la publie ici pour vous la faire simplement découvrir. Elle apparaîtra sous forme de chapitre au fur et à mesure (comme les Enfants de Fornost) mais je ne sais pas encore à quel rythme. Bientôt j'afficherais le chapitre 1 qui sera un test, si l'ambiance vous plaît j'afficherais la suite. J'espère que vous accrocherez à ce récit autant qu'à la première saga ! A bientôt pour le premier chapitre et sur le jeu !
- Chapitre 1:
Le bruit des vagues et les délires d’un fou. Voilà les seuls bruits qui résonnaient du côté ouest de l’Enfer, au beau milieu du Styx. Les vagues se brisaient avec fracas sur les bords rocheux du royaume de Léviathan ; ce n’était qu’une gigantesque forteresse en ruine, ses imposantes murailles s’effritaient et ses tours s’effondraient peu à peu. Il n’y avait que de la roche noire et une vieille magie ignoble qui hantait encore l’air de cet endroit maudit aujourd’hui abandonné. Le donjon lui, tenait toujours debout, il tenait tête au vent et au temps, comme un symbole d’une maléfique puissance passée, c’était le dernier lieu de l’île habité : le seigneur Léviathan n’avait pu fuir son antre, ses propres sujets l’avaient enfermé à l’intérieur. Le démon était grand et frêle, vêtu de haillons rongés par le temps. Il arborait une épaisse masse de cheveux noirs et hirsutes, une barbe épaisse et affreuse qui donnait à la créature un air de fou furieux. En fait, Léviathan était un fou furieux. Il errait dans sa tour depuis des millénaires, la solitude et la haine qui rongeait son esprit avaient fini par le rendre complètement fou, même si Léviathan avait toujours eu l’esprit un peu torturé. Son mal remontait à une autre époque, quand le monde commençait à peine à tourner, quand l’ange rebelle Samaël est descendu en Enfer, ce manipulateur a ravi sa place de premier conseiller auprès du seigneur Belzébuth. Sa vie avait ensuite radicalement changée. Lentement mais sûrement, il fut évincé de la cour du Roi des Ténèbres et renvoyé dans son château. Il apprit par hasard un peu par hasard et surtout grâce à ses espions que le petit ange malicieux était désormais nommé Satan, le seigneur Dragon et qu’il avait pris la place de Belzébuth. Pour en rajouter une couche, le déchu avait aussi épousé Lilith, la fille adoptive de l’ancien Roi et l’élue du perfide cœur de Léviathan. Fou de rage, ce dernier rassembla ses armées, rameuta les seigneurs de guerre loyaux à sa cause et invoqua une centaine de monstres marins pour mettre fin au règne de Satan. La guerre fut rapide : la Légion Ardente de l’archange déchu Lucifer se chargea de briser la rébellion et de pacifier la région, transformant la moitié du royaume de Léviathan en tas de cendre. Ainsi naquit sa haine viscérale envers Satan, ses serviteurs et tout ce qui pouvait être détesté par-delà l’univers. Il complota alors les assassinats, les coups d’état, les enlèvements, les plus terribles sortilèges et les plus vaines campagnes militaires jusqu’à en perdre la raison. Léviathan finit par attaquer seul le palais d’or de Satan, déchaînant le Styx et les monstres qu’il contenait. Satan et Lucifer parvinrent à le maîtriser et lui hottèrent ses pouvoirs les plus dangereux avant de le renvoyer dans sa demeure. Il abandonna ses sujets à la misère alors il y eu révolte, le seigneur fut enfermé sans espoir de libération et on entendit plus parler de lui. Depuis, Léviathan n’était plus sorti de sa tour, il tournait en rond autour de son trône, victime du dernier don qui lui restait : l’immortalité. Le misérable démon passait son temps à rire aux éclats ou à pleurer, à invectiver les nombreuses hallucinations qui traversaient son esprit : elles mettaient souvent en scène des anges déchus bizarrement. Malheureusement Léviathan avait déjà brisé tout ce qui pouvait atténuer sa folie, les meubles et les tableaux sinistres gisaient sur le sol, en morceaux pourrissants. Pour compenser, il se tapait la tête contre les murs. Triste quotidien. Pour le plus grand malheur de ce qui a le malheur d’exister, ce quotidien allait prendre fin sous la forme d’une intense lumière au milieu de la pièce. Terrifié, Léviathan se réfugia derrière son trône et leva lentement la tête pour apercevoir ce qui émergeait de cette lumière. C’était quelque chose de majestueux, vêtu d’une toge scintillante cernée par un ceinturon d’or. La créature avait une longue chevelure blonde resplendissante et sa peau était comme le marbre le plus pur, identique à celle de Satan. Ebahi, Léviathan regarda la paire d’ailes couleur de neige qui se déployait lentement, la pièce fut alors éclairée par une lumière dorée, plus douce que la précédente. La scène était un vrai supplice pour le démon qui hurlait de terreur, il n’avait jamais apprécié les anges du Paradis et ce sentiment était réciproque. Léviathan craignait sur sa vie derrière son trône, tremblant, roulé en boule, la tête entre les bras. Il avait l’air assez déboussolé, attendant une aide qui n’arriverait jamais. En face, l’ange semblait absent. En réalité, il éprouvait un profond mépris pour la pauvre créature qui tentait de se cacher de lui. Ce qu’il voyait était simplement dégoûtant, ces cheveux hirsutes, cette barbe qui effleurait le sol couvert de poussière, ce corps squelettique, cette peau verdâtre et sale, surtout, ce regard de fou. Jamais il n’avait eu autant envie de tuer quelque chose, ou plutôt de mettre fin à la souffrance que ressentait la pauvre créature. Et pourtant, il était crucial que Léviathan reprenne rapidement ses esprits, l’ange allait avoir besoin de lui. Alors il s’assit à même le sol pour ne pas intimider d’avantage la bête farouche qui se terrait toujours derrière son trône de pierre. Il se voulut rassurant :
« Allons ne craignez rien seigneur ! Je ne suis que le pardon du ciel sur votre âme !
- Fiche le camp de ma demeure et cesse de troubler mon repos ! Je ne tolère pas les anges dans mon royaume, alors envole-toi et retourne dans la sale lumière qui t’a vu naître !
Cette réponse déplut beaucoup à l’ange, avec une rapidité déconcertante, l’être ailé débusqua Léviathan de sa cachette et le plaqua contre le mur couvert de crasse. Le démon sentait la main qui serrait fermement sa gorge, ses pieds ne touchaient plus la terre ferme et la peur se lisait dans ses yeux. L’ange lui expliqua ensuite la situation, d’une voix ferme sans être agressive :
- Misérable chose, tu n’es plus rien, une puissance déchue qui se raccroche à son trône rongé par la pourriture et à sa gloire passée, aussi sinistre que cet endroit. Je pourrais en finir avec toi, te briser en un bref instant mais le néant serait une peine trop douce pour une crapule de ton espèce. Pourtant, je vais t’aider, je vais t’offrir ce que tu veux.
- Alors cesse de m’entraver ainsi pour commencer !
- Tu entends enfin la raison ?
Léviathan ricana et retourna s’asseoir sur son trône. Il avait l’air d’aller mieux, son regard luisait à nouveau d’une malice perverse et d’une haine dévorante qu’un simple humain ne peut imaginer. Une haine plus que millénaire, qui vit pour tout ce qui est. Mais l’ange ne réagissait pas à cette haine, il attendait simplement que le démon prenne la parole :
- Non, j’ai perdu la raison il y a longtemps, je ne pense et je ne prends plaisir qu’à la souffrance, à la disparition de ton espèce. Es-tu prêt à m’offrir cela ?
- Tu veux la mort du Dragon et de ses alliés.
- Satan ne m’intéresse plus, il est confiant, optimiste et beaucoup trop sûr de lui.
- Un jour, il causera sa propre perte ; quand cela arrivera, je serais là pour contempler sa nouvelle chute.
- Des éternités ont défilé et il est toujours là, à narguer ta rancœur !
- Tu as bravé les dangers de l’Enfer pour me faire un sermon ?
- Non, je suis venu te proposer mon aide.
- Alors tu es fou ou stupide, je ne pactise pas avec l’ennemi !
- Moi ton ennemi ? Tu étais à ma merci, je t’ai épargné. Tes vrais ennemis sont loin à l’est d’ici. A l’abri dans le palais d’or de Satan ; je peux te permettre de détruire ceux qui te barrent la route, tu pourras ensuite faire selon tes désirs.
Léviathan eut soudain l’air plus curieux. Pour lui la situation était inédite, quelqu'un lui proposait une alliance :
- Comment ? Pourquoi fais-tu cela ?
L’ange sourit et lui répondit avec éloquence. Il pouvait enfin exposer son plan :
- Vois-tu, j’ai dans l’idée de changer les choses. Le Paradis, l’Enfer, la lutte éternelle, c’est dépassé. Chacun, nous nous occupons de nos petites affaires en nous craignant mutuellement et je pense que ce petit jeu doit cesser.
- Tu veux déclencher l’Apocalypse ?
- Non ! Le Jugement Dernier, c’est bon pour les fondamentalistes et les illuminés. Moi, je suis un visionnaire !
- Je n’ai jamais vu d’ange comme toi et à vrai dire, je ne comprends pas.
- Tu vis en ermite depuis trop longtemps, tu ne sais ce qui se passe. Le Paradis est faible, les miens sont en pleine décadence, coupés de la réalité ! Et l’Enfer ne se porte guère mieux !
- Tu trouves ? Satan a des centaines de légions à son commandement prêtes pour le combat. Ses soldats le suivraient jusqu’au néant ! Il y a aussi ceux qui ont chuté avec lui…
- Oui, la Légion Ardente, j’ai entendu parler d’eux.
- Alors tu connais leur réputation, ils sont invincibles.
- J’en doute, tout être a sa faiblesse, même celui qui vient du divin.
- Vraiment ? Et comment comptes-tu gérer Lucifer ?
- Lucifer ?
- Oui Lucifer ! Celui que vous appelez l’Exterminateur, autrefois archange de justice ! Celui qui m’a brisé et rendu fou ! Celui qui j’ai mille fois maudit ! Je suis curieux de savoir comment tu vas t’en débarrasser !
- Je connais quelqu’un…
- Tu connais quelqu’un ? Génial ! Je vois que tu ne sais pas à qui tu as affaire et je pense que tu cours à ta perte. J’ai lutté pendant trop longtemps, j’en ai assez de ces humiliations. Si tu veux mourir, va, va provoquer le Dragon ! Mais sans moi.
- Ne me prend pas pour un imbécile, je suis arrivé jusqu’à toi au nez et à la barbe des anges et des démons ; je ne suis pas suicidaire figure-toi, j’ai un plan pour parvenir à mes fins et même quelques alliés d’importance.
- Mais quel est ton plan ? Qui sont tes alliés ?
- Je veux reforger le monde ! Rendre la puissance, le pouvoir à ceux qui les méritent réellement, je veux renverser les faux rois et les tyrans. Je veux que le Paradis retrouve sa gloire d’antan !
- Et qu’est-ce-que j’y gagne ?
- Une place importante dans mon nouvel univers, Roi des Ténèbres par exemple. Avec une jolie succube à tes côtés.
- Lilith…
- Pourquoi pas ?
- Je ne devrais pas te faire confiance.
- Bien sûr que si ! Je suis un ange du Paradis !
Sans réfléchir au pourquoi du comment, Léviathan accepta la proposition de l’ange. Le désir du pouvoir le hantait à nouveau, il se sentait prêt à tout :
- Tu sais que j’ai été privé de mes pouvoirs ?
- Oui, ils te seront rendus bien assez tôt. Et quand tu auras retrouvé ta pleine puissance, je t'expiquerais la suite de mes projets, puis, tu auras ce que tu veux, tout ce que ce misérable endroit n'a jamais voulu t'offrir ! »
Satan se leva en sursaut et jura en latin. Son réveil lui annonçait la mauvaise nouvelle : il avait trois heures de retard sur son planning. Il se leva et glissa sur une chemise, sa tête atterrit dans les restes de petit déjeuner de sa femme adorée. Un deuxième juron retentit alors dans la chambre. L’ange déchu envoya alors tout ce qui trainait dans une autre dimension, le rangement n’étant pas son point fort. Satan n'aimait pas que l'on rentre dans sa chambre, les domestiques n'y mettaient pas les pieds. L'ange déchu avait recouvert les murs de la pièces de divers posters, de façon à ce que les murs blancs ne soient presque plus visibles, il avait rempli toutes ses bibliothèques, certaines avec des grimmoires obscurs et des almanachs, d'autres avec des bandes dessinées, des CD et des vinyles. Il y entreposait aussi ses instruments de musiques préférés, à savoir des flûtes millénaires, des luths centenaires, des guitares et des basses hors de prix, il avait aussi un écran de taille indécente en face de sa couche, posé sur un long meuble en bois qui dissimulait une collection de DVD et une console de jeu. Son lit était très grand, large, et comme la plupart de ses semblables, Satan ne s'en servait pas pour dormir. Les draps, blancs et gris, étaient froissés et complètement défaits, Satan les fit disparaître aussi, avec sa chemise de nuit et les divers vêtements féminins qui remplissaient la pièce, l'ange émit un sourire satisfait et se dirigea vers la salle de bain la plus proche, se préparant à affronter son quotidien, c’est-à-dire un cercle vicieux de plaintes, de supplications et d’hypocrisie. Pour se donner du courage, il jeta un œil au miroir où il pouvait contempler son buste. Rien n’avait changé, il était toujours aussi parfait. Son corps était taillé comme une statue grecque, couvert de tatouages étranges gravés en lui pour renforcer sa puissance magique, des suites de runes incompréhensibles, des formules diverses, mais il y en avait un vraiment impressionnant, représentant un dragon, qui allait la cheville gauche à l’épaule droite, faisant le tour de sa personne. Sa chevelure était d’un noir profond, comme ses pupilles. Satan passa une main dans ses cheveux longs et bouclés, s’étira et fit apparaître sur lui un luxueux costume noir de confection italienne. Certitude : il ne ressemblait pas au stéréotype de l’ange. Déjà il était beaucoup plus petit que la moyenne, Lucifer faisait facilement deux têtes de plus que lui, puis il avait un don tout naturel pour se faire passer pour un humain, ce qui était rare chez ses congénères. Il avait un visage plutôt énigmatique, avec son regard sans cesse curieux et son sourire à la fois rassurant et satisfait. Satan hésita un instant à se téléporter directement dans la cour de son palais puis il opta pour la marche. Son portable se trouvait dans la poche de sa veste, il enfila ses écouteurs et alluma l’appareil. Oui, Satan avait un portable en plus d’avoir du réseau en Enfer. Pour une simple raison : il aimait la nouveauté et les habitants de la Terre étaient bien les seuls à innover de temps en temps. Satan appréciait les humains, ils avaient leurs petits défauts c’est vrai, il était bien placé pour le savoir, mais quel sens de la création alors ! Quelle soif de changement ! C’est pour cela que le seigneur Dragon avait modernisé son palais à la mode humaine : eau courante, électricité, internet, écran plat, tout y était, on ne manquait de rien. Bien sûr, il avait eu besoin de recourir à la sorcellerie pour installer tout ça, le confort avait coûté un grand nombre d’âmes en tout genre mais l’évolution a toujours un prix il paraît. Un homme pressé résonnait à présent dans ses oreilles ; une chanson qui lui allait à merveille compte tenu de la situation. Satan se dirigea vers son lieu de travail en sifflotant la mélodie de Noir Désir.
Le seigneur Dragon trouvait déjà la journée assommante. Les couloirs étaient bondés de domestique qui fusaient à travers les chambres et qui ne prenaient pas garde au maître des lieux, ils n’avaient pas l’habitude de le croiser avant la fin de soirée et ne faisaient pas vraiment attention à ceux qui croisaient leur chemin. Satan ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même et cela le rendait furieux, il se plaignait donc comme si la misère du monde s’abattait sur lui. L’ange réussit à se tirer du torrent créé par la foule et à atteindre la porte. Il l’ouvrit avec brutalité, remit son costume en place et s’assit sur son trône. Il soupira et regarda son assemblée, les seigneurs démons fidèles à sa cause étaient présents, en colère comme d’habitude. A sa droite, le premier conseiller Asmodée était déjà plongé dans les documents concernant le royaume. Grand, sec, peau livide, grimaçant trop souvent, cheveux bruns taillés court, toujours intéressé par l'aléa des choses, un des seuls démons de l'Enfer qui ne se préoccupait pas que de lui-même, Satan le respectait beaucoup, plus que les démon ne l'imaginait en tout cas. Il avait le regard blasé, sûrement à cause des retards plus que fréquents de son maître, qui lui faisaient perdre toute crédibilité aux yeux du conseil. Vu la façon dont les démons regardaient Satan, la situation était bien partie pour dégénérer. Ces seigneurs de guerre étaient sous le joug de l'ange déchu depuis des millénaires déjà, mais ils n'avaient toujours pas ravalés l'humiliation de la défaite. Ils portaient tous une longue barbe noire, vieux symbole de pouvoir guerrier, que Satan et les anges déchus, étant imberbes, avaient rendu démodé. Pour l'occasion, les trois archidémons s'étaient parés de leur armure de combat en acier noir, au métal couvert d'enchantements luisants, autant pour se sentir protégé que pour impressionner les plus faibles. Aucun d'entre eux n'était armé, ordre de Satan, ce qui le mettait d'ailleurs dans une certaine position de force, car l'ange était meilleur mage que combattant, et bien meilleur que ces trois-là. A la table, trois sièges étaient vides ; celui de Léviathan qui n’était plus occupé depuis une éternité, celui de Lucifer dont l’absence prolongée inquiétait Asmodée et le siège de Bélial. Ce dernier ne ratait jamais un conseil pour invectiver Satan et provoquer Lucifer. Bélial était le fils de Belzébuth, il vit le jour grâce à un mélange de sorcellerie purement maléfique et de magie noire surpuissante. Le démon incarnait tous les maux de l’humanité, sa réputation en avait fait un personnage craint par-delà l’univers connu. Il massacrait diverses formes de vie par simple plaisir ou bien pour passer le temps et se réjouissait d’apporter la mort et la destruction partout où il allait. Même si Bélial n’était sympathique envers personne, il détestait particulièrement les anges et encore plus particulièrement Lucifer. Tout simplement parce que ce dernier était plus fort que lui, l’ange déchu contrôlait les feux de l’Enfer, cela faisait de lui la créature la plus puissante du royaume et il le savait. Un jour, Bélial en viendrait à bout, il en était persuadé. Quand cette heure arrivera, le démon reprendra la place de son père et rien ne l’arrêtera ensuite. En attendant, l’héritier légitime avait disparu ce qui arrangeait beaucoup Satan et Asmodée. Avant que le fidèle conseiller qu’était Asmodée puisse prendre la parole, le seigneur Dragon invita ses sujets à s’exprimer. Un premier démon se leva, il avait fait un long voyage pour assister au conseil et patentait depuis plus de trois heures, il avait l’air passablement énervé comme tous ses semblables dans la pièce et ne se fit pas attendre pour faire part de son mécontentement :
« Seigneur, je crois parler au nom de tous, les taxes prélevées pour la défense des frontières sont bien trop lourdes pour nous et les dépenses personnelles de son altesse pour ses festivités quotidiennes nous contraignent à lever sans cesse les impôts !
L’assemblée entière apporta son soutien avec tumulte. Un autre demanda le silence de ses pairs et prit aussitôt part au règlement de compte :
- Sachez seigneur, que mes terres ont subi l’attaque de pillards il y a quelques temps et que les dégâts sont considérables. J’aurais souhaité m’entretenir avec celui qui est censé protéger nos fiefs mais je constate qu’il est absent comme à son habitude.
Un troisième prit la parole :
- C’est vrai ! Si le seigneur Lucifer et sa légion ne sont pas capables de défendre nos frontières, rendez-nous nos hommes afin que nous puissions protéger nos gens ! »
Satan sentait monter la fureur en lui. Par lâcheté, ces ignobles monstres profitaient de l’absence de Lucifer pour rejeter la faute sur lui. Le Dragon connaissait bien sûr la vérité sur ces faits, que la « victime » des pillards envoyait en réalité ses propres mercenaires dans les terres sous son contrôle pour voler le reste de richesse qu’il n’avait pas déjà prélevé à ses sujets, que le premier démon à s’être plaint ne payait que la moitié des impôts demandés et cachait le reste dans les souterrains de son château, mais ils voulaient faire porter le chapeau à Lucifer ! Lucifer et ses frères anges qui étaient partis depuis des semaines dans un territoire plus que dangereux pour assurer la survie de ces pleutres. Lucifer, l’ange le plus fidèle, le plus brave et le plus sincère qu’il ait connu se faisait injurier par ces moins que rien. Lucifer, son seul véritable ami, celui qui avait toujours été là pour lui. Lucifer, celui qui avait tout combattu, survécu à tout et qui avait sauvé l’Enfer un nombre incalculable de fois de la destruction. Satan eut un mal incroyable à faire en sorte que le Dragon ne prenne pas le dessus sur lui. Il se leva à son tour et répondit calmement au conseil :
« Mes loyaux seigneurs, vous trouvez que je vous reviens cher ? Vous trouvez que ma Légion Ardente ne fait pas son travail ? Ma foi c’est très simple, pas de problème, je vous laisse faire ! Reprenez vos armées, retournez dans vos trous ! Je vous donne un siècle, un siècle avant qu’une autre raclure de votre espèce, plus puissante que vous, et c’est pas difficile à trouver, prenne votre royaume et vous fasse traîner dans la boue. En fait, je crois qu’elle est là votre place, dans la boue avec les larves et les cloportes qui…
- Mais de quel droit…
Satan changea, ses yeux s'étaient obscurcis et son sourire sympathique disparut. Il jeta un regard terrifiant au démon qui venait de parler. Le courtisan prit peur, il recula et tomba à quatre pattes, pensant que sa dernière heure était arrivée. Pourtant, Satan ne fit pas le moindre mouvement, il se contenta de dire :
- Ne me coupez plus la parole, jamais.
Sa voix faisait clairement comprendre à son assemblée que le temps qui leur était réservé venait de s’écouler. Asmodée craignait le pire, les démons n’avaient rien obtenu et son seigneur était sur les nerfs. Soudain, quelqu’un qui n’avait pas pris la parole depuis le début du conseil se leva et exprima sa colère :
- C’est un scandale ! Vous osez nous insulter, maudit ange de malheur ! Vous n’êtes même pas d’ici usurpateur ! Vous n’êtes pas digne de ce trône, déchu ! Qu’il revienne donc à l’héritier ! Bélial…
- Tu oses me dire ça en face ?
- Oui j’ose !
Le démon hurla un sort de sorcellerie antique, il voulait brûler Satan de l’intérieur. L’ange déchu murmura :
- Grossière erreur.
Satan fit un geste de de la main, comme s’il chassait une mouche, et une chaise à gauche de lui prit feu. Il avait dévié le sort. L’ange semblait alors plus grand, plus fort et son visage avait changé. D’habitude radieux, souriant, il était ici déformé par un rictus de haine et de cruauté à l’égard du démon, mort en sursis, qui avait essayé de le tuer. Ses yeux prirent une lueur légèrement violette et une épaisse fumée d’origine inconnue émanait de ses paumes, il flottait dans l’air, à quelque décimètres du sol, la gravité autour de son corps avait été changée par la puissante magie qu’il utilisait. L’intendant de l’Enfer serra fermement son poing gauche et le démon resta complètement figé pendant un instant puis, il explosa comme si on avait frappé une statue de pierre avec une masse, les morceaux tombèrent lourdement sur le sol et se changèrent rapidement en fines particules de poussière grise. Ensuite, Satan d’un coup son apparence normale et s’assit à nouveau sur son trône, comme si rien ne s’était passé :
- Bien, le conseil est terminé alors rentrez chez vous et ne remettez plus les pieds ici avant…le prochain conseil !
- Mais seigneur…
Satan hurla à son tour, c’était comme si une armée entière poussait un cri de guerre en même temps :
- J’AI DIT DEHORS !!! Sauf toi Asmodée.
Les démons disparurent, se téléportant ou quittant la pièce au pas de course, comme si leur vie en dépendait. En fait, leur vie en dépendait. Asmodée s’approcha du tas de poussière et constata :
- Vous l’avez tué.
- Sacré sens de l’observation ! Asmodée je crois que j’ai besoin de vacances.
- Moi je crois qu’il ne faudra plus compter sur le soutien de ces démons.
- Bah ! Lucifer se chargera d’eux quand il sera revenu de sa mission. Tu as des nouvelles d’ailleurs ? Il va bientôt revenir ? N’est-ce pas ? Dis ?
- Bien sûr, il s’en sort toujours, ne vous faîtes pas de souci pour lui.
- Je ne me fais de souci pour personne, c’est juste qu’il a beaucoup de retard !
- Et vous, vous avez du retard sur votre planning. Vos ministres vont arriver dans quelques instants, ils se posent pas mal de questions sur vos nouvelles réformes, à vrai dire…
- Mhm tu sens ? Il y a quelque chose qui cuit et qui sent bon ! Cool, j’ai faim !
- Seigneur, s’il vous plaît…
Asmodée était vraiment un exemple à suivre, Satan était chanceux de l’avoir à ses côtés. En réalité, c’était lui qui faisait en sorte que l’Enfer garde la tête hors de l’eau. Son seul défaut amusait beaucoup Satan, le conseiller était un maniaque de la prévision, tout devait être fait selon son sacro-saint planning et il était vraiment très complexé quand son seigneur chamboulait l’emploi du temps pour satisfaire ses caprices de souverain. Evidemment ce dernier ne s’en privait pas :
- On ne peut pas stopper cinq minutes ? Franchement, tu as envie de les voir toi les ministres ? Ils vont encore essayer de me rendre dingue, tout le monde veut me rendre dingue en ce moment !
- Je voudrais juste en terminer pour les réunions avant le déjeuner, on peut faire ça quand même ?
- En parlant de dingue, vous auriez pas vu ma femme par hasard ?
- Heu…j’ai croisé dame Lilith ce matin, elle a hésité à vous réveiller mais elle a trouvé que vous aviez l’air d’un, je cite : « petit bébé qui fait un gros dodo trop mignon » puis elle est partie avec ses suivantes, et quelques suiveurs je crois.
- Asmodée ?
- Oui seigneur ?
- Ne parlez plus jamais à ma femme. C’est un ordre.
- Bien seigneur.
- Va voir les ministres, préviens-les que je planche sur une modification du projet ou un truc dans le genre, ensuite organise une petite réception pour ce soir je vais user de mon charme fou pour nous assurer les faveurs des autres seigneurs et sûrement pour autre chose aussi, quand tu auras fini, baisse les impôts pour les cinq années à venir mais pas trop non plus, envoie les légions des seigneurs que nous venons de rencontrer dans une mission suicide, prend deux jours de congé et pars loin d’ici avec ta famille, sur une de mes îles privées du Pacifique si tu veux.
- Deux jours sans moi ? Vous ne tiendriez pas un quart d’heure !
- Tu tiens le pari ?
- Jamais avec vous.
- N’empêche, je suis sérieux, avec les heures sup’ que je t’impose, je me demande comment tu fais pour profiter de ton temps libre. Rassure-moi, tu as du temps libre au moins ?
- Vous servir est un honneur seigneur !
- Menteur.
- Que désirez-vous pour le dîner de la réception ?
- En réalité je n’ai pas l’intention d’y assister, une illusion se chargera du discours. Je pense plutôt à une soirée à New-York, ou Rio, ou Paris, ha ce que j’aime Paris ! Tu as déjà été à Paris Asmodée ?
- Sans vouloir vous vexer, loin de moi cette idée, mais vous aviez promis de cesser vos sorties nocturnes sur Terre. Ce genre de frasque ne plaît pas du tout à l’opinion publique, ni à dame Lilith.
- Tu sais ce que je pense de l’opinion publique ?
- Non, mais je serais ravi d’entendre votre point de vue seigneur.
- Hé bien je me dis que…laisse tomber. On sort d’ici ?
- Je vous demande d’être présent ce soir.
Satan s’apprêtait à quitter la salle, la phrase d’Asmodée le cloua sur place, il se retourna brusquement et le fixa :
- Tu m’as donné un ordre ?
- Je…da…Lilith m’a dit que…si elle ne voyait pas ce soir elle…enfin, vous la connaissez, vous savez de quoi elle est capable !
- Oui je le sais, c’est ma femme, pas la tienne, alors je te prierais de ne pas te mêler de ma relation avec elle d’accord ? Alors va faire ce que je t’ai demandé et ne me reparle plus jamais sur ce ton.
- B…bien seigneur !
Asmodée quitta précipitamment la salle, un peu comme les démons de tout à l’heure. Décidément le patron était de mauvais poil en ce moment. Il l’entendit même ajouter, juste après qu’il ait franchi la porte :
- ET QU’ON ME RAMENE LUCIFER BORDEL !!! »
Non, le patron n’était pas content du tout.
L'esprit de Satan bouillonait encore de colère, il sentait son cœur battre très fort contre sa poitrine, son cœur ? Non, le dragon, il voulait sortir, brûler, détruire. L'ange reprit place dans son trône, inspira profondément et expira, jusqu'à retrouver complètement son calme, il passa par réflexe une main dans ses longs cheveux et utilisa encore la magie pour refermer les portes derrière Asmodée, il s’en voulait d’avoir été un peu brutal avec lui. Satan aimait bien Asmodée. L’ange soupira, les fenêtres de la cour s’ouvrirent toutes seules et les restes du démon furent emportés par le vent. Le seigneur Dragon remit ses écouteurs avant de sortir en traînant des pieds. Cette fois, John Lennon lui demandait de bien vouloir imaginer un monde meilleur.
- Chapitre 2:
Lucifer aperçut enfin sa demeure, le palais d’or de Satan. Les gigantesques remparts dorés étaient toujours aussi impressionnantes ; il était persuadé que Satan était déjà au courant de son retour, les tours de guet scintillaient et montraient une certaine activité, pourtant les chemins de garde semblaient déserts. Des soupirs de fatigue se firent entendre au sein de sa troupe alors il ordonna une halte et s’assit avec ses hommes. Leurs armures avaient perdu de leur splendeur habituelle, elles étaient couvertes de sang et de crasse, les lances et les épées paraissaient très abîmées. Les anges de la Légion Ardente étaient tout simplement exténués. La mission avait été beaucoup plus éprouvante que prévue ; ce qui devait être une mission diplomatique s’était soudainement transformé en bain de sang. Mais une fois encore, le pire avait été évité par Lucifer qui, n’écoutant que son courage et sa rage, avait noyé ses ennemis dans un torrent de feu et de violence, changeant une région de l’Enfer en cendres incandescents. Les opposants au seigneur Dragon se souviendront longtemps de cette défaite. Lucifer avait une fois de plus impressionné ses compagnons d’armes, si le Chevalier de Feu, comme l’appelaient les démons, n’avait pas flairé l’embuscade, la Légion Ardente ne serait plus qu’un glorieux souvenir. Pourtant, l’archange n’avait pas l’air bien fier de son fait d’arme, la Légion mettait ça sur le compte de son trop plein de modestie mais il y en avait un parmi eux qui se posait plus de questions que les autres, c’était Azazel, le second de Lucifer. Azazel était ce qu’on appelle un héros, comme son capitaine, il rassemblait en lui les qualités qui font les guerriers de légende. Il était respecté des anges comme des démons et ne craignait rien ni personne, le déchu était loyaux envers ses amis et fidèle aux valeurs du chevalier. Il connaissait Lucifer par cœur et assurait ses arrières comme l’archange de feu couvrait les siennes. Depuis plusieurs semaines, un doute le rongeait. Avant la bataille Azazel n’avait rien senti de suspect, soit Lucifer avait aperçu quelque chose au dernier moment ou alors il y avait anguille sous roche. Il hésitait à lui en parler, craignant une réaction désagréable de la part de Lucifer qui était aussi connu pour une certaine promptitude à la colère apocalyptique. D’un autre côté, de drôles de rumeurs commençaient à voir le jour à propos de la Légion Ardente, certains les considéraient comme les commandos de la mort personnels de Satan, ses mercenaires assoiffés de sang formés pour assouvir les quatre volontés de l’intendant. C’était faux bien sûr, l’archange en était persuadé mais il ne pouvait nier que les tâches rouges qui assombrissaient son plastron ne provenaient pas que des corps de rebelles démons. Si sa mémoire ne lui jouait pas des tours, il était sûr d’avoir tué une dizaine d’enfants pendant les derniers affrontements en date, ainsi que des femelles et ce n’était pas dans ses habitudes, pour lui rappeler que ce n’était pas dans ses habitudes, son esprit provoqua une série de flashs sur les moments les plus terribles de la bataille, si terribles qu’il eut un haut-le-cœur, pas courant pour un archange. Azazel poussa un soupir et lança une pierre au loin qui tomba dans une petite crevasse. Il allait reproduire l’exploit quand une voix interrompit son mouvement :
« Tu as quelque chose sur le cœur mon ami ?
Azazel se leva d’un bond, Lucifer était juste derrière lui, appuyé contre un arbre mort. Surpris, l’archange ne savait plus quoi dire, il essaya de trouver une excuse :
- Je repensais à la bataille, on a eu de la chance non ? A un moment j’ai cru que j’allais y rester.
- Tu t’es bien battu Azazel, je maîtrisais la situation, ça n’aurait pas pu finir autrement rassure-toi.
- Oui tu maîtrisais la situation c’est sûr.
- Quoi ? Tu as quelque chose à redire sur ma manière de commander ?
- Non mon capitaine, mais rien ne semblait indiquer que les démons nous tendaient un piège ; tu as donné l’ordre et nous avons chargé. Tout a tourné au massacre, nous n’en avons pas laissé un seul en vie, sur ton ordre !
- C’est mon devoir de vous guider, je ne vous demande que d’obéir. Les remords, je les garde pour moi.
La réponse ne fit qu’attiser la colère qui enflammait l’âme d’Azazel, il se laissa emporter et vida son sac :
- Tu penses être le seul à avoir une conscience ici ? On vient du même endroit que toi et on regrette tous d’avoir tué des gens sans défense mais c’était notre devoir ! Je supporte ça, chacun ici peut le supporter mais à la condition de savoir pourquoi nous nous battons ! Merde Lucifer j’ai tué une fille enceinte là-bas !
Lucifer avait tourné le dos à son ami, il ramassa son armure avant d’ordonner :
- Rassemble les hommes, dis-leur que nous rentrons à la maison.
- C’est Satan n’est-ce pas ?
Lucifer se retourna et s’approcha tout près d’Azazel, il plongea son regard noir dans celui de son second et posa son index sur sa poitrine. N’importe qui aurait tremblé devant un être de la carrure de Lucifer mais Azazel n’était pas prêt de baisser les yeux :
- Dis-moi Azazel, tu aimes ton travail ?
- Je me bats pour la justice et c’est un honneur…
- Arrête ton discours ! Tu te bats pour moi et je sers Satan, nous sommes des instruments du pouvoir. Regarde autour de toi, où vois-tu de la justice ?
- Mais il n’a pas le droit ! Il n’a pas le droit de te demander de te déshonorer en participant à des massacres !
- Pourquoi ? Il est seigneur et maître ici, qui l’empêcherait de réaliser ses désirs ?
- Toi.
- Je te demande pardon ?
- Tu pourrais…je sais pas…lui parler, si c’est ton ami, il t’écoutera.
- Satan n’écoute que lui, il n’obéit à personne et n’a foi en rien. Cet endroit l’a corrompu, il est devenu imprévisible, manipulateur, dangereux.
- Et tu te laisses manipuler ?
- C’est mon seigneur Azazel, je lui dois fidélité et puis…
- Et puis quoi ?
- Satan a besoin de nous, il compte sur notre force de frappe. Voilà pourquoi nous sommes si bien lotis dans son palais, s'il nous surprend à comploter, il s'imaginera que nous ne le soutenons plus, et si nous ne sommes plus avec lui, nous sommes contre lui. Azazel, tu sais ce qu'il fait aux gens qui sont contre lui ? Tu as une famille ici.
- Il n'oserait pas s'en prendre à ses propres frères !
- Il l'a déjà fait, souviens-toi.
- Je ne le connais pas aussi bien que toi mais il paraît si…lointain, on ne sait jamais quand il est franc ou traître. A-t-il déjà dit un jour la vérité ?
- C’est ce qui lui permet de rester en vie Azazel, Satan a tellement d’ennemis qu’il craint de montrer un visage un peu trop…
- Gentil ?
- Oui. Mais ça ne justifie les massacres gratuits !
- Avec lui rien n’est gratuit, s’il a fait ça c’est qu’il avait une bonne raison.
- Il n’a rien fait, c’est nous qui avons ce sang sur les mains. Je croyais que tu avais suivi Satan pour être libre, c’est ce qu’il nous avait promis à tous ! Il nous a trahi Lucifer, tu le sais mais tu refuses de voir la réalité en face.
- C’est vraiment ce que tu penses ?
- Au fond j’en sais rien, tout est si obscur ici.
* Il nous a donné un choix, le suivre ou continuer à servir le Paradis. Des êtres comme nous ne peuvent espérer la liberté.
- Mais il avait dit…
- Satan voulait nous libérer de l’emprise du Paradis et il a réussi. La suite n’a été qu’une succession d’imprévus.
- Pourtant il se vante de pouvoir toujours tout prévoir.
- Il passe sa vie à improviser pour n’importe quoi. Nous, nous n’en avons pas l’impression parce qu’il vend bien son spectacle.
De leur position, Lucifer et Azazel avaient une vue imprenable sur le palais. Plus loin, une grande plaine déserte et calcinée attirait le regard de Lucifer. Il la pointa du doigt pour la montrer à son compagnon :
- Hé Azazel, tu te souviens de cet endroit ?
- Bien sûr, c’est là-haut que nous avons scellé notre destin avec celui de l’Enfer. Un moment terrifiant, j’ai encore en mémoire tout ce feu, partout en moi, autour de moi.
- On était à un contre cent, encerclés par des collines de cadavres et des légions démoniaques. Nous aurions dû mourir ce jour-là.
- Mais il est arrivé avec sa grande gueule et son sourire de vainqueur…
- Satan nous a tous sauvé, il nous a offert une nouvelle vie, un nouveau but, de nouveaux combats.
- C’est peut-être à nous de le sauver maintenant, avant qu’il ne se fasse du mal et qu’il nous fasse du mal !
- Ne t’inquiète pas pour lui, il est trop malin pour tomber dans un piège, si tortueux soit-il.
- Je ne m’inquiète pas ! Tu crois qu’il s’inquiète pour nous lui ?
- Non il sait que nous sommes les meilleurs.
- Et il a confiance en nous ?
- En tout cas je pense qu’il a confiance en moi.
- J’espère que la prochaine mission ne sera pas aussi terrible. Je suis content de retrouver le palais, et ma dame.
- Lève le camp Azazel, je vais parler à Satan si tu veux.
- C’est pour son bien ! »
Le vent se leva soudain, une bourrasque secoua le camp de la Légion Ardente, elle était bien trop forte pour être normale. Par réflexe, Lucifer et Azazel levèrent la tête vers le ciel, une ombre gigantesque planait au-dessus d’eux, comme si la nuit venait de tomber sur la troupe de guerriers. L’ombre passa poussa un rugissement qui fit trembler la terre sous les pieds des soldats avant de d’élever et de piquer sur le camp. Chaque ange avait reconnu là un dragon, le plus grand et le plus terrible des dragons que le ciel ait connu. Imposant comme une forteresse, ses yeux étaient comme deux soleils brûlants, ses ailes noires masquaient complètement l’horizon et sa gueule béante, pleine de feu et de lave rappelait le cratère ardent d’un volcan. C’était une vision de cauchemar qui fondait comme un éclair sur Lucifer, sa vue était aveuglée par la lueur des yeux de la bête et le feu de sa gueule. L’archange se retrouva allongé par terre, malencontreusement enlacé par Satan qui s’était transformé au dernier moment :
« Désolé !
- Lâche-moi, tout-de-suite.
Les deux anges se relevèrent, Satan épousseta son costume avant de prendre un air gêné :
- Ha ha ! Tu me crois si je te dis que je t’avais pas vu ?
- Non bien sûr.
- La mission s’est bien passée ?
- Tu te fous de moi ?
- Mouais, d’après vos têtes je me doute que non.
Satan faisait la moue en voyant ces comparses qui avaient souffert de la bataille pour lui. Ils avaient l’air bouleversés par les récents évènements. C’est alors qi’Azazel s’agenouilla devant lui brièvement avant de prendre la parole :
- Seigneur, la mission n’a pas été une franche réussite, les démons renégats ont…rejeté notre traité de paix. Sans l’intervention du capitaine Lucifer, les pertes auraient été terribles.
- Merci Azazel, je m’attendais à ce résultat ; vous êtes ici sain et sauf, c’est le principal.
- Seigneur, je voudrais ajouter que…
- Rentrez au palais soldats, tout le monde vous y attend, retrouvez vos familles et reposez-vous, vous l’avez mérité !
Lucifer se dirigea alors vers le camp pour suivre les ordres de Satan mais ce dernier l’interrompit :
- Pas toi Lucifer, j’ai à te parler !
La troupe reprit sa marche vers le palais sans son capitaine. Satan attendit de les voir franchir les murailles du palais pour s’adresser à son ami :
- Tu as exécuté correctement ma requête ?
- J’ai fait ce que tu m’as demandé c’est tout.
- Combien ?
- Tous.
- Vraiment ?
- Oui tous ! Hommes femmes et enfants, ils ont brûlé comme tu me l’as ordonné ! Seigneur.
- Rooh je t’en prie Lucifer, tu ne vas pas jouer à ce petit jeu avec moi quand même ? C’était nécessaire, je ne peux permettre que l’on bafoue ainsi mon autorité. Ce n’est pas de gaieté de cœur figure-toi !
- Mais tu n’y étais pas Satan !
- Je suis intendant, j’ai d’autres préoccupations que la bataille.
- Tu te souviens quand tu défendais un idéal ? Avant que tu commences ton règne de nouveau Roi des Ténèbres, bien à l’abri dans ton palais ?
Satan se figea, il regarda Lucifer droit dans les yeux et lui parla avec une voix bien plus grave et ténébreuse, il n’avait plus rien du petit être enjoué qui discutait tout à l’heure :
- Regarde autour de toi mon ami ! Il n’y a que vice et désolation ! Vois-tu ici une chose qui vaille la peine d’être défendue ?! Moi je me bats pour survivre, à ma manière. A chaque instant on me menace dans mon dos, on complote contre moi ! J’ai voulu apporter la lumière et je me suis fait dévorer par l’ombre ! Il n’y a rien ici Lucifer.
L’archange aussi changea, il semblait plus grand et plus menaçant encore. Sa voix résonna dans les collines avoisinantes :
- Comment oses-tu ?! Je me suis battu pour toi, des centaines de nos frères sont morts parce qu’ils croyaient en toi ! Joue avec le destin des humains ou des démons si tu veux mais moi, je refuse d’être manipulé !
- Tu es l’archange de justice, c’est ton travail de faire respecter la loi !
- Je sers ta loi, si elle consiste à tuer femmes et enfants, elle va à l’encontre de mes principes.
- Tes principes ? Tu plaisantes ? Depuis quand tu as des principes toi ?
- Depuis que tu as changé ! Tu me demandes, à moi et à mes hommes, de faire des choses…des meurtres ! Tu nous donnes l’ordre de tuer ton propre peuple ! Et toi, tu restes dans ta tour d’ivoire, tu signes l’arrêt de mort d’innocents…après tout, qu’ont-ils fait de mal ces renégats ? Qui ont-ils persécuté pour que tu t’acharnes sur eux comme ça ?
Satan poussa une sorte de grognement, il avait l’air de plus en plus en colère :
- Tu me fais la morale ? A moi ? Il n’y a pas si longtemps tu étais ravi de massacrer les démons, tu ne faisais pas attention aux individus si je me souviens bien ! Tu étais froid, mortel, sans pitié. Un tueur. Et je préfère le Lucifer de cette époque !
- Pourquoi ?
- Parce que tu obéissais aux ordres !!
- Tu es devenu un tyran Satan, tu ne t’en rends même pas compte.
- Tout ce que j’ai bâti repose sur de l’argile. Au moindre faux pas mon règne s’effondre et c’est le retour à l’anarchie. Chaque créature ici veut me voir mort, désolé si j’ai l’air un peu sur les nerfs !
- Tu as viré parano je crois, tu ne vaux pas mieux que nos ennemis !
- Je suis le seigneur Dragon ! J’ai un pouvoir sur tout ce qui vit !
- C’est justement ça le problème, ce pouvoir t’a corrompu, tu n’es plus le même ! Je ne peux pas continuer à te servir, tu ne dois pas posséder les Feux de l’Enfer dans ton état.
- JE T'INTERDIS DE ME TOURNER LE DOS !
Satan hurla de rage et lança un coup de poing rageur en direction du visage de son ami. Lucifer esquiva aisément l’attaque et envoya un impressionnant tourbillon de feu sur son agresseur, Satan fut projeté sur plusieurs mètres en arrière et tomba la tête la première sur le sol desséché, il n’y eut pas de riposte de sa part, la violence du coup lui avait remis les idées en place. Il se releva péniblement en poussant un grognement et regarda l’archange, toujours prêt à en découdre. Satan marmonna :
- Je…je ne sais pas ce qui m’a pris, excuse-moi, c’est juste que…je suis un petit peu à bout en ce moment et…
L’ange déchu avait complètement changé, il avait un air presque fragile, comme s’il allait se mettre à pleurer. Prudent, Lucifer s’approcha lentement de lui, il le dominait d’au moins deux têtes, ils ressemblaient à deux frères après une dispute :
- C’est bon ? Tu es calmé ?
- Tu dois avoir raison, je suis devenu un crétin irresponsable, je ne mérite plus ma place…
- Mais non, tu as toujours été un crétin irresponsable, mais tu avais un idéal, tu te souviens ?
- Mais il ne marche pas ici, je ne sais plus quoi faire…
- Comment veux-tu gouverner un peuple que tu ne vois pas ?
- La question devrait être : comment peux-tu gouverner un peuple qui te hait ?
- Satan ! Tu sais, les gens t’apprécient ici, j’ai discuté avec quelques seigneurs et…
Satan sourit :
- Pauvre Lucifer, tu as toujours été un grand optimiste, la faute à l’absence de relation conjugale dans ta vie j’imagine !
- T’es un pauvre con aigri tu sais ça ?
- Moi aussi je suis content de te revoir. »
Satan se mit à rire joyeusement, un rire de gosse, envoûtant, qui emportait toutes les personnes qui l’entendaient, Lucifer n’échappait pas à la règle. Les deux anges s’enlacèrent fraternellement, ils n’en étaient pas à leur premier accrochage mais l’amitié qu’ils partageaient avait été forgée dans la souffrance, elle était aussi immortelle qu’eux. Alors que le ciel devenait de moins en moins rougeoyant, ce qui annonçait l’arrivée de la nuit, Lucifer rentra à dos de dragon au palais : la dernière sensation forte avant une très longue nuit.
Dernière édition par Riddor le Lun 14 Sep - 10:43, édité 7 fois |
| | | Démon/Démone de l'Obscurité Messages : 2575
| Sujet: Re: DEMONS Mer 15 Juil - 1:40 | |
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| | | cambrioleur/euse débutant/e Messages : 158
| Sujet: Re: DEMONS Jeu 13 Aoû - 19:26 | |
| Et voilà ! Le chapitre 1 est posté ! Bonne lecture ! En passant, si vous avez des remarques ou des questions, comme d'habitude, n'hésitez pas A bientôt en Terre du Milieu mes amis |
| | | cambrioleur/euse débutant/e Messages : 158
| Sujet: Re: DEMONS Mar 25 Aoû - 18:35 | |
| Voici le chapitre 2, où apparaît notre personnage principal :
Bonne lecture ! |
| | | Démon/Démone de l'Obscurité Messages : 2575
| Sujet: Re: DEMONS Mer 26 Aoû - 21:25 | |
| Coucou ! J'ai commencé à lire le chapitre, mais je t'avoue que j'ai vraiment beaucoup de mal à y parvenir, car la police de base sur le forum est assez petite, et vu que les paragraphes sont assez consistants, je me perds parfois entre les lignes ^^ Est-ce que tu pourrais augmenter la taille de la police s'il te plaît ? :3 |
| | | cambrioleur/euse débutant/e Messages : 158
| Sujet: Re: DEMONS Lun 14 Sep - 10:44 | |
| Voici le chapitre 3 ! Où la température monte d'un cran en Enfer J'attends les avis, les critiques, les questions dans les commentaires , à bientôt online ! - Chapitre 3:
Léviathan atterrit à plat ventre sur un plancher à l'aspect usé, il leva la tête et observa la scène. Il était dans une vaste pièce éclairée, aux murs gris et lisses, garnie de quatre fenêtres, de plusieurs bibliothèques, d'une chaîne hi-fi qui intrigua le démon, n'étant pas familier de genre de chose, il y avait aussi une table en bois, rustique, rectangulaire, ainsi que quatre chaises d'un même genre. L'une d'elle était occupée par un homme qui faisait dos à Léviathan, ce dernier portait une chemise à carreau rouge et blanche, aux manches retroussées et aux motifs peu complexes, un jean simple et des baskets de ville, ni collier ni montre. Ses cheveux étaient noirs et courts, ses yeux étaient parfois verts, parfois violets, ils changeaient de couleur de façon invraisemblable, son menton était garni d'une barbe de trois jours qui n'avait rien de négligé, son visage avait des traits plutôt rassurants et séduisants, mais ses yeux troublaient le démon. Il avait une taille et une corpulence normale et ne paraissait pas si remarquable. Il se leva et salua le démon en latin, sans toutefois l'aider à se relever. La chaîne hi-fi qui diffusait jusqu'alors Money for nothing s'éteignit brutalement, Léviathan se redressa et s'exclama :
« Mais que diable signifie tout ceci ?
- Je suppose que c'est Imaël qui vous a convié à notre petite réunion, je suis Mordred, enchanté !
- Où est l'ange ?
- Il vous a...déposé ici puis il est reparti. Vous êtes ?
- Léviathan, seigneur des profondeurs.
- Ho ! Je vous connais de réputation ! Vous déchaînez les océans c'est cela ? Vous détruisez des choses avec des vagues et d'horribles monstres ? J'ai toujours trouvé ces méthodes un peu trop académiques, sans vouloir vous vexer bien sûr.
- Heu...si vous le dites. Où sommes-nous exactement ? J'ai d'étranges sensations ici...
- Nous sommes nulle-part.
- Pardon ?
- Cet endroit n'existe pas, il dérive dans l'espace-temps et tient debout par mes soins psychiques, il n'est pas très luxueux je l'admets mais il n'est pas trop fatiguant à maintenir solide.
- C'est impossible, vous ne pouvez pas...
- Allez voir à la fenêtre si vous le souhaitez, je ne désire pas vraiment me lancer dans de complexes explications sur les altérations de réalité.
Léviathan avança jusqu'à la fenêtre la plus proche, pensant à une farce stupide, il écarquilla les yeux, dehors, il n'y avait rien, pas de lumière, pas d'ombre, pas de mouvement infime, le noir, le silence total, à l'infini. On pouvait dire que la pièce flottait, bougeait, tombait, restait figée, sans toutefois en être sûr. Le démon recula, horrifié, grimaçant, il voulait comprendre :
- Comment pouvez-vous faire ça ? Qu'êtes vous donc ?!
- Moi ? Je ne suis qu'un simple mortel, avec quelques compétences, voilà tout !
- Mensonge ! Un humain ne peut pas faire une telle chose !
- Écoutez, je suis né il y a plus d'un millier d'année, en Bretagne. Je suis le fils non désiré de Morgane la Fée et du Roi Artur, le roi Arthur ? Un type avec une barbe et une grosse épée ?
- Poursuivez
- Bien. Ma très chère mère, sorcière renommée, m'a enseigné quelques rudiments de magie pour que je puisse l'aider à conquérir le trône de Bretagne, mais les choses ne se sont pas passés comme prévues.
- Vous avez échoué ?
- Hélas ! Je dois bien le reconnaître oui.
- Et ensuite ?
- Ma mère et moi, nous nous sommes...disputés. Je suis quelqu'un d'ambitieux, de motivé. Je voulais en savoir plus sur la magie, bien plus que ce que ma mère désirait partager avec moi, elle préférait former mon frère voyez-vous. Moi, je me disais que la Bretagne, ce n'était pas grand-chose finalement, un peu trop humide à mon goût, je trouve l'univers plus attractif en terme de possibilités, je suis artiste à ma façon et j'aime créer, détruire, enfin je m'égare. Après avoir tué ma mère, je me suis tourné vers des enseignants plus anciens et plus sombres...
Vous avez pactisé avec des démons.
- C'est exactement ça Léviathan ! Après certaines péripéties dont je tairais le déroulement, j'ai acquis, comme vous pouvez le constater, certains pouvoirs plutôt...appréciables.
- Vous êtes un dieu vivant.
- Pas tout à fait, voyez-vous, je peux modifier ma réalité, pas LA réalité, je voudrais faire cela. Et c'est là que notre ami commun entre en jeu !
- Imaël ?
- Oui ! Lui et moi, nous nous sommes mis d'accord. Je vous aide à provoquer votre fin du monde et en échange, je règle certains antécédents, je récupère deux ou trois choses et une quantité plutôt intéressante de magie, pour mener d'autres projets. Je dois aussi avouer que votre plan m'intrigue, m'amuse aussi. Je suis curieux de voir où tout cela va vous mener !
- Nous mener.
- Oui bien sûr ! Imaël m'a parlé d'un souci avec votre énergie magique, une sorte de sort de blocage c'est cela ?
- Satan, cet ange de malheur, m'a jeté une malédiction, il m'a privé de mes pouvoirs ! Je suis...asséché, faible.
- Je pense pouvoir arranger cela, quand Imaël sera rentré, où est-il parti d'ailleurs ?
- Je n'en ai aucune idée, il m'a abandonné ici sans dire un mot et est reparti dans un de ses éclairs blancs.
- Il est sûrement parti chercher le dernier de nos camarades conspirateurs ! Dit Mordred, avec un ton amusé qui effraya presque l'archidémon.
- Tout ceci, c'est...surréaliste !
- Surréaliste ? Que c'est étrange d'entendre ce mot prononcé par un démon ! Tenez, prenez une chaise et asseyez-vous, je dois avoir une ou deux bouteilles presque aussi vieilles que moi ! Ha ha ! »
Lucifer ouvrit en douceur la porte de ses quartiers, il avait dû enchaîner les détours pour ne rencontrer personne sur le chemin. Tout les anges déchus, les archidémons, toute la noblesse infernale voulait le remercier pour ses sacrifices, féliciter leur héros, dans le fond, ils le détestaient. L'archange avait tué tant de démons depuis sa création, il n'avait aucune idée du chiffre exact, il ne se souvenait même pas d'un visage en particulier et il ne pouvait pas dire qu'il ressentait des remords, c'était plutôt de la fatigue, de la fatigue psychologique. Bien sûr Lucifer avait déjà essayé d'arrêter, de vivre simplement, mais rien est simple en Enfer, et les choses ont empiré. L'archange soupira, pour un porteur de lumière, il avait une mine bien sombre. Il aurait aimé se laver en vitesse, se coucher et écouter un peu de musique, puis sortir regarder le ciel infernal, avec ses gigantesques nuages de poussière rougeoyant et ses imposants éclairs qui déchiraient parfois l'immensité et brûlaient la terre. Mais non. Satan avait organisé une réception, ce type ne tenait donc jamais en place ? Une réception pour la Légion Ardente, pour ses faits d'armes accomplis, après avoir sali son honneur, il voulait l'humilier. Satan était en colère contre lui et il lui faisait savoir de la pire des façons, comme toujours. Depuis combien de temps cela durait-il ? Des mois ? Des siècles ? Des millénaires ? Lucifer ne comptait plus, son ami avait radicalement changé, l'Enfer changeait les gens, il avait remarqué ça. Les anges ne se comportaient plus comme tels, ils s'étaient fondus dans la masse infernale, se laissant bercer par les modes de la cour et les intrigues du pouvoir, sauf lui. Lui, il avait toujours été un tueur et il le resterait, comme Satan l'avait si bien dit, on le préférait ainsi. Lucifer contempla son reflet dans la glace de sa chambre, il aurait préféré éviter ce spectacle. Ses cheveux noirs, en bataille, étaient imbibés de sang, il avait un peu coulé sur son front et sur ses joues avant de sécher, mimant des larmes effrayantes. Son plastron était dans un état lamentable, ses tissus avaient pris une teinte sombre, il empestait la mort. Combien en avait-il tué pour se retrouver comme cela ? Lucifer ne préférait pas savoir, il était rentré, en vie, il devait laisser ces problèmes derrière lui. Le problème avec les problèmes, pensa Lucifer, c'est qu'ils ont tendance à me suivre comme un chien après sa proie, et à se renouveler sans cesse. C'est alors qu'on frappa à sa porte, deux fois. L'individu devait avoir quelque chose d'important à communiquer. L'archange eut la soudaine envie de disparaître, mais il annonça :
« Pardonnez-moi, je ne suis pas vraiment présentable, que voulez-vous ?
- Sa majesté la reine demande à vous voir en privé seigneur Lucifer, elle souhaite prendre de vos nouvelles !
- J'irais me présenter à elle madame, quand je serais prêt.
Et merde. Cette malédiction ne prendrait donc jamais fin ? Son âme était en peine et voilà que son cœur recommençait à le tirailler, il se sentait comme un vieillard qui se lasse d'être en vie, voulant pousser un dernier soupir seul dans un coin, mais l'Enfer ne comptait pas le laisser tranquille, Lilith non plus apparemment. Cette histoire aussi durait depuis trop longtemps, depuis...non, Lucifer ne voulait pas penser à ça. Qui en était responsable au final ? Satan ? Lilith ? Lui ? Personne, seulement le destin, mais il en avait assez, quel horrible cercle vicieux. Satan sombrait dans une crise de folie, Lilith allait voir Lucifer, contant ses soucis et cherchant du réconfort, Lucifer cédait, Satan l'apprenait et dépérissait encore plus. Pour la cour, cette histoire était du pain béni, l'amant de la reine n'est autre que le preux chevalier qui maintient le royaume debout et le meilleur ami du roi, quelle belle histoire. Lucifer s'apprêtait à pénétrer dans sa salle de bain quand on toqua encore à la porte, il se précipita et l'ouvrit brutalement :
- Je vous ai dit que...
- Tu m'inquiètes beaucoup en ce moment Lucifer.
C'était elle, Lilith. L'archange fut stoppé net dans son élan désapprobateur, il se perdit dans le regard de la succube. Elle le contempla de la tête aux pieds et s'exclama :
- Hé bien, tu n'es pas beau à voir...pour une fois. Rentre vite avant d'effrayer les domestiques.
- Tu étais là depuis le début ? Tu te fichais de moi ?
- Je voulais simplement voir si tu étais d'humeur sociable ou pas, si ça avait été le cas, je serais entrer sans frapper. Ne suis-je pas la reine après tout ?
- Je ne suis vraiment pas d'humeur Lilith.
- Moi non plus, je n'ai pas envie de plaisanter. Tu comptes me laisser lambiner encore longtemps ? Laisse-moi entrer !
- Mais je vous en prie, votre majesté !
- Pitié, on dirait Satan.
Lilith referma la porte derrière elle et s'approcha tout près de Lucifer, mal à l'aise. Il ne pouvait s'empêcher de la regarder, il suivait chacun de ses gestes, le moindre de ses mouvements, c'était une habitude qu'il avait pris sur le champ de bataille, toujours suivre les gestes de son adversaire, mais ici, il s'agissait simplement d'admirer la beauté de la succube, elle lui faisait tourner la tête et empestait la magie noire, sans avoir une odeur désagréable bien sûr, Lucifer sentait seulement les effluves magiques effleurer son corps déjà souillé par le sang. Les idées, néfastes pour la plupart, tourbillonnaient dans son esprit, Lucifer n'était jamais serein en présence de la succube, tout se mélangeait, la colère, le désir, le regret, un peu de jalousie. il ne se sentait plus angélique du tout, pour ce que cela voulait dire. Ses yeux étaient figés sur le corps de Lilith, cette terrible vision de perfection. Ses longs cheveux noirs d'abord, comme un ciel d'été, au parfum chaud, ses yeux, comme un doux néant dévastateur, sa peau brune et froide, comme un désert endormi, ses lèvres, comme un brasier électrisant et toutes ses formes, où Lucifer trouvait un plaisir coupable à y perdre la raison, Lilith, cette femme indescriptible mais facilement imaginable, un rêve que l'on peut toucher et goûter, la succube, un mirage vrai pourtant irréaliste, qui bouleversait Lucifer depuis des lustres. Elle le regardait avec un air étrange, presque dédaigneux, ce qui l'étonna, elle annonça:
- Arrête ça, tu vaux mieux que ça.
- Pardon ?
Lucifer comprit qu'il la reluquait depuis un petit moment déjà, il ne s'en était même pas rendu compte, elle s'était vexée, ou peut-être pas, elle devait aimer se faire désirer pour l'ensorceler à chacun de ses retours, il n'en savait rien, Lucifer était à des années lumière de comprendre Lilith, malgré les millénaires en sa compagnie :
- Viens !
- Que comptes-tu faire ici ?
- Te laver, tu empestes la charogne.
- Arrête, va-t-en.
- Pourquoi donc ?
- Je suis fatigué Lilith.
- Tu es injuste envers toi-même, tes hommes passent du bon temps en ce moment même, tu n'as pas à broyer tes idées noires maintenant !
- Ils ne sont pas avec toi, eux !
- Ho Lucifer, nos...rencontres importunent encore ta morale ? Dit-elle avec un ton moqueur.
- Il ne s'agit pas de ça...
- Bien sûr que si ! Toi et ton honneur de chevalier ! Tu es en Enfer ici ! Tues qui tu veux, couches avec qui tu veux, tout-le-monde s'en fiche ici !
- Je n'en suis pas si sûr !
- Non, je ne suis pas venue pour recevoir des leçons Lucifer, surtout pas venant de toi.
- Tu n'aurais pas dû venir, tu...tu n'aurais jamais dû venir !
- C'est ça, comme si tu me détestais, je ne t'ai jamais entendu te plaindre quand on...
- Non, bien sûr que non, mais si tu penses que ça changera les choses, que tu te sentiras mieux après c'est faux !
- Tu te trompes, je me sens toujours mieux après, c'est toi qui culpabilise. Satan ne changera pas si tu agis ainsi.
- Ne prononce pas son nom ! Pas quand je suis avec toi !
- Pourquoi ? Tu as honte ?
Tout se passa très vite, elle essaya de le gifler, Lucifer stoppa son poignet en plein geste, il le serrait fermement, pas par méchanceté mais par réflexe, les images des batailles précédentes ne se dissipaient pas, et son corps ne connaissait que la guerre depuis trop longtemps. Cela devait changer maintenant, il voulait oublier ce qu'il avait fait pour Satan et son horrible ego, il avait besoin de Lilith pour cela, dans l'instant, il se détestait. Lucifer plongea son regard ardent dans celui de la succube, puis il la toisa une dernière fois, elle portait un T-shirt noir Led Zeppelin, un mini short en jean qui laissait parfaitement à découvert ces jambes que Lucifer adorait tant, des ballerines noires. Quelle vision étrange, une reine dans les tissus d'une adolescente rebelle, c'était du Satan tout craché. Il la questionna, sans lâcher son poignet :
- Tu es venue pour moi, mais tu es habillée pour Satan.
- Tu n'aimes pas ?
- Non
- Et là ?
Elle avait disparaître ses vêtements, il n'y avait eu ni poussière de fée, ni bruit magique, ils avaient simplement cessés d'être. Lucifer eut un mouvement de recul, il lança :
- Sorcière
Ce n'était pas une injure, le mot avait simplement traversé ses lèvres, cela fit sourire Lilith, qui s'approcha de lui, l'effleurant comme un chat cherchant gentiment l'attention de son maître :
- C'est mieux ?
- J'ai besoin de me laver.
- Bien sûr !
Lilith disparut de son champ de vision, il sentit ses mains caresser son vieux plastron angélique, léger mais solide, il entendit un clic et la pièce d'armure tomba à terre. Le contact des paumes de Lilith contre son dos le fit frissonner, elle connaissait tout ses points sensibles, il expira en fermant les yeux, ayant un peu peur de les ouvrir à nouveau. Un instant plus tard, ils étaient nus. L'ange conduisit sa compagne dans la salle de bain, le contact de l'eau lui faisait un bien fou, elle brunissait à mesure que Lilith nettoyait son corps de la crasse qui le recouvrait et elle s'évaporait de plus en plus vite, alors que le désir ne cessait de monter en lui. Lilith l'apaisait et l'excitait en même temps, à force de caresses, de baisers, de massages, il se demandait où la femme avait appris à s'occupait des mâles de telles façons, pas en Éden c'est sûr. Il n'y avait que dans ce genre de situation intime que ça présence le relaxait, là où tout leur était permis. Lucifer se retourna doucement, alors que l'eau coulait toujours, il l'enlaça, l'embrassa comme si elle était sienne depuis l'éternité et lui fit l'amour tout comme. Le temps s'arrêta. L'archange éteignit la douche, Lilith mit un pied dehors mais son amant la rappela vers lui, le temps se stoppa de nouveau. La succube sortit en attrapant une serviette, le sourire aux lèvres, Lucifer l'imita et fixa un instant son reflet dans la glace d'en face, l'air circonspect. Lilith le regarda et laissa tomber sa serviette, elle se blottit contre lui :
- Tu ne veux plus me lâcher !
- Je ne suis pas encore sèche.
- Quoi ? Tu te sers des feux de l'Enfer pour te chauffer ! Je me sens outré !
- Tu me chauffes si bien pourtant...murmura-t-elle avec un sourire et des yeux vraiment ravageurs. Lucifer la serra très fort contre lui, il lui dit à voix passe :
- Lilith, tu es vraiment une créature splendide et...très douée pour...enfin, tu sais vraiment faire les choses bien.
Lilith se libéra de sa douce étreinte et mit un espace entre Lucifer et elle, elle le regardait avec un air spécial, l'ange mesurait deux têtes de plus qu'elle, pourtant, il se sentit tout petit face à la succube, elle lui annonça avec un ton volontairement blessant :
- Lucifer, si tu es mon amant c'est parce que tu es bel homme et torride au lit, je me passerais volontiers d'un courtisan de plus !
- Sorcière ! Cette fois-ci c'était une insulte, Lucifer y avait mis le bon ton.
- Ne te met pas en colère, avec ton corps divin, ton sens de la morale en béton et cette fausse timidité que tu adores utiliser, tu pourrais en faire tomber plus d'une à tes pieds, mais tu es un ange, et les anges ne copulent pas à tout va !
- Tu as eu ce que tu voulais, fiches le camp.
- Tu n'as plus rien d'un ange Lucifer.
- Tu as raison ! Je n'ai plus mes ailes !
- Non, il y a une heure, tu étais couvert de sang."
Lilith sortit nue de la salle de bain mais pénétra dans la chambre avec une somptueuse robe violette, elle quittait Lucifer pour se rendre à la réception de son époux, sans demander son reste. Son amant se trouvait toujours dans la salle de bain, il n'avait pas bougé, prisonnier de ses remords, revenus soudain à la surface de ses pensées. Encore une fois, Lilith n'était pas venue effacer ses peines, elle était simplement venue s'amuser, une fois de plus.
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| | | cambrioleur/euse débutant/e Messages : 158
| Sujet: Re: DEMONS Mar 20 Oct - 16:07 | |
| - Chapitre 4 :
Imaël était de retour en Enfer, il avait abandonné Léviathan dans l'étrange cachette de Mordred et s'apprêtait maintenant à rencontrer le dernier outil nécessaire à son plan, le plus redoutable aussi, Bélial n'avait rien à voir avec le soi-disant seigneur des profondeurs. C'était un chef de guerre, assoiffé de sang, créé uniquement dans le but de tuer des anges. Imaël se donna quelques minutes de pause après avoir posé les pieds sur le sol poussiéreux, terne de l'Enfer, il allait commencer la phase la plus délicate de son plan. Si Bélial ne l'écoutait pas, il serait tué, mais le Créateur voulait le voir réussir, il réussirait, Imaël en était persuadé. L'ange se trouvait à l'extrême est de l'Enfer, dans la région la plus dangereuse, bien loin du palais de Satan ou d'un autre genre de civilisation. C'était un désert rouge et complètement sec, déchiré par des canyons et des crevasses sans fond, habité par des choses plus monstrueuse encore que les démons, des progénitures infâmes de dragon et d'autres reptiles de tout genre. Imaël n'aurait jamais pensé venir un jour ici, mais le Créateur lui avait lancé cette épreuve, il réussirait. Il marcha d'un pas assuré vers l'entrée d'un imposant canyon et commença à l'explorer, Mordred lui avait parlé d'une grotte dans cet endroit, Bélial si trouverait, pourquoi ? Mystère, mais Imaël l'avait vu dans le reflet de l'eau, quand le magicien avait lancé son sort de détection, l'ange haïssait les mages, la sorcellerie lui donnait la nausée, c'était une forme pervertie de puissance divine, inventé par le traître et la chose qui lui sert de compagne, pour provoquer le Créateur. Chaque signe de cette puissance impie attisait les feux de la colère dans le cœur d'Imaël, en tuant Satan, en éveillant le regard des siens sur les monstruosité du monde, la guerre reprendrait son cours, il gagnerait, le Créateur le voulait, il réussirait. L'ange trouva enfin l'entrée de la grotte, c'était un trou étroit, une tâche noire sur la roche rouge, elle semblait sans fond, noyée par l'obscurité. Imaël s'arrêta, il doutait, Bélial ne pouvait pas vivre dans cet endroit, rien ne le pouvait, il n'y avait aucune source de lumière, rien. En fait, entrer dans cette grotte le terrifiait, il avait passé l'éternité baigné par la lueur dorée du Paradis, ceci, c'était inconcevable, ceci symbolisait l'horreur, mais il pensa encore à sa mission, après sa victoire, les lieux comme celui-là n'existeront plus, tout ne sera plus que lumière. Imaël s'arma de courage et entra dans la grotte. La première chose qui le frappa, c'est l'odeur fétide qui s'en dégageait, des choses mortes pourrissaient là-dedans, mais il y avait une autre odeur, un autre air dans la grotte, c'était la peur. Pas la peur d'Imaël, qu'il parvenait non sans mal à contrôler, mais une peur primaire, pure, dévorante, fondue dans l'obscurité, LA peur. Le doute n'était plus permis, Bélial était ici, quelque part dans le noir. Imaël inspira légèrement et reprit sa marche, son pied gauche s'écrasa alors dans une sorte de bouillie, quelque chose de flasque, un frisson de profonde angoisse le parcourut quand une goutte tiède frôla sa joue, il ne voyait absolument rien autour de lui et ne tenait pas vraiment à observer ce qui se tramait dans l'ombre, mais pour sa sécurité, il utilisa un peu de la lumière divine pour éclairer sa jambe. Il avait marché dans un tas de tripes pourrissantes, une deuxième goutte toucha son visage mais il ne leva pas la tête, il savait qu'un cadavre se trouvait au dessus de lui, quelqu'un avait tué et vidé un animal ou autre et l'avait pendu. Tout les sens d'Imaël le poussaient à quitter cette horrible grotte, mais il avança encore de quelques mètres, en priant intérieurement le Créateur, persuadé qu'il pouvait l'entendre, même au fond de ce trou. C'est alors qu'on lui répondit, ce n'était nullement le Créateur, une voix rauque, cruelle, effrayante avait déchiré le silence de l'endroit, elle lui demandait simplement :
« Dis-moi, les anges ont-ils peur du noir ?
Bélial était devant lui, il le narguait, mais à quelle distance se trouvait-il ? Un mètre ? Dix ? Peut-être avait-il déjà la lame de son épée contre sa gorge ? Tant pis, Imaël ne tenait plus, il se concentra et illumina l'endroit. Les murs étaient recouvert de sang séché ou encore humide, il brillait à la lumière divine, le sol en était imbibé, partout des cadavres plus ou moins frais, Imaël reconnut dans les tas de charogne des représentants de la faune infernale mais aussi des soldats de Satan, des mercenaires, d'autres démons à la peau bleue que l'ange ne connaissait pas et, comble de l'horreur, des anges du Paradis. Leur corps pourrissaient, ils avaient été démembrés, décapités, éventrés ou même empalés dans les plus grosses stalagmites de la grotte, leur peau avait un teint verdâtre jonché de tâches noires, elle se désagrégeait, leur chevelure était ternie par le sang et la crasse, leurs corps se décomposaient très lentement, ils étaient rongés par les parasites, leurs regards étaient éteints depuis longtemps, mais ne ils ne montraient que la peur :
- J'espère que tu es rassuré maintenant ! Ironisa le démon.
- Monstre...
- Ils étaient jeunes et cherchaient un glorieux combat à mener pour impressionner leurs aînés, le dernier m'a supplié de le laisser partir en vie, il était prêt à renier tout ce qui était sacré pour lui, il aurait fait n'importe quoi pour sortir de cette grotte, il nourrit les lézards maintenant.
- Je ne suis pas venu pour me battre Bélial.
- Te battre ? Tu trembles, tes gestes sont mal assurés et tu n'oses me chercher du regard, comment voudrais-tu te battre ? Si tu vis encore, c'est parce que je suis curieux de savoir ce qu'un courtisan angélique comme toi vient faire en Enfer, sur mon territoire de chasse, explique-toi, je te tuerais ensuite.
- Tu ne me tueras pas !
- Vraiment ?
- Non, car je vais te donner exactement ce que tu veux ! Si tu es prêt à m'écouter et à me suivre hors de cette grotte...
Bélial éclata de rire, il ajoutait l'insulte à l'insulte, les anges morts, les menaces, Imaël le détestait, une créature comme lui ne méritait pas de vivre, hélas pour l'instant, il avait besoin de lui. Le démon s'avança alors, l'ange put l'apercevoir, quelle vision de cauchemar ! Bélial était très grand, massif, imposant, son corps était recouvert d'écailles noires, il avait une longue queue reptilienne qui glissait sur le sol comme un serpent, la créature était tout en muscle et malgré son poids, elle semblait jouir d'une vivacité surnaturelle, ses mains étaient dotés de doigts puissants garnis de griffes épaisses, ses jambes étaient protégées par des pièces d'armure taillée dans de l'onyx ou du charbon, ou quelque chose qui y ressemblait, il portait d'épaisses bottes d'un même genre, mais le plus effrayant, c'était son visage, obscur comme une abîme, où brillaient deux grands yeux violets en amande, ce qui lui servait de cheveux avait un aspect visqueux et tentaculaire, une paire de cornes de bouc noires ornait son crâne. Il ne semblait pas avoir de nez ni de bouche, mais Imaël distingua deux petits trous en guise de narines et il aperçut la bouche quand le démon reprit la parole, elle était en fait dénuée de lèvre, la chair de l'intérieur avait une couleur violette dérangeante ainsi que ses petites dents pointues et effilées, présentes par rangée de trois, que le démon caressait à l'aide de sa longue et fine langue fourchue :
- Que penses-tu donc pouvoir m'offrir ?
- Le trône de l'Enfer, il te revient de droit n'est-ce pas ?
- Certes, mais je ne vois toujours pas ce que tu viens faire devant moi ! Dit le démon en sortant sa lame de son fourreau, un immense katana à la lame violette, elle luisait de la même façon que les yeux du démon et elle inspirait la peur. Imaël en avait entendu parler, elle aurait goûté au sang d'un million d'anges, Bélial s'approcha de son interlocuteur, épée à la main.
- J'ai réuni des personnes, il soutiennent mon projet ! Tu n'es pas le seul à vouloir la mort du Dragon ! Si tu nous aides tu auras son trône !
- Pourquoi te ferais-je confiance ? Nos peuples sont ennemis depuis l'éternité, tu viens du Paradis, à quoi cela te servirait-il ? Pourquoi l'Enfer t'intéresse autant ?
- J'ai une mission, le Créateur m'a donné une mission !
- Le Créateur hein ? Ton Créateur t'a dit que moi, Bélial, le Ténébreux, j'aiderais un ange à renverser l'Enfer ?
- Pas exactement, je sais que tu vas tenter de me tuer, c'est dans ta nature.
- Je vais te tuer.
- Mais le Créateur...
- Satan est venu ici, pour conquérir l'Enfer, il avait un idéal pour les siens, il voulait faire de cet endroit un nouvel Éden, pour ma sœur et lui, Satan est complètement fou, et tu lui ressembles beaucoup.
- C'est un traître ! Je n'ai rien à voir avec lui !
- Un traître ? Et toi qui es-tu ? Pour venir jusqu'ici, pactiser avec moi.
- Je...
Imaël fut stoppé dans son élan par les paroles du démon, pouvait-il vraiment compter sur les êtres infernaux pour accomplir sa mission ? Le créateur l'avait guidé jusqu'ici, il l'avait mené dans l'antre de Bélial, mais que pouvait-il espérer de cette créature ? Comment ce démon l'aiderait-il à redresser le Paradis ? Et Léviathan ? Était-il au moins assez malin pour saisir l'intégralité de son plan ? La conviction d'Imaël venait de prendre un coup, il ne faisait même plus attention au démon qui patientait devant lui. Avait-il fait les bons choix ? Imaël inspira et vida son esprit de toutes les contradictions qui l'enveloppaient, le Créateur l'avait choisi pour accomplir ses vœux, il suivrait aveuglément ses demandes, car il l'aimait plus que n'importe quel ange, il n'était pas un traître au Paradis, c'était le plus fidèle de tous. Quand sa mission sera accomplie, personne ne pourra remettre en cause son dévouement, car l'univers sera purgé du mal. Imaël s'apprêtait à répondre au démon quand une lueur dorée pénétra dans la grotte, surprenant l'ange. Il se retourna et aperçut alors deux de ses congénères, des archanges en armure, apparemment surpris de le trouver au milieu d'un charnier. Le premier réflexe d'Imaël fut de se tourner vers Bélial, il constata que l'archidémon avait disparu, il s'était fondu dans l'obscurité. Le plus grand des deux fit immédiatement apparaître une épée de lumière dans sa main, la trahison d'Imaël ne faisant aucun doute pour lui. Le second, qui avait l'air plus sage, s'exclama :
- Conseiller Imaël ! Que faîtes-vous donc ici ? Qui a tué nos frères ? Expliquez-vous !
- Qui vous a ordonné de me suivre ?
- C'est à moi de poser les questions ! Un ange n'a rien à faire ici !
- Je suis plutôt d'accord, grogna Bélial, surgissant sur le côté gauche de l'ange le plus grand. Imaël vit son katana le pourfendre en plein milieu du corps, perçant son cœur. Le regard de son frère angélique n'exprimait plus rien, sinon un vague sentiment de surprise, une gerbe de sang jaillit de sa bouche juste avant que le démon repousse le cadavre pour libérer sa lame. Le corps s'effondra par terre, soulevant la poussière et recouvrant le sol d'une épaisse flaque de sang. Imaël vit dans ce carnage une occasion à saisir, il usa de la magie angélique pour projeter une fine lame lumineuse dans la poitrine de l'autre archange, trop surpris pour réagir. La victime tomba à genoux devant lui, son regard croisa celui d'Imaël, l'ange aurait été incapable de dire ce que ressentait son frère, de la colère ? De la peur ? Il murmura un timide je suis désolé comme si il s'agissait d'une formule de courtoisie. Sans qu'Imaël puisse faire quoi que ce soit, Bélial s'approcha du blessé, dont la blessure saignait abondamment, l'ange parjure ne vit même pas le coup d'épée qui décapita la pauvre créature, mais il fut assez puissant pour projeter la tête contre la paroi, éclatant dans un craquement affreux. Si Imaël avait été un être humain, il aurait probablement vomi son dernier repas, mais heureusement pour lui, son dernier repas remontait à des siècles. Il était en plein désarroi, lui qui n'avait connu ni la guerre ni la mort jusqu'à maintenant, il venait de provoquer une mort et sans doute une guerre. C'est ce que le Créateur lui avait demandé, mais il n'avait jamais imaginé que la tâche serait aussi difficile, aussi sanglante. Tant pis, ce que le Créateur avait exigé, Imaël lui offrirait, c'était son devoir après tout. Bélial se tourna alors vers lui, en un éclair, il posa le tranchant de sa lame contre la jugulaire d'Imaël, l'ange trouva le courage de le fixer droit dans les yeux. L'archidémon lui dit alors :
- Tu vois ? Tu es un traître et un assassin. Bélial éloigna lentement son katana de l'ange, il finit par le ranger en ajoutant : Explique-moi tes projets, je me demande ce qu'un ange comme toi peut bien m'offrir pour détrôner Satan.
- Non, pas ici, j'ai été découvert, rejoignons mes associés. Ils nous attendant quelque part, bien à l'abri, je peux nous faire voyager jusqu'à eux à l'aide de mes pouvoirs.
- Très bien, dit Bélial avec un sourire aussi cruel que malicieux, je m'interroge sur la force que tu es prêt à employer pour vaincre le Dragon. J'ai plus de puissance à ma disposition que tu ne pourrais l'imaginer Bélial. »
L'ange invita le démon à s'approcher, il se concentra jusqu'à ce que leurs corps soient enveloppés par une lueur dorée, il y eut un éclair blanc et les deux êtres disparurent de la surface de l'Enfer, ils avaient rejoint leur étrange repaire.
Asmodée courrait dans tout les sens, les invités commençaient à arriver par dizaine et Satan n'avait toujours pas donné signe de vie. Le démon savait que son patron avait la tête des mauvais jours mais personne ne l'avait croisé depuis le retour de Lucifer. En fait, Asmodée commençait à s'inquiéter, il craignait que Satan ne se montre pas à la soirée qu'il avait lui-même organisé, que les seigneurs infernaux remettent une nouvelle fois en cause son autorité, que la guerre recommence, que Lilith s'en prenne à lui, Asmodée craignait beaucoup de chose, mais c'était son travail. La reine s'occupait d'accueillir leurs hôtes, ses charmes suffisaient à calmer la plupart, il n'avait jamais vu ces barbares se comporter avec autant d'élégance auprès d'une succube, d'un autre côté, Lucifer les surveillait. Le conseiller quitta la salle des banquets en jetant un dernier regard à Lucifer, qui se servait une troisième bière déjà, il espérait qu'à son retour, les anges et les démons ne se seraient pas entre-tués, des conflits, il y en avait assez comme ça. Asmodée se dirigeait vers la chambre personnelle de Satan, celle qui se trouvait à l'extrémité des luxueux quartiers réservés à la noblesse, là où couchaient toutes les filles belles et racées, hé oui, Satan savait s'organiser. Le fidèle conseiller n'approuvait pas les pratiques de son seigneur, mais il ne pouvait nier leur efficacité. La descendance était quelque chose d'important en Enfer, les naissances étaient chose rare et les guerres incessantes causaient d'énormes ravages dans les nobles rangs de l'Enfer, aussi, les archidémons et les seigneurs de guerre les plus intelligents avaient placé leurs progénitures dans l'endroit le plus sûr de ce monde : le palais de Satan. Quand les mâles étaient assez forts, ils rejoignaient leurs pères sur le champ de bataille, les femelles, trop précieuses, restaient le plus loin possible des combats, il en était ainsi chez les démons. La Légion Ardente était la seule légion mixte de tout l'Enfer, ce qui avait suscité l'étonnement dans les premiers jours du règne de Satan. Aujourd'hui, les anges de la Légion, mâle ou femelle, n'avaient plus rien à prouver. La faille dans le plan des démons, c'était qu'ils ignoraient le fait que Satan aimait faire connaissance avec les nouvelles venues de sa demeure, avant tout pour son plaisir personnel, mais aussi pour se servir de ces relations contre les pères de ses conquêtes. Le Seigneur Dragon prenait soin de ces filles, il les gâtait, les éduquait, partageait volontiers son savoir avec ces dames curieuses. Généralement, elles refusaient catégoriquement de quitter le palais quand leurs pères l'exigeaient, et rien ne les obligeaient à obéir, étant sous la protection de Satan. Le Dragon tenait ainsi les démons en laisse, en les dépossédant de ce qu'ils ont de plus précieux. Asmodée se demandait comment cette pratique n'avait pas suffi à pousser la noblesse infernale à se rebeller, au fond il avait sa petite idée : ils avaient peur du Dragon. Lui aussi avait peur de ce monstre, tapi dans le cœur de Satan, chacun avait déjà contemplé le pouvoir destructeur du maître de l'Enfer, il réduisait toute opposition en poussière, personne ne serait assez fou pour réveiller cette bête, personne n'oserait attaquer Satan, pas depuis qu'il régnait sur l'Enfer. Tout en marchant, le grand démon se questionnait sur son seigneur, il aurait aimé le connaître avant sa chute, voir de quoi il était capable à l'époque, voir à quel point il avait changé. Toutes ses questions s'envolèrent quand il arriva devant la chambre de Satan. Il n'eut pas besoin de prêter l'oreille pour remarquer que l'on s'amusait là-dedans, il y avait de la musique, des rires féminins et la voix très caractéristique de Satan, élancée dans un de ces discours sans fin dont il avait le secret. Combien sont-elles cette fois ? Se demanda Asmodée, il craignait d'interrompre la fête, de provoquer la colère de son seigneur, mais une réception autrement plus importante l'attendait, il se devait d'y assister, malgré la toute-puissance qui le faisait fantasmer. Asmodée toqua poliment à la porte, par simple politesse, il se doutait bien que Satan ne l'entendrait pas, ou ferait mine de ne pas l'entendre. Il entrouvrit discrètement la porte et jeta un œil à l'intérieur, un frisson le parcourut quand il vit les dossiers qu'il avait préparé étalés partout dans la pièce, froissés, déchirés, recouverts de vêtements féminins, tâchés par ce qui semblait être de l'alcool. Asmodée remarqua la dizaine de bouteilles de ligueur démoniaque qui traînait, complètement vides, sur le sol. Son regard était surtout attiré par la compagnie de Satan, deux succubes et sans doute une hybride, fille d'un parent angélique et d'un démon, qui lisait un exemplaire de la Critique de la raison pure complètement nue, allongée sur le ventre dans le grand lit de Satan, les pieds sur l'oreiller. Plus que sa beauté, c'était le ridicule de la situation qui interpella le démon, les deux autres succubes ne se démarquaient pas de leurs semblables, elles essayaient presque toutes de ressembler à Lilith, ce qui n'était pas une chose simple, Asmodée fut tout-de-même choqué de constater qu'une des deux filles ressemblait assez à sa femme, ce qui n'était qu'une coïncidence, sûrement. Les deux jolies brunes, essayaient de tirer quelques plaisirs corporels du petit ange, qui ne semblait pas intéressé par leur corps tout dévoilé, en fait, il n'était pas du tout en état de satisfaire qui que ce soit, Satan était complètement ivre. Le conseiller comprit que c'était lui qui avait vidé toute ces bouteilles, les trois compagnes paraissaient tout à fait sobre et plutôt ennuyées par la situation. Asmodée ouvrit la porte et pénétra dans la pièce, il éteignit l'ordinateur qui diffusait la musique et s'adressa aux concubines :
« Je dois m'entretenir avec l'intendant, mesdames pouvez-vous vous...rhabiller et sortir s'il-vous-plaît ?
Les deux succubes se retournèrent, sans chercher à dissimuler leur nudité, elles étaient plutôt vexées d'avoir été interrompue par un conseiller indigne d'elles. La plus grande des deux s'apprêtait à cracher tout son venin sur le pauvre Asmodée, Satan tenta alors de se relever, sans y parvenir, il fit un geste de la main en balbutiant :
- Foutez...le camp...
Les concubines obéirent, mais le rictus sur leur visage trahissait leur mécontentement. Cependant la demi-ange ne bougea pas, elle continua à lire et Satan l'ignora. Il fit signe à Asmodée de patienter un instant, le seigneur se releva ensuite d'un bond, comme si toute trace d'ébriété avait disparu :
- Bonsoir cher conseiller, tu es pour la grande fête ?
- Vous allez vous y rendre dans cet état ?
- Mais de quoi tu parles ? Je pète la forme...hoooo ma tête...
- Seigneur...
- Bélial sera là ?
- Je ne sais pas.
- Lucifer ?
- Il vide les stocks de bière.
- Ha ha ! Et ma tendre épouse ?
- Vous m'avez dit ne plus m'occuper de votre femme.
- C'est vrai.
- Elle...elle était avec Lucifer.
Le poing de Satan s'écrasa contre le mur de pierre, y laissant une profonde marque, Asmodée eut un mouvement de recul. Satan prit une profonde inspiration pour se calmer, mais ses yeux luisaient d'une aura mauvaise. Asmodée se risqua à atténuer la colère du petit ange :
- Heu...mieux vaut Lucifer qu'un autre non ?
- Bien sûr ! Ma femme s'envoie en l'air avec mon meilleur ami et je devrais m'estimer ? Son emprise sur Lucifer a failli nous détruire ! Tu voudrais que je laisse Lilith contrôler mon capitaine à sa guise ? Elle nuit à la sécurité du royaume ! Et n'essaie pas de me calmer j'ai bouffé mon dernier psy ! Vociférait Satan, alors que son conseiller acquiesçait sans vraiment partager l'avis du maître, mais il remarquait qu'une flamme ardente brillait dans le regard de l'ange et que ses canines avaient doublé de volume, la température montait considérablement aussi, même la jeune hybride quitta un instant son livre des yeux pour constater la scène :
- Cela n'a donc rien de personnel ?
- Si, ça a tout de personnel, je suis jaloux.
- Elle vous blesse et elle blesse toute la stabilité de l'Enfer.
- Et alors ? Je ne peux pas contrôler Lilith !
- Vous ne le voulez pas.
- Non, ce n'est pas...
- Dans votre nature ! Mais vous savez ce que vous devez faire.
- Je t'en prie, je ne suis ni l'ange modèle ni le prince charmant ! Enfin si ! Mais tu m'as compris.
- Certes, mais vous pourriez voir le problème à l'inverse, vous vous souvenez de Mara ?
- Elle est morte, et une partie de Lucifer a été emportée avec elle.
- C'est vrai, et Lucifer en souffre beaucoup, il n'avait d'yeux que pour cette archange dans tout l'Enfer.
- Et tu voudrais que je retrouve une Mara ? C'est pas si simple Asmodée, surtout s'il s'agit de Lucifer.
- Vous êtes pourtant doué pour...jouer avec les sentiments.
- Si j'enchante Lucifer, il finirait par s'en rendre compte, et il nous tuerait tout-les-deux, la magie ne résoudra pas notre problème.
- Si vous le dites. - Il n'y a plus d'ange assez digne pour lui ici, il faut lui trouver autre chose. Je vais commencer à chercher. C'est une idée dangereuse, je te respecte pour ça.
- Merci seigneur, je crains hélas que mes compétences en ce domaine particulier s'arrêtent ici.
- Je comprends, je vais m'occuper de Lucifer maintenant.
- Maintenant ?
- Oui, la sécurité de l'Enfer en dépend !
- Vous exagérez seigneur !
- Oui, mais ça me donne l'occasion de sécher cette horrible fête ! Dis à l'assemblée que j'ai été retenu par une affaire prioritaire !
- Mais où allez-vous ?
- Sur Terre
- Cela ne plaira à personne.
- Si, à moi ! Accompagne-moi un peu veux-tu.
Les deux personnages sortirent de la chambre, Asmodée se permit un dernier regard vers la demoiselle plongée dans l’œuvre de Kant. Après avoir fermé la porte, il demanda à Satan :
- L'ange, qui est-elle ?
- Pourquoi ? Elle te plaît ?
- Je...
- Bien sûr qu'elle te plaît. Je l'ai recueilli, son père était un démon du nord, sa mère servait dans la Légion Ardente.
- Et ils savent pour...
- Non Asmodée, ils sont morts, tués par les ondins de Léviathan.
- Alors vous prenez soin d'elle ?
- Je l'éduque, j'essaie de la garder éloignée de la guerre. Sa mère est morte pour moi, je ne veux plus voir mes anges mourir.
- Mais vous couchez avec elle.
- Ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose ! Elle profite déjà de mon savoir, autant qu'elle goûte à l'étendue de mes talents, voilà un apprentissage humaniste !
- Je m'attendais à de meilleures justifications de votre part seigneur.
- Je suis bourré Asmodée !
- Certes, vous souvenez-vous au moins de son nom ?
- Mais...bien sûr enfin ! Sauf que personne n'a à le savoir, voilà.
- Vous êtes sûr de ne pas vouloir assister à la réception ?
- Tu t'occuperas des démons mieux que moi.
- Mais c'est vous qu'ils veulent voir.
- Ho que non ! Ils veulent me voir mort !
- Nous ferons en sorte de ne jamais les satisfaire.
- Hé hé, au fait Asmodée...
- Oui seigneur ?
- Si tu veux le nom de l'ange, tu n'as qu'à lui demander.
- Vous vous méprenez sur mes intentions !
- Je suis persuadé qu'elle serait intéressée par une discussion avec toi.
- Vous croyez ?
- Ne sois pas si dur avec toi-même, tu n'es pas trop repoussant pour un gratte-papier démoniaque.
- Ho merci seigneur !
- Je te souhaite une bonne soirée Asmodée.
- Et j'espère que vous réussirez...ce que vous voulez accomplir. »
Satan disparut en un éclair, il s'était téléporté dans une partie inconnue du palais. Asmodée ne voulait en aucun cas savoir ce que le Dragon allait trafiquer sur Terre, il se concentrait sur la réception qui serait, sans aucun doute, une mauvaise soirée pour tout-le-monde.
Bonne lecture ! Vous approuvez Satan bourré ? |
| | | Pickpocket Messages : 80
| Sujet: Re: DEMONS Jeu 22 Oct - 12:21 | |
| Chapitres 1 et 2 invisibles ??? |
| | | cambrioleur/euse débutant/e Messages : 158
| Sujet: Chapitre 5 Lun 9 Nov - 18:31 | |
| - Chapitre 5:
« C’est incroyable, je ne pensais pas que c’était possible. Tu es fascinant pour un humain !
- Ho c’est pas grand-chose, un sort d’exorcisme boosté par la magie blanche d’Imaël. »
Léviathan allait beaucoup mieux depuis qu’il avait rencontré l’ange Imaël et le sorcier Mordred. Il avait pu retrouver sa forme, sa puissance d’antan. Son corps n’était plus aussi squelettique, il pouvait de nouveau entretenir sa longue barbe, sa peau autrefois grise, dure et verdâtre par endroit était redevenue pâle et visqueuse. Pour bien réaliser que sa force était de retour, Léviathan gela une autre bouteille de bière, il avait même demandé au magicien de bien vouloir faire apparaître quelque chose de vivant pour qu'il le geler aussi. Mordred se concentra et un autre humain apparut dans la pièce, avant même qu'il puisse réagir ou comprendre la situation, le démon le gela. Il éclata d'un rire joyeux :
« Ha ha ha ! C'est formidable, je ne m'étais jamais autant amusé depuis des millénaires !
- Il faut bien passer le temps, habitues-toi à tes nouveaux pouvoirs.
- Si tu savais comme c'est bon, de retrouver sa toute-puissance !
- Je sais ce que ça fait, n'oublie pas qui je suis.
- Oui, je vois.
Sans prévenir, Mordred posa sa main sur l’épaule du démon, il prononça très vite une sorte d’incantation en latin avant de reculer un peu. Léviathan fut surpris mais il sentit sa puissance magique augmenter encore, il serra son poing gauche et les statues gelées explosèrent. Il regarda le sorcier humain d’un air ravi, à faire peur. Mordred ne faisait plus attention à lui, le dos tourné, il admirait une des nombreuses toiles de la pièce. Le sorcier se retourna soudain et s’assit près de Léviathan :
- J’essayerais de te rendre la totalité de tes pouvoirs mais cela risque de prendre du temps. Imaël m’a chargé d’une mission importante, capitale pour la réussite de son plan.
- Où est-il passé d’ailleurs ?
- L’ange est parti notre dernier associé, j’ignore ce qu’ils peuvent comploter.
- Je me méfie de lui. C'est un ange, je n'arrive pas à saisir les désirs qui l'animent.
- Il ne désire rien, il obéit aveuglément à son Créateur.
- Mais où cela va-t-il nous mener ? Il m'a promis l'Enfer !
- Je suppose que tu l'auras, les anges ne mentent pas.
- Détrompe-toi, j'ai connu un ange particulièrement retors.
- Ha ha ! Satan t'a vraiment perturbé ! Mordred s'arrêta de rire en voyant le regard horrible que lui lançait Léviathan :
- Je suis curieux de savoir ce qu'il t'a promis à toi humain, que veux-tu donc d'Imaël ?
- Si tu veux savoir, à mon arrivée dans cette réalité je suis tombé sur lui. Il m’a dit qu’il m’attendait et qu’il avait des projets pour lui et moi. Je dois avouer que sur le coup, Imaël m’a intrigué. Ensuite, il m’a demandé de créer cet endroit et de restaurer les pouvoirs de la personne qui allait arriver ici.
- Ainsi, Imaël était persuadé que j’allais accepter sa proposition !
- Oui, je crois qu’il n’a pas envisagé l’échec dans son plan.
- L’échec, autrement dit notre mort assurée !
- Une peine dérisoire par rapport à ce que nous allons déclencher.
- Mais qu’allons-nous déclencher au juste ? Imaël ne m’a rien dit.
- La fin de toute chose très cher, la fin de toute chose.
Une série de bruits sourds retentit dans une pièce voisine, des meubles semblaient être projetés en l’air et contre les murs. Le vacarme cessa peu à peu et l’imposante porte de bois s’ouvrit, elle claqua contre la pierre et le son résonna longtemps dans les oreilles de Léviathan. Imaël et Bélial venaient de pénétrer dans la salle. Quand Léviathan aperçut la masse noire du guerrier démoniaque s'avancer dans sa direction, il ne put retenir un profond cri de terreur, il essaya vainement de se dissimuler derrière un Mordred assez dubitatif. Bélial le pointa du doigt et rugit :
- Toi !
- Allons, que se passe-t-il encore ? Demanda Imaël
- Voilà donc tes amis ange de malheur ?! Un faible humain et un démon de pacotille ? Tu me fais perdre mon temps !
- Quel est le souci avec Léviathan ?
- Il a attenté à la vie de ma sœur ! C'est un lâche et un fourbe, il ne mérite que la mort !
- Ne t’approche pas de moi !
- Ça suffit ! Comment voulez-vous vaincre Satan si vous vous entretuez ! Restez unis, au moins le temps de cette association !
- Je m'occuperais de lui plus tard.
- Bien ! Je vous laisse à vos occupations, apprenez à vous connaître, essayez plutôt de sympathiser, en luttant ensemble nous vaincrons !
- Et toi où vas-tu ?
- J’ai à faire au Paradis, je dois justifier mes absences et préparer mes fidèles aux futurs évènements. Adieu ! »
Imaël disparut dans un éclair blanc, laissant les trois hommes seuls dans un silence assez inquiétant. Bélial regardait ses deux compagnons avec un mépris mêlé à de la méfiance, à travers ses impressionnants yeux violets, ses pensées étaient impénétrables. Pour Léviathan, ils ne représentaient que la terreur, c’était un monstre, Bélial le savait et cela lui plaisait. Léviathan trouva le silence plus insupportable que la présence de Bélial, sûrement possédé par sa folie, il décida de lui parler :
- Moi, j’ai l’impression que les jours de Satan sont comptés, nous allons bientôt retrouver ce qui nous appartient !
Lentement, Bélial concentra son regard sur lui, Léviathan eut un mouvement de recul :
- Léviathan, quand j’aurais tué Satan et Lucifer, je m’occuperais de toi, et si tu penses avoir souffert dans ta vie, je te promets que cela ne sera rien comparé à ta mise à mort.
Après ce message clair, Bélial se retourna et disparut dans ses quartiers, laissant Léviathan effondré sur une chaise, les yeux ronds et Mordred avec son air toujours aussi songeur :
- Curieux personnage.
- Il va me tuer, il va me tuer !
- Pourquoi donc ? Vous avez eu un différent ?
- Non, enfin oui plutôt.
- C’est-à-dire ?
- Lilith, sa sœur adoptive, me revenait de droit, j'ai essayé de l'amener à mes côtés, de la soustraire à Satan ! Pourtant ça n'a pas plu à Bélial, il me veut mort depuis ce jour.
- Et ces ennuis sont-ils récents ?
- Ils remontent à des millénaires !
- Tu prends ces menaces réellement au sérieux ?
- Bélial tue pour le plaisir, alors ça paraît évident non ?
- Un individu aussi instable pour un plan à la réussite si fragile ? Je ne sais pas ce qui est passé par la tête d’Imaël, c’est une prise de risque assez conséquente.
- Je pense savoir pourquoi.
- Ha ?
- Rien ne l’arrête, ses pouvoirs sont terrifiants, il est le seul à pouvoir tenir tête à Lucifer en combat rapproché. Je le sais, j’ai déjà assisté à l’un de leur combat.
- Et il le vaut ?
- C’est un combattant sans âge, élevé dans la guerre et l’anarchie. Il a les mêmes qualités de tueur que Lucifer, la conscience en moins.
- Pourtant l’Exterminateur est toujours en vie.
- Ce n’est plus qu’une question de temps !
- Nous partons donc avec un handicap. Vous vous frottez à des forces qui vous dépassent depuis si longtemps. Je pensais que des êtres tels que vous connaissaient leurs limites pour ne pas se lancer dans une quête suicidaire.
- Tu oublies un détail, magicien !
- Lequel ?
- Avant, nous nous battions seuls, personne n’a jamais osé convoquer pareille assemblée. Nos ennemis n’ont jamais eu à affronter tant de puissance en une seule fois. Ils seront surpris, affaiblis et enfin battus.
- Un révolutionnaire, un meurtrier, un fou et un fantôme, sans vouloir te vexer, nous sommes ici entre traîtres et comploteurs. La seule question que je me pose sur le résultat de ce plan, c’est : qui sera le premier à trahir le groupe pour assurer sa toute-puissance ?
- Tu penses que tout est voué à l’échec ?
- J’en suis même absolument certain ! Mais au moins, j’aurais ma vengeance alors le sort de l’univers m’importe peu, j’existe dans bien des réalités, je ne suis que de passage ici.
- Tu cherches quelqu’un ?
- Oui, je le déteste tellement que je l’ai tué, tué et tué encore, dans chaque réalité que j’ai visité, il ne reste plus que celui qui vit dans cet univers je crois, mais c’est le plus important.
- Pourquoi ?
- Je suis né ici, c’est lui qui m’a fait du mal, plus que les autres parfois.
- Mais il doit y avoir un autre toi dans ces réalités ! Vous êtes tous en quête de vengeance ?
- Non pas tous, certains vivaient heureux. De toute façon je les ai tué aussi, au cas où.
- Et comment peux-tu être sûr que tu vas le rencontrer en rejoignant notre groupe ?
- Quand le monde est en danger il fait toujours son apparition.
- Il est puissant ?
- C’est mon frère.
- Je prends ça pour un oui.
- Bon, si ça ne t’ennuie pas, je vais me concentrer, réunir ma magie, nous aurons besoin de tout mon talent si on veut crever le cœur du Dragon.
- Alors je te laisse, débarrasse-nous de ce faux roi. Je veux retrouver ma puissance d’antan, c’est mon vœu le plus cher.
- Mes enchantements seront parfait, c’est le reste, le passage à l’action qui me fait douter.
- Bonne chance magicien. »
Léviathan sortit de la salle et erra pendant un long moment dans les couloirs de ses quartiers, il avait du mal à réaliser que tout cela dérivait dans l'espace, bien au-delà de son Enfer natal. Le démon tentait de réfléchir sur la situation actuelle des choses. Il se demandait si Mordred n’avait pas raison. Pouvait-il espérer triompher une bonne fois pour toute de leurs ennemis ? Au fond de lui, il doutait. Mais la mécanique semblait si bien huilée, Imaël était si sûr de lui, l’espoir était bien là en lui, ainsi que le désir, son désir ardent de pouvoir. Oui, il était convaincu, ils allaient gagner. L’avenir lui parut alors plus radieux et le démon se permit un soupir de satisfaction. Il tourna dans un couloir et heurta une grande armoire posée étrangement en plein milieu du chemin. Rectification, après une observation plus travaillée de Léviathan, il s’agissait en réalité de Bélial. Léviathan ne bougea pas, complètement terrifié par la situation. Il lisait dans les yeux violets du prince démon une cruauté sans limite mais ce dernier n’avait pas bougé. Léviathan, dans un espoir pathétique, voulut passer comme si de rien n’était, mais avec une vitesse fulgurante, Bélial le saisit à la gorge et le souleva d’un demi-mètre, le visage de Léviathan prit une teinte légèrement bleue. Heureusement Bélial relâcha un peu son étreinte :
- Qu’as-tu demandé à l’ange pour pouvoir te tenir ici ?
- C’est lui qui est venu me chercher ! Il m’a libéré en échange de mon aide, promis !
- Je vais te tuer Léviathan…
- Mais je n’ai rien fait ! Tu n’as aucune raison de m’en vouloir !
- Tu en as déjà trop fait, alors je vais me débarrasser de toi…
- Pitié !
- Mais pas tout-de-suite, tu peux nous être utile d’après Imaël même si je ne partage pas son avis. Pendant notre…collaboration ne t’approche pas de moi, et si tu ne fais que penser à ma sœur je te jure que…
- Oui ! Oui ! Je sais j’ai compris c’est du passé tout ça, il ne faut pas vivre dans le passé !
- Bien. Bonne nuit Léviathan. »
Et le démon disparut dans l’obscurité, laissant Léviathan suffoquant et tremblant. Une chose lui était à présent évidente : l’avenir ne se montrait pas si radieux en fait. Encore sous l’emprise de la peur, il courut jusqu’à ses quartiers et s’enferma à double tour, au cas où. Bélial allait à présent retourner en Enfer, Imaël l'avait chargé d'une mission puissante, il allait taquiner le Dragon, éveiller sa colère, afin qu'il baisse sa garde et que l'ange parjure en profite pour frapper ensuite. Bélial comptait soumettre Satan à la dure réalité : lui seul était roi des ténèbres, l'ange n'était qu'un jouet, bientôt brisé.
Azazel s'assit juste en face de son capitaine, qui avait vidé une quantité remarquable de bière. Il le fixait de son air bienveillant, l'ange le connaissait depuis l'éternité, il savait que quelque chose chose n'allait pas, il savait aussi que Lucifer ne voudrait pas en parler et qu'il risquait de s'énerver, ce qui était potentiellement dangereux. Lucifer avait la mine sombre, la tête baissée, le regard noir et las, sa main droite soutenait son front et l'autre tenait fermement sa chope, comme s'il craignait qu'on lui vole. Il portait son costume noir à col blanc, à la fois sobre et élégant, avec sa chevelure toute ébouriffée, il était une ombre en peine au milieu des robes de couleur et des armures démoniaques. C'est quand Azazel tenta de se servir à son tour que Lucifer posa les yeux sur lui, bizarrement, cela dissuada l'archange :
« La bière n'est pas bonne, plutôt forte.
- Ҫa n'a pas l'air de te déranger.
- Le feu en moi consume tout ce que j'ingurgite.
- Et donc ?
- Je peux pas pas me saouler.
- Quelle horrible malédiction ! S'esclama l'archange en souriant.
- Dis-moi ce que tu veux Azazel.
- Rien voyons ! Tu n'as pas l'air dans ton assiette.
- Raison de plus pour me laisser tranquille non ?
- Ho, je vois ce qui s'est passé...
- Vraiment ?
- Tu as raison, je vais te laisser, passe une bonne soirée quand même !
Lucifer vit Azazel se lever précipitemment et repartir en direction de la foule qui l'engloutit. L'archange de feu n'eut pas à se demander ce qui avait fait fuir son ami, il comprit en sentant la main de Lilith se poser sur son épaule. Lucifer ne se retourna pas, il se contenta de soupirer. La main de la succube se permit de remonter jusqu'à son visage, jusqu'à effleurer sa joue :
- Arrête ça.
- Je venais m'excuser pour tout-à-l'heure.
- Je te l'ai dit, tu n'aurais pas dû venir.
- Tu t'inquiètes trop, les démons se fichent de savoir ce qui se passe entre nous, ça rend la chose presque moins amusante. Susurra Lilith avec un faux ton attristé.
- Amusante ? Si Satan nous remarque ensemble, il nous fera tuer tout-les-deux.
- Satan n'est pas là.
- Comment ça ?
- Il a quitté le palais il y a peu, l'Enfer, il est probablement sur Terre.
- Mais que fait-il sur Terre à cette heure-ci ?
- Tu sais aussi bien que moi ce qu'il va faire là-bas.
- C'est irrésponsable de ne pas être présent ce soir, les démons seront furieux.
- Il n'est plus lui-même, c'est le Dragon, il dévore son cœur. Il devient froid, dangereux, violent, il ne fait même plus attention à moi, il me méprise.
- Et maintenant tu veux que je te plaigne c'est ça ?
- Lucifer tu es vraiment désagréable ce soir !
- La faute à qui...
- Je ne pensais pas te vexer, ce que tu peux être susceptible ! Je comprends pourquoi tes anges ont peur de toi.
- Ils me respectent par mes titres et mes actes, toi par contre, tu as fait fuir Azazel.
- C'est moi le monstre maintenant ?
- Tu envoûtes les hommes et tu te transformes en serpent gigantesque, chacun ici a peur que tu attires la colère de Satan sur lui, ou de Bélial, ce qui est pire encore.
- Et toi tu ne crains ni mon époux, ni mon frère, c'est pour cela que tu es mon favori.
- Tu m'en vois ravi.
- Ne prend pas ce ton là avec moi ! Si tu pouvais te passer de moi tu le ferais ! Moi aussi je suis la seule qui n'a pas pas peur de toi, elles te désirent toutes ici, mais ton regard les fait trembler.
- Tu te trompes sur moi, je t'aime bien, malgré ton cœur enténébré.
- Trop touchant. » Dit Lilith de sa voix la plus mesquine possible.
Lucifer laissa passer un sourire en coin, il se retourna pour voir la succube mais elle avait disparu, peut-être l'avait-il blessé à son tour. L'archange ne la chercha pas, l'ambiance devenait étouffante et Lucifer était fatigué de cette masse infernale. Il se leva discrètement et retourna vers ses quartiers, au moment même où Asmodée pénétra dans la salle des banquets. Le conseiller était satisfait de l'ambiance générale des festivités, les démons n'avaient finalement pas l'air d'avoir remarqué l'absence de Satan, ce qui était une bonne chose. Chacun buvait et discutait dans son coin, Asmodée espérait seulement que quelques complots ne se tramaient dans ces groupes d'archidémons qui dialoguaient dans plusieurs dialectes anciens. Il devait s'assurer qu'au retour de son seigneur, tout serait comme avant, c'est à dire sous son contrôle. Asmodée se livra ainsi à la danse de la politique, flattant les plus soumis, menaçant les plus téméraires, chacun ici savait ce qu'il représentait, tout ce qu'il voyait et entendait, Satan le saurait, les démons en était bien conscient, et personne n'oserait remettre l'autorité d'Asmodée en question. De plus, le conseiller avait l'oreille aiguisée, il décelait aisément les mensonges, ce que Satan tolérait encore moins que la lâcheté, pour le seigneur Dragon, mensonge était synonyme de trahison, et son jugement était terrible. C'est entre deux cercles d'invités qu'une voix jolie voix féminine l'extirpa de son petit jeu :
« Bonsoir monseigneur, Satan m'a prié de venir vous voir, j'espère que je vous dérange pas.
Asmodée ne se retourna pas sur le coup, il visualisait parfaitement la femme qui lui adressait la parole, un frisson parcourut son échine et le sang lui monta à la tête. Asmodée n'avait pas pour habitude de perdre ses moyens dans une discussion, mais il était plus à l'aise avec les seigneurs de guerre belliqueux qu'avec les femmes, qu'elles soient succubes ou angéliques. Il finit par se tourner vers elle, cherchant au fond de lui le peux d'assurance qui lui restait :
- Bonsoir mademoiselle, en quoi puis-je vous aider ?
C'était bien l'hybride de tout-à-l'heure, elle était vêtue d'une magnifique robe blanche et elle ses cheveux blonds avaient été lavés et coiffés avec un soin exemplaire, c'était une splendide créature qu'Azazel n'aurait pu rêvé approché :
- Satan m'a demandé ce soir de faire connaissance avec le démon qui viendrait l'empêcher de se noyer dans l'alcool.
- Il savait que j'allais venir ?
- Vous prenez soin de lui, il vous aime beaucoup.
- Mon seigneur est assez fort pour prendre soin de lui.
- Nous savons tout-les-deux que c'est faux ! Dit l'ange en riant. Asmodée l'invita à une table, il commanda deux chopes de bière et poursuivit la conversation tant bien que mal. Le conseiller ne se rendait pas compte que plusieurs archidémons observaient la scène avait les yeux ronds, comme si elle était surréaliste :
- C'est vrai, il peut avoir l'air assez enfantin par moment, mais ne le sous-estimez, Satan est...
- Puissant je sais, c'est pour cela qu'il dirige cet endroit. C'est ce qu'il me répète sans cesse, pour gouverner l'Enfer, il faut être puissant, et sans pitié.
- Et vous partagez son avis ?
- Léviathan a tué mes parents, je ne veux pas que cela arrive à d'autres personnes, Satan est le seul espoir qu'il reste aux gens comme moi.
- Que comptez-vous faire alors ? Rester au palais ?
- Non, quand il m'aura enseigné tout ce que j'ai à savoir, je reprendrais le domaine de mon père, et je régnerais en son nom.
- Vous ne voulez pas faire comme eux ? Dit Asmodée en montrant discrètement du pouce les anges déchu de la Légion Ardente. Vous ne voulez pas vous battre ?
- La Légion Ardente, c'est une force de frappe, de l'intimidation, ce n'est qu'un outil.
- Effectivement, Satan vous a bien éduqué. S'exclama le conseiller.
- Vous aussi vous n'êtes qu'un outil, tout comme moi, expliqua l'ange, nous servons tous-les-deux l'emprise du seigneur Dragon, il me l'a bien fait comprendre. Je n'arrive même pas à cerner ceux qui luttent encore contre lui, il est si puissant, prêt à tout, que veulent-ils accomplir ?
- Ils ne veulent que le pouvoir pour eux-mêmes, Satan n'est peut-être pas parfait, mais il vaut mieux que ces archidémons corrompus.
- Il est parfait. C'est pour cela qu'il dirige l'Enfer. Il sait comment tenir en laisse les gens d'ici, les manipuler et si besoin, les détuire, il fait cela sans plaisir, mais avec une facilité déconcertante. Beaucoup d'anges pensent qu'il est devenu profondément maléfique à cause de sa proximité avec les démons, de son amour pour dame Lilith, ce ne sont que des bêtises. J'ai partagé sa couche, je sais ce qui l'anime, je connais ses rêves, Satan s'endort sur quelques divaguations anarchistes et sur ses souvenirs lointain du Paradis. Il n'a pas changé, il le fait croire simplement.
Après un silence relativement lourd pendant lequel l'ange en profita pour se resservir sous les yeux étonnés d'Asmodée, le démon conseiller lui demanda, en la fixant de son regard pétillant :
- Vous l'aimez ?
- Je vous demande pardon ?
- Satan, vous êtes amoureuse de lui ?
- Il ne m'a pas laissé le choix, expliqua l'ange, un peu gênée. Asmodée comprit qu'elle était séduite par le Dragon, mais que ce dernier l'avait probablement ensorcelée. Quand Satan voulait quelque chose, il le prenait, c'était là ses pulsions de conquérant que la créature qui habitait son cœur avait éveillé en lui.
- C'est dangereux pour vous !
- Je le sais, et bientôt je le quitterais, et il me remplacera par une autre.
- Cela vous attriste ?
- J'ai des terres à diriger, et je voudrais un compagnon plus...disponible pour moi, je suppose que vous comprenez.
- Je peux le comprendre en effet, moi-même, je ne vois pas beaucoup ma famille, ils ne vivent pas au palais. Ma dame s'inquiète souvent, beaucoup trop...si vous saviez...Asmodée s'apprêtait à raconter à son interlocutrice la totalité des disputes loquaces qu'il avait eu avec son épouse. Voyant le visage grave de l'ange, il jugea le sujet mal choisi. Il s'arrêta dans son élan et battit en retraite :
- Excusez-moi, je n'aurais pas dû...
- Non, c'est pire si vous vous excusez.
- C'est terrible ce qui vous est arrivé, même si ce genre d'histoire est commune en Enfer, à cause de ces horreurs, je sais que j'ai fait le bon choix, Satan mérite sa place, que les autres démons le veuillent ou non.
- Vous êtes surprenant.
- Pourquoi donc ?
- Vous avez une jolie femme devant vous et après cette longue conversation, vous ne lui avez toujours pas demandé son prénom !
- Ho ! C'est vrai ! C'est que...Asmodée rougissant tenta d'expliquer ce qu'il ressentait, exercice auquel il n'était pas habitué. Le démon voyait bien que sa tentative amusait beaucoup la demoiselle, elle avait un sourire ravissant.
- Anaël, c'est le nom que je porte.
- Merci, dit Asmodée, à bout de souffle. Hélas il est tard et j'ai beaucoup de travail qui m'attend, des dossiers à compéter, rien de très intéressant...
- Vous fuyez Asmodée.
- Je n'ai pas l'habitude de ce genre de conversation, je ne me sens pas très à l'aise.
- C'est étrange, vous n'êtes pas comme vos semblables, les démons sont plutôt brutaux, et entreprenants avec les femmes. Pourtant vous...
- Je ne suis qu'un humble gratte-papier, comme Satan aime me le rappeler.
- Vous n'aimez pas ces regards qui pèsent sur vous c'est ça ? Vous craignez que la cour s'imagine des choses, que l'on ternisse le nom du fidèle conseiller que vous êtes.
- Je...
- Vous avez bien plus d'honneur que les démons qui nous entoure, j'ai reconnu ça j'ai vous, vous avez fait un serment d'allégeance à Satan et vous le tenez, je vous respecte pour ça, pas parce que vous êtes le gratte-papier favori du Dragon.
- Vous me jugez bien vite mademoiselle !
- Non, je vous observe depuis longtemps, j'avais envie de vous rencontrer !
- Ho je vois, si Satan a organisé tout ceci, c'est pour vous, pas pour moi...dit le démon, une pointe de déception dans la voix.
- Pour nous deux, lâcha l'ange avec un petit sourire.
- Je dois partir, vraiment.
- Laissez-moi vous accompagner !
Asmodée ne répondit pas, il fixait Anaël, la dévorait du regard, le souvenir de son corps dévoilé prit place sur son devoir de conseiller, elle souriait toujours, devinant ses pensées. Le démon la prit par la main et commença à la conduire en dehors de la salle, elle rit discrètement, c'était la panique qui guidait ses gestes, il n'osait même pas la regarder, pas encore en tout cas. Le couple approcha de la grande porte de bois et de fer qui fermait l'accès aux chambres du palais, Asmodée n'eut pas à l'ouvrir, quelqu'un s'en chargea pour lui. Un bruit sourd résonna dans la pièce, toute activité cessa immédiatement, Bélial venait d'ouvrir brutalement la porte, juste sous le nez d'Asmodée et Anaël. Le puissant guerrier fixait l'assemblée, la main gauche sur la garde de son katana. Il dominait n'importe qui de plusieurs têtes ici, personne ne le quitta du regard, mais beaucoup tremblaient déjà. Les anges de la Légion Ardente encore présents hésitaient même à engager le combat, beaucoup avaient gardé leur épée sur eux, chacun de ces anges cherchait Lucifer du regard, lui seul savait maîtriser Bélial, ils en étaient conscient. Certains démons étaient terrifiés, d'autres tout sourire. Bélial chercha à repérer quelqu'un dans la salle, il n'y parvint pas, alors il demanda à l'assemblée, de sa voix maléfique :
- Lilith, ma sœur j'ai à te parler !
Personne ne bougea, personne ne chercha la reine à la place du démon, personne ne voulait se mêler de cette histoire. Après un nouvel instant de silence, Bélial réitéra sa demande :
- Lilith ! Tu dois venir avec moi !
- Je suis là grand frère, qui a-t-il ?
Elle s'était avancée de quelques pas, la succube était inquiète, pour Bélial et pour ses gens, elle ne voulait pas d'un massacre, pas ce soir, mais la tension était palpable, chacun épiait son voisin, la confiance entre les anges déchus et les archidémons s'était effondrée dès le moment où Bélial, l'héritier légitime, avait pénétré dans la salle du trône de l'usurpateur :
- Tu n'es plus en sécurité ici, viens avec moi, je vais te mettre à l'abri.
- Me mettre à l'abri de quoi ? Qu'as-tu fait Bélial ?
- Je veux t'éloigner des combats, ce n'est pas ta place, quand j'aurais repris le trône, tu retrouveras le palais, mais pour l'instant...
- Tu ne feras rien de tel, Satan...
- SATAN EST MORT ! Il avait hurlé cette phrase pour que les anges, comme les démons, l'entendent. La foule fut foudroyée par la nouvelle, cependant personne n'osa parler, Bélial n'en était à sa première folie, certains doutaient de la véracité de ce propos, mais les têtes démoniaques se tournaient déjà dans tous les sens et les légionnaires avaient presque tous sortis leurs épées.
- Quoi ? Demanda Lilith d'une voix presque éteinte.
- Ton petit ange a commis une erreur de trop, il n'est plus de ce monde à l'heure qu'il est. Le trône me revient de droit.
Lilith s'effondra d'un coup, ses jambes fléchirent sous le poids des mots, elle avait perdu toute grâce, son cœur venait de voler en éclat. Le regard de Bélial pesait toujours sur elle, il ne comprenait pas sa réaction, lui qui ne ressentait pas l'amour, il s'apprêtait à ramasser le corps presque inerte de sa sœur adoptive quand une voix pleine de fureur retentit, c'était celle d'Asmodée, il tremblait de rage et serrait très fort la main d'Anaël, puisant dans sa compagne la force de s'opposer au guerrier :
- Qu'est-ce que tu as comploté espèce de monstre !? Tu ne te rends pas compte de ce que tu as fait ! Assassin ! Les larmes ruisselaient sur ses joues alors que les yeux maléfiques de Bélial se posèrent sur lui, le puissant démon esquissa un odieux sourire à son égard, puis il lui répondit :
- Asmodée, traître à son royaume, tu copules avec des anges maintenant ? Son regard se posa sur la jeune hybride terrifiée, elle lisait la mort et la cruauté dans les yeux du roi démoniaque. Le démon ajouta :
- Ce n'est même pas un ange, c'est une abomination, elle ne devrait pas exister.
- Je t'interdis de la regarder ! Ne la touche pas !
- Je n'en ai pas l'intention Asmodée. Je suis venu rassembler mes troupes, je suis venu quérir les fils et les filles de l'Enfer, ceux qui voient en moi leur suzerain légitime ! Qui ici me suivra en dehors de ce lieu maudit ?
- Personne ne te suivra Bélial, ce que tu représentes, personne n'en veut !
- Tu crois ? Peut-être que mon message n'est pas assez clair, tu es doué pour la politique, n'est-ce pas Asmodée ? Tu pourrais m'aider à faire passer mon autorité !
- Jamais je ne...
Personne ne put aperçevoir le geste de Bélial, il fut bien trop rapide, il y eut un bruit sec et une chute, la tête d'Asmodée roula par terre sur quelques mètres, le sang jaillit et aspergea le visage d'Anaël qui poussa un petit cri, elle était paralysée par la terreur. Le corps du conseiller s'effondra sur le sol, une flaque écarlate envahit le seuil de la porte. Bélial planta sa lame violette dans le corps encore tiède et rugit à l'intention de l'assemblée :
- Je suis Bélial, le Ténébreux, roi de ce monde ! Ceux qui bafoueront mon autorité subiront le même sort que ce traître ! Je vous le demande encore une fois, qui se joindra dans ma reconquête ?
Sous les regards paniqués des archanges, les premiers signes de la rébellion apparurent, de nombreux démons se joignirent autour de Bélial, leurs yeux luisaient d'une haine et d'une satisfaction morbide. Le démon continua son discours :
- Archanges, vous avez juré allégeance à mon père, j'attends de vous que vous honoreriez votre serment ! Vous resterez à mon service, et vous aurez la vie sauve, sauf Lucifer évidemment.
- Va te faire foutre sale meurtrier !
- Azazel je n'en attendais pas moins de toi, tu n'aimes pas l'Enfer il me semble, rassure-toi, tu vas le quitter dès à présent. Tuez-le.
- Tu ne tueras plus personne ce soir. La voix venait du fond du couloir, Bélial se retourna, une lueur rouge et or se refléta sur les murs. Lucifer s'avançait vers le peuple infernal, il avait revêtu son armure d'archange et son épée de feu illuminait la longue pièce, son regard était grave et la fureur se lisait sur chaque trait de son visage.
- Lucifer ! Enfin je te retrouve !
- Tu es fou Bélial, fou et dangereux, je vais me charger de toi définitivement.
- Ton assurance te perdra.
- Laisse ces gens en paix, se sera juste toi et moi.
- Je te tuerais au milieu des tiens, nul ne remettra en cause mon pouvoir ! Très vite, un cercle de d'ange en armure et de courtisans se forma autour des deux combattants, Lucifer put glisser une phrase à son acolyte Azazel :
- Si je tombe, attaquez tous en même temps, il ne doit pas sortir d'ici vivant, où ce monde est foutu.
- Je t'interdis de mourir !
- Et si je te désobéis, commande la Légion, tu en as l'étoffe.
- Je récupère aussi ton armure ?
- Ne compte pas là-dessus.
- Tu restes sur la défensive Lucifer ? Aurais-tu peur ? Manquerais-tu de conviction finalement ?
- Je te laisse une dernière chance Bélial...
- Tu as besoin de motivation ? Tu veux que je te rappelle comment j'ai tué ta femme ?
Lucifer bondit sur le démon, épée en avant, le coup résonna dans la salle, le feu jaillit dans le cercle de duel. Bélial avait paré, Lucifer rugissait de colère, la créature infernale était à son avantage. L'ange le remarqua trop tard, le pied de son ennemi s'écrasa alors contre sa cage thoracique, lui coupant le souffle, un autre coup le projeta en arrière, son regard croisa le tranchant du Katana de Bélial, un frisson parcourut son échine, il le poussa à se relever, à faire face. Lucifer ne voulait pas mourir, pas de la main de cet être infâme, pas de celui qui lui avait pris Mara. Alors que le démon accourait pour l'achever, Lucifer rétablit sa garde et para le coup fatal, le démon grogna :
- Tu ne veux pas la rejoindre ? Quel était son nom déjà ?
- Tu ne me tueras pas, je ne tomberais pas sous les coups d'un lâche comme toi.
- Lâche ? Regarde-toi, tu es tout tremblant !
- Je n'ai pas peur Bélial, je suis en colère !
Une vague de feu engloutit le démon, la rage de Lucifer s'était matérialisée sous la forme d'un torrent infernal. Le démon hurlait, rageant, luttant contre cet ennemi ardent. Le feu enveloppait Lucifer, il recouvrait sa lame, titubant, l'ange arriva à hauteur du démon qui gesticulait dans les flammes : Tu ne me tueras pas, tu ne tueras plus jamais ! Hurla l'archange en abattant sa lame sur le démon. Elle n'atteignit jamais sa cible, Bélial avait esquivé, il en profita pour contre-attaquer, touchant son adversaire à la jambe droite. Le sang se mit à couler abondamment de la plaie, pour éviter un retour de lame, Lucifer se jeta sur le côté et s'écroula à terre. Il vit que le démon s'était débarrassé de ses flammes, l'ange tenta de se relever, de faire face encore une fois, la blessure l'empêchait de maintenir une garde correcte, il plongea son regard dans celui de Bélial, dans ces paires d'yeux, il n'y avait que la mort. Puisant dans ses dernières réserves, Lucifer lança un ultime assaut sur le démon, qui n'en attendait pas moins de son ennemi. Les coups pleuvaient sur la garde du démon, Lucifer n'avait plus d'estime pour sa propre vie, il voulait simplement le tuer. Cette tempête de coups ne prendraient fin qu'avec sa mort, Bélial tenta une première fois de détourner sa puissante épée angélique, il reçut une blessure à l'épaule, à son bras fort et au flanc, des égratinures seulement, qui laissèrent s'échapper un peu d'un liquide violet translucide. Lucifer se jetta encore sur lui, cherchant à l'atteindre à la gorge, dévoilant l'entièreté de son corps pour frapper le plus fort possible, il entailla profondément le buste du démon, il le sut au cri de douleur térrible que son adversaire poussa. Quant à lui, il avait une sensation étrange au ventre, un froid intense envahissait ses organes et se répendait dans le reste de son corps, il frissonnait. Lucifer aperçut le regard étrange de Bélial, il baissa les yeux, suivit la ligne de son bras, il vit sa main qui serrait fort la poignée de sa lame, cette lame qui venait de lui transpercer les tripes de part en part. C'est alors que sa vue se brouilla, ses jambes ne parvenaient plus à le soutenir, il se laissa tomber. Bélial retira en un éclair son katana du corps de sa victime, il s'écroula aussi, une partie de son corps paralysée par la douleur. Le démon regardait Lucifer, son ennemi de toujours, à genoux en face de lui, la tête baissée, son sang se répendait sur le sol de pierre, il gisait à demi conscient dans une mare écarlate. Bélial gémit et se releva péniblement, il fit un pas, grimaça de douleur, puis un autre, leva bien haut sa lame. Lucifer ne parvenait plus à réfléchir, il essayait simplement de respirer sans s'étouffer dans son sang, il n'avait même pas mal. Bélial avait gagné sur toute la ligne, cette idée le désespérait, des larmes de rage ruisselèrent lentement sur ses joues, alors que le néant l'emportait tout doucement. Il attendait le coup fatal, Bélial allait le décapiter et exposer sa tête en trophée, il aurait tellement aimé mourir autrement, près de Mara, sous un ciel bleu, entouré des siens. Lucifer attendait le coup fatal...
Et voilà le chapitre 5, j'attends vos commentaires et vos avis A bientôt pour la suite de DEMONS ! |
| | | cambrioleur/euse débutant/e Messages : 158
| Sujet: Re: DEMONS Mer 6 Jan - 15:15 | |
| - Chapitre 6:
Le bruit des voitures préservait Satan d'un nouvel évanouissement, il se concentrait dessus, laissant son oreille absorber ce bruit peu familier. Le voyage magique n'avait rien arrangé à son état, traverser les mondes, les dimensions, sentir son corps cesser d'être, et être à nouveau, n'avait rien d'agréable, encore moins quand on était ivre. Guidé par ses vœux, l'ange déchu avait atterri dans un petit bar new-yorkais, abandonné en cette heure de pointe. Satan était assis sur une des quelques chaises de comptoir à disposition des clients, l'endroit était peu éclairé, les murs gris étaient décorés de dessins à la craie et du prix des boissons. Satan se fichait de la décoration, il voulait se noyer dans l'alcool une dernière fois avant de faire ce pourquoi il était venu, même s'il ne savait pas vraiment ce qu'il cherchait. La seule autre personne personne présente dans le bar était la serveuse, elle nettoyait quelques verres et ne semblait pas faire attention à son client. En fait, elle avait remarqué que celui-ci était déjà bien imbibé d'alcool et elle ne tenait pas à le voir s'effondrer dans son bar. La serveuse jeta un coup d’œil derrière elle, le jeune homme avait la tête baissée, les mains sur la table, il oscillait sur sa chaise. Elle se demanda un instant ce qui avait pu lui arriver, désastre amoureux ? Perte de job ? Les deux ? Il n'avait cependant pas l'air d'attendre quelque chose d'elle, elle continua alors à frotter ses verres de tailles et de formes diverses. Elle s'apprêtait à ranger son récipient préféré quand la stéréo démarra, diffusant un titre d'Hendrix dans le bar, stoppant net son geste. Comment cela avait-il pu s'enclencher tout seul ? Machinalement, elle voulut éteindre la machine mais l'homme lui demanda :
« Non, laissez ça ne me dérange pas, s'il-vous-plaît...
La femme ne répondit pas, un inexpliquable sentiment d'inquiétude commença à l'envahir, la stéréo n'avait jamais réagi comme ça avant, c'est quand ce type est entré que...il interrompit le fil de ses pensées :
- Je pourrais avoir...ce que vous avez de plus fort ?
Sans se retourner, la serveuse commença à lui préparer son verre, elle ne voulait pas croiser son regard, il avait quelque chose chez lui qu'elle ne supportait pas, comme une aura inquiétante qui la mettait mal à l'aise, l'ivrogne avait quelque chose de pas naturel. Elle déposa le verre plein devant lui, avant qu'elle n'eut le temps de lui annoncer le prix, l'homme lui jeta un billet sur le compoir, gémissant :
- Gardez la monnaie.
- Je...c'est un billet de cent dollars.
- Je m'en fous.
Cette fois-ci la serveuse ne retourna pas à ses verres, elle fixa son client sans bouger d'un poil, il était vraiment louche. Il leva si brusquement les yeux vers elle qu'elle eut un léger mouvement de recul, il demanda alors en souriant :
- Je vous fais peur ?
La serveuse ne répondit pas, elle le fixait toujours, l'homme était si étrange, il avait des yeux noirs, des yeux presque félins et ce sourire à la fois attirant et terrifiant, même ses dents étaient bizarres, trop pointues pour paraître complètement humaines, son visage lui donnait les traits d'un jeune homme, mais il paraissait beaucoup plus vieux que ça, même la couleur de ses cheveux la troublait. Elle acquiesta instinctivement de la tête en guise de réponse. L'homme éclata d'un rire joyeux, qui terrifia la pauvre serveuse :
- Excusez-moi, je suis de passage dans votre ville, je cherche...le repos !
- Vous cherchez le repos à New-York ?
- Ouais, ça en dit long sur ma vie hein ? Dit l'ange en vidant son verre d'un trait, ce qui étonna encore la serveuse. Et vous Salem, ça fait longtemps que vous bossez ici ?
- Attendez...comment vous connaissez mon...
- Votre nom ? Il est écrit sur la fiche de présence, derrière vous.
- Ho je vois, vous êtes malin vous.
- Malin ? C'est mon deuxième prénom ! Ajouta Satan en éclatant de rire.
Salem ne savait même plus quoi penser, ce type était très inquiétant. Elle était tentée d'appeler les flics, même si l'homme ne s'était pas montré violent avec elle, pas encore. Surtout, la serveuse n'aimait pas sa façon de l'observer, il avait un regard qu'elle ne parvenait pas à supporter, Salem se perdait dans ses pupilles, elle y voyait l'univers tout entier et se sentait incapable de se détacher de son emprise. Satan continuait à la fixer en souriant, il la dévorait du regard, elle était jolie, un peu frêle, ses longues et fines jambes étaient couvertes de tatouages divers au style un peu gothique, qui en disaient long sur sa personnalité. Ses bras aussi étaient marqués, et Satan devinait de nombreux autres dessins sur le reste de son corps, il demanda :
- Vous avez combien de tatouages ?
- En quoi ça vous regarde ?
- J'essaye de faire la conversation, de paraître gentil.
- Mais vous n'êtes pas gentil.
- Si vous le dites. Moi aussi j'ai des tatouages !
- Super, dit Salem en retournant à ses verres sales, saisissant au passage celui de son mystérieux client. Vous voulez que je vous en serve encore ? Ou bien...
- Oui, vous allez me jeter dehors sinon.
- Ouais ! Affirma Salem, avec un petit sourire forcé, d'exaspération. Salem remplit une nouvelle fois le verre et regarda l'homme le vider d'un trait, l'alcool ne semblait pas vraiment avoir d'effet sur lui, elle n'était pas prête de s'en débarrasser :
- Vous êtes jolie, un peu typée.
- Comment ça un peu typée ?
- On dirait que vous avez été faite pour travailler ici !
- Vous savez vraiment parler aux femmes vous, c'est dingue. Répondit-elle sur un ton faussement vexée, que Satan décela tout-de-suite.
- Oui, je sais parler aux femmes, je suis assez doué dans ce domaine.
- Ravie pour vous.
- Je vous aime bien !
- Ne vous faites pas d'illusion !
- C'est pas mon genre !
Satan s'apprêtait à se lancer dans une autre de ses tirades dont il avait le secret quand quelqu'un pénétra dans le bar. Salem se tourna directement vers lui, une lueur d'espoir dans les yeux, peut-être que sa présence ferait déguerpir le petit bonhomme. Le nouveau client avait déjà l'air plus terre à terre, il était grand, le teint un peu pâle, pas aussi pâle que le gêneur cependant, les cheveux bruns, une fine barbe, il portait une chemise à carreau rouge et un simple jean ainsi qu'une paire de baskets de ville, quelqu'un de tout à fait normal en perspective. Salem se trompait lourdement. L'homme franchit à peine le seuil de la porte avant de s'adresser au premier client :
- Seigneur Dragon, nous nous rencontrons enfin ! Le visage de son client en costard changea subitement, il virevolta vers l'homme, Salem remarqua une lueur très discrète émaner de ses paumes, un frisson d'inquiétude la parcourut à nouveau.
- Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous voulez ?
- Vous tuer, boire un thé.
- Me...tuer ?
- C'est cela, personnellement je n'ai rien contre vous, je vous admire même un peu, mais il y a un contrat sur votre tête.
- C'est une plaisanterie ? Qui es-tu donc pour oser me menacer comme ça ?
- Mordred Pendragon, vous avez connu ma mère.
- Impossible, Mordred est mort.
Salem observait les deux hommes, aussi perdue que paniquée, elle commençait à douter de la véracité de la scène, était-elle en train de rêver ? Cette hypothèse s'évanouit quand une vague déferlante de feu assaillit son bar, visiblement lancée par l'homme en chemise. Elle vit les flammes fondre sur elle, sa vision se brouilla, tout était rouge, mais elle ne brûla pas. Quelque chose l'avait sauvé.
- Intéressant, tu as sauvé la mortelle. Pourquoi ?
- Je...je vais te tuer pour ça.
Le premier réflexe aurait été de se jeter au sol en priant de ne pas finir carbonisée, mais la jeune femme était tétanisée, tout cela était surréaliste. Ce Seigneur Dragon était entouré d'une légère aura violette, qui l'avait sans doute protégé des flammes, était-ce de la magie ? Bien sûr que oui, mais c'était très difficile à admettre en quelques instants de pure folie. Finalement, le premier individu avait l'air beaucoup plus sympathique que le deuxième, étant donné qu'il lui avait sauvé la vie, mais il avait changé, l'homme (si c'était bien un homme) tremblait légèrement, son visage n'exprimait plus que fureur, il avait en fait l'air très puissant.
- J'ai bien peur que non, dit Mordred avant de lancer un nouveau sort, il voulait attaquer l'esprit de l'ange, le pousser à se transformer, à perdre le contrôle. Ses attaques étaient silencieuses, ce qui les rendait très difficile à contrer, il semblait les lancer avec son esprit même, ce que Satan n'imaginait pas possible pour un simple humain.
- Sors de ma tête !
- Je suis curieux de savoir ce que ça fait, de se faire dépasser dans son propre art par un mortel insignifiant. Tu dois être déçu non ?
Satan grognait de douleur, Mordred n'était pas parvenu à percer totalement ses défenses, mais il poussait, il cherchait une faille, un souvenir douloureux, un cauchemar récurrent, et ses efforts affaiblissaient Satan, qui dépensait de l'énergie pour protéger Salem et lui-même d'attaque plus physique.
- Ho je vois ! Tu protèges l'humaine, ce qui t'affaiblit. C'est si chevaleresque de ta part, je me demande jusqu'où va aller ton élan de bonté !
Satan ne comprit pas de suite ce qui se passait, il vit Salem porter soudainement ses mains à sa gorge, elle s'écroula par terre, elle avait l'air de suffoquer.
- Laisse-la !
- Vois-tu, je vide ses poumons et je gèle son système respiratoire. Je maîtrise l'eau, l'air, le feu, la terre et la lumière, je fais de la nature ce qui me plaît. J'utilise aussi les peurs et les faiblesses des imbéciles qui me résistent, pas aussi bien que notre ami Bélial cependant.
- Quoi ?
- Oui, Bélial, il détruit tout ce qui est cher à tes yeux en ce moment même, il est déçu de ne pas pouvoir te tuer lui-même, mais j'ai été chargé d'accomplir ceci à sa place. Comptes-tu riposter ? Ton amie ne va pas tarder à mourir... »
Satan ne répondit pas, il céda simplement à ses pulsions les plus meurtrières, Mordred sentit un assaut psychique inattendu déferler avec une sauvagerie sans nom sur son esprit, il hurla de douleur, son cerveau brûlait. C'est alors que tout se mit à trembler, la dernière chose qu'entendit Salem avant de sombrer dans l'inconscience fut un terrible rugissement...
Lilith s'était interposée entre la lame de Bélial et le corps brisé de Lucifer, elle sentait le tranchant contre son cou, son regard rougi par les larmes ne quittait pas celui de son frère, qui avait stoppé son geste au dernier moment. L'Enfer le regardait, attendait son verdict, il était roi depuis quelques minutes et son destin le poussait déjà à tuer sa propre sœur, il ne pouvait s'y résoudre, il avait promis de la protéger, de veiller sur elle quoi qu'il arrive. Et pourtant, chaque démon ici attendait une sentence exemplaire, elle avait trahi l'Enfer, elle s'était donnée à un ange, elle venait d'en sauver un autre, s'interposant dans la justice infernale, mais c'était sa sœur, il avait juré à son père, son créateur, le créateur de toute chose. Contrairement à Lilith, il ne tremblait pas, il était juste perdu dans ses pensées, il doutait, la succube le remarqua, elle voulut en profiter :
« Bélial, tu as gagné, tu as eu ce que tu voulais, laisse-nous maintenant !
- Écarte-toi Lilith, il doit mourir.
- Non ! Je ne te laisserai pas le tuer ! Si tu veux le faire, tu devras me pourfendre d'abord !
Bien sûr sa sœur était déterminée, elle préférait donner sa vie plutôt que de voir un de ses ange mourir. Pourquoi ne comprenait-elle pas ? C'était des ennemis ! Ses ennemis ! Pourquoi n'était-elle pas de son côté ? Satan l'avait-il corrompu au point qu'elle renie sa propre famille !
- Tu devrais venir avec moi, ces anges n'ont plus rien à t'offrir.
- Tu as tué mon mari..comment veux-tu que je te suive ?
- Je t'ai libéré de son emprise !
- Je l'aimais !
Elle lui avait hurlé ce mot au visage, replongeant encore dans les larmes, il ne savait pas ce que cela voulait dire, l'amour était un sentiment inconnu pour lui, il était simplement triste de voir sa sœur dans cet état, il était venu pour le trône, pas pour lui faire du mal.
- Pardon Lilith, je ne voulais pas t'offenser.
- Ferme-la ! Rugit-elle, très bien, à toi le trône, à toi l'Enfer, mais si tu fais un pas de plus, tu ne me reverras plus jamais !
- Je ne peux pas te tuer...
- Alors disparais, laisse-nous...
- Je vais réunir mes légions et raser cet endroit, c'est la guerre. Si tu restes ici...
- Je t'ai dit de nous laisser Bélial, tu n'es plus rien pour moi.
La colère de Lilith avait réussi à vexer le démon, il rugit après elle, sans toutefois l'impressionner autant qu'il l'aurait voulu, il grogna :
- Très bien traîtresse ! Reste donc avec tes anges et tes courtisans, tu mourras en temps voulu ! J'ai tout fait pour te protéger, pour te rendre la raison ! Mais tu n'en fais qu'à ta tête, tu préfères ces larves du Paradis à ta propre fratrie, Père avait tort à ton sujet il n'aurait pas dû te laisser la vie, il n'aurait pas dû épargner Satan !
- Ne prononce plus son nom !
- Il est mort Lilith, médites sur son destin, ou tu le rejoindras bientôt.
Doucement, Bélial retira sa lame du cou de Lilith, il la rangea dans son fourreau et quitta le palais, en compagnie de tous les démons qui acceptèrent de le suivre, en fait, peu de démons restèrent dans la salle des banquets. Pour les personnes encore présentes dans la pièce, le temps était suspendu dans l'air, chacun réfléchissait à la suite des événements dans la plus totale confusion, seule Lilith réagit, elle se précipita vers le corps de Lucifer. Ses genoux entrèrent en contact avec le sang encore chaud de l'ange blessé, il commençait à imbiber le bas de sa robe, Lilith n'avait pas vécu quelque chose d'aussi désagréable depuis longtemps. La succube se pencha vers son amant, elle remarqua sans peine le coup d'épée qui avait transpercé son armure de part en part, la plaie saignait beaucoup, elle voulut se pencher pour vérifier son poul quand il se redressa brutalement, crachant une gerbe écarlate en poussant un râle de douleur, cet imbécile était encore en vie, Lucifer respirait toujours ! Elle pausa sa paume contre sa joue, elle se pencha si près que son visage entra presque en contact avec le sien, Azazel qui s'approchait crut un instant que la reine lui offrait un dernier baiser, il accéléra son déplacement. Lucifer ouvrit les yeux avec peine, la vie le quittait doucement, le visage de Lilith l'apaisa un peu, il sourit faiblement, ne parvenant à effacer un rictus de douleur sur ses lèvres. Il sentit une larme tomber sur son front, Lilith était sous le choc, paniquée, en colère, elle pouvait l'aider, elle devait l'aider, sinon Bélial les tuerait tous. Elle serra le visage de Lucifer plus fort entre ses mains, il devait rester éveillé, elle lui dit, la voix saccadée de sanglots :
- Lucifer, tu es en train de mourir...
Lucifer lui répondit, mais elle n'entendit pas sa réponse, Lilith se mit à palper son armure, cherchant à le débarrasser de cette protection maintenant inutile. Azazel vint à son secour, il envoya la pièce d'armure angélique dans un coin de la pièce, la colère et la peur multipliant sa force. Un frisson parcourut l'échine de la succube quand elle vit la gravité de la blessure, l'ange avait un trou dans le ventre, elle avait l'impression de voir le contenu de son estomac. Elle repensa au moment qu'ils avaient partagé un peu plus tôt, Lilith eut un haut le cœur, il allait partir dans ses bras, vidé de son sang, il souffrait terriblement. Non, ce n'était que du sang et des tripes, elle était une puissante magicienne, elle était la vie, elle pouvait réparer ça ! Il suffisait de se calmer, de ne pas penser à la mort, de se concentrer, elle pouvait le guérir ! Lucifer commença à bouger, il se débattait contre le destin, il s'accrochait à la vie comme il l'avait toujours fait, il ne voulait pas les abandonner :
- Lucifer, si tu te tortilles comme ça, tes tripes vont sortir de ton ventre, et je ne pourrais plus faire grand chose pour toi ! Je peux réparer les dégâts internes, mais je ne peux pas refermer la plaie, ta peau est trop...
Lucifer avait compris le message, il acquiesta de la tête, préparant son corps à encaisser une nouvelle fois la douleur. Lilith commença son opération magique, l'ange sentit presque ses doigts entrer dans son ventre, elle avait fermé les yeux, il ne savait pas si c'était par dégoût ou pour se concentrer. Lucifer ne sentait que des picotements partout sur son corps, Lilith réparait tous les organes touchés, les veines, les artères, tout cela reprenait sa place avec docilité, l'archange ne voyait la lueur blanchâtre qui émanait de sa blessure, il essayait de rester serein, de ne pas céder à la peur toute naturelle de mourir. Sous les yeux hébétés d'Azazel, Lilith retira sa main et l'essuya contre sa robe, qui était de toute façon fichue. Elle murmura à son blessé :
- J'ai fait tout ce que j'ai pu, c'est à toi de jouer maintenant.
Azazel ne comprit pas tout-de-suite, il vit la main de Lucifer s'illuminer, il la vit prendre feu, et d'un geste déterminé, il plaça sa main contre sa blessure, l'ange détourna le regard, il ne voulait même pas imaginer ce que son capitaine ressentait à ce moment précis. Un horrible cri de douleur retentit dans la salle, effrayant les convives, mais aussi Lilith, elle aurait aimé trouver un autre moyen. Lucifer gardait sa main bien appuyée contre son ventre, la cicatrisation n'était pas finie, il hurlait de douleur, jamais il n'avait souffert comme ça, tous les nerfs de son corps réagissaient, c'était affreux. Il ne pensait pas survivre à ça, son cerveau, son cœur allait forcément lâcher, son corps se lova instinctivement, pour se protéger d'une menace imaginaire, d'un mal qu'il ne parvenait pas à comprendre, son corps lui-même ne comprenait pas son geste, la mort était sans doute moins pire que cette souffrance. C'est Lilith qui retira sa main, elle appliqua les derniers soins sur la plaie fumante, Azazel fut très surprit du résultat final, il ne restait qu'une fine cicatrice, des deux côtés de la perforation. La reine avait assuré, il fut pris d'un élan de reconnaissance à son égard, la serrant presque dans ses bras. Le regard de le Lilith en disait long sur sa surprise, Azazel devint pivoine et s'éloigna avec une courbette maladroite. La succube revint vers l'ange blessé, il avait les yeux ouverts, le visage marqué par la douleur, il grimaçait. Quand la reine se pencha vers lui, il la saisit par les plis de sa robe, elle se permit un petit baiser sur le front de Lucifer, se fichant des convives, il n'était pas en état de protester de toute façon. Il balbutia :
- Je crois que je vais m'évanouir...
- Tu aurais déjà dû t'évanouir ! Reste calme surtout, on va te conduire en lieu sûr.
- Je me sens déjà mieux...
- Arrête tes conneries ! Tu restes tranquille ou je finis moi-même ce que Bélial a commencé !
Lucifer la regarda, étonné, il arrêta de bouger :
- Bien, tu vois quand tu veux ! Je vais demander à tes anges de te conduire dans mes quartiers, je vais m'occuper de toi...
- Lilith...
- Mais d'abord, je dois réunir ceux qui peuvent se battre, je dois préparer les défenses du palais, il faut que...
- Lilith, Satan n'est pas mort, je t'assure...
- Repose-toi Lucifer.
Deux archanges emportèrent Lucifer dans ses quartiers, Lilith était assez désemparée, elle regardait la mare de sang qui tâchait le sol à ses pieds, ce même sang qui avait séché sur ses vêtements. La succube devait se reprendre, elle cacha un instant son visage derrière ses mains, voulant effacer ses larmes, mais sa figure prit la teinte du sang, elle devait faire peur à voir dans cet état, couverte du fluide vital d'un être aussi puissant que Lucifer, tant mieux. Lilith allait devoir commander les légions de son époux, elle devait dès à présent affirmer son autorité :
- Azazel !
- Oui ma reine ?
- De combien d'hommes disposons-nous ?
- Avec la Légion Ardente et les guerriers démoniaques qui ont tenu leur serment, quelques centaines tout au plus.
- Réunis tout ce monde dans l'enceinte du palais, envoie des messages à ceux qui nous sont restés fidèles, nous allons avoir besoin de soldats.
- Je ne sais pas si...
- Quoi Azazel ?
- Les démons, peut-on leur faire réellement confiance ? Peut-être attendent-ils de nous trahir au dernier instant, pour nous affaiblir encore.
- Ce n'est pas le moment de faire resurgir nos différents ! Mon frère ne se posera pas ce genre de question, il va réunir ses fidèles, attaquer le palais en force et nous tuera tous, anges ou démons, pour simplement faire passer un message. Les démons que tu vois ici en sont conscients, ne vois-tu pas que chacun ici ressent la même chose ?
- Si, nous avons tous peur.
- Une dernière chose Azazel...
- Oui ?
- Si Lucifer...n'est plus apte à commander, tu prendras sa place, tu dirigeras la Légion.
- Je...bien ma reine !
- J'ai confiance en toi, ne me déçois pas.
- Je ferais de mon mieux.
- Non, gagne la bataille, on mourra tous sinon.
- J'ai compris.
- Je veux un rapport sur nos capacités de défense dans deux heures, sur l'effectif des troupes aussi et...nous aurons peut-être besoin d'un plan de retraite, si le palais est perdu. Je te retrouve dans mes quartiers.
- À vos ordre !
- Tu peux disposer.
Azazel la salua à nouveau et quitta la pièce, emportant les autres archanges avec lui, il se demandait encore si tout ceci était réel, ou si ce n'était qu'un horrible cauchemar. Tant de choses reposaient sur ses épaules maintenant, il devait tenir le palais coûte que coûte, Lilith avait raison, c'était quitte ou double. La reine l'avait impressionné, il venait de la découvrir réellement, la succube n'était pas qu'une sorcière manipulatrice, c'était la fille du seigneur Belzébuth, elle était reine de l'Enfer, elle était forte, déterminée et impartiale, elle était...comme lui. Azazel ne put s'empêcher de sourire, toutes ses années à essayer de comprendre, de réfléchir à cette situation insensée, Satan n'était ni fou, ni ensorcelé, il avait trouvé quelqu'un comme lui, il était amoureux. Ce qu'il faisait, il le faisait pour Lilith, rien d'autre n'avait jamais compté pour lui. L'archange repensa alors aux paroles de Bélial, cela était-il possible ? Satan pouvait-il être mort ? Pour lui, c'était inconcevable, Azazel avait toujours imaginé que cet endroit s'effondrerait d'un coup à la mort du Dragon, que le monde s'arrêterait de tourner, la situation était terrible c'est vrai, mais le palais tenait encore debout et il se chargerait de le maintenir ainsi, pour l'instant, ils devraient tous se passer de leur seigneur.
La lueur du Paradis, il n'y avait rien de plus beau pour Imaël, elle lui faisait presque oublier les terribles moments qu'il avait vécu en compagnie de Bélial des autres monstres dont il s'était approché. L'ange ne pouvait s'empêcher de penser à ses deux frères morts dans cette grotte en Enfer, il aurait aimé que cela se passe autrement, mais le Créateur en avait décidé ainsi et il y aurait sûrement d'autres sacrifices à faire. Imaël savait que sa quête était juste maintenant, les doutes avaient été effacé depuis sa rencontre avec Bélial, de tels individus ne méritent pas la vie, l'Enfer ne mérite pas d'exister, sa présence dans l'Univers est une insulte à l’œuvre du Créateur, il fallait supprimer ce monde au plus vite et pour cela, il allait avoir besoin de l'aide des siens, ils devaient les convaincre que les choses étaient sur le point de changer, que le danger les guettait. C'était la pure vérité, Satan allait être renversé par Bélial, les anges déchus seraient massacrés et les hordes infernales se jetteraient probablement sur les portes du Paradis. La meilleure chose à faire était d'attaquer maintenant, de profiter de cette période de trouble en Enfer pour achever tous leurs ennemis. Imaël savait que la tâche serait difficile, Mikaël, le chef des armées du Paradis, n'était pas un ange de confiance, il était de la première génération, il était proche de Satan et de Lucifer, pire, il a refusé d'achever le Dragon, Mikaël le tenait au bout de sa lance, il l'a regardé chuté et il n'a rien fait, il est rentré au Paradis sans terminer sa tâche, Imaël l'avait toujours considéré comme un lâche, voire un traître potentiel, soit il l'écouterait et attaquerait l'Enfer, soit Imaël trouverait quelqu'un pour le remplacer. Il ne voulait pas d'un archange faible à la tête de son armée, pas aujourd'hui. Il avait donné rendez-vous à Mikaël dans un coin reculé du Paradis, pas de bâtiment, pas d'ange curieux, que des plaines et des émanations d'énergie pure en guise de lumière, ils étaient seuls au monde. Mikaël arriva en volant, ne faisant aucun cas des politesses, il se posa sans grâce, heurtant le sol dans un bruit sourd, ses ailes de lumières dorées se replièrent et disparurent. Il ne salua pas Imaël, lui jetant simplement un regard interrogateur, presque suspicieux. Imaël eut soudain l'affreuse impression qu'il savait toute la vérité, il détourna le regard et souhaita un bonjour à son interlocuteur. Mikaël était un archange typique, créé pour la guerre, il était né en armure par la magie du Créateur, contrairement aux anges plus jeunes créés de façon plus naturelle, grand, plus athlétique que massif, droit dans ses bottes, de longs cheveux dorés, un regard vif, un caractère fort et une éthique à l'épreuve des balles, Mikaël était un excellent combattant, un grand commandant, très populaires chez les anges et même les hommes, il inspirait les guerriers c'était l'archétype du chevalier, il n'avait rien d'un politicien, ni même d'un conquérant, il se battait quand la cause était juste, mais l'archange ne voyait pas les choses comme Imaël, non, pour lui, Paradis et Enfer pouvaient cohabiter, pour lui, l'éradication des démons n'étaient pas une cause assez juste pour qu'il accepte de se salir les mains, l'imbécile, à quoi servait-il donc ? À quoi servaient les archanges s'ils n'éradiquaient pas le mal ? Imaël lui poserait la question si Mikaël refuserait de l'aider. L'archange finit par lui adresser la parole, il était visiblement pressé d'en finir :
« Alors Imaël, je t'écoute, qu'as-tu donc de si urgent à me dire ?
- Tu dois mobiliser les armées du Paradis !
- Et pourquoi je ferais une chose pareille ?
- Parce que l'Enfer va nous attaquer !
- Tu répètes sans cesse que l'Enfer va nous attaquer, si Satan avait voulu notre peau, cela ferait longtemps que...
- Satan ne dirige plus l'Enfer !
- Tiens donc ?
- Bélial l'a renversé, il se prépare déjà à nous attaquer, je te préviens pour éviter la panique dans nos rangs ! Tu dois agir dès à présent !
- Imaël, comment sais-tu tout cela ?
- J'ai été en Enfer, j'ai vu Bélial de mes propres yeux.
- C'est totalement illégal, les anges qui se rendent en Enfer sans autorisation sont considérés comme parjure, tu le sais bien !
- Je suis le premier conseiller, je n'ai pas besoin d'une autorisation ! Surtout pas quand il s'agit de sauver mon peuple !
- Tu dis que Bélial a pris le pouvoir, qu'est-il arrivé aux anges déchus alors ? Je ne sais pas, ce monstre les a probablement tous massacrés ! Mikaël le temps presse !
- Hé bien je vais réunir les autres conseillers, je vais préparer mes meilleurs éléments à une mission en Enfer, une mission d'observation.
- Une quoi ?
- Je ne vais pas lancer la totalité de nos soldats dans une croisade contre les démons parce que tu m'as raconté ces histoires Imaël, je ne peux pas. Des histoires ?! Je te dis que nous sommes tous en danger ! C'est ainsi que tu défends les tiens ?
- Je défends les miens en les tenant éloignés de la guerre Imaël ! Nous vivons heureux, en paix, loin des problèmes des mondes inférieurs, tu veux vraiment briser cela, faire subir cette épreuve à ces familles ?
- Mais le Créateur...
- Ne me parle pas du Créateur ! Le Créateur a bâti cet endroit pour que nous puissions y vivre dans la sérénité ! D'autres que toi ont déjà essayé d'y installer le trouble et l'anarchie ! J'ai été chargé par Lui d'empêcher cela ! Je n'enverrai pas ces gens à la mort sans preuve ! Tu m'as compris ?
- Si tu ne m'écoutes pas, ils périront tous !
- Imaël, écoute-moi, mon enfant va bientôt naître, je vais avoir d'autres responsabilités, je ne veux pas qu'on dise à ma compagne que j'ai perdu la vie dans un assaut irréfléchi en Enfer, tu peux comprendre ça ?
- Un enfant ? Tu ne voudrais pas que ton enfant vive dans un monde où la menace infernale ne pèse plus sur ses épaules ?
- Si, et la paix...
- La paix ? Ces...choses ne connaissent rien de la paix ! J'ai vu...
- Qu'as-tu vu Imaël ? Que sais-tu du monde qui t'entoure ? Demanda l'archange en fronçant les sourcils, appuyant son index sur le torse de son camarade. J'ai toujours trouvé tes paroles trop belliqueuses pour un conseiller, toi qui n'a aucune idée de la guerre. J'ai vu des amis mourir, j'ai vu des anges braves et innocents tomber sous les coups de leurs semblables, j'étais là quand Samaël a divisé le Paradis en deux camps, j'ai dû affronter les miens, affronter mon propre frère, j'ai dû chasser le premier des anges en dehors de notre monde. Ne crois-tu pas que cela est suffisant ? Veux-tu faire souffrir les nôtres encore et encore ?
- Non, mais ce n'est pas moi qui menace notre quiétude, les démons veulent notre mort depuis l'éternité. Maintenant, ils n'ont plus aucun obstacle, quand Bélial aura assemblé son armée, il viendra jusqu'aux cieux pour nous détruire ! Tu es général des armées du Paradis, tu es chevalier, c'est ton devoir de nous protéger.
- Parfois, les anges ont besoin d'être protégé d'eux-mêmes, ils pensent faire le bien mais n'ont pas la vision de toutes les conséquences.
- Je vois ce que tu veux dire, mais je ne suis pas Satan, c'est le Créateur qui guide mes pas, et non une sorcière assoiffée de pouvoir.
- J'irais en Enfer, moi, mais je ne mobiliserais pas nos forces avant de comprendre ce qui se passe, je ne veux pas d'une guerre Imaël, surtout pas maintenant.
- Je comprends, j'espère que ce que tu verras te convaincra de la gravité de la situation, bonne chance, et sois discret, je ne voudrais pas que les démons te surprennent à les espionner.
- Merci Imaël, tu seras le premier à avoir mon rapport.
Mikaël se retourna et s'éloigna de l'ange avant de s'envoler, il disparut très vite dans le ciel immaculé, Imaël était de nouveau seul, son regard se fit sévère :
- L'imbécile »
Imaël lui avait donné l'opportunité de mener la glorieuse chage finale sur le palais de Satan pour anéantir la menace éternelle mais Mikaël avait failli à son devoir, l'ange devait réunir ses propres fidèles et se préparer à la bataille, Bélial et les autres seraient encore utiles, ils l'aideraient à se débarrasser de Mikaël, l'archange avait fait son temps. Une voix résonna alors autour de lui, alors que la silhouette brumeuse de Mordred se formait à côté de l'ange, le sorcier lui demanda :
"Alors ? Comment ça s'est passé ?
- Léviathan et toi, vous allez tuer un archange, n'échouez pas cette fois, il ne doit pas revoir le Paradis.
- Je n'ai pas échoué, j'ai assez affaibli Satan pour en faire un atout, quand il verra les anges l'attaquer, son sang ne va faire qu'un tour et il viendra ici, tous les anges rejoindront ta bannière devant cette menace, tu auras ton armée de purification.
- Sauf si Mikaël lui explique la situation, ils ne doivent pas se rencontrer !
- Un ange seul ? Il ne sera pas assez fou pour approcher du palais !
- Tu ne connais pas Mikaël.
- Toi non plus apparemment, sinon tu n'aurais pas été le voir.
- J'avais de l'espoir pour lui, tu ne peux pas comprendre.
- Si, j'ai toujours rêvé que par amour fraternel, mon cadet accepte de m'offrir son essence vitale, ce qui n'a jamais été le cas.
- Disparais maintenant, j'ai à faire, je ne voudrais pas qu'on nous voit ensemble.
- Tu es le seul à pouvoir me voir Imaël.
- Disparais sorcier. »
Mordred le jeta un regard noir et s'effaça, laissant Mikaël libre de poursuivre sa machination...
Et voilà le chapitre 6 de DEMONS, la suite ne devrait pas trop tarder à arriver J'attends vos retours dans les coms et sur LOTRO ! Bon jeu ! |
| | | cambrioleur/euse débutant/e Messages : 158
| Sujet: Re: DEMONS Mar 26 Jan - 18:41 | |
| - Chapitre 7:
Réveillée par une étrange sensation de chaleur, Salem ouvrit difficilement les yeux. Tout son corps était endolori, comme si on l'avait roué de coups, elle se leva avec peine et constata en premier lieu ce qui l'entourait. Salem n'était plus dans son bar, elle devait se trouver en hauteur, sur une montagne, au milieu d'un vaste plateau aride, mais où se trouvait-elle ? Au Nevada ? Non, elle comprit très vite qu'elle avait quitté le monde terrestre, tout était plus obscur ici, tout semblait sans vie. Un fulgurent sentiment de panique l'envahit, Salem avait du mal à accepter cet état de fait, surtout, elle n'imaginait aucune solution à son problème, comment retourner chez elle ? La jeune femme scrutait les horizons, cherchait autour d'elle, elle voulait une porte, une sortie, n'importe quoi, Salem ne se sentait pas en sécurité ici, elle voulait rentrer au plus vite, ou au moins comprendre ce qui lui était arrivé :
« Vous êtes en Enfer.
La voix la fit sursauter, elle pensait être seule ici, mais non, bien sûr, c'est lui qui l'avait emmené dans cet horrible endroit, en Enfer. C'était impossible, elle voulait lui hurler cela à la figure, Salem ne voulait pas de cette réalité. Satan pouvait la comprendre, il la regardait, elle était affaiblie, paniquée, l'Enfer n'était pas pour les humains, elle devait se calmer, sinon elle finirait par manquer d'air. L'ange s'approcha d'elle, il posa sa main contre la taille de la jeune femme, elle voulut d'abord le repousser puis le contact l'apaisa, elle retrouva un semblant de sérénité :
- Comment vous avez fait ça ?
- Ma femme me l'a appris.
- Ha vous êtes marié ?
- Je le crois pas ! S'exclama Satan, je vous explique que vous vous êtes retrouvée en Enfer, vous avez failli vous faire tuer par un sorcier, un dragon a détruit votre bar et tout ce que vous avez trouvé à me demander, c'est si je suis marié ? Non mais vous les humains vous êtes de grands malades ! Il y a vraiment un truc qui va pas chez vous !
- Comment ça un dragon a détruit mon bar ?
- Ha. Vous aviez raté ça.
- Je suis tombé dans les pommes quand votre ami a essayé de m'étrangler.
- Il s'appelle Mordred, et ce n'est pas mon ami.
- Et vous ? Qui êtes-vous ?
Satan lui jeta un regard étonné, presque déçu, il commença lui aussi à scruter l'horizon, le seigneur cherchait son domaine. Il dit à Salem sans la regarder :
- Vous savez très bien qui je suis.
- Mon Dieu...
- Si vous le dites. Bien ! Je dois rentrer chez moi.
- Chez vous ?
- Oui, j'ai...une maison, Mordred a menacé mes proches, je dois m'assurer que tout va bien.
- Et où est cette maison ?
- Bien loin d'ici j'en ai peur, je nous ai téléporté en vitesse, quand le bâtiment s'est effondré.
- Le bâtiment s'est effondré ?
- Oui, lorsque je me suis transformé en dragon...
- Vous vous êtes transformé en dragon ?
- Oui, arrêtez de répéter la fin de mes phrases, c'est agaçant.
- Il...il y avait des gens dans cet immeuble !
- Vous devriez être heureuse d'être en vie.
- Heureuse ? Heureuse pour quoi ? Je suis en Enfer ! En Enfer ! J'ai failli me faire tuer par un sorcier fou furieux qui voulait votre peau ! Tout cela est de votre faute !
- Je sais, désolé pour le bar, l'Enfer, les gens, tout ça. Mais essayez de rester positive ! Vous allez vivre une expérience incroyable, peu d'humains ont pu se rendre en Enfer, dans votre état en tout cas.
- C'est déjà arrivé ?
- Oui, une fois, une femme est venue ici...
- Et que lui est-il arrivé ?
- Des choses horribles, je l'ai épousé.
- Ho !
- Ne faites aucun commentaire.
- Je veux rentrer chez moi.
- Moi aussi !
- Ce n'est pas ma place ici.
- Vous n'en savez rien.
- Vous allez me ramener à New-York oui ou merde !?
- Je peux ouvrir un portail vers la Terre, seulement depuis mon palais.
- Pourquoi ? Vous nous avez téléporté d'un claquement de doigt tout à l'heure et maintenant vous avez besoin de votre palais ? Vous vous foutez de moi !
- Oui, je pourrais, éventuellement, vous ramener comme ça, en utilisant l'énergie infernale, mais le voyage vous tuerez probablement, sans compter que Mordred vous repérera sûrement.
- Attendez, ce type n'est pas mort ?
- Hélas non, lui aussi s'est téléporté.
- Bon, d'accord, allons à votre palais. Je veux rentrer le plus vite possible, ça craint ici !
- Vous n'avez pas idée...
- Comment on y va ?
- En volant.
- Vous allez me faire pousser des ailes de chauve-souris ? Très peu pour moi !
- Mais non ! Je vais changer d'apparence et vous prendre avec moi !
- Je ne suis pas sûre de vous suivre...
- Vous devriez reculer, Salem.
La serveuse obéit, elle ne comprit pas ce qui se passa, c'était incompréhensible. Une sorte de fumée noire entoura l'ange déchu, il disparut aux yeux de Salem, puis la créature jaillit de cette fumée comme du néant. De peur, la femme se jeta à terre, cachant son visage entre ses bras, elle ne voulait pas voir ce qui allait arriver, quoi qu'il arrive. Salem entendit un rugissement assourdissant, elle sentit la bête quitter le sol, sans elle. Avant même que Salem ne commence à se poser des questions, le dragon la saisit entre des griffes, elle vit le sol s'éloigner d'elle à une vitesse à une vitesse ahurissante, la new-yorkaise s'imagina mourir de mille façons différentes, ses yeux ne profitèrent pas du voyage, elle était terrorisée et maudit intérieurement Satan et le destin pour ce qu'elle subissait actuellement. Le trajet se fit en quelques minutes, qui semblèrent des heures pour Salem, tout s'arrêta très soudainement, elle sentit ses pieds effleurer le sol et entendit la voix de Satan tout près de son oreille :
- C'est bon, vous pouvez ouvrir les yeux maintenant. C'était fun hein ? Mieux que Disneyland ! Satan ne put anticiper la puissante gifle que Salem lui asséna, elle lui cria dessus :
- Je vous tuerais !
- Vous pourriez essayer.
Salem avait eu l'impression de cogner un mur de briques, elle frotta son poignet endolori et grogna :
- Mais en quoi êtes-vous fait ?
- Je suis un homme compliqué, répondit simplement Satan, bien, comme je le disais, nous sommes arrivés, vous êtes chez moi.
Salem regarda autour d'elle, ses yeux avaient du mal à assimiler ce qu'elle voyait, c'était gigantesque, démesuré. Les murailles qui entouraient le palais devaient mesurer une centaine de mètres de haut, elles étaient larges, massives, parées de tours de guet et de meurtrières, ses murailles formaient une sorte de défense octogonale autour des bâtiments principaux. Le plus remarquable était le donjon, Salem se sentait incapable de deviner sa hauteur, il avait l'air aussi massif que ses murailles, elle remarquait que les murs circulaires qui le composait étaient presque dénués de fenêtre, ce qui lui donnait un air assez sinistre, cependant, le paysage infernal n'avait rien d'agréable, Salem pouvait comprendre que les gens ne souhaitaient pas contempler sans cesse ces plaines mortes. Le reste des bâtiments était plus commun, des réserves, des casernes et des habitations diverses. La jeune femme se demandait se demandait combien de personnes vivaient ici, elle craignait aussi de connaître les raisons de la présence de ces murailles, on ne construisait pas pareilles défenses pour l'esthétique. Intriguée, Salem fit quelques pas en direction des murs, elle posa sa main contre l'étrange minéral pendant un instant, se retourna, et demanda à Satan :
- C'est...de l'or ?
- Non, l'or c'est fragile, on ne fabrique pas des défenses avec de l'or.
- Alors c'est quoi ?
- C'est magique ! Dit l'ange en souriant.
- Y a-t-il quelque chose qui ne soit pas magique ici ?
- Ouais, vous.
- Très drôle. C'est vraiment vous qui dirigez cet endroit ?
- Heu oui, ça vous étonne ?
- Un peu
- C'est super vexant ! Protesta Satan
- Je sais ! S'exclama Salem, ravie de sa revanche.
- Ecoutez Salem, cet endroit n'a rien à voir avec ce que vous connaissez, je vais vous demander de faire ce que je dis.
- Rassurez-moi, vous ne vivez pas comme au Moyen-âge hein ?
- J'ai fait installer l'électricité et l'eau courante, j'ai même un écran gigantesque et la PS4, rassurée ?
- La PS4 ?
- Ne vous faites pas remarquer, ne parlez à personne, évitez de regarder les gens, ne posez pas de question, ne touchez plus à rien et restez derrière moi.
- C'est normal que l'endroit soit aussi désert ?
- Les gens se sont enfermés chez eux, ils ont peur.
- De quoi ?
- De moi.
Salem allait poser une autre question quand l'imposante porte du donjon s'ouvrit, provoquant une nuage de poussière. La serveuse aperçut une silhouette féminine qui avançait dans sa direction. C'était sans contexte la femme la plus belle que Salem eut l'occasion de croiser dans sa vie, elle était d'une classe imposante, sans doute grande dame ou princesse, elle se déplaçait avec une grâce toute naturelle et par sa simple présence,elle semblait dominer toute l'assemblée qui la suivait. Salem comprit qu'il s'agissait de la femme de Satan, le regard de l'ange s'illumina à sa vue, il se précipita vers elle, abandonnant l'humaine. La dame ressemblait à ces indiennes des vieux films qui finissaient par épouser le beau Sultan à la fin, chacun de ses gestes, de ses airs, déclenchait une certaine attirance qui gênait presque Salem, il se dégageait quelque chose de si charmeur chez cette créature que c'en était inquiétant. La dame était suivie par une dizaine d'hommes et femmes en armure dorée, mais ternie. Ces soldats ressemblaient un peu à Satan, mais ils étaient plus grands et plus massifs. Salem remarqua qu'ils avaient tous les traits tirés, ils étaient fatigués et inquiets. Satan avait rejoint la femme et la serveuse resta à sa place, observant la scène, elle la vit asséner une autre gifle à Satan, alors qu'il était encore tout déboussolé, elle se jeta sur lui et l'embrassa sans retenue, la femme avait visiblement oublié qu'ils n'étaient pas seuls dans la cour. Après quelques instants plutôt gênants, Salem décida d'approcher très discrètement du couple. Lilith la vit, fronça les sourcils et Satan réagit alors très rapidement, il se plaça entre les deux femmes puis dit d'un ton nerveux :
- Ha ha ! Lilith j'ai quelqu'un à te présenter ! Voici Salem, serveuse à New-York ! Salem, dis bonjour à Lilith, reine de l'Enfer ! »
Le regard que lança Lilith à Salem suffit à inquiéter sérieusement la jeune femme, elle n'était effectivement pas la bienvenue. Satan voulut en rajouter mais Lilith l'en empêcha, elle le prit par la main et l'éloigna du groupe d'archange. Personne ne chercha à savoir ce que le couple se racontait, Salem vit les anges escalader les murailles en montant quatre à quatre les escaliers qui menaient en haut de l'édifice, ils se dispersèrent et se placèrent en gardiens observateurs, chacun avait l'air très nerveux. La jeune femme n'avait pas bougé, personne ne faisait attention à elle, Satan l'avait laissé en plan, ses semblables ne l'avaient même pas remarqué. Elle se doutait que ses ennuis ne faisaient que commencer, Salem ne sentait complètement démunie, ce qui la mettait en colère. Elle décida de s'approcher du couple qui discutait, comptant bien se faire remarquer pour ne pas être oubliée, elle savait bien que Satan n'avait pas voulu l'amener ici, elle était devenue un boulet et si elle avait bien cerné le personnage, il derait tout pour la mettre de côté. Salem comptait bien lui rappeler sa promesse. Cependant, Lilith l'avait intimidé d'un seul regard, Salem avait eu son lot de femmes jalouses et possessives au possible, mais elle, elle semblait battre tous les record. Lilith devait se faire des idées sur elle et Satan, ce qui amusa intérieurement Salem, son mec était sûrement un drôle de numéro. La serveuse voulut rester discrète, mais elle entendit malgré tout une partie de la dispute :
« Écoute, je me fous de ce que tu faisais avec cette...gamine, il se passe des choses graves ici !
- Ce n'est pas une gamine ! Elle est majeure, vas pas t'imaginer des trucs ! Et puis il n'y a rien entre elle et moi, c'est un accident si elle est là !
- Satan ! Je t'ai dit que je m'en foutais ! Asmodée est mort !
- Quoi ? Le visage de Satan se figea, il eut du mal à retrouver ses moyens, c'était un choc d'imaginer l'Enfer sans Asmodée.
- Bélial l'a décapité en public ! Il est entré et...
- Bélial a tué Asmodée ?
- J'ai essayé de l'arrêter mais...
- Où...où est Lucifer ? Le petit ange était partagé entre la rage et la peur, le regard paniqué et les grands gestes de sa compagne ne l'apaisaient pas.
- Lucifer a tenté de s'interposer quand mon frère a voulu s'en prendre à Azazel, ils se sont battus...il a été touché...
- C'est pas vrai...
- Je l'ai soigné, il va mieux, mais il est toujours inconscient.
- Il faut que le vois !
- Il est dans ma...dans notre chambre. Satan remarqua tout le sang qui ternissait la robe violette de son aimée, d'une voix tremblante, il demanda :
- C'est son...
- Oui, il saignait beaucoup mais j'ai stoppé l'hémorragie, j'ai refermé sa blessure. Je n'ai rien, Bélial ne m'a pas touché, il n'a pas osé.
Sans prévenir, Satan serra Lilith dans ses bras, il voulait sentir son corps contre lui, sentir son parfum, se perdre dans les battements de son cœur immortel. Les lèvres de la succube effleurèrent la tempe de Satan, elle sussura :
- Ne me quittes plus. »
L'ange ne répondit pas, il eut un regard étrange, que Lilith ne parvint pas à saisir, il saisit sa main et l'entraîna derrière lui, attrapant Salem au passage. Le groupe se dirigea vers le nid royal, où gisait Lucifer.
Mikaël avait quitté le Paradis tôt après le déclin de la lumière, il était accompagné de quatre archanges aguerris qui avaient connu l'Enfer, littéralement. Les cinq guerriers ailés étaient dissimulés par les roches et la hauteur, au sommet d'une montagne brune. De leur position, ils voyaient les eaux noires du Styx, ce fleuve maléfique qui dévastait la végétation plutôt que de l'alimenter. Plus loin au nord, le Styx s'élargissait, formant une sorte de lac orné d'une île unique, une île habitée par le seigneur Léviathan et ses gens. Mikaël pouvait sentir le mal émaner du château noir, le vent puissant apportait aux anges une odeur putride de sorcellerie à l'oeuvre, qui hérissait les sens belliqueux des cinq compagnons. L'archange en chef savait ce qui était arrivé à Léviathan, il avait entendu parler de sa destitution, de sa tentative de coup d'Etat, de l'enlèvement de Lilith. L'archidémon était fou furieux, doué pour l'échec, il haïssait les anges. Mikaël ne serait pas surpris de voir Léviathan impliqué dans la crise infernale, mais il ne pouvait pas envoyer s petite escouade au château, Léviathan était sensé être faible et seul, pourtant des lueurs bleues et violettes brillaient autour de la demeure fortifiée, quelque chose de mauvais et de puissant se préparait là-bas, quelque chose qu'il ne pouvait arrêter avec un si petit nombre d'hommes. Non, Mikaël n'avait qu'une seule solution, il devait rencontrer Satan ou s'il était vraiment mort, un de ses semblables déchus. De sa position Mikaël ne voyait pas le palais de Satan, il était plus loin à l'est, au milieu de nulle part, à l'écart des terres démoniaques. Un de ses hommes l'appela soudain, il avait l'air inquiété :
« Général, vous devriez venir voir ça !
Les deux archanges escaladèrent un rocher pendant que les trois autres surveillaient les horizons, en voyant ce que le soldat avait aperçu, Mikaël écarquilla les yeux, Imaël n'avait pas menti, l'Enfer était en guerre. Il y avait en bas une puissante armée forte de milliers d'hommes, assez hétéroclyte, composée de ondins et des sinistres guerriers du prince Bélial, des créatures sans âme, crées pour tuer. Elles dissimulaient leur figure sous du métal et du cuir et elles tombaient en poussière dès que la vie les quittait, personne n'avait pu distinguer leur visage. Pour en avoir combattu, Mikaël connaissait leur férocité au combat, les ondins de Léviathan étaient plus vicieux, plus agiles aussi, ils éprouvaient un malin plaisir à ôter la vie d'autrui. L'armée se préparait à un siège, de lourdes machines de guerre traînait derrière les démons, des choses massives de fer et de bois, elles avançaient sur des chenilles et des roues, elles feraient sûrement office de bélier dans la bataille. Mikaël regarda son acolyte qui semblait attendre un ordre de sa part, il lui expliqua :
- Il faut retourner au Paradis, faire un rapport à Imaël et préparer nos légions au pire, je crains que la guerre ne gagne que trop rapidement nos terres.
- Nous partons alors ?
- Non, vous partez, quelqu'un doit prévenir les gens de Satan.
- Quoi ? Pourquoi faire ?
- Si le Dragon est vraiment mort, ces gens sont sans défense, ils vont être massacrés.
- Et alors ? Qu'ils se tuent entre eux ! Nous aurions enfin la paix !
- Ce n'est pas ça la paix, tu parles comme Imaël, les démons ont autant le droit de vivre que nous.
- Je ne suis pas d'accord avec ça, mais compte tenu de votre âge je vous comprend, vous les avez connu ? Le Dragon et l'Exterminateur ?
- Oui, et on ne les appelait pas comme cela à l'époque, dit Mikaël d'une voix éteinte. Maintenant nous devons nous séparer, je vous rejoindrai bientôt.
- Et si vous êtes bloqué ici pendant la bataille ?
- Je peux me défendre, même si je suis vieux ! Protesta le général en souriant. Se serait un acte de guerre si vous intervenez.
- Si le palais est pris ça n'aura plus d'importance.
- Je vous souhaite bonne chance général.
- Merci légionnaire
- Mais je ne suis pas sûr que votre femme approuverait...
- Partez. »
L'ange fit signe à ses trois collègues de lever le camp, chacun jeta un regard mi-inquiet mi-soupçonneux vers le général qui attendait que ses soldats quittent son champ de vision. Une fois qu'ils disparuent dans le ciel infernal, Mikaël déploya ses ailes à son tour et s'envola discrètement, évitant de passer au-dessus des troupes de Bélial. L'ange se dirigea avec détermination vers le palais d'or.
Lucifer se tenait bien droit devant ses nouvelles recrues, les bras croisés, il perçait chaque jeune ange de ses yeux noirs, cherchant en eux une force à exploiter ou une faiblesse à combattre. L'archange n'aimait pas vraiment ce genre de revue de troupe, il était plus à l'aise au combat, en commandant. Ces anges le connaissaient de réputation, ils étaient intmidés et Lucifer savait qu'il ne tirerait rien d'eux avant leur baptême du feu, il était simplement là pour montrer pour montrer qu'il dirigeait toujours la Légion Ardente, comme depuis des siècles. Ces soldats étaient étaient des anges, pas des démons ou des sangs-mêlés, ils étaient les fils et les filles de ceux qui avaient suivi Satan en Enfer, de ceux qui avaient servi sous les ordres de Lucifer. En fait, l'archange en connaissait beaucoup, il en avait vu grandir certains, c'était la deuxième génération d'anges, purement infernaux, qui n'avait pas vu les cieux du Paradis, dénuée d'ailes. Ces anges connaissaient leur héritage et leur devoir, Lucifer ne doutait ni de leur bravoure ni de leur loyauté, il craignait simplement de les voir mourir, ainsi il avait gardé les meilleurs, les moins talentueux étaient restés sur les terres cédées à leurs parents. C'était une nouvelle noblesse infernale, taillée pour la guerre, que Lucifer avait pour devoir de mener au combat, la Légion Ardente était la première force de défense de l'Enfer et elle devait être efficace. Une vingtaine d'anges déchus se tenait donc en rang devant lui, au garde à vous depuis une demi-heure, ils attendaient une parole de leur capitaine, tous persuadés que Lucifer testait leur discipline. Il leur parla avec une voix forte, claire, et de façon concise :
« Légionnaires ! Vous avez été élus par votre sang et choisi parmi les meilleurs combattants de votre génération, vous êtes là pour défendre ses terres et votre seigneur, vous vous battrez avec honneur et vous couvrirez notre légion de gloire, ou vous mourrez en essayant !
Lucifer fit une pause dans son discours, il s'approcha de ses recrues et parla d'une voix plus calme :
- Si certains d'entre vous ne se sentent pas capable d'assumer un tel héritage, qu'ils se retirent du rang. Je ne vous jugerez pas, j'ai simplement besoin de guerriers déterminés.
Un rire éclata au sein du rang, un rire féminin, aucun des anges ne bougea, mais chaque regard exprimait la surprise, Lucifer se dirigea vers la fautive, avec l'équipement de guerrier qu'elle portait, sa silhouette féminine était passée inaperçue :
- Ton nom légionnaire
- Mara mon capitaine
- Enlève ton casque.
Elle obéit immédiatement, révélant une très longue chevelure blonde et un visage aux traits particulièrement fins, avec de grands yeux bleus. L'archange avait le visage d'une jeune demoiselle mais son allure dégageait une force d'âme impressionnante, Lucifer n'avait pas l'air de l'intimider, il lui lança un sourire que Mara trouva vexant :
- Que fais-tu là petite fille ?
- Je suis ici pour faire honneur à mon sang, parce que je l'ai mérité et parce que j'ai envie de me battre.
- Très bien, et mon discours te fait rire ?
- Oui mon capitaine
- Pourquoi ?
- Parce que vous nous sous-estimez mon capitaine, vous avez anéanti les dragons, vous avez vaincu le seigneur Bélial et nous, nous n'avons accompli aucun fait d'armes de cette ampleur.
- C'est ce que tu penses vraiment ?
- Oui mon capitaine
- Vous n'avez aucune idée de ce que vous allez affronter avec moi, vous regretterez votre demeure, et votre innocence. Tous.
- J'empêche les démons de brûler mon chez moi depuis que je sais tenir une épée, je suis autant une guerrière que vous.
- Tu te bats contre des faibles et des lâches, tu n'as jamais lutté en première ligne pour la survie de ton espèce. Vous êtes nés ici, en position de force, vous vous sentez puissants, supérieurs, les démons le savent, ils veulent vous voir souffrir, ils veulent vous tuer, vous et votre famille, ils ne veulent pas de vous sur ces terres, c'est contre la barbarie même que vous allez devoir vous battre, aucun de vous n'est encore prêt à lutter contre cela, je vous le garantis.
- Vous vous trompez chevalier ! Contra Mara, les paroles de Lucifer avait éveillé en elle une colère profondément enfouie.
- Tu as assez parlé pour aujourd'hui légionnaire, et si tu n'es pas capable de suivre un discours sans faire preuve de discipline, sors de ce rang. Lucifer fit demi-tour, il en avait fini avec ses troupes, il les retrouverait au combat, sauf cette Mara, elle était trop impétueuse, elle ne savait pas se tenir et elle défiait son autorité, c'était une menace pour ses frères d'armes, il allait devoir la rendre à sa famille. Soudain, la jeune ange lui lança, d'une voix déterminée :
- Je peux vous battre !
Lucifer s'arrêta, les anges se tournèrent tous vers Mara, l'air à la fois inquiet et impressionné par cette hardiesse, l'archange se retourna doucement, la recrue était bien sortie du rang, elle se tenait fière face à Lucifer, la main sur son glaive angélique, son casque près du corps, le regard dur, elle attendait une réaction de l'archange. Ce dernier se retourna, un rictus mauvais figeait ses lèvres, ses yeux étaient devenus flammes :
- Qu'as-tu dit ?
- J'ai dit que je pouvais vous battre vous êtes vieux et bien trop sûr de vous, je suis en pleine forme et je maîtrise mon épée.
- Je ne veux tuer personne aujourd'hui, surtout pas une enfant insolente comme toi.
- Vous laisseriez passer cet écart de discipline ?
- Tu es complètement folle, à quoi cela te sert donc ?
- Je veux prouver mon talent de combattante aux yeux de mes camarades et aux vôtres.
- Ce n'est pas comme cela que ça marche.
- Mais c'est ce que vous voulez non ? Des guerriers de votre trempe ? Alors testez-moi, et vous vous ferez votre avis.
- Tu sais ce que tu risques ?
- Je n'ai pas peur de la mort, et je n'ai pas peur de vous.
- Mais je ne veux pas te tuer !
- Je ne vous laisse pas le choix, mon capitaine.
- Très bien, cela fera une bonne leçon pour tes frères. Dit doucement Lucifer. Mara approcha, laissant tomber son casque et dégainant son glaive doré, Lucifer quant à lui, laissa tomber la ceinture qui portait son épée, il retira son plastron, laissant ainsi son torse à la merci de la lame de Mara, celle-ci stoppa son avancée, elle ne comprenait pas :
- Que faites-vous ?
- Je ne veux pas te blesser trop gravement, alors je me battrais sans épée ni armure.
- Vous vous croyez vraiment invincible ?
- Je ne suis pas invincible, mais tu n'es pas à la hauteur, je voudrais que tu le comprennes et que tu arrêtes cette folie.
- Je ne vous ferais aucune faveur.
Lucifer soupira, l'ange fondit sur lui avec une agressivité qu'il ne soupçonnait pas, l'attaque fut plus difficile que prévu à esquiver, la lame passa à quelque centimètres de sa gorge, Mara n'avait pas menti, elle était douée et elle ne faisait pas semblant. L'ange poussa un cri de rage et fit volte-face, Lucifer était vraiment rapide, elle n'aurait droit qu'à une seule chance, Lucifer se plaça juste devant elle, torse découvert, bras le long du corps, comme s'il allait lui offrir sa vie, il la narguait, décuplant sa colère, Mara voulut enfoncer son glaive bien profond dans son ventre, mais d'un geste vif, il saisit son poignet et lui fit lâcher son épée, elle eut à peine le temps de le regarder, ses yeux rouges n'exprimaient rien, elle était à la fois surprise et déçue d'avoir fait si piètre impression à Lucifer, qui allait probablement mettre fin à ses jours. L'archange abattit son poing dans le ventre de la demoiselle angélique, lui coupant net la respiration, elle s'effondra sur le sol, recroquevillée aux pieds du vainqueur. Mara ne comprenait pas, elle portait une armure, l'armure de sa mère, comme avait-il pu lui faire aussi mal avec un simple coup de poing ? Là où il avait frappé, le métal doré avait fondu et noirci, on pouvait voir la marque que le coup puissant de Lucifer avait causé. Le chevalier se tourna vers les autres recrues et leur ordonna de se disperser, quand il fut seul avec Mara, il lui tendit la main, elle mit un certain temps à la saisir, son ventre la faisait souffrir, elle lui demanda, d'une voix inquiète :
- Vous allez me renvoyer chez moi n'est-ce pas ?
- Tu as eu un comportement stupide, très courageux mais stupide.
- Ce qui veut dire ?
- Ta colère, je ne sais pas ce qui la cause, mais tu t'en sers pour te battre. C'est bien, mais tu dois la maîtriser, sinon elle se retournera contre toi. Expliqua Lucifer, alors que Mara ramassait son épée pour la ranger dans son fourreau, elle lui répondit, enthousiaste :
- Je voudrais bien savoir me battre comme vous !
- C'est que...je ne suis pas très bon précepteur. Dit Lucifer en riant, l'ange sourit :
- Si vous me donnez quelques astuces, je serais sage, promis !
- Commence par faire réparer ton armure.
- Comment vous avez fait ça ? Enfin je veux dire...le Feu d'Enfer, ce n'est pas qu'une légende alors ?
- Non Mara, ce n'est pas une légende, il brûle en moi, et il a abîmé ton armure, pardonne-moi.
- Ne vous excusez pas, je l'ai cherché.
- C'est vrai, je comprends pourquoi tu as fait ça mais je ne l'approuve pas, ne défie plus mon autorité ou tu en payeras le prix. Suis-je clair ?
- Alors vous me gardez quand même ?
- J'ai besoin de guerriers comme toi, téméraires.
- Alors j'ai bien fait !
- Je n'ai pas dit ça non plus ! Protesta Lucifer
- J'ai besoin de me laver, puis-je disposer mon capitaine ?
- Tu peux, nous nous reverrons bientôt.
- J'espère bien ! Dit Mara en souriant. »
Lucifer la regarda s'éloigner, il ne pouvait la quitter du regard sans trop savoir pourquoi, c'était une créature magnifique et l'ange la voulait déjà près de lui, Mara l'avait impressionné par son courage, mais sa beauté était toute aussi remarquable, elle lui plaisait. L'archange se promit de toujours garder un œil sur elle à partir de cet instant, c'était une enfant insolente et il ne voulait surtout pas la voir mourir, pas elle.
Salem n'avait pas bougé de sa chaise, elle ne quittait pas des yeux Lucifer qui s'agitait dans son sommeil, il respirait mal, la jeune femme ne savait pas trop quoi faire, devait-elle appeler Satan ? Elle s'approcha un peu de l'archange blessé, elle se pencha sur lui, il avait l'air de souffrir mais elle n'en était pas sûre, Salem n'était pas douée en médecine, encore moins quand il s'agissait de créature fantastique. Elle effleura légèrement le torse de Lucifer, par curiosité, sa peau n'en était pas une, c'était si lisse, comme minéral, ça avait l'air si solide, si impénétrable, il n'avait d'humain que l'apparence, et encore. Lucifer était bien plus beau que tous les hommes qu'elle avait pu croiser, bien plus pur, son visage, même tourmenté, n'avait aucun défaut, Salem aurait aimé voir ses yeux ouverts, elle se demandait s'ils étaient aussi noirs que ceux de Satan. La serveuse s'approcha encore, son visage était tout prêt du sien, elle voulait vérifier si son souffle s'améliorait, cette proximité éveilla son imagination, elle avait ses lèvres si près des siennes, peut-être qu'un baiser le rétablirait ? Comme dans les contes de fée. Il était si beau et Salem si curieuse, elle avait envie de connaître toutes les différences qui séparaient encore les anges de sa personne, elle pensa que si Lucifer était éveillé, il la trouverait probablement laide, son corps n'était pas angélique, Lilith aussi était parfaite, mais d'une façon différente, son propre corps lui rappelait qu'elle n'était pas à sa place ici, dommage, elle aurait aimé mieux connaître cet ange endormi, mais Salem devait disparaître au plus vite. À force de dériver dans ses pensées, Salem oublia de s'intéresser à la réalité, elle ne vit pas Lucifer ouvrir subitement les yeux. La surprise saisit son esprit alors que la main de l'archange saisissait sa gorge, elle fut projetée au pied du lit et tomba sur les fesses, son cou lui faisait un mal de chien, Lucifer s'était redressé, il la regardait d'un air circonspect, ne sachant pas trop quoi faire, il demanda, d'une voix dure :
« Mais vous êtes qui vous ?!
Salem eut du mal à se relever, massant son coup avec sa main droite, elle reprit son souffle, puis hurla sur l'archange :
- Non mais vous êtes malade ! Qu'est-ce que vous ais fait pour être traitée comme ça ! C'est la deuxième fois qu'on essaye de m'étrangler aujourd'hui ! J'en ai marre ! Je ne veux pas rester ici !
- Qui êtes-vous mademoiselle ?
- Qu'est-ce que ça peut vous foutre ?!
- Je voudrais savoir pourquoi une inconnue se trouve ici avec moi !
- Satan m'a demandé de veiller sur vous jusqu'à votre réveil et résultat, je me fais encore agresser ! Il a intérêt à me ramener fissa celui-là ou je jure que... Une minute...vous n'êtes pas une succube ?
- Non, je suis une américaine, tout ce qu'il y a de plus normale ! Et j'aimerais que ça reste ainsi !
- Mais qu'est-ce que vous faîtes en Enfer ?
- Satan m'a amené ici et...
- Ho je vois, vous couchez avec lui.
- Mais...non ! Pourquoi tout-le-monde pense ça ?
- Écoutez, je suis désolé de vous avoir fait mal, j'ai été surpris, voilà tout. Qu'est-ce vous faîtes là alors ?
- Un sorcier a attaqué Satan alors qu'il se trouvait dans mon bar, il nous a amené ici pour lui échapper.
- Quel sorcier ?
- Un dénommé Mordred.
- Impossible, Mordred est mort.
- Satan a dit pareil, je peux vous assurer que c'est pas le cas, ce type a détruit mon bar ! J'ai pas d'assurance, vous vous rendez compte un peu !
- Je dois voir Satan.
- Je vais le chercher !
- C'est bon, je vais me lever mademoiselle.
- Salem
- Quoi ?
- Salem, c'est mon prénom, Salem Harker.
- Bizarre. Moi c'est Lucifer.
- Oui...Lucifer, j'ai...entendu parler de vous, enfin vous êtes plutôt populaire, enfin non...
- Ne vous occupez pas de ça...
- Vous devriez rester allongé...
Au moment où Lucifer posa les deux pieds sur le sol, une douleur terrible déchira son corps, il s'écroula dans le lit en hurlant, Salem frissonna, elle se précipita vers lui :
-Est-ce que ça va ? Je vous avais dit de...
- Foutez moi la paix ! Grogna Lucifer, tordu par la douleur.
- Hé, je veux vous aider moi !
- Je sais, pardon, allez chercher Satan.
Salem quitta la pièce en soupirant, sous l’œil intrigué de Lucifer, que s'était-il donc passé pendant l'absence de Satan ? Les choses ne semblaient pas prête de s'arranger. Et cette Salem, que faisait-elle là ? Tout cela n'avait aucun sens, Lucifer était blessé, fatigué, il espérait simplement que Satan lui dirait la vérité, l'archange n'étant d'humeur à démêler le vrai du faux. Quelques instants plus tard, Satan déboula dans la pièce, suivi par Lilith et Salem, la succube, s'approcha très près de Lucifer, son regard empli de compassion surprit l'archange, elle s'était vraiment inquiétée pour lui ? Sa main caressa son front et sa chevelure, le fait que Satan observait la scène était particulièrement gênant pour Lucifer, il lui pria discrètement de reculer, mais il a remercia :
- Tu m'as sauvé la vie Lilith.
- Tu me dois une robe très chère.
- Il va falloir augmenter ma paye alors. Répliqua Lucifer en essayant de sourire.
- Lucifer...je suis désolée...je
- Non Lilith, rien de tout cela n'est de ta faute, Bélial a...dépassé les bornes, je ne sais pas ce qui s'est passé mais je vais le découvrir, il faut mettre fin à tout cela.
- Tu ne vas rien faire du tout ! Contra Satan
- Attends tu plaisantes ? Je...
- Tu es gravement blessé Lucifer ! Tu dois reprendre des forces, ma femme a stoppé l'hémorragie, refermé la plaie, elle a pansé la blessure, mais il y a autre chose...
- Quoi ?
- La lame de Bélial dégage une énergie magique, c'est de la sorcellerie antique, ça provoque des...rêves, ça torture l'esprit, je dois remédier à ça.
- Je sais.
- Et de quoi s'agit-il ?
- Mara
- Ho non...je suis...
- Désolé ouais je sais, peut-être que si tu étais resté à ta place, plutôt que de sortir pour chercher...ça, dit Lucifer en pointant Salem du doigt, on aurait pas eu à gérer ce bordel, et Asmodée serait toujours en vie !
- Tu penses que je suis responsable de tout ce qui arrive ? Tu plaisantes...
- J'ai l'air de plaisanter ? Tu nous mets tous en danger ! Que tu te fiches de mes soldats et de moi c'est une chose, mais Lilith ! Bélial aurait pu...
- Je t'interdit de me parler sur ce ton Lucifer ! Tu oses m'accuser de...
- Les garçons...Dit discrètement Lilith, sans calmer les deux anges.
- Vois où ton arrogance nous a mené ! Bélial va vouloir tous nous tuer maintenant !
- Tu aurais dû tuer Bélial il y a bien longtemps Lucifer ! Mais non ! Tu es incapable de le regarder droit dans les yeux parce qu'il a massacrer ta pauvre femme ! Alors tu as décidé d'oublier tout ça entre les cuisses de...
- Satan ça suffit ! Tu dois te calmer ! Supplia Lilith, au bord de la crise de nerf.
- Tu n'es qu'un lâche, et tu me fais perdre un temps précieux. Cracha Satan, alors que sa figure avait pris des traits terrifiants. La rage calmant la douleur, Lucifer faillit bondir sur lui, il avait envie de le tuer, pour ne plus entendre, ces horribles vérités, mais la succube se plaça entre les deux hommes :
- Calmez-vous maintenant ! Satan sort d'ici, tu ne sais pas ce que tu dis ! Ce n'est pas le moment de parler de cela... Elle fut interrompue par le coup rageur de son époux qui la fit vaciller, elle s'écroula au pied du lit, la tête la première sur le tapis qui ornait le sol, sous le choc, elle n'osa pas se relever. Lucifer regardait Satan, il ne croyait pas à cette scène. L'ange déchu tremblait, il pointa un doigt accusateur vers Lilith et clama d'une voix mauvaise :
- Toi ! Sois maudite ! Ne me dis pas ce que je dois faire ! Je suis le seigneur de l'Enfer ! Moi ! Pas toi ni l'horrible chose qui te fait office de frère ! Tu m'as compris femme ?! Et sur ses mots, il disparut dans un éclair noir, Lucifer entendit alors les ailes d'un dragon voler au-dessus du palais, il s'éloignait de la demeure. Salem voulut aider Lilith à se relever mais celle-ci la repoussa violemment : Vous ne me touchez pas ! Approchez-vous de moi et je vous fait tuer ! Cria Lilith entre deux sanglots, elle quitta la pièce à vive allure, laissant l'humaine seule avec l'archange, Salem eut un sourire nerveux, elle s'exclama :
- Hé bien, on en apprend des choses ! Je trouve que pour des anges vous êtes plutôt violents et dangereux !
- Allez vous faire foutre... » Maugréa Lucifer, les nerfs encore à vif, alors Salem claqua la porte derrière elle, le laissant seul avec ses vieux souvenirs atroces.
Et nous en sommes au chapitre 7 ! J'espère que l'histoire vous plaît, j'attends les retours et les commentaires ! Bonne lecture et bon jeu ! |
| | | cambrioleur/euse débutant/e Messages : 158
| Sujet: Re: DEMONS Sam 5 Mar - 22:05 | |
| - Chapitre 8:
Le vent de l'Enfer soufflait contre Mikaël, et il était violent. L'ange craignait de devoir affronter une tempête de sable, son instinct lui disait de se poser, d'attendre un vent un peu plus clément, mais il ne pouvait pas prendre de retard, Mikaël devait retrouver les parjures au plus vite. Le ciel sembla plier devant sa détermination, les bourrasques prirent fin, c'est là que l'archange aperçut l'ombre gigantesque qui volait devant lui, une ombre qu'il ne connaissait que trop bien. Inquiet, Mikaël stoppa toute avancée, entamant un vol stationnaire. Il regarda le dragon tourner autour d'une montagne au pic menaçant, se poser, et disparaître. L'ange hésita à le suivre, il ne savait pas à quoi s'attendre, comment Satan allait-il réagir à sa vue ? Mikaël se retourna brusquement, l'épée au clair, il avait senti quelque chose de mauvais, une présence terrifiante, qui s'était visiblement volatilisée. Cependant Mikaël était sûr de ne pas avoir rêvé, une créature maléfique l'épiait, probablement depuis qu'il avait quitté son escorte. Le général hésita encore, s'agissait-il d'un piège ? Mais l'ange s'était fixé un but et il comptait bien parvenir à ses fins, alors, d'une démarche vigilante, il approcha de la cachette du déchu. L'ange se posa très discrètement sur la roche infernale, soulevant un minimum de poussière, il sortit son épée par réflexe, en avançant prudemment, un pas après l'autre, cherchant à localiser Satan, que pouvait-il bien trafiquer sur cette montagne ? Mikaël n'était pas particulièrement ravi de revoir son frère parjure, il aurait préféré laisser ces souvenirs douloureux derrière lui et quitter l'Enfer le plus vite possible. Il finit par surprendre Satan assit en tailleur sur un gros rocher en forme de trapèze, qui penchait dangereusement vers le vide. Le petit ange fixait le ciel droit devant lui, il ne bougeait pas et Mikaël non plus, ce dernier ne savait pas trop quoi dire, il ne s'attendait pas à pareille réunion, il se sentait gêné de se trouver là, placé en traître derrière Satan, en espion. Mikaël continua à progresser sans bruit, sans imaginer ce qu'il allait faire par la suite, il n'aurait pas dû quitter le Paradis. La voix de Satan le stoppa net, elle n'avait pas changé depuis tout ce temps, cette éternité, cette voix qui sonnait comme l'innocence même et qui avait été la source de bien des maux, elle était secouée par de légers sanglots, ce qui inquiéta Mikaël, en tout cas l'ange ne semblait pas belliqueux :
« Tu es venu finir ce que tu avais commencé ? Tu es venu me tuer Mikaël ? Non Samaël, je suis simplement venu te parler. Dit l'archange avec précaution, ne sachant trop si utiliser l'ancien nom angélique de son semblable était une bonne idée.
- Je ne me défendrais même pas je crois, j'ai échoué Mikaël.
- Tu as échoué ? En quoi ?
- J'ai échoué oui, j'ai essayé d'être libre, de vivre à l'abri des anges et des démons, de rester loin de tout cela avec celle que j'aime. Je sais que tu ne me comprends pas et ça n'a plus d'importance. Cette chose en moi, ce qui me tient en vie, elle me dévore de l'intérieur, je ne peux m'en sortir Mikaël, je le sais maintenant, je ne serais jamais l'ange que Lilith, Lucifer et les autres voient en moi, tu avais raison finalement, je ne suis qu'un traître corrompu.
* Qu'as-tu fait Satan ? Demanda le combattant, de plus en plus inquiet.
- Rien ! Rugit Satan, voilà le problème ! Rien n'a changé ici, c'est toujours aussi sombre, et je suis devenu comme cet endroit. J'ai essayé de me dresser contre les ténèbres, mais je n'ai pas été bon, je ne suis pas un bon chef, je ne suis pas un bon ami, ni un bon époux et encore moins un bon père.
- As-tu vraiment cru que le pouvoir de Belzébuth allait t'aider ? La sorcellerie ne rend pas plus fort Samaël, elle corrompt, et oui, tu aurais dû m'écouter.
- Pourquoi es-tu là Mikaël ?
- Je te cherchais, ou du moins je cherchais ton cadavre, on m'a dit que tu étais mort.
- Ce n'est pas complètement faux...
- Il y a une puissante armée infernale qui se dirige vers ton palais et je pense qu'il ne s'agit pas d'une visite de courtoisie.
- Et alors ? Tu devrais te réjouir.
- Ne sois pas stupide, si Bélial rase ton palais, nous serons les prochains sur la liste.
- Tu devrais peut-être rentrer chez toi alors...
- Arrête ça ! Relève-toi et regarde-moi ! Cria Mikaël, Satan se leva doucement et le regarda d'un air triste et lassé. Tu es venu ici, tu t'es opposé aux démons et tu as pris le pouvoir par la ruse. Des gens sont morts pour toi, à cause de toi ! Et maintenant tu abandonnes ? Tu es fourbe et calculateur Satan, mais tu n'as jamais été faible !
- Tu ne sais rien de moi, tu ne sais rien de tout ce que j'ai perdu, tu n'as pas idée des horreurs que...
- C'est vrai, je ne sais ce qui cause ta souffrance,mais te lamenter sur ton sort, ça n'arrangera rien. Tout sera vraiment perdu si Bélial pénètre sur tes terres !
- Lucifer ne me fait plus confiance, Lilith ne voudra plus jamais de moi, je n'ai plus de place dans ma propre demeure. Ils se consoleront mutuellement ! Ha !
- Mais de quoi parles-tu ?
- Tu ne peux pas comprendre Mikaël, je veux rester ici, laisser le temps me réduire en poussière et le vent m'emporter au loin.
- Cette tournure poétique est la chose la plus stupide que j'ai jamais entendu.
- C'est que tu ne regardes pas assez MTV...
- Quoi ?
- Je n'ai plus envie de me battre contre ce monde qui ne veut pas de moi.
- Tu as fait des erreurs certes, ce n'est pas une raison pour tout laisser tomber !
- Que vais-je faire sans Lilith...je ne peux pas continuer sans elle. Se demanda le petit ange, tout perturbé.
- Tu ne l'as pas perdu Samaël, reprends-toi ! Dit l'archange en attrapant Satan par l'épaule, il ne s'attendait pas à trouver le régent de l'Enfer dans cet état de lassitude, il ne l'avait jamais connu comme cela :
- Et toi que vas-tu faire ? Tu m'as prévenu et maintenant ? Tu vas retourner te cacher derrière les portes du Paradis ? Tu vas regarder mon peuple brûler autour de tes semblables ?
- Je ne suis pas un déchu, je n'ai pas à me battre pour toi.
- Mais il ne s'agit pas de moi ! Tu n'es pas comme les autres, tu te bats pour ce qui est juste, tu ne peux pas laisser Bélial tuer tout-le-monde ici, ça alourdirait ta conscience !
- Ma conscience ? Je peux vivre avec les actes que j'ai accompli, je n'ai pas honte de ce que j'ai fait. Peux-tu en dire autant Samaël ? Tu veux que je règle tes problèmes à ta place ? Ne comptes pas sur moi, je ne suis pas venu ici pour réparer tes erreurs ou effacer les remords que tu éprouves, règles ça par toi-même, peut-être retrouveras-tu ainsi l'amour des tiens.
- Tu abandonnerais des anges à une mort certaine pour quoi faire ? Me donner une leçon ? Je ne te crois pas.
- Tu refuses de supporter tes actes, j'ai toujours su que ton arrogance et ta soif de pouvoir conduiraient le monde au bord du gouffre, j'espérais que cette situation te fasse ouvrir les yeux sur le chaos qui bouleverse ton existence, que tu agisses pour le bien de tous, comme tu avais promis de le faire. Mais non ! Tu restes sur ce caillou aride pour te lamenter à propos de je ne sais quoi !
- J'ai perdu le contrôle Mikaël. Expliqua Satan d'une voix éteinte, les yeux plongés dans le néant céleste.
- Ce qui veut dire ?
- Le cœur de dragon, il dévore mon âme angélique tout doucement, quand je perds mon calme, il prend le dessus et je ne deviens plus que fureur et haine. J'ai...beaucoup de mal à maîtriser mes actes en ce moment.
- Qu'as-tu fait ?
- Je me suis disputé avec Lucifer, Lilith l'a défendu, je l'ai frappé et j'ai abandonné mon palais. Comme je le disais, j'ai perdu le contrôle. Raconta Satan, le souvenir de ses actes éveilla la colère qu'il ressentait envers lui-même depuis sa fuite.
- Et si tu reviens, que se passera-t-il ? Demanda Mikaël qui n'arrivait pas à imaginer la situation.
- Je ne sais pas, Lucifer oubliera vite cette dispute, les démons le tiendront occupé, pour Lilith...j'ai peur.
- Qui est au courant de ton problème ?
- Personne, je ne tiens pas à ce que ça se sache, même si l'Exterminateur doit se douter de quelque chose.
- Tu aurais peut-être dû en parler à Lilith c'est une sorcière, elle aurait pu t'aider. Lilith se serait inquiétée, je pensais trouver un moyen magique, une rune de sorcellerie, mais rien n'y fait...
- Que risques-tu sur le long terme ?
- Je ne suis pas sûr, peut-être que le Dragon prendra totalement ma place.
- Cela ne doit jamais arriver !
- Je sais, c'est pour cela que je reste ici, loin des conflits.
- Pour ne pas perdre pied ?
- Pour protéger la femme que j'aime ! J'aurais pu la tuer tout-à-l'heure...
- Je suis vraiment désolé pour ce qui t'arrive.
- Alors tu vas m'aider ? Aider les miens ?
- Ce n'est pas si simple...
- Si ça l'est, il n'y a pas d'ange qui te surveille ici, tu connais les faits, à toi de savoir si le combat est juste ou non.
- Tu n'imagines pas toutes les conséquences de mon intervention, si le Paradis apprend que j'ai participé à la défense de ton palais...
- De quoi as-tu peur Mikaël ? Qu'on te remplace ? Comme tu as remplacé Lucifer ? Tu crains de perdre ton pose privilégié au sein de l'armée du Paradis ? C'est plutôt égoïste ça !
- Ne m'insulte pas ! Je ne fais pas cela pour le prestige, mais oui, j'ai besoin du titre de général. Il y a des personnes qui comptent pour moi...le Paradis est en paix et il doit le rester, on élève pas un enfant dans champ de bataille.
- Ho ! Je ne pensais pas que...
- Je ne peux plus foncer tête baissée comme avant.
- Hé bien...toutes mes félicitations.
- Samaël, je dois partir, préparer le Paradis à ce qui va arriver, quoi qu'il arrive. Je sais que tu peux affronter cette tempête, tu as survécu à pire que ça, Hello aussi, vous vous en sortirez si tu retournes vers les tiens.
- Alors tu vas rentrer chez toi ?
- Ne me demande pas de choisir entre le Paradis et l'Enfer, tu m'as fait cette proposition il y a longtemps et ma réponse n'a pas changé. Adieu mon frère.
- Je ne suis plus ton frère, je ne l'ai jamais été. Cracha Satan, partagé entre la colère, la tristesse et la résignation.
- Tu te trompes Samaël, tu n'as pas toujours été ainsi. Murmura Mikaël en se retournant, les yeux déjà rivés vers le ciel infernal qui le séparait de son foyer.
- Tu parleras de moi à ton enfant ? Il saura ce qui est arrivé à tes vieux amis déchus ?
Mikaël ne répondit pas, il commença à s'éloigner du petit ange malgré les doutes qui pesaient sur son cœur et ses pensées. Il se sentait lâche de laisser un être dans le besoin, même s'il s'agissait de Satan. L'archange était partagé, il ne voulait pas déshonorer sa compagne en refusant le combat, mais l'idée de lui manquer pour l'éternité le brisait. Il n'y avait pas de bonne décision.
- Pourquoi ne m'as-tu pas tué ? Mikaël fit volte-face sous la violence de la question, il n'avait pas imaginé que Satan voudrait ouvrir cette plaie à nouveau.
- Tu aurais résolu les problèmes à toi tout seul ! Tu aurais été un véritable héros, un pourfendeur de dragon !
- Tu veux savoir ?
- C'est peut-être ma dernière chance.
- J'étais sous l'emprise de la colère, tu nous avais trahi, je voulais ta mort mais j'ai raté mon coup, si j'avais visé un peu plus à droite...
- Je vois, ce n'est pas le regret qui a dévié ta lance.
- Le regret ? Tu ne te rends pas compte de ce que tu as fait ! J'ai fait un choix Mikaël, celui de la liberté, vous n'auriez pas dû essayer de nous arrêter, moi et les autres.
- Vous êtes partis en Enfer ! S'exclama Mikaël, vous avez déclenché une guerre contre Belzébuth ! Tu imagines ce qui aurait pu se passer si vous n'aviez pas gagné...que dis-je, si Belzébuth n'avait pas épargné votre vie contre votre allégeance ? Les hordes infernales auraient dévasté nos terres !
- Mais cela n'a pas eu lieu, et ça n'a plus d'importance maintenant.
- C'est très important au contraire ! Avec Bélial, tu ne t'en sortiras pas avec de belles paroles ! Et les anges...tu n'as pas idée du nombre de mes semblables qui veulent te voir mort.
- Tu as fini ? Demanda Satan d'une voix mauvaise, tu refuses de m'aider et tu me fais la morale ? Nous étions amis, Lucifer, toi et moi, je pensais que tu nous suivrais, que notre amitié avait une quelconque valeur à tes yeux, mais tu voulais sa place n'est-ce pas ? Tu voulais devenir l'égal du Porteur de Lumière...
- Tu ne penses pas ce que tu dit.
- Ce n'est pas important, plus rien a d'importance, je suis seul à présent, Lucifer est blessé, nos troupes sont divisées, je ne pourrai pas arrêter Bélial, comme tu l'as dit, mes paroles n'y feront rien, l'Enfer est sur le point de s'effondrer et je ne peux plus rien y faire, j'ai échoué.
- C'est si vrai !
Les deux anges se retournèrent simultanément, Mikaël vit là un humain, debout, les mains dans les poches qui les contemplait, Satan reconnut Mordred, son regard prit la teinte du sang :
- Bélial va effectivement raser ton palais, cependant, nous préférons nous assurer que tu n’interférera pas. Toi et ton ami angélique.
- Qui êtes-vous ? Demanda Mikaël, interloqué.
- C'est Mordred, il est puissant pour un humain.
- Mais Mordred est...
- Non Je ne suis pas mort ! Regardez-moi ! Est-ce que j'ai l'air mort ?
- Pas encore, mais je vais me charger de toi, tu vas payer pour ce que tu as fait !
- Satan, si sûr de lui, tu aurais dû comprendre que ta forme archaïque de magie ne fait pas le poids face à mes sorts. J'ai visité d'autres univers, qu'as-tu donc fait de si spécial ? Mis à part sacrifier ceux que tu aimes tant ?
Fou de rage, Satan voulut se précipiter sur lui, il voulait le tuer de ses propres mains, ne plus entendre cette voix qui le narguait, Mordred se trompait, il n'y avait pas plus fort que lui. Mikaël réussit à le retenir, il murmura à son attention : Il essaye de te provoquer pour que tu perdes le contrôle, c'est un piège. Il cache quelque chose. L'archange se recentra sur le magicien, il lui demanda : je pourrais te pourfendre avant même que tu te rendes compte, fort ou non, tu restes un humain. Qu'espères-tu donc accomplir en Enfer, face au seigneur Dragon et à un archange ?
- Tu es à deux contre un Mordred ! Tu n'as pas l'ombre d'une chance !
- Je pourrais vous tuer tout-les-deux, cela ne fait aucun doute, expliqua l'homme en souriant. J'ai quand même permis à mes amis de se joindre à la fête, ils vont vous regarder mourir.
Derrière le magicien, trois portails s'ouvrirent en même temps, laissant apparaître trois personnages, trois cauchemars récurrents pour Satan et Mikaël. Léviathan, Bélial et Imaël se tenaient aux côtés de Mordred. L'archidémon était torse nu, sa peau couverte de runes bleues luisait, ses yeux brillaient grâce à la puissance de la magie élémentaire qui circulait dans tout son corps, elle animait ses muscles, son regard et hérissait les poils de son corps, ses cheveux bougeaient comme s'il s'agissait de tentacules, la magie semblait avoir remplacé sa conscience et son esprit, Léviathan était comme possédé par son pouvoir qu'il maîtrisait à nouveau. Bélial avait revêtu son armure de plaque et de cuir noire, elle était décorée de façon sommaire, une tête à cornes démoniaque était peinte sur son plastron, symbole de sa horde . Sa main griffue effleura la poignée de son katana, il le sortit de son fourreau d'un geste sûr, la longue lame effilée luisait comme jamais, elle réclamait du sang, le sang des ennemis de l'Enfer. Le démon pointa son arme vers l'archange, il clama :
- Mikaël ! Je vais t'éventrer comme j'ai éventré ton aîné !
Le dernier portail était pour Imaël, il se plaça devant ses compagnons et regardait Mikaël d'un air gêné, il aurait préféré être absent au moment de sa mort, lui qui avait assisté à la mort de deux frères déjà. Tant pis, il allait devoir prendre ses responsabilités. Quand l'archange général le vit, ses yeux s’écarquillèrent, il crut défaillir. Une telle traîtrise était inimaginable, impardonnable, ce n'était même pas un parjure, mais de la folie, Imaël était fou de vouloir la guerre contre l'Enfer, fou de s'allier à Bélial, et il œuvre pour le bien du Paradis ? Menteur, que veut-il ? Le pouvoir ? Que pensait-il accomplir ? Si ce n'est la mort et la destruction de son monde ? Mikaël ne comprenait pas, l'ange était complètement perdu, il ne réagit pas quand Satan lui demanda : Tu connais cet ange ? Il me connaît seigneur Dragon, c'est moi qui lui ai prié de venir ici, c'est moi qui ai envoyé Mordred à votre rencontre, votre règne va prendre fin, vous êtes une aberration, vous ne devriez pas exister. Satan éclata de rire, un rire nerveux, qui laissait entendre une explosion de violence imminente, tant de gens avaient été blessé par sa faute, et c'était lui l'aberration ? Le Dragon allait le dévorer, tous les dévorer, l'esprit du petit ange n'était déjà plus que feu et fureur, sans rien montrer de son état, il interrogea l'ange :
- Tu as tendu un piège à Mikaël, tu l'as fait venir, sachant qu'il allait me chercher, Mordred connaissait mes faiblesses, il savait que je devrais quitter le palais sans quoi j'aurais fait souffrir les miens, tu voulais que nous nous rencontrions pour nous tuer en même temps, je suppose que l'un de vous suivait Mikaël depuis sa venue en Enfer ?
- Tu as raison, j'ai mis Bélial sur sa piste, au cas où il déciderait de rebrousser chemin.
Mikaël plongea son regard dans celui d'Imaël, rien ne laissait paraître la colère qui venait de naître dans son esprit, il lui demanda simplement : Pourquoi tout cela ? Pourquoi vouloir une guerre contre le Paradis ? Qui défends-tu là-dedans ?
- Personne. Je ne défends personne car personne ne mérite d'être défendu, les démons, les anges, les hommes, la moindre chose qui vit dans cet univers est corrompue, elle a dévié de son but. Le Créateur m'a montré, je sais comment doit tourner le monde, quand tout cela n'existera plus, Il fera renaître le monde, sans toutes ces horreurs qui nuisent à Sa grandeur, nous, ceux qui le méritons, nous vivrons enfin heureux !
- Tu es complètement fou ! Tu vas causer la perte du Paradis !
- Le Paradis ne vaut pas mieux que l'Enfer, vous tous, vous restez oisif, alors que cet être perfide complote sans cesse pour nous anéantir ! Cracha l'ange en pointant Satan du doigt.
- Un être perfide ? Tu es autant un traître que moi ! Voire plus !
- Faux ! Je suis parmi les derniers à rester fidèle au Créateur ! Vous l'avez oublié ! Vous l'avez tous oublié ! Il nous a confié à tous de grands pouvoirs, nous aurions dû conduire le monde dans Sa lumière, pas nous déchirer et comploter ! Vous m'avez poussé aux plus viles bassesses pour permettre au monde de retrouver sa pureté, vous avez tout-les-deux failli et il est temps de faire justice !
- Tu as poussé Bélial et Léviathan à s'allier contre moi, c'est très fort, reconnut Satan. Que leur as-tu promis ?
- Ta mort, l'Enfer, Lilith, n'importe quoi, ta disparition leur laissera un champ de possibilité inouï, je les laisserais s’entre-tuer pour le pouvoir, cela n'a pas la moindre importance pour moi, je vise bien plus haut.
Bélial se tourna alors vers Léviathan, il le regarda avec haine et mépris :
- Larve, tu pensais que notre association te permettrait de récupérer ma sœur ? La mort, c'est tout ce que tu obtiendras, je ne te laisserais jamais toucher à Lilith !
- Nous verrons bien prince, nous verrons bien. Répondit l'archidémon, dont l'envie de meurtre avait atteint son paroxysme. Il ne savait plus qui attaquer en premier, qui était la vraie menace ? Satan, Mikaël, Bélial ? Peu importe, il avait la pleine maîtrise de ses pouvoirs, il les tuerait un par un.
- Restez concentré amis démoniaques, le Dragon et l'archange ne sont pas encore vaincus. Intervint Mordred, que toute cette rancœur personnelle commençait à ennuyer.
- ASSEZ ! Hurla Satan, une aura violette l'entourait, elle soulevait un nuage de poussière tout autour de lui, alors que son visage était déformé par la colère, il n'était plus maître de lui-même, l'ange allait laisser place à la Bête. Vous venez ici, chez moi, pour tuer et asservir les miens, pour me prendre mon trône !? Je vous ai vaincu ! Le Paradis, l'Enfer ! Je vous soumettrais encore !
- Samaël tu ne devrais pas...
- Silence ! Je ne suis plus Samaël, je suis Satan, le seigneur Dragon ! Je vais vous montrer le vrai pouvoir !
- Tu n'es rien ! Rugit Bélial, je suis roi ! Tu n'es qu'un traître et un usurpateur, ton règne s'achève ici !
Le démon chargea Satan, tenant fermement son katana, les mains de Mordred prirent feu et le sol autour de Léviathan gela, Imaël prit son envol. Le guerrier allait porter le premier coup du combat quand il fut repoussé et projeté en l'air par un coup de gueule du grand reptile qui avait pris la place de Satan, il cracha une gerbe de feu sur ses assaillants dans un bruit terrifiant et assourdissant, chacun se protégea à l'aide de sa magie respective, Léviathan s'entoura d'un épais mur de glace, Mordred d'un champ de force invisible et Imaël créa un bouclier de lumière tout en volant toujours plus haut, il voulait foudroyer cette bête immonde, qu'elle ne gêne plus jamais les anges. Il se préparait à utiliser beaucoup de sa magie lumineuse, il serait probablement épuisé après, il devrait récupérer, mais peu importe. Cela en valait clairement la peine, tuer Satan, il allait accomplir ce glorieux exploit sous les yeux du Créateur. L'ange conseiller commença à accumuler de l'énergie, c'était difficile, il n'était pas au Paradis, il devait la tirer de lui-même. La lumière angélique commença à l'entourer avant de former une boule blanche dans le creux de ses mains, il devait tenir encore, cela ne suffisait pas, il pouvait le faire, il devait le faire. C'est à ce moment-là qu'Imaël fut percuté de plein fouet, il perdit sa concentration et le contrôle de ses ailes lumineuses. L'ange atterrit avec fracas dans un vaste amas de rocher, le souffle coupé, il eut beaucoup de mal à se relever, son corps ne lui avait jamais fait autant mal. Encore à genoux, il leva la tête et vit Mikaël, suspendu dans les airs en face de lui, ses grandes ailes dorées illuminaient les sombres étendues de l'Enfer. Ses yeux étaient remplis de colère et de la lumière du Paradis, son armure angélique brillait, il tenait un javelot lumineux dans sa main droite et sa grande épée apparut dans l'autre main. Sa grande silhouette menaçante poussa Imaël à se reprendre en main, il se releva et fit face :
- Tu n'aurais pas dû faire ça Mikaël, j'aurais pu sauver ton âme, tu aurais pu faire partie de mon monde quand tout cela sera fini, j'avais de l'estime pour toi. Tu m'as déçu.
- Ton monde ? Ce n'est pas ton monde ! Tu n'as pas le droit et de tuer et de conquérir au nom du Créateur, tu l'insultes, tu ne l'honores pas !
- Il me guide, toi mon frère, tu as perdu la foi. Tu ne mérites plus de porter les armes du Paradis.
- Si cela était vrai, le Créateur m'aurait banni depuis longtemps, tu délires Imaël, tu veux simplement un monde à ton image et je vais t'arrêter maintenant !
- Tu as déjà perdu, quoi qu'il arrive, le Paradis m'appartient déjà. Mes fidèles attisent la colère des nôtres, ils profitent de ton absence pour diriger les légions vers la Terre et l'Enfer, pour eux, tu es mort de la main de Bélial, ta compassion à l'égard de nos ennemis ne manquera à personne.
- Tu vas provoquer l'Apocalypse !
- Non, je vais guérir ce monde.
C'en était trop pour Mikaël, il allait pourfendre ce monstre, lui un ange ? C'était un tyran perverti, il ne valait pas mieux que Satan, vraiment pas mieux. Le javelot fendit l'air mais il n'atteint jamais sa cible, quelque chose l'avait fait disparaître. Mordred apparut alors à côté de son comparse, il souriait :
- Pardon, je ne peux pas te laisser le tuer, j'ai besoin de lui, pour encore un temps.
- Tu ne comprends pas l'enjeu de cette lutte humain, cette créature veut détruire ton monde.
- Mon monde ? Je n'ai pas de monde, on m'a rejeté, j'ai dû me réfugier dans un autre univers, vous me pensiez mort ? Non, je décuplais mes pouvoirs, je n'ai rien à voir avec le petit sorcier que vous connaissiez, maintenant je vais me venger de tout ceux qui ont contrarié mes plans.
- Tu laisserais des milliards de gens mourir pour satisfaire un besoin de vengeance ?
- Laisse-moi réfléchir. Oui !
- Vous êtes tous fous. Vous êtes une menace pour l'univers entier.
- Enfin quelqu'un qui me reconnaît à ma juste valeur ! Clama Mordred, en accumulant une énorme quantité de magies diverses. Il se tourna vers Imaël et lui dit :
- Je m'occupe de lui, va au Paradis et prépare tes troupes au combat le plus glorieux de leur existence ! Ironisa Mordred en téléportant son acolyte angélique et fit face à Mikaël, la terre trembla et un tentacule minéral émergea du sol à une vitesse folle, il entoura les chevilles de l'archange trop surpris pour esquiver et projeta la victime contre la roche. Le sorcier dirigea ensuite une vague enflammée sur l'archange qui se protégea comme il put, en invoquant un bouclier de lumière, sa réaction fut aussi immédiate qu'inespérée, il se redressa tant bien que mal et projeta un javelot doré sur son ennemi, le projectile le traversa de part en part, Mordred éclata de rire, la créature était complètement dépassée, si c'est tout ce que Satan avait trouvé pour se protéger, il ne donnait pas cher de sa peau. Mikaël écarquilla les yeux, il l'avait pourtant touché, pourquoi était-il insensible à lumière ? Il recommença, même résultat, Mordred riait toujours :
- Mais qu'est-ce que tu es ?
- Dieu, je suis Dieu. Expliqua Mordred, en préparant un nouveau sort entre ses paumes.
- Je te tuerais !
- Silence un peu. » Ordonna le sorcier, une sphère de vide se forma soudainement autour de la tête de l'ange, il ne pouvait plus respirer. Mikaël s'effondra lentement sur le sol, Mordred le regarda se débattre face à son destin jusqu'à ce que son corps cesse de bouger. Puis, il mit les mains dans ses poches et marcha tranquillement sur quelques mètres avant de disparaître dans un éclair blanc.
Bonne lecture ! On se retrouve de suite pour chapitre suivant !
Dernière édition par Riddor le Sam 5 Mar - 22:11, édité 3 fois |
| | | cambrioleur/euse débutant/e Messages : 158
| Sujet: Re: DEMONS Sam 5 Mar - 22:06 | |
| - Chapitre 9:
La tornade de feu dévora deux jeunes archanges trop surpris pour réagir. La zone de combat était dévastée par les flammes ce qui avait le don d'éveiller de douloureux souvenirs chez Lucifer. Les démons du nord et les clans sylves formaient ici une coalition assez solide pour menacer le Palais d'or, malgré les cadavres fumants et les corps saignants qui s'amoncelaient partout sur la terre brune, l'alliance fragile que formaient les peuples des forêts et des montagnes tenait bon, ils venaient toujours plus nombreux des monts gris de l'Enfer. À l'aide de richesses et de promesses, les séparatistes s'étaient offerts les services d'un pyromancien plutôt doué pour contrebalancer la puissance de feu de Lucifer. Le démon était certes un bon mage mais il n'avait rien d'un combattant. La vue des anges en arme le faisait paniquer, il lançait des flammes sans concentrer sa puissance sur les points stratégiques. Caché derrière un rocher, Lucifer attendait le moment propice pour mettre fin à cette menace enflammée. Une silhouette émergea alors des flammes, elle sauta en avant vers le Chevalier pour esquiver une énième gerbe de feu accompagnée de flèches enchantées. Poussée par son élan, Mara renversa son capitaine, son casque roula au sol et libéra sa chevelure dorée. Lucifer fut surpris de constaté que malgré le sang et la mort qui émanaient de tout côté, son odeur était toujours aussi douce, elle l'apaisa. Mara ramassa son casque et jeta un œil au pyromancien qui avait déjà tué plusieurs de ses compagnons d'armes. Lucifer se releva, il s’approcha de Mara et lui demanda :
« Tu n'es pas blessée ?
- Je vais bien, mais ce sorcier nous empêche d'avancer, les sylves nous clouent sur place ! On ne vaincra pas les démons si cette ordure continue de nous carboniser !
- Il dirige sa magie vers notre position, je ne peux pas m'approcher sans être brûlé vif.
- C'est amusant pour le Chevalier de feu, d'être brûlé vif !
- Tu as un humour étrange.
- Si je détourne son attention, tu penses pouvoir l'atteindre ? Demanda très sérieusement la guerrière angélique, Lucifer lui jeta un regard paniqué en secouant la tête, Mara sourit et s'élança. Lucifer hurla :
- Mara ! Je t'interdis de faire ça !
Sa compagne ne l'entendit pas, elle s'arrêta à mi-chemin entre le rocher de Lucifer et un autre amas de cailloux qui servaient de cachette à d'autres anges, elle cria au démon quelque chose en démonique que Lucifer ne saisit pas. L'intéressé rugit de colère et envoya toute ce qu'il pouvait donner sur Mara, détournant ses jets de la position de Lucifer. Ce dernier en profita alors, priant intérieurement pour la novice irresponsable qui égayait ces journées sanglantes, c'est quand elle mettait ainsi sa vie en danger pour lui qu'il se rendait compte de ce qu'il ressentait pour Mara, quand il ne se battait pas, ses pensaient appartenaient à la jeune ange, son sourire, ses longs cheveux, ses yeux si doux, mais aussi son corps de guerrière, toutes les lignes exquises de son corps, même couverte de sang et de poussière, elle était bien plus belle et gracieuse que toutes les succubes. L'ange ne savait pas si Mara avait été touchée par le sort du mage, ce doute le bouleversait et alimentait sa colère, son arme brillait d'une lueur rouge, elle était en corrélation avec son âme belliqueuse. Le démon l'aperçut et paniqua, il tenta de noyer Lucifer sous un flot de flammes bleues tout en appelant sylves et montagnards à sa rescousse. L'archange se jeta sur le côté pour esquiver l'attaque mortelle alors que l'ennemi l'attaquait déjà de toute part. Le mage s'enfuit plus haut dans la montagne, la Légion n'était plus à sa portée, c'était déjà ça. Un robuste montagnard abattit son énorme épée sur Lucifer, la lame rencontra celle de l'ange dans un fracas métallique. Le démon était puissant et se battait avec sauvagerie, il avait à sa ceinture les crânes de ses rivaux de ses rivaux déchus, un crâne d'archange ajouté à cette collection serait un grand honneur pour lui et son clan, mais Lucifer lui trancha le bras fort au-dessous du coude et d'un violent coup de pied, il fit dévaler son corps jusqu'au plus bas de la vallée. Le Chevalier fit face au reste de ses nombreux ennemis, un autre ennemi à peau grise lui barra le chemin, Lucifer porta le premier coup, le démon esquiva avec son bouclier de fer, avec sa main libre, il saisit le poignet du démon avant que celui ne lui porte un puissant coup latéral, son adversaire l'enlaça presque, leurs yeux se croisèrent, le démon sourit cruellement, l'ange lui lui rendit son sourire, son épée de feu traversa son corps, il mourut dans ses bras. Un jeune sylve brandit sa lance, il arborait fièrement ses tatouages de guerre, symboles de ses prouesses au combat. Sa lance, à la pointe empoisonnée, fendit l'air, Lucifer la vit arriver, il jaugea sa vitesse et devina sa trajectoire, il la saisit fermement au moment où l'arme s'apprêtait à le pourfendre. La lance retrouva le lancier, elle entra dans sa gorge et n'en ressortit qu'à moitié, projetant le sylve en arrière. Ses frères d'armes se jetèrent sur l'ange, alors que la Légion Ardente, menée par Azazel et Mara, retrouvait son capitaine. L'assaut angélique fut brutal, exaltés par le sang angélique qui avait été versé plus tôt, les légionnaires brisèrent les rangs démoniaques, d'une même voix et d'un même coup d'épée, ils firent reculer l'ennemi. Le combat évolua dans les cris et la fureur, la terre devint pourpre et humide alors que les corps sombres des démons et les fines silhouettes angéliques commençaient à tomber une à une. Mara était sans pitié, d'un geste sûr, elle éventra le premier montagnard qui croisa son chemin, son regard allait tantôt vers l'ennemi qui ne cessait de reculer, tantôt vers Lucifer qui lui tournait le dos, il était devant elle, occupé à vaincre ses propres adversaires. Au milieu de ces guerriers et de ces morts, il semblait comme les autres, luttant pour survivre, perdu dans l'intensité du combat. Cependant, il était bien plus habile, bien plus fort que chaque autre combattant, quand elle se débarrassait d'un ennemi, Lucifer en terrassait trois. Mara n'était pas la seule à l'observer, tous les anges admiraient sa danse meurtrière et tentait de l'égaler. Les cadavres se comptaient par dizaine autour du capitaine, ses yeux étaient flamboyants, sa lame tout autant, de la fumée semblait émaner de son corps. Finalement, il trouva ce qu'il cherchait : le mage. Couvert du sang de ses victime, l'épée toujours à la main, il commença à rejoindre le démon magicien qui, à chaque pas de Lucifer, voyait la mort approcher. Le pyromancien était paralysé par la peur, il hésitait à pénétrer dans la forêt maudite des sylves, qu'il craignait presque autant que Lucifer. L'ange déchu le pointa avec son épée, il lui cria cette phrase en chargeant le mage :
- Où comptes-tu te cacher mercenaire ? Alors que tu es seul face à ma lame !
Au moment où l'épée dorée brisa le crâne du démon, Lucifer fut rejoint par Azazel et Mara, alors que les derniers renégats fuyaient dans la forêt. Le Chevalier attrapa le cadavre du mage par les cheveux,il essuya sa lame contre le cou encore tiède du vaincu et leva bien haut son arme, le ciel rouge de l'Enfer se refléta sur le tranchant de l'épée, elle brilla d'une ardente lumière que chaque ange put apercevoir. Au puissant cri de victoire de Lucifer, chacun leva son arme à son tour et unit sa voix à celle de son capitaine. Alors que les cieux s'assombrissaient, la gloire de la Légion Ardente résonna dans tout l'Enfer. Le fracas de l'escarmouche avait cessé, on relevait les blessés angéliques, on achevait les démons mis à terre et on accompagnait les mourants dans leurs derniers instants. Le regard de Lucifer était tourné vers la forêt, il cherchait à débusquer les sylves dans leur étrange royaume mais il étaient tous déjà loin. Cela n'avait été qu'une énième escarmouche contre les séparatistes, ils avaient disparu comme ils étaient venus, perdant bon nombre des leurs mais emportant quelques jeunes anges dans leur sillage de mort, ils reviendraient tout aussi nombreux pour maintenir la pression sur la Légion dans un jour, des mois, peut-être plus, Lucifer n'en savait rien, il maudissait cette guerre lente et coûteuse en vie mais il admirait la ténacité de ses adversaires. Mara et Azazel le retrouvèrent à l'orée des territoires sylves, son second scrutait sur les monts gris qui abritaient aussi un grand nombre de leurs ennemis, malgré la fin de la bataille, Azazel restait sur ses gardes. Mara tenait son casque contre sa taille, elle prit une voix excessivement grave et répéta la dernière phrase de Lucifer en bombant le torse, provoquant l'hilarité des quelques anges qui l'entouraient et du principal intéressé, puis elle ajouta en souriant :
- Prépares-tu ces phrases à l'avance ou as-tu des qualités de poète que nous ignorons encore ?
- Je ne sais même pas pourquoi j'ai dit ça, c'est venu tout seul ? Avoua Lucifer.
- Alors que faisons-nous, mon capitaine ?
- Les démons reviendront, mais pas avant un moment, nous leur avons infligé une lourde défaite aujourd'hui.
- Grâce à toi. Dit doucement la guerrière, ses yeux brillaient d'admiration, Lucifer détourna le regard, il prit un ton plus dur :
- Tu t'es mise inutilement en danger tout-à-l'heure, tu as mis ta vie et celle de tes compagnons en danger. Tu dois réfléchir avant d'agir Mara, ou tu ne survivras pas bien longtemps.
- J'ai remarqué que tu te battais avec plus de fureur encore quand je suis en danger. Dit Mara en accompagnant ses dires d'un clin d’œil aussi ravageur que malicieux.
- Arrête de te comporter comme un enfant, j'ai fait de toi un légionnaire, ne me fait pas regretter mon choix.
- Bien mon capitaine ! Maugréa Mara avec le ton d'une petite fille qu'on venait de gronder. Il furent interrompus par Azazel qui appela Lucifer, il avait inspecté le cadavre du mage et semblait troublé. Le Chevalier de feu rejoignit son ami et s'intéressa à sa découverte, un frisson parcourut son échine. Le dos du démon était orné d'un grand tatouage noir, un crâne à cornes, le symbole des troupes de Bélial. Azazel demanda :
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Je ne sais pas, c'est peut-être un déserteur.
- Ou alors Bélial se joue de nous !
- Les séparatistes menacent le Palais d'or, c'est un danger pour les anges comme pour son peuple, pourquoi leur venir en aide ?
- Satan doit être prévenu, si le Prince des Ténèbres...
- C'est étrange, mais ce n'est pas une preuve de parjure, inutile de créer le trouble pour rien.
- Allons Lucifer ! Bélial veut nous voir mort depuis notre arrivée en Enfer, il rêve de récupérer son trône ! Pour lui peu importent les serments ! C'est un meurtrier assoiffé de sang, ce ne serait pas sa première fourberie.
- Qu'il le veuille ou non, c'est notre allié, il a juré à son père, ce n'est pas quelque chose qu'on fait à la légère.
- Tu es trop confiant Lucifer, tu es Porteur de Lumière tu te souviens ? Ne te laisse pas abuser par les ombres.
- Je sais ce que je fais à faire, nous allons étouffer cette rébellion sans affaiblir le Palais, nous avons assez de problèmes comme cela.
- Je t'aurais prévenu !
- Et je t'en remercie Azazel.
Visiblement contrarié, l'archange retourna vers ses autres congénères, en se retournant, Lucifer constata que Mara l'avait suivi sans rien dire, elle avait entendu toute la conversation, l'ange déchu soupira d'exaspération, elle était incorrigible :
- Azazel a raison.
- S'il-te-plaît Mara, je n'ai pas envie de continuer le débat.
- D'accord, je ne veux pas te mettre en colère, tu dis des phrases ridicules quand tu es en colère...
- Tu es insupportable ! Protesta Lucifer.
- Et je compte bien le rester ! Aussi vrai que je m’appelle Mara ! Affirma-t-elle avec détermination.
- Mara, pourquoi portes-tu un nom comme celui-là ?
- Il veut dire...
- Espoir en démonique je sais, tes parents n'étaient pas des anges ? Pourquoi un nom démonique ?
- Souci d'intégration ? Proposa l'ange en haussant les épaules.
- Et qu'as-tu dit au sorcier tout-à-l'heure pour lui faire perdre ainsi la raison ?
- Ho ! C'était assez grossier, des mots indignes d'une demoiselle telle que moi ! S'exclama Mara en prenant une pause faussement distinguée qui fit sourire son compagnon.
- Je vois. Dit Lucifer, qui ne voyait pas vraiment en réalité.
- Et Lucifer ? On ne m'a jamais dit ce que cela voulait dire.
- Hé bien, les démons traduisent par...
- Exterminateur !
Ce n'était pas l'archange qui avait prononcé le mot mais une voix féminine et puissante qui émanait de la forêt, comme si chaque arbre s'était exprimé, le maléfice fit frissonner les anges déchus :
- Exterminateur ! Laquais du Dragon ! Toi qui brutalise mon peuple, tu n'oses pas pénétrer dans mon domaine ! Je tuerais dix de tes anges légionnaires pour chaque sylve à qui tu as ôté la vie aujourd'hui, j'en fais le serment ! Quitte cette terre qui n'est pas la tienne archange, si ton seigneur et si fort qu'il le prétend, invite-le donc à venir régler ce différent par lui-même ! Nous verrons alors s'il est digne de régner sur l'Enfer !
- La reine des sylves nous nargue, à l'abri dans sa forêt ! Mais osera-t-elle venir m'affronter ? Plutôt que d'envoyer ceux des arbres et ceux des montagnes mourir à sa place ? Viens donc te mesurer à moi succube, si tu es si puissante qu'on le raconte ! Répondit Lucifer de sa voix la plus terrible, mais la forêt retrouva le silence, la reine avait parlé.
- Catin effrontée ! Je te trancherais la tête et je mettrais moi-même le feu à ta maudite forêt ! Rugit Mara qui en avait assez de ces embuscades à répétition, de voir tomber ses amis un à un, elle voulait une vraie bataille, elle voulait se frotter à cette soi-disant reine et la vaincre, devenir une héroïne comme Lucifer. Son défi, que sa voix trop douce avait du mal à rendre inquiétant, provoqua l'hilarité générale chez ses compagnons, elle fut semblant d'être vexée, mais les voir rire, plutôt que douter et se morfondre lui faisait un bien fou, cela la revigorait et lui redonnait du courage pour les luttes à venir. Et Lucifer la regardait, il avait les yeux posés sur elle, son regard était comme un foyer réconfortant, il lui réchauffait le cœur dans les moments les plus terrible. Comme elle aurait aimé le voir ainsi éternellement, près d'elle pour toujours ! Elle le fixait aussi, et rougit sans s'en rendre compte, il lui sourit, il allait lui dire quelque chose :
- Retournons au camp, la victoire nous a coûté des guerriers courageux et beaucoup d'énergie. Rentrons et restaurons nos forces ! »
Arrivés à destination, les anges préparèrent un grand feu de joie pour célébrer leur victoire, ils sortirent beaucoup de leur provision et une grande quantité d'alcool démoniaque, voilà l'influence des Hordes sur la discipline angélique. Lucifer la tolérait sans y participer, lui qui avait vécu des carnages dans nom, il trouvait que fêter une bataille n'avait aucun sens. Alors l'ange tenait son rôle de chef, il appelait ses soldats pour leur désigner les tours de garde, les futures corvées et autres désagréments. Avec l'ambiance qui s'installait, certains protestaient, c'étaient des guerriers fiers mais cela faisait aussi partie de leur mission, ils le savaient et se plieraient au commandement. Ainsi chacun vaquait à ses occupations et le camp prenait vie. Lucifer envoya un ange à ses tâches quand Mara arriva à sa table de campagne :
« Mon capitaine ?
- Je ne vous ai pas appelé légionnaire, vous vous êtes déjà occupé de nombreuses corvées précédemment et...
- Il ne s'agit pas de cela mon capitaine, j'ai une faveur à vous demander.
- Et quelle faveur ?
- Je n'ai jamais vu le Palais d'or, enfin si, de loin, comme tout-le-monde, mais je n'ai jamais pénétré dans ses enceintes.
- C'est un lieu réservé à la noblesse infernale.
- Mais je fais partie de cette noblesse !
- Tu es une guerrière de talent, le Palais est un lieu pour courtisan, comploteur et autres politiciens, qu'espères-tu trouver là-bas ?
- Je voudrais le voir de mes propres yeux, voir qui il est vraiment.
- Qui donc ?
- Le Dragon.
- Tu veux voir Satan ?
- Oui ! Voir tout ce monde, tous ces gens pour qui on se bat !
- Tu serais déçue, mais tu es une ange splendide, Satan t'accordera sûrement une audience.
Mara éclata de rire, elle aimait les petites phrases mordantes de Lucifer envers son ami de toujours. Elle voulait s'asseoir près de lui, lui parler, le voir sourire encore, pour le reste de la nuit. C'est alors qu'un groupe d'archange arriva en adressant un bref salut à leur capitaine, ils clamèrent à leur amie :
- Hé Mara ! Cesses donc de te pavaner devant le Chevalier et viens boire avec nous !
- J'arrive les garçons, ne soyez pas si jaloux! Je parie que vous les nobles du Palais, vous ne tenez pas l'alcool !
- Pari relevé ! On va voir ce que tu vaux jolie fermière ! Taquina gentiment un des légionnaires.
Mara s'éloigna en jetant un dernier regard à Lucifer qui secouait la tête d'exaspération.Plus tard, Lucifer méditait dans sa tente au milieu du campement, dehors, on buvait et on chantait autour du grand feu. Il avait l'esprit troublé par la guerre, repensant aux morts de l'après-midi, comment convaincre la reine des sylves que tout cela ne servait à personne ? Seul Satan pouvait répondre à sa question, il devait le questionner, le décider à opter pour une solution moins brutale que le sang et le fer, plus réfléchie. Il prendrait Mara avec lui, puisqu'elle tenait tant à voir le Palais, peut-être qu'ainsi, il aurait plus de temps pour la connaître, découvrir ce qui tiraillait tant chez elle.Quelqu'un tira alors le rideau de sa tente, Mara pénétra dans l'habitation en abordant Lucifer, à sa voix et à sa démarche, l'archange comprit que la jeune légionnaire avait consommé un peu trop d'alcool démoniaque :
- Lucifer ! Si tu voyais tout ce désordre, les garçons ont bien trop bu ! Clama-t-elle en se laissant tomber dans les bras d'un Lucifer aussi indigné qu'inquiet. Il la força à se tenir debout et la regarda sévèrement :
- Mara ! Si tu vomis dans ma tente je te rétrograde ! L'intéressée le fixa dans les yeux un instant avant d'exploser de rire contre la poitrine de Lucifer. Ce dernier la fit asseoir sur son lit de camp, il la tenait dans ses bras sans dire un mot, il ne savait pas quoi faire, la situation était assez gênante pour lui. Mara eut l'air de se calmer, elle se leva tant bien que mal et s'étira de dos devant Lucifer, elle demanda à l'archange :
- Enlève-moi mon armure.
- Quoi ? Émit brusquement Lucifer.
- J'ai cette chose sur le dos depuis l'aube, j'ai mal !
Lucifer hésita un instant, Mara était ivre, elle ne se rendait pas compte de ce qu'elle lui demandait, mais la jeune archange était là, seule dans sa tente, le reste du camp festoyait ou cuvait son alcool et elle attendait sur lui, debout, si gracieuse malgré son état déplorable. Lucifer se leva, il s'attaqua au plastron de Mara, libérant ainsi la demoiselle de sa plaque d'acier, il la déposa à terre et retira ensuite ses jambières, Mara enleva elle-même ses gantelets, elle ne portait plus qu'une toge blanche , dont le bas était bruni par la poussière des combats. Il posa ses mains contre sa taille, elle sentit un picotement de chaleur dans ses entrailles, puis dans tout l'intérieur de son corps, Mara murmura :
- Mais que fais-tu ?
- Je t'aide à décuver. Dit-il tout doucement au creux de son oreille. Mara sentit la chaleur purificatrice s'étendre en elle, l'ange recouvrait ses esprits et réalisa que Lucifer la serrait dans ses bras, elle était contre lui. Le bel ange posa ses lèvres contre le cou de la demoiselle, ce contact la fit sursauter, c'était brûlant. Elle se libéra vivement de l'étreinte de Lucifer et fit volte-face, elle le fixait, l'air interdite, l'archange n'en fut que plus gêné, il ne méprisait pas ses émotions :
- Je suis désolé, je ne voulais pas...
Sa compagne ne lui permit pas de finir sa phrase, elle s'était jetée sur lui avec une force qui trahissait son désir et qui faillit renverser Lucifer, ses bras autour de son cou, ses jambes encerclant sa taille, elle l'embrassa avec passion, saisissant ses cheveux. L'archange lui rendait son baiser avec autant de ferveur, il saisit le col de sa toge et tira d'un coup sec, le tissu craqua et se déchira sur toute la longueur, dévoilant le corps de Mara. Ils restèrent là longtemps, à partager leur amour naissant, Lucifer découvrait cette nouvelle sensation qui bouleversait ses sens, il connaissait la chaleur étouffante et douloureuse du feu infernal, il en découvrait une autre, pleine de tendresse et de réconfort, celle du cœur de Mara. L'archange ressentait tant de choses nouvelles, il crut un instant que ses ailes lui étaient revenues, qu'il était bien plus haut que l'Enfer. Mara ne cessait d'embrasser son héros bien aimé, elle fardait son être contre lui, l'ange se sentait à sa place, elle lui était destinée. Quand sa mère lui avait raconté pour la première fois, il y a une éternité, la légende du Chevalier de feu, elle s'était imaginée tant de choses, combattre à ses côtés, assister à ses plus grandes prouesses, être aimée de lui. Tout cela était des rêves de petite fille que Mara n'avait pu oublier, mais maintenant que Lucifer était dans ses bras, elle prenait conscience de tout ce que l'archange déchu représentait pour elle, il était bien plus qu'un modèle, c'était son âme sœur. Mara voulait lui dire combien elle tenait à lui, tout l'amour qu'elle ressentait et qu'elle couvait depuis si longtemps, mais avoir ses lèvres contre les siennes, c'était si bon, elle voulait que jamais ce moment ne s'arrête. Ce n'était pas tout à fait vrai, elle voulait plus, comme Lucifer :
- Allons nous coucher. » Proposa-t-elle doucement.
Lucifer hocha de la tête, il la conduisit à son lit de camp, là elle le dévêtit et se donna totalement à lui, jusqu'à ce que le sommeil les sépare pour un temps...
Lucifer se réveilla très brutalement, inspirant avec difficulté une grande quantité d'air, le visage de Mara s'effaçait de son esprit alors que sa blessure le faisait atrocement souffrir, le maléfice empirait. Quelle heure était-il ? Faisait-il jour ? Combien de temps avait-il dormi ? Il n'en savait rien, il se sentait ridicule, en colère aussi. L'archange blessé poussa un hurlement de rage et de frustration, il affligea le mur d'un puissant coup de poing, il le fissura, laissant une profonde marque dans la pierre. Au même moment, quelqu'un ouvrit la porte, c'était l'humaine de toute-à-l'heure, Lucifer n'avait rien contre elle, il la trouvait plutôt douce et jolie, mais elle arrivait simplement au mauvais moment, l'ange déchu lui jeta un regard noir, Salem frissonna, elle le fixa, puis fixa la marque dans le mur, elle avait l'air impressionnée, inquiète, sa bouche formait un petit rond rouge sous l'effet de la surprise. L'humaine tenait dans sa main une gourde de campagne, l'archange se demanda où elle avait déniché ça, puis il la regarda. Elle avait de très beaux cheveux tout noirs, des yeux bleus charmants qui scintillaient, emplis de vie, un petit nez blanc au milieu d'un visage immaculé, ses habits laissaient entrevoir son corps de manière assez généreuse, sûrement pour ça qu'elle avait tapé dans l’œil de Satan, même si le Dragon avait eu de l'empathie pour elle, il restait un séducteur, pour Lucifer, elle avait eu de la chance. Ses bras étaient couverts de tatouages colorés aux formes diverses, l'archange voyait des animaux, des symboles et d'autres curiosités, ses jambes en étaient recouvertes. Si certains anges auraient trouvé cela repoussant, Lucifer appréciait, Salem avait un beau corps, elle en avait fait une œuvre d'art envoûtante, les mâles qui l'entouraient sur Terre devait beaucoup la désirer. Pour Lucifer, Salem était forcément une fille racée, de noble lignée, il ne pouvait comprendre les humains, ce que la serveuse avait étroitement saisi, c'était un type spécial, spécial est terriblement attirant, la jeune femme sentait son petit cœur s'agiter, autant à cause de la beauté du blessé que du regard qu'il lui lançait, sa présence le gênait-elle autant que cela ? L'envie de s'enfuir était bien là, mais Salem était une fille courageuse, ambitieuse, quitte à rester un moment ici, autant se mettre Lucifer dans sa poche, elle pensait à cette idée depuis un petit moment, sans bien sûr réaliser les dangers qu'elle allait risquer. Cependant, Salem était intimidée dans l’instant, elle pointa du doigt la marque toute récente et demanda :
« C'est vous qui avez fait ça ?
- Qui d'autre ?
- Vous avez une super force ?
- Oui, et je n'ai pas besoin d'une petite femelle humaine pour veiller sur moi ! Rugit-il, persuadé que l'humaine allait soit s'enfuir, soit être assez vexée pour le laisser en paix.
- Et vous avez aussi un super caractère de merde ! Génial ! Satan a fichu le camp, sa gentille petite femme s'est enfermée dans sa chambre, je suis la seule à ne pas vous avoir oublié, alors vous pourriez montrer un peu de reconnaissance quand même ! S'exclama la jeune femme, en essayant vainement de se montrer aussi intimidante que Lucifer. L'archange leva les yeux au ciel, il expira bruyamment, ferma un instant les yeux puis dit :
- Je vous demande pardon ma dame, je ne voulez pas paraître si...
- Grossier et mal élevé ? C'est raté ! Et c'est mademoiselle, boy scout ! Informa Salem, pas peu fière d'avoir obtenu des excuses du Chevalier de feu.
- Boy scout ?
- Ouais, c'est vous le boy scout !
- Je ne comprend pas...
- Aucune importance. J'ai trouvé ça pour vous, c'est dans une gourde, donc ça doit pouvoir se boire, je me suis dit que vous voudriez vous revigorer un peu.
- Où avez-vous trouvé ça ?
- Dans la cour, les soldats là-bas, ils accumulent des tas de trucs, comme si une guerre allait éclater dans le Palais.
- Une guerre va éclater dans le Palais, ils se préparent pour un siège, c'est la ration d'un de mes légionnaires que vous avez dérobé.
- Ho ! Comment ça une guerre ?
- Vous n'avez pas écouté la conversation de tout-à-l'heure ?
- Si, j'ai compris qu'un vilain pas beau vous a fait du mal et que vous couchiez avec Lilith, j'ai dû rater le passage de la guerre, peut-être parce que Satan a pété un câble et que sa copine a menacé de me tuer.
- Vous êtes très désagréable.
- C'est la première fois qu'un homme me dit ça.
- Je n'ai rien à voir avec un homme.
- Vraiment ? Coucher avec la femme de son meilleur ami, ça ne fait pas très angélique pourtant...
- Vous osez ? Mais que savez-vous de moi ? Demanda furieusement Lucifer, surpris de la façon dont cette femelle terrienne lui faisait la leçon, il était furieux certes, mais aussi impressionné, la petite créature avait du cran. Elle s'approcha de lui, s'assit sur le lit et posa impétueusement la gourde sur Lucifer. Sans prévenir, elle posa la main sur le torse du héros et lui fit comme une longue caresse, passant près de son muscle vital et sur son ventre, il tressaillit et ses muscles se contractèrent, interdit, il crut voir l'humaine sourire. Elle posa ensuite une main sur son front puis lui ébouriffa les cheveux, Lucifer la regardait avec des yeux ronds, il ne comprenait absolument pas ce qu'elle venait de faire, toute sourire, Salem s'exclama :
- Mais on dirait que tout va bien ! Vous vous rétablissez !
- Je ne suis pas sûr que c'est la façon de procéder pour vérifier l'état d'un blessé. Dit Lucifer, soupçonneux. Salem cessa de sourire et se contenta de regarder l'ange sans croiser son regard, mais quelle folie lui avait traversé la tête ? Pourquoi ne parvenait-elle pas à se maîtriser en présence de l'archange ? Il la mettait dans tout ses états dès qu'elle le croisait, c'était compliqué à vivre, elle avait honte de sentir son corps s'émouvoir à chaque regard de Lucifer, Salem n'avait jamais été une fille facile, elle était belle, gracieuse, intelligente, maline, avec le sens des affaires et elle savait que la vie n'était pas un conte de fée. Des beaux gosses tout en muscle au sourire niais, elle en avait connu une fournée, et ils avaient vite décampé, sauf que Lucifer n'avait rien d'un beau gosse niais, sa présence bouleversait la jeune Salem, il était simplement au-dessus de ce qu'elle connaissait, son esprit était happé par le brasier infini qui brûlait dans ses yeux et son âme, son âme, elle pouvait la voir derrière les pupilles de l'archange déchu, c'était terrible, du feu, des cris, du rouge partout, un fracas de guerre puis une grande lumière. Salem eut un mouvement de recul brutal, elle faillit tomber du lit, Lucifer lui saisit le poignet et elle retrouva l'équilibre, il ne comprit pas ce qui avait fait subitement paniquer l'humaine, inquiet, il lui demanda :
- Tout va bien ?
- Oui, oui, j'ai eu un moment d'absence, pardon !
- Vous êtes sûre ?
- Oui, vous ne buvez pas ?
- C'est du Souffle du Démon, de l'eau de vie, je ne sais pas...
- De l'alcool ?
- Oui, c'est cela. Dit doucement Lucifer avant d'ouvrir la gourde et d'avaler quelques gorgées, le goût n'était franchement pas terrible mais la douleur au ventre se fit moins vive. Salem fixait le récipient avec curiosité, ce qui n'échappa pas à Lucifer, il la prévint :
- C'est de l'alcool démoniaque, je doute qu'en boire soit une bonne idée pour vous.
- Hé, je bossais dans un bar avant que votre roi décide de m'envoyer au chômage technique, je pense que je peux goûter votre truc ! Affirma Salem avec un ton de défi.
- Et moi je ne pense pas ! » Contra Lucifer. D'un geste vif, Salem prit la gourde des mains de l'archange et but une longue rasade avant de poser la gourde devant elle, elle émit un sourire satisfait, sa tête vacilla et elle s'effondra d'un coup sur les jambes de Lucifer qui soupira d'ennui. Il la regarda comater pendant un moment, elle semblait profondément endormie, l'archange se permit de passer une main dans les cheveux qui cachaient son visage, elle était vraiment très belle, il se souvint que Lilith fut une humaine autrefois, que les succubes étaient de lointaines cousines des humaines, une sorte d'amélioration. Finalement, certaines de ces filles n'avaient pas grand chose à envier aux dames infernales, Salem en faisait en partie, elle ne faisait pas tâche dans cette demeure, loin de là, elle avait des vertus que les succubes ne montraient pas, ou n'osaient montrer. Lucifer sourit, il effleura des doigts la peau de Salem, celle-ci était tiède. Ce contact le surprit, il était habitué à la peau froide de Lilith, contrastant avec le feu qui habitait son corps angélique. Le Chevalier se concentra, son pouvoir s'infiltra sous la peau de Salem, il gagna son système sanguin et circula dans tout son être, il la purifiait non seulement de l'alcool, mais aussi de tout ce qui pouvait lui être nuisible. Après l'opération, Salem avait l'air encore plus sublime, elle étincelait. Ce tout petit effort avait épuisé l'énergie de Lucifer, la fatigue le foudroya subitement, il se laissa gagner par le sommeil et sombra profondément dans les ténèbres. Salem se frotta les yeux, la jeune femme se sentait étrangement bien alors qu'elle ignorait absolument tout de ce qu'il lui était arrivé, elle aperçut la gourde sur le lit et se souvint, elle jura d'une voix cassée et se redressa tant bien que mal. À côté d'elle, Lucifer tremblait de tout son être, il était livide, les poings serrés, le visage tordu par la douleur, il parlait en dormant et semblait cauchemarder :
« Non...Mara...je t'en prie...je n'ai pas été là...je n'ai pas pu...je t'en prie... Il hurla en se redressant brusquement, Salem se retrouva dans un coin opposé de la chambre, terrorisée. Lucifer tremblait encore, il avait les yeux grands ouverts, sa respiration était haletante et soudain, il fondit en larmes. Aussi vite qu'elle avait fui, Salem retourna près de lui, elle l'enlaça tendrement, sans trop savoir quoi faire ou dire, quelle importance ? Elle ne comprenait même pas le mal qui rongeait l'archange. Salem le laissait pleurer contre elle, ses caresses semblaient inefficaces, il était inconsolable, Lucifer la serra alors très fort contre lui, finalement, humains et anges n'étaient pas si différents, c'était la pensée qui occupait l'esprit de Salem, alors que Lucifer suppliait entre deux sanglots :
- Faîtes que ça cesse...s'il-vous-plaît...faîtes que ça cesse !
Salem ne supportait pas de voir l'ange souffrir ainsi, elle sentit l'émotion la submerger à son tour, elle ne voulait pas se mettre à pleurer avec lui, la serveuse essaya de le rassurer, pour se rassurer aussi :
- Je suis là maintenant, c'est fini ! C'était un simple cauchemar, vous n'avez rien à craindre... C'était les choses toutes simples qu'on disait à un mourant et qui n'arrangeaient rien, Salem le savait, mais elle ne pouvait rien y faire, bon sang ! Que faisait Satan ?
- Non...elle était là... Murmura Lucifer, la voix brisée.
- Qui était là ? Demanda Salem, dévolue à l'archange. Lucifer respira plus calmement, ses larmes cessèrent, il retrouvait le contrôle, mais la jeune humaine vit que ses yeux ne brûlaient plus, Lucifer était terrifié, le sang de Salem se glaça. Le guerrier la garda près de lui, sans savoir pourquoi, sa présence le réconfortait beaucoup, il fut soudain prit d'une grande affection pour elle, Salem le connaissait depuis quoi ? Un jour, et elle était restée pour lui, une succube se serait enfuie, il en était persuadé. Alors il lui raconta :
- Mara était là, vivante, je pouvais la voir, je voulais la toucher, lui parler, et puis... Salem comprit qu'il était trop choqué pour en dire plus, elle ne le força pas, elle chercha plutôt à en savoir plus sur le mal qui le tourmentait, en savoir plus sur son passé aussi :
- Parlez-moi de Mara, ça vous fera du bien je vous assure, j'ai connu ça aussi.
- Vraiment ? On vous a déjà maudite ? On vous a déjà condamné à une mort lente et atroce ? Comment avez-vous fait pour survivre à cette horreur ? Si cela est vrai, vous êtes plus forte que moi.
- Non, mais j'ai perdu des proches moi aussi, je sais ce que vous ressentez.
- Qui avez-vous perdu ?
- Mes parents, ma mère quand j'avais quinze ans, mon père il y a deux ans, un cancer tout-les-deux.
- Une sorte de maladie ?
- Oui, ils ne pouvaient rien y faire, c'était en eux, et même si les médecins ne veulent pas m'inquiéter, je sais que c'est en moi aussi, et que ça va finir par me tuer.
- Non...
- Non ?
- J'ai purifié votre corps tout-à-l'heure, pour vous aider à vous remettre du Souffle de Démon, vous n'avez plus rien.
- Vous m'avez...purifiée ? Demanda Salem, abasourdie.
- Oui, plus de défauts, de mauvaises choses, de ce que vous appelez les maladies, vous êtes comme nous tous maintenant.
- Vous...vous pouvez guérir les cancers ?
- Je peux purifier ceux qui veulent l'être, et brûler les autres.
- C'est incroyable, tout ce pouvoir que vous avez.
- Non, c'est une malédiction.
- Je ne crois pas ! Dites-moi en plus sur Mara.
- Mara était une archange comme moi, elle était jeune, impétueuse, imprudente mais d'un courage et d'une bravoure sans faille.
- Elle était belle ?
Le regard de Lucifer s'illumina, il la revoyait encore, souriante, rieuse, son casque contre sa taille, il voyait ses lèvres bouger mais il n'entendait rien, cependant il devinait un je t'aime :
- Oui, elle l'était. Dit simplement l'archange.
- Vous deviez l'aimer énormément.
- Je l'aimais plus que tout, c'est la seule chose que l'Enfer m'ait jamais offert, Mara, et ses maudites flammes qui brûlent mon cœur !
- Et que lui est-il arrivé ? Demanda timidement Salem, qui n'était pas vraiment sûre de vouloir connaître la réponse. Les yeux de Lucifer devinrent noirs, un sourire à la fois triste et cruel se dessina sur son visage, il raconta avec une voix brisée par les sanglots et la terrible colère qui s'éveillait en lui :
- On lui avait confié une mission à proximité des territoires sylves, à l'époque nous étions en guerre contre eux et les montagnards du nord. J'aurais dû commander cette mission, mais Lilith attendait un enfant, un fils, elle donnait vie à la première descendance du seigneur Dragon, on m'a obligé à assister à la naissance du petit, ce fut un événement joyeux, Satan n'avait jamais été aussi heureux et je l'étais pour lui..
- Satan a un fils ? Coupa alors Salem, trop surprise par cette révélation. Elle avait eu du mal à imaginer le petit ange comploteur marié, mais alors père ! C'en était presque trop. Lucifer ne fit pas attention à sa question, il continua :
- Bélial n'était pas au Palais, il haïssait Satan de plus en plus, cet enfant allait permettre au Dragon d'asseoir sa dynastie sur le trône infernal, il craignait de ne jamais récupérer son héritage. Alors, il s'allia en secret avec nos ennemis pour reprendre le pouvoir par la force, il savait exactement comment procéder pour vaincre...
- En vous affaiblissant !
- Exactement. Ma liaison avec Mara n'était pas un secret, nous avions même prévu de...enfin, le Prince des Ténèbres est allé retrouver ses compagnons, Mara s'attendait à affronter les clans montagnards et sylves réunis, de bons guerriers, mais la brave ange ne les craignait pas, c'était une légionnaire digne des plus grandes louanges, elle se battait avec une grâce qui la sublimait sur le champ de bataille. Les légions de Bélial par contre, elle ne pouvait pas s'y attendre, elle l'imaginait au Palais, nous l'imaginions sur son territoire de chasse, ravalant sa colère, mais se liguer contre les siens, contre Lilith, c'était difficile à croire...
- Elle s'est battue contre lui ?
- Mara est tombée dans une embuscade à la frontière, sylves et montagnards l'attendaient cachés dans les hauteurs, l'attaque fut terrible, mais elle tint bon, puis Bélial arriva...
- Par surprise ?
- Oui, après le premier assaut des démons, il envoya ses hordes sur le flanc le plus fragile de la Légion, qui était en petit nombre ce jour-là, si j'avais été là...
- Ils étaient à trois contre un !
- Ils se sont tous battus jusqu'au bout, tombant un à un, je crois que Mara fut la dernière à tenir, elle a dû être encerclée et capturée...
- Vous l'avez retrouvée ?
- Nous nous sommes très vite inquiétés Satan et moi, c'était une expédition courte, ils auraient dû rentrer depuis longtemps, un mois plus tard nous sommes partis à leur recherche, j'étais rongé par l'inquiétude, Satan n'aimait pas me voir dans cet état, il a lui-même insisté pour m'accompagner...
- Et Bélial pendant ce temps ? Que faisait-il ?
- Bélial...était rentré au Palais, il ne cessait de me défier du regard, avec un air satisfait. J'aurais dû comprendre bien plus tôt, mais j'étais naïf à l'époque, je n'imaginais pas un être vivant capable d'une telle abomination, même de la part d'un démon.
- Alors vous avez survolé l'Enfer j'imagine ?
- Oui, très vite, nous avons repéré le lieu de la bataille... Lucifer baissa alors la tête, ses poings se serrèrent et tremblèrent, Salem eut un pincement au cœur, elle ne voulait même pas essayer d'imaginer la scène. L'ange continua cependant son récit, alors que les larmes recommençaient à couler sur son visage :
- Tous avaient été tués, de nombreux démons étaient morts aussi, mais...tant de mes frères perdus, c'était horrible ! Satan était sous le choc, il hurlait de colère, défiant tout l'Enfer, réclamant vengeance. Moi, je...la cherchais, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'elle était peut-être toujours en vie, réfugiée quelque part, blessée, attendant qu'on la sauve...que je la sauve. Puis...j'ai vu les traces de sang, on avait déplacé des corps... Lucifer sembla si mal que Salem l'étreignit à nouveau, elle voulut lui épargner le supplice de continuer son récit, mais l'archange secoua vivement la tête, il devait le faire, se soulager de ces horreurs qui le hantaient :
- Satan et moi avons commencé à suivre les traces, elle menaient à la forêt des sylves...et là...et là...je l'ai vu ! Le visage de Lucifer disparut derrière ses paumes, il était traumatisé, en pleurs, Salem frissonnait à l'idée de savoir ce qui était arrivé à sa bien-aimée, elle éprouvait une compassion énorme pour Lucifer et elle était à la fois terrifiée et fière d'être présente, de soutenir le Chevalier, elle espérait que tout cela serait bénéfique, qu'elle ne le faisait pas souffrir pour rien. Lucifer libéra soudainement sa peine, il ne se cachait plus, il laissait voir ses larmes, sa tristesse et sa colère, il cria :
- Ils l'avaient crucifié aux arbres ! Offerte en sacrifice à leur maudite forêt ! Son visage était...elle avait tant souffert ! Et puis...Bélial l'a éventré ! Il l'a laissé là ! Comme un gibier indigne qu'on abandonne aux charognards ! C'était horrible ! Elle ne méritait pas de mourir comme cela ! Elle ne méritait pas de mourir !
Salem déglutit, comment pouvait-on faire une chose pareille ? Crucifiée, ces dingues l'avaient crucifié. C'était ça qui les attendait ? Tous se faire crucifier par un psychopathe meurtrier ? Il fallait vite trouver une solution, ou s'enfuir très loin, Salem n'avait pas de solution et elle ne pouvait pas s'enfuir. Elle serra Lucifer contre elle, il balbutiait :
- Je n'étais pas là pour la protéger Salem ! Je lui avais promis de toujours veiller sur elle mais je n'étais pas là ! Je l'ai laissé quand elle avait besoin de moi ! Si je n'ai pas su protéger Mara, comment puis-je sauver l'Enfer ?!
- Qu'avez-vous fait ensuite ?
- Ensuite, j'ai pris son corps et je l'ai porté jusqu'au Palais, je voulais confronter Bélial à ses actes, entendre ce qu'il avait à dire, puis je voulais le tuer, je voulais le voir brûler, souffrir comme Mara avait souffert...
- Et que s'est-t-il passé au Palais ?
- Je suis entré dans la salle du trône, Bélial était là, tout l'Enfer était là, j'ai déposé le corps au milieu de la salle et j'ai attendu que ce monstre réagisse...
- Qu'a-t-il fait ?
- Il s'est levé immédiatement, il m'a fait face et m'a simplement demandé ce que j'attendais de lui ! Ma colère redoubla, quand je dis à l'assemblée que j'exigeais des réponses, ce monstre a éclaté de rire ! Il m'a dit : « Tu veux des réponses ? Très bien, je vais te les donner ! » Puis il a commencé à parler, il a insulté le nom de Mara, il a dit qu'elle s'était rendue, qu'elle avait supplié pour sa vie, qu'elle avait supplié les sylves pendant sa mise à mort et qu'elle l'avait supplié lui pour qu'il l'achève ! Il m'a dit qu'elle était morte terrorisée ! Comme une bête blessée ! Jamais elle n'aurait fait cela ! Et tout en racontant ces horreurs, il riait, il riait de tout son pouls ! Je me suis jeté sur lui, nous nous sommes battus pendant une éternité, dévastant le Palais...
- Pourquoi n'est-il pas mort ?
- J'ai compris que si je le tuais, l'Enfer sombrerait dans une guerre terrible, personne n'en sortirait vivant, Bélial, Satan, Lilith, Azazel, tout ceux qui comptent pour moi, en bien ou en mal, tout ceux-là disparaîtraient, Mara serait morte pour rien. Je ne pouvais pas laisser faire ça, alors j'ai ravalé ma colère.
- Voilà ! S'exclama fièrement Salem en posant fermement ses mains sur les épaules d'un Lucifer très surpris.
- Quoi ?
- Voilà pourquoi vous allez vous relever et vaincre Bélial !
- Je ne comprend pas...
- Mais si ! Vous auriez pu laisser votre haine vous guider, tout casser pour venger Mara et cela aurait détruit tout ce qui restait cher à vos yeux, sans vous ramener Mara ! Alors vous avez préféré refuser le combat ! Vous n'êtes pas comme Bélial, vous n'êtes pas un simple meurtrier ! Vous êtes un héros Lucifer !
- Je crois que vous vous trompez, je ne suis qu'un ange déchu et brisé. Si c'est vraiment Mara que vous voyez dans vos rêves, et non un maléfice de Bélial, elle vous dirait la même chose que moi.
- Je ne sais pas...hésita Lucifer, tout confus, gêné par ses émotions.
- Vous n'avez pas à avoir peur Lucifer, regretter ceux qu'on a aimé, c'est normal, mais tant de gens comptent encore sur vous, si vous vous laissez faire, vos sacrifices n'auront servi à rien ! Ajouta Salem, espérant vraiment réconforter au mieux le guerrier. Vous savez quoi ? Je vais descendre, chercher quelque chose de meilleur que le poison de cette gourde et je viendrais vous voir à nouveau ? D'accord ?
- Oui...
- Je reviens vite ! Assura Salem en se levant doucement, saisissant la gourde au passage. Elle se dirigea vers la sortie sans quitter Lucifer des yeux, ce dernier la stoppa :
- Salem ?
- Mhm ?
- Vous êtes une créature merveilleuse. » La jeune femme ne répondit pas, mais ses yeux brillèrent. Elle sortit de la pièce, ferma délicatement la porte et se laissa glisser faiblement dessus, jusqu'à ce que ses fesses touchent le sol, elle était rongée par la fatigue, Salem venait de vivre quelque chose d'incroyable, de terrifiant et d'incroyable.
Et voici le chapitre 9 ! On avance dans l'histoire, j'attend vos avis et vos questions, à bientôt et bon jeu ! |
| | | Pickpocket Messages : 80
| Sujet: Re: DEMONS Sam 12 Mar - 16:03 | |
| Lutte de pouvoir, guerre, batailles épiques... Amour, sexe ou les 2... Des ressorts classiques je dirais. Ca se lit bien, c'est sympa mais pitié ajoute donc quelques mochetés, y sont tous trop beaux et sexy tes personnages hihihi... |
| | | cambrioleur/euse débutant/e Messages : 158
| Sujet: Chapitre 10 Mar 7 Juin - 11:07 | |
| - Chapitre 10:
Fureur, haine, destruction, l'esprit de Satan n'était plus qu'un contenant d'idées bestiales et confuses, l'ange était loin, perdu dans les méandres de souvenirs plus doux, coupé de la réalité, il était prisonnier du Dragon. L'ange avait l'impression de flotter dans un néant spirituel, seulement secoué par des frissons qui lui rappelaient qu'il n'était pas maître de lui-même, mais que pouvait-il faire ? Dehors le Dragon affrontait ses deux pires ennemis, Léviathan et Bélial. Les deux archidémons se battaient contre lui depuis...il n'en savait rien, il avait totalement perdu le contrôle. Ses adversaires s'étaient ligués contre lui mais ils ne se battaient pas ensemble, Bélial ne faisait aucunement confiance à Léviathan, encore moins depuis les révélations d'Imaël, chacun essayait de porter le coup de grâce au reptile géant tout en évitant l'autre, s'il mourait, Bélial essayerait sûrement de tuer le seigneur des Profondeurs juste après. Un autre frisson le parcourut, plus intense, il avait probablement été touché, il sentit le Dragon s'envoler, Satan fut pris d'un vertige, son esprit s'envola encore plus loin dans ses souvenirs. La lame de Bélial avait pénétré profondément dans la chair de la bête, elle poussa un hurlement si terrible que le démon perdit l'équilibre, il vit une partie de la montagne située derrière lui s'effondrer sous l'intensité du combat. Léviathan criblait le monstre de pointes glacées, il essayait de le geler sans succès depuis le début du combat, la bête était simplement trop énorme. Bélial vit le dragon s'envoler avec son katana dans sa poitrine, il était hors de question que la bête s'envole avec son arme en elle, quel déshonneur sinon ! L'archidémon réussit à s'agripper à une patte arrière du Dragon qui faisait tout pour le faire tomber, il planta ses griffes dans la cuisse du reptile pour ne pas lâcher prise, la bête se retourna, il fut suspendu un court instant dans les airs puis retrouva sa position initiale, son bras le faisait atrocement souffrir mais il ne devait pas lâcher, il devait récupérer sa lame et tuer le Dragon, puis tuer Léviathan et tuer tout ceux qui feront obstacle à sa destinée. Léviathan se défendait plus qu'il n'attaquait, malgré ses pouvoirs, le Dragon restait un adversaire titanesque, pourquoi ne l'avait-il pas attaqué alors qu'il était encore un faible petit ange apeuré ? C'était la faute d'Imaël, il avait jeté le trouble entre Bélial et lui, il l'avait trahi. Maintenant, Léviathan devait survivre aux assauts du Dragon, se cacher un temps puis frapper, pour prendre ce qui lui revient. Il espérait que Bélial réussirait à tuer Satan, il n'aurait plus qu'à disparaître et à ramener Lilith avec lui, c'était si simple et si compliqué à la fois ! L'archidémon ne s'entendait pas réfléchir dans ce boucan, une énorme gerbe de flamme le frôla, le rappelant à la réalité. Il plissa les yeux sous l'effet de la lumière et de la chaleur et contra par une rafale de glace aiguisée, il avait touché le Dragon mais ce dernier ne sembla pas en souffrir, puis il vit Bélial le frapper violemment, il vit la bête s'envoler, emporter Bélial avec lui, c'était le moment de fuir ! Satan ne comprenait plus ce qui était en train de se dérouler dans le monde réel, il volait, mais quelque chose gênait le Dragon, quelque chose qui lui faisait beaucoup de mal. Avait-il été mortellement blessé ? Allait-il mourir sans même s'en rendre compte ? Absorbé par l'esprit du Dragon ? Non, il ne voulait pas finir comme cela, il devait maîtriser la bête, comme Mikaël l'avait dit ! Il hurla dans le néant qui l'entourait :
« Arrête maintenant ! Rends-moi mon corps ! »
Rien à faire, ce n'était pas la bonne méthode, il devait calmer la colère qui l'habitait, trouver une source d'apaisement. Pourquoi était-il en colère ? Bélial ? Non, il pouvait gérer Bélial. Satan s'impatienta, il savait d'où provenait ce sentiment destructeur mais il n'arrivait pas à le réaliser, à se l'avouer. Lilith ? Oui bien sûr, il était là pour elle, tout ce qu'il avait fait, c'était pour elle, pour son bien-être, son bonheur, mais qu'avait-elle fait pour lui ? Alors qu'il était rongé par le Dragon ? Elle s'était détournée de lui, elle avait préféré panser les blessures de Lucifer plutôt que les siennes ! Sa colère redoubla, il crut entendre le Dragon pousser un rugissement. Non non non ! Ce n'était pas ça ! Encore des excuses Satan ! La bête était si haut dans le ciel, elle crachait des gerbes de feu qui illuminaient les cieux, un autre cri bestial déchira l'air, elle était si puissante, si forte, invincible ! La puissance. Elle l'avait écarté de tout, de Lilith, de Lucifer, de son fils, il en avait fait le but de son existence, pensant qu'elle permettrait aux siens de survivre à ses côtés, mais non, sa quête d'invincibilité avait fait souffrir ceux qu'il aime, la puissance, la peur d'échouer, de ne pas être digne de ses choix. Le Dragon n'avait jamais pris possession de lui, à force de chercher le pouvoir, il était devenu le Dragon, cette bête cruelle qui se fichait de faire souffrir ses amis. Cette vérité déchira le cœur de Satan, par son égoïsme, il avait perdu Lilith à jamais. La colère disparut peu à peu, il n'y avait plus que de la tristesse, une tristesse contenue depuis trop longtemps, Satan murmura, d'une voix brisée :
« Lilith, mon amour, pardonne-moi... »
Bélial avait atteint le dos du Dragon, rampant sur ses écailles tranchantes, le démon tentait de se rapprocher du cou du monstre, de récupérer son katana, la bête essaya encore de le faire tomber d'un vif coup d'aile, il faillit basculer dans le vide mais sa prise fut bonne, il esquiva de justesse une mort certaine. Bélial restait concentré, son arme n'était qu'à un petit mètre de lui, il lui suffisait d'approcher encore un peu...de tendre le bras...ça y est ! Sa main noire se referma sur la poignée de l'épée, il tira d'un coup sec et elle se dégagea, le sang coula, il recouvrait sa lame qui luisait d'une sinistre façon. Le Prince des Ténèbres saisit son bien avec ses deux mains, il poussa un terrible cri de victoire, ses yeux violets s'illuminèrent, levant bien haut l'épée, il rugit :
« Satan ! Seigneur Dragon ! Tu meurs aujourd'hui ! »
Un premier coup, son visage fut aspergé de sang, le Dragon poussa un premier rugissement de douleur, Bélial s'en délecta. Un second coup, le liquide vital s'échappa de la plaie et se dissémina dans le ciel infernal. L'archidémon allait frapper une troisième et dernière fois mais la situation changea très brusquement, le Dragon disparut, il vit un petit corps inerte chuter avec lui. Le cri que poussait Bélial n'était pas un signe de terreur, il ne voulait simplement pas mourir de cette façon, encore moins en compagnie du cadavre de Satan. En tombant, il se rapprocha des montagnes brunes qui parsemaient le sol de l'Enfer, son épée toujours à la main, il réussit à la planter dans la pierre, ralentissant un peu sa chute, l'épée resta dans la montagne à son grand désarroi et il la vit s'éloigner de lui alors qu'il tombait encore. Puis il heurta le sol, dévala sur la roche brisée pendant un temps et finit par s'arrêter sur le sable chaud du désert infernal. Malgré la douleur atroce qui palpitait partout en lui, il réussit à lever la tête, incroyable, Satan était à quelques mètres de lui ! Et il bougeait encore ! Ce petit imbécile prétentieux était encore en vie ! Bélial hurla de rage, c'était injuste, vraiment trop injuste ! Il tenta de se relever mais constata très vite qu'il avait au moins un bras de cassé, il réitéra mais c'était trop, même pour lui. Le démon devait souffler un petit moment, dans l'état où était Satan, ça ne devait pas être un problème. Soudain il l'entendit tousser, il le vit cracher quantité de sang, il vit la flaque de ce même liquide qui baignait l'ange déchu, il allait se vider. Très bien, cela suffisait à Bélial. Satan éclata alors de rire, un rire mêlé à un râle de douleur et au sang qu'il rejetait, le démon l'entendit prononcer difficilement :
« Haha ! C'était...trop drôle ! C'est la chose la plus dingue que...j'ai jamais fait... L'ange avait perdu l'esprit, cette fois c'était une certitude, Bélial ne voulait pas être témoin de ces derniers mots, il ne voulait pas lui faire cet honneur, mais Satan continua à parler :
- C'était le destin hein ? Tu devais récupérer ton trône, me prendre tout ce que je t'avais pris, tu sais quoi Bélial ? Tu as raison, je le mérite. Je voulais devenir fort, comme Lucifer, comme toi, je pensais qu'ainsi, je triompherais de l'Enfer, je garderais Lilith près de moi et regardes où cela m'a mené ! Ha ha ! Dans que état je suis...je me dis que Lilith m'oubliera vite, qu'elle mènera l'Enfer sans moi...mais je sais que c'est faux. Elle ne fera rien sans moi, elle se laissera mourir parce que je ne serais plus là, que tout cela n'aura servi à rien..
- Tu te trompes ! Grogna Bélial en tentant de se relever, ma sœur n'est pas une lâche, elle n'est pas comme toi...
- Tu sais que j'ai raison, sinon tu m'aurais tué depuis longtemps...
- Je vais le faire...dès maintenant ! Promis le démon à qui la colère restaurait la force et l'équilibre, malgré la souffrance abominable que lui faisait ressentir son corps, il réussit à progresser vers Satan, ce dernier respirait difficilement, les coups d'épée s'étaient montrés efficace finalement. Alors qu'il se tenait au-dessus de lui, le regardant agoniser, Bélial allait de surprise en surprise, l'ange souriait, il souriait toujours, malgré la douleur et la mort qui l'emportait doucement. Le grand démon ne put s'empêcher de sourire aussi, de façon cruelle, il avait gagné, malgré ses airs, Satan l'admettait enfin et il allait rejoindre tout ceux que Bélial avait déjà tué. Instinctivement le guerrier noir porta la main à sa taille pour tirer son katana mais il n'était pas là, il avait laissé son arme dans la montagne. Bélial hurla de rage, il se devait de la retrouver, c'était, avec la vie, le seul présent que son père lui avait offert. Il fallait le retrouver à tout prix ! Mais pas tout-de-suite, d'abord tuer l'ange, il n'avait pas besoin de son katana pour cela. À l'aide de sa longue queue reptilienne, il attrapa et souleva Satan jusqu'à croiser son regard, serrant son membre autour de sa gorge. Ce n'était plus qu'un petit corps brisé qui suffoquait lentement, Bélial était presque surpris d'avoir réussi à réduire le Dragon à cet état d'impuissance. Satan ne le quittait pas des yeux, son regard montrait qu'il luttait encore face à la mort, Bélial resserra sa prise, il allait lui briser le cou, qu'il cesse enfin de le défier du regard. Soudain l'ange s'illumina, quelque chose avait éveillé l'espoir en lui ! Le démon ne comprit que trop tard, il n'eut même pas le temps de tourner la tête, le javelot angélique le frappa de plein fouet, l'obligeant à lâcher Satan et le propulsant droit dans un mur de roche qui s'effondra à l'impact. Mikaël était arrivé à temps mais il avait épuisé ses dernières force dans la confection de cette arme de lumière, il avait du mal à tenir debout, trop affaibli par son combat contre Mordred. Il eut toute la peine du monde à avancer vers le petit ange blessé, soudain les gravats causés par son attaque s'envolèrent de tout côtés, Bélial se releva, malgré sa taille, on pouvait voir qu'il tremblait de tout son être, il devait être encore plus mal en point que l'archange, et désarmé en plus. Mikaël tira lentement son épée dorée, un pâle bouclier de lumière apparut sur son bras droit. Il ne s'était pas senti aussi faible depuis bien longtemps, mais qu'importe, il tuerait encore ce monstre si cela pouvait sauver les siens de la folie qui les gagnait, il pouvait le faire. Bélial posa un genou à terre, faillit s'effondrer devant ses ennemis, il n'avait pas la force de combattre l'archange, pas maintenant. Sa colère se mua en un puissant cri de rage qui résonna dans tout l'Enfer, Mikaël frissonna, il n'avait jamais vu tant de haine dans un même regard, et le démon le fixait, il se redressa, fit un pas, puis un autre, il se rua vers l'ange en arme, Mikaël leva son bouclier, se prépara à pourfendre le démon, mais se fut une nuée d'oiseaux noirs qui s'abattit sur lui et qui s'envola au loin, poussant d'inquiétants croassements, Bélial aurait sa revanche. L'archange resta un instant sidéré par cette transformation, il ne connaissait pas encore l'étendue des maléfices dont Bélial était capable, mais il fut soulagé de son départ, il n'aurait probablement pas survécu au combat, même désarmé, l'archidémon était un ennemi mortel. Épée à la main, Mikaël se rapprocha de l'ange qui agonisait, il laissa tomber son arme sur le sable et s'agenouilla près de son corps. Il le regarda, Satan luttait toujours, les poings serrés, il n'en avait plus pour très longtemps. Le général resta un instant sans bouger, puis il leva les yeux au ciel, s'exclamant :
- Que le Créateur me pardonne ! »
Un halo de lumière encercla ses mains, il les posa sur la poitrine de Satan jusqu'à vasciller à côté de lui, trop épuisé pour alimenter encore son sort. L'essentiel avait été fait, l'ange déchu respirait mieux, il allait pouvoir aider les siens à nouveau, sauver l'Enfer et le Paradis, redevenir ce qu'il avait été autrefois, un être de lumière. C'était les dernières pensées qui animèrent l'esprit de Mikaël avant que le soldat vascille dans l'ombre.
Lucifer avait l'impression d'errer dans une parodie grotesque de ses souvenirs, était-il endormi ? Mort ? L'archange n'en savait rien, il avait sombré sans s'en rendre compte. Les images furieuses et sanglantes qui troublaient son repos le tourmentait sans discontinuer. Il voyait, dans ces visions remplies de feu, ses amis mourir un par un sans pouvoir rien faire pour l'empêcher, il était faible et soumis dans l'horrible monde onirique qui avait emporté son esprit, il ne trouvait pas la force de se réveiller ou de réagir, il voulait hurler, résister, mais ici, il ne se sentait pas doté de la moindre volonté, l'ange était contraint de subir tout cela. Sa vue troublée s'éclaircit subitement, il voyait un chemin de sang se dessiner devant lui, le guerrier l'emprunta sans le désirer réellement, il suivait les courbes et les tournants que prenait le chemin, autour, tout était noir et alors qu'il avançait, Lucifer sentait l'angoisse monter en lui. L'archange s'arrêta quand la forêt des sylves apparut devant lui, il leva la tête, déjà effrayé par ce qu'il allait voir. Elle était là, Mara, les sylves s'étaient emparés de ses armes et de son armure, ils avaient écorché sa peau, la souillant de runes impies, des racines noueuses s'étaient refermées sur ses poignets et ses chevilles jusqu'au sang, la crucifiant aux arbres de l'orée des bois. Son corps brisé pourrissait là depuis des jours, sa peau avait pris la teinte de l'écorce, elle avait perdu toute pureté, desséchée et verdâtre, repoussante, la forêt se nourrissait d'elle, absorbant sa force angélique. Lucifer ne pouvait apercevoir son visage, caché sous ses cheveux blonds éclaboussés de sang. Ses yeux ne parvenaient pas à se détourner de la plaie béante qui saignait encore sur le ventre de Mara. C'était une large entaille causée par un coup net, une arme très tranchante. L'esprit du Chevalier était tétanisé par cette vision d'horreur, il voulait disparaître, crier, mais son corps lui refusait le moindre geste, Lucifer se sentait tiraillé par la colère et la tristesse, il voulait venger ce meurtre et cette profanation mais sa conscience était écrasée par le poids de la culpabilité, l'ange en était persuadé, il aurait pu la sauver, changer les choses, c'était ce que chacun attendait de lui, mais il avait failli, et on lui avait pris Mara. Soudain la forêt se fut plus oppressante, Lucifer vit le cadavre bouger, il savait qu'elle n'était plus en vie depuis longtemps, son ventre recommença à saigner, déversant son contenu sur la mousse dans un bruit flasque et répugnant. La morte leva la tête vers son amant, elle avait le teint affreusement livide, des yeux pâles qui avaient perdu toute étincelle, du sang coula de ses lèvres quand elle bégaya :
« Pourquoi n'étais-tu pas là Lucifer ? Pourquoi m'as-tu laissé mourir ?
L'archange ne pouvait répondre ou détourner la vue de ce cauchemar, il essayait d'échapper à ce supplice en fermant les yeux mais cela lui était impossible, et Mara continuait à murmurer :
- Il est temps mon amour, rejoins-moi maintenant, rejoins-moi dans la mort.
Non il ne le voulait pas, tout cela n'était pas réel. Et pourtant, sa dame se trouvait là devant lui, elle l'invitait à la retrouver ! Lucifer frissonnait, le corps de Mara dégageait un froid terrible, si terrible que même les feux de l'Enfer ne semblaient pas pouvoir s'y mesurer. Son regard croisa celui de la morte, il était vide de toute affection mais Lucifer ne trouvait pas la force de lui résister, elle lui manquait tant ! Il était perdu sans elle, rien qu'un ange brisé. Le guerrier fit un pas dans sa direction et Mara sourit, c'était un sourire traître, inquiétant, l'ange ne parvenait pas à le remarquer, il voulait la toucher, l'enlacer et ne jamais revenir de ce rêve. Une douce chaleur l'envahit alors, sa vue se brouilla, Mara, la forêt, toute la vision s'évanouit brusquement. Lucifer se retrouva dans un autre endroit qu'il connaissait, la Plaine de Cendres, au crépuscule de la bataille. Le ciel était rouge, le sol était jonché de cadavres angéliques et démoniaques, à perte de vue. Lucifer était le seul être en vie ici, il chercha Mara dans toutes les directions mais elle ne pouvait pas se trouver là, que faisait-il ici ? Il appela son aimée mais sa voix ne fit que résonner dans les plaines ensanglantées. L'odeur de chair brûlée était horrible mais Lucifer commença à avancer droit devant lui, quelque chose l'attendait ici, il ne savait simplement pas quoi, ni pourquoi. Son œil fut attiré par une petite colline dénuée de sang et de mort, il monta jusqu'à son sommet et regarda l'horizon, une intense lumière dorée aveugla alors son champ de vision. Un ange apparut dans les airs, en face de lui, il le dominait par sa hauteur et sa prestance, la créature était si lumineuse que Lucifer ne pouvait distinguer son visage. L'ange grand et majestueux, composé d'une pure énergie dorée, pointa son épée d'un air accusateur vers Lucifer, sa voix tonna, terrible, pleine de jugement et de colère :
- Qui crois-tu être, déchu ?
Lucifer se protégeait les yeux avec son bras, il ne supportait plus cette lumière, trop intense pour le monde infernal, il répondit tant bien que mal :
- Je suis Lucifer, Chevalier de Feu, c'est le nom que l'on m'a donné ici.
- Tu es un ange errant, apeuré, qui a oublié son propre nom !
- Que veux-tu dire ? Qui es-tu ?
- Tu ne me reconnais pas Lucifer ?
- Qui es-tu archange ?
- Retrouve tes esprits, retrouve ton nom Lucifer ! »
Lucifer ouvrit doucement les yeux, la main de Salem était posée sur son front, elle était assise sur son lit et veillait sur lui. La jeune femme retira sa main quand elle remarqua que l'ange était réveillé, elle lui demanda :
« Vous allez mieux ?
Lucifer lui répondit par un regard qui ne rassura pas Salem. L'humaine avait ramené au blessé une cruche d'eau et un peu de nourriture qu'elle avait déniché sur les tables du banquet laissé à l'abandon. Lucifer avala quelques gorgées d'eau mais ne toucha pas aux aliments, Salem lui fit remarquer :
- Vous ne mangez pas ?
- Je n'ai pas très faim, mais merci quand même.
- Vous avez raison, ça a un goût bizarre vos trucs.
- Vous en avez goûté ?
- Oui ! J'ai besoin de me nourrir moi !
- Je vais faire en sorte que vous ne manquiez de rien.
- Merci, mais vous ne pourrez pas faire grand chose si vous ne sortez pas de ce lit.
- J'ai peur de ce qui va se passer si je tente de me lever à nouveau.
- Et comment va votre esprit ?
- J'ai eu une vision étrange.
- Ha ?
- Je voyais un ange, un ange de lumière, il m'interrogeait sur mon identité, et je ne savais pas quoi lui répondre.
- Mais vous êtes quelqu'un d'important, il fallait lui signaler à votre ange ! S'exclama Salem.
- Non, j'étais un archange du Paradis, maintenant je ne suis qu'une parodie de l'être que le Créateur a réalisé.
- Pourquoi dire cela ?
- Parce que j'ai renié mon serment originel, je n'ai pas su protéger ceux que j'aime et je ne peux même pas affronter les forces infernales qui avancent vers nous.
- Vous allez guérir !
- On ne guérit pas de ce genre de blessure, la mort de Mara me hantera à jamais, je ne pourrais faire payer son meurtre à Bélial.
- C'est vrai, vous ne l'oublierez pas, mais si vous vous dressez face à ce que vous devez affronter, sa mort ne vous fera pas autant souffrir. Moi, c'est en vivant que j'ai arrêté de pleurer sur mes parents et sur mon sort, j'ai travaillé, ouvert mon bar, j'ai galéré et ça m'a finalement beaucoup aidé. Pour vous ça ne doit pas vous paraître grand chose, mais c'est ma vie.
- Vous êtes courageuse. Répondit simplement Lucifer, qui la regardait avec des yeux étincelants, son regard réconfortait Salem qui osa sourire, la présence de cette jeune femme, étrangère à sa vie chaotique, apaisait son cœur. Salem avait toujours du mal à cerner le guerrier, elle avait débarqué dans son existence par inadvertance et maintenant elle veillait sur lui, la serveuse espérait que Lucifer se souviendrait d'elle, elle voulait surtout que l'ange parvienne à se lever et à se battre à nouveau, sinon elle ne reverrait jamais New-York. Cela faisait bien longtemps que Lucifer n'avait pas ressenti une telle complicité, bien sûr Lilith était sa confidente depuis une éternité, mais ça n'avait jamais rien eu de positif, ni pour lui, ni pour elle, ni pour le reste de l'Enfer. Salem n'était sous l'emprise de personne ici, elle n'était pas obsédée par la haine ou le pouvoir, elle avait souffert mais sa force d'âme et son courage lui avaient permis de traverser ses épreuves, à sa façon, c'était aussi une battante. Elle était jeune, et éphémère, mais l'Enfer pouvait lui apporter certains bienfaits qu'elle ne soupçonnait sûrement pas, ces terres pouvaient faire d'elle quelque chose d'autre, une dame puissante et éternelle, une déesse pour les hommes qu'elle côtoie sur Terre. Lucifer lui demanda alors :
- Qu'est-ce qui vous attend maintenant sur Terre ?
- Des ennuis avec le voisinage je crois. Dit Salem avec une voix lassée.
- Personne ne compte à vos yeux ? Vous n'avez plus de famille ? Questionna l'archange, il n'imaginait pas Salem si solitaire, trop habitué à voir les plus belles succubes suivies d'une foule de courtisans.
- Je ne sais pas, peut-être de lointains cousins en Irlande ! Je n'en sais rien. Je n'ai jamais été très famille vous savez.
- Vous évitez vos semblables ?
- Disons que je ne me suis jamais très sentie à l'aise parmi les gens.
- Alors pourquoi vouloir autant rentrer sur Terre ? La question fit rire Salem, elle se calma et répondit simplement :
- Mais parce que c'est chez moi, et ici c'est...c'est l'Enfer !
- Vous allez vivre et mourir seule, et vous n'avez même plus de chez vous.
- Ce n'est pas pire que toute la violence que vous traversez ! Contra Salem. Vous voulez que je reste ? Mais qu'est-ce que j'ai ici ? Que puis-je faire ? Je ne veux pas finir comme Mara !
- Mais vous n'êtes pas Mara, vous n'êtes ni une ange ni une guerrière.
- C'est vrai, et je ne veux pas le devenir, sans vouloir vous vexer.
- Non je comprend. Salem se leva d'un bond, Lucifer crut qu'elle allait partir, il la retint :
- Vous seriez immortelle. La jeune femme marqua un arrêt, elle se retourna, confuse :
- Quoi ?
- L'Enfer est un lieu particulier, ici vous arrêtez de vieillir, dès que vous avez posé les pieds ici, le temps a perdu son influence sur vous.
- Vous êtes sérieux ? Questionna Salem, dont l'expression faciale oscillait entre l'étonnement béat et l'incrédulité la plus dure.
- Attendez mille ans et vous vous en rendrez compte par vous-même. Répondit l'archange, amusé par l'effet de sa révélation.
- Je ne vieillirais plus du tout ?
- Non, vous resterez ainsi. Précisa Lucifer en contemplant encore la jeune femme.
- C'est trop énorme, comment voulez-vous que je réagisse à ça ! Protesta Salem.
- Vous ne seriez plus si différente des succubes, vous égalez déjà leur beauté et elles n'ont pas votre grâce. Se risqua le guerrier.
- Vous draguez comme dans les films de chevalier, et puis c'est vraiment pas le moment !
Salem avait l'impression de perdre la tête dans cette espèce de palais fantasmagorique, elle se détourna du blessé et souffla d'exaspération, son front se posa contre le mur de pierre, ses pensées avaient du mal à tenir en place, l'angoisse la gagnait de plus en plus, elle n'avait aucun contrôle sur les événements, Salem détestait cela. Elle pestait contre cette situation où sa survie dépendait seulement d'un petit ange instable, tout s'enchaînait bien trop vite pour elle. La charmante serveuse avait le visage fatigué, elle se laissa glisser contre le mur et s'assit à même le sol, regardant Lucifer avec ses petits yeux bleus. L'archange lui envoya un sourire qui se voulait rassurant, elle lui répondit par un rictus qui trahissait son inquiétude. Lucifer tourna la tête un instant, vers la seule fenêtre de la chambre, alors que le rouge du ciel infernal illuminait la pièce, puis il dit à Salem :
- Si les choses viennent à chauffer, restez dans le donjon du palais, cachez-vous, enfermez-vous dans une des chambres et ne bougez pas, ne vous mettez pas en danger.
- Et vous, que ferez-vous ?
- Mon devoir, je vous protégerais, vous et les autres, coûte que coûte.
- Malgré votre état ?
- Je ne laisserais rien vous arriver, j'en fais le serment. Répondit Lucifer avec des yeux lumineux, pleins de conviction, ils réconfortèrent un peu Salem, qui lâcha un autre petit sourire à son blessé, elle se leva lentement, retourna tout près de lui et lui avoua :
- Vous savez, c'est peut-être maladroit de ma part mais...je pense que vous êtes quelqu'un de bien, vous ne devez pas avoir honte de ce qui est arrivé à Mara, ce n'était pas votre faute, et je pense qu'elle était heureuse avec vous.
- Merci Salem
- J'espère vraiment que vous allez guérir.
- Et moi, je vous trouve vraiment très jolie. Confessa Lucifer, non sans gêne.
- Je préfère ça, ne me ressortez plus ces histoires de grâce et tout ! Se permit Salem qui s'en voulut immédiatement de rougir autant après la déclaration de Lucifer.
- Je m'en souviendrais, maintenant vous devriez dormir un peu, les prochains jours seront sans doute éprouvants.
- C'est que Satan n'a pas pensé à me filer les clés d'une chambre avant de disjoncter !
- Rien ne vous empêche de rester ici.
- Genre je prends le fauteuil ? Proposa Salem avec un air malicieux qui ne laissa pas Lucifer de marbre, il se contenta cependant de hausser les épaules. L'humaine s'installa dans le fauteuil en question sans y trouver le confort, elle essaya quand même de fermer les yeux, Lucifer la regarda prendre place puis il laissa son esprit se concentrer sur le futur, il entendit tout le palais s'agiter, le cliquetis des armures de ses compagnons qui patrouillaient sur les murailles, le fracas des armes qu'on préparait à la bataille, il devina les pensées de ses amis angéliques, elles étaient aussi embourbées dans le doute que les siennes, il entendit tout ces cœurs qui battaient déjà au rythme de la lutte à venir, il entendit celui de Salem, au son si particulier, il remarqua que malgré ses paupières fermées, elle l'observait toujours, à la fois charmée, inquiète et très intriguée par lui. Il expliqua sans la regarder, avec un regard noir et profond :
- Dans quelques temps, vous verrez le vrai visage de l'Enfer, et rien ne pourra vous préparer à cela. »
Il avait raison, Salem le savait au plus profond de son être, elle allait être entraînée bien malgré elle dans quelque chose de terrible, d'abominable et cela était terrifiant. Son corps se mit à trembler, elle crut fondre en larme et finit par se lever et à se précipiter aux côtés d'un Lucifer qui semblait dans un autre monde, encore plus ténébreux que l'Enfer. Tout cela était horrible et injuste mais au moins, elle avait trouvé un protecteur, conclut Salem en se blottissant contre l'archange déchu qui ne réagit pas tout de suite à cette soudaine proximité, quand il s'intéressa de nouveau à l'humaine, elle dormait à poing fermé.
Dixième chapitre ! Si vous avez des questions ou des commentaires sur l'histoire, n'hésitez pas, mettez un petit commentaire ou envoyez-moi un MP ! Ça fait toujours plaisir et j'y répondrais La suite au chapitre 11 qui arrive de suite |
| | | cambrioleur/euse débutant/e Messages : 158
| Sujet: Chapitre 11 Mar 7 Juin - 11:56 | |
| - Chapitre 11:
Des rivières et des sources à l'eau cristalline, des arbres immenses et couverts de feuilles d'émeraude, aux troncs entourés de lianes et parsemés de lichen, de vastes plaines et collines recouvertes d'une herbe verte brillante à la rosée matinale où s'élevaient parfois quelques petits boquets solitaires, l'Eden se dévoilait sous les yeux émerveillés du petit ange Samaël qui survolait l'endroit sans trop savoir depuis combien de temps, c'était très différent du Paradis ici, beaucoup plus coloré, mais l'ange imaginait les nombreuses améliorations que le Créateur pouvait encore y apporter, il voulait tout faire pour que son père parvienne à créer un endroit aussi parfait qu'Il le voulait, tout en observant ce nouveau monde, il s'adressa au ciel qui le surplombait :
« C'est magnifique Père, vraiment ! Mais tu aurais pu être un peu plus généreux sur les couleurs, enfin tout ce vert, il attaque la rétine quand même. Oui tu vas t'en charger je sais. Et as-tu étudié ma suggestion concernant les chevaux à corne ? Comment ? Trop étrange ? Tu as bien fait des anges sans aile non ? Où sont-ils d'ailleurs ?
Non, l'ange n'avait croisé aucun humain depuis le début de sa visite, il avait hâte de les rencontrer, le Créateur n'avait cessé de vanter leurs incroyables capacités d'adaptation. Samaël avait même eu le droit à l'explication du processus de création, ce qui était rare. Il avait créé le mâle à l'aide de la même poussière qui avait servi de terreau à la végétation de l'Éden, la femelle avait été une source de distraction plus intéressante pour Lui, elle avait été élaborée avec de l'énergie chaotique qui émanait de l'Univers, une énergie fascinante et sauvage. L'homme créerait alors son propre monde à l'aide de ses mains et la femme pourrait utiliser son esprit pour réaliser toutes ses fantaisies, le Créateur avait utilisé le mot magie, Samaël n'était pas trop sûr de comprendre, en fait il n'avait pas compris la moitié des choses que son Père avait énuméré sur les humains. L'ange remontait un fleuve à contre-courant dans l'espoir de croiser les créatures mais malgré ses grands yeux aiguisés, il ne parvenait à les repérer. Samaël était de plus en plus déçu, il était venu exprès du Paradis pour admirer cette nouvelle prouesse de son Père, hélas, il allait devoir rentrer bredouille. C'est alors que quelque chose attira son attention, une forme familière bullait sur un rocher au bord d'une rivière à l'aspect sauvage. Le petit ange osa s'approcher, très discrètement, guidé par sa curiosité légendaire, il se posa en silence de l'autre côté de la rive, faisant disparaître ses ailes dorées pour ne pas surprendre la créature. Samaël restait bouche-bée, le Créateur ne plaisantait pas quand il disait que les humains étaient sa plus belle réalisation, après lui bien sûr. L'humaine lavait ses longs cheveux noirs dans l'eau scintillante de l'Éden, ses longues jambes exquises s'étendaient sur la roche, légèrement repliées sur elles, l'ange ne pouvait s'empêcher de suivre les lignes et les courbes du corps de la femme, chacun de ses gestes l'hypnotisait, il voulait se rapprocher, observer son visage à son insu, il se demandait ce que le Créateur pensait de son comportement actuel, il devait être amusé, pauvre Samaël, il n'était plus sûr d'être la plus parfaite de ses créations, plus il s'avançait, plus il constatait la perfection physique, l'équilibre et la beauté qui se dégageait de ce nouvel être. L'ange ne faisait plus attention à rester dissimulé, il ne faisait plus attention à rien, si bien qu'il tomba dans la rivière, soulevant des vagues d'eau dans ses gestes de panique et aspergeant les deux rives. Surprise, la femme se leva d'un bond en poussant un cri strident, elle recula, et se recroquevilla sur elle-même, cachant son joli visage aux yeux de Samaël qui réussissait tant bien que mal à rejoindre la terre ferme du côté de la femelle humaine, il s'épousseta et secoua la tête en espérant ainsi chasser l'eau qui le recouvrait et qui s'était infiltré dans sa toge immaculée, il pesta :
- Me voilà trempé ! Stupide ange que je suis ! Samaël recentra son attention sur la femme qui levait discrètement vers lui des yeux terrifié, la tête à moitié cachée derrière ses genoux. Il commença à faire de grands gestes de confusion avec ses mains, l'air à la fois honteux et tout aussi terrifié. Pardon ! Pardon ! Je suis désolé ! Je ne voulais pas te faire peur ! J'étais juste venu voir à quoi tu ressemblais et je...pardonne-moi, je ne voulais pas te faire peur. S'excusa Samaël, alors que la jolie créature cessa de le cerner pour l'observer avec plus de curiosité, elle se leva, s'approcha du petit ange, même l'humaine le dominait en taille, mais Samaël était trop envoûté par la scène pour s'en vexer. D'un geste timide, elle posa sa main sur le front du petit ange qui ne put s'empêcher de tressaillir et de se laisser absorber par les grands yeux noirs pleins de vie de la femme. Il la regardait avec émerveillement effleurer sa joue et caresser sa crinière dorée, elle stoppa son geste subitement et s'exclama en latin :
- Maintenant, je peux parler.
- Que...quoi ?
- Je ne pouvais pas parler avant, expliqua la femme, alors j'ai regardé comment tu faisais.
- En me touchant ?
- Oui ! S'exclama-t-elle avec satisfaction, offrant à Samaël un sourire ravageur.
- C'est...très intéressant. Je suis Samaël, ça veut dire Venin de Dieu, enfin c'est une sorte de blague. Il trouve que j'ai la critique facile alors que Je ne fais que Le conseiller ! Il m'a confié cette tâche donc...
- Tu parles beaucoup. Coupa la créature, Samaël éclata de rire, il ajouta :
- Helël me dit la même chose ! Heu...Helël est un ange, comme moi, enfin pas tout à fait comme moi...
- J'aime ta voix, elle est douce.
- Je...merci, pardonnes-moi, je ne suis pas sûr de pouvoir te parler longtemps, quel est ton nom ?
- Mon nom ?
- Oui, j'aimerais le connaître. Demanda Samaël, le regard emplis d'espoir, il se sentait si heureux d'avoir rencontré l'humaine, sans trop savoir pourquoi. La femme sembla plonger dans une intense réflexion, elle ferma les yeux, se concentra et fit une petite moue à son nouvel ami angélique :
- Je ne crois pas avoir de nom !
- Ho ! C'est dommage ! Dit timidement Samaël, que la nouvelle attrista, la femme lui saisit alors le poignet et lui demanda avec insistance :
- S'il-te-plaît ! Donne-moi un nom !
- Mais...je ne peux pas, c'est le Créateur qui fait les choses, je ne peux pas décider du nom de Sa création à sa place, se serait...
- Je veux que ce soit toi ! Exigea-t-elle.
- Bon bon ! Très bien ! Céda Samaël avec un certain amusement. Laisse-moi réfléchir, je ne fais pas ça souvent, je n'ai jamais fait ça en fait. Alors...que penses-tu de... le conseiller angélique hésita, il ne voulait pas décevoir sa complice, il inspira et se lança. Que penses-tu de Lilith ? Je trouve que cela sonne bien.
- Lilith ? Qu'est-ce que c'est Lilith ?
- Hé bien c'est la beauté, la vie, l'attraction, tout ce que tu es. Improvisa l'ange en souriant.
- J'aime Lilith ! Approuva la femme en sautant de joie, elle se permit même un baiser sur le front de l'ange qui eu un réflexe de surprise, il ajouta :
- Moi aussi, j'aime bien Lilith. Soudain il fronça les sourcils, il demanda à Lilith de l'excuser un instant, son regard se leva vers le ciel doré et il s'exclama :
- Oui oui ! Je rentre, je sais j'en ai trop fait, désolé, mais c'était...désolé Père.
- Qui a-t-il ? S'inquiéta Lilith.
- Je dois retourner au Paradis, je suis ravi de t'avoir rencontré Lilith, tu es exceptionnelle.
- Tu reviendras ? Samaël ? Questionna la jeune femme d'une voix attristée qui serra très fort le cœur de Samaël.
- Bien sûr, j'ai hâte de te revoir Lilith, je ne t'oublierais pas! »
Lilith ouvrit très doucement les yeux, le faible rayon de lumière qui traversait la chambre du luxueux hôtel parisien où elle avait passé la nuit avait suffit à la réveiller. Tout lui semblait désagréable, le goût du bourbon dans sa gorge, l'odeur de l'alcool dans la pièce, les draps imbibés de boisson et surtout, la chape de plomb qui s'était abattu sur elle dès son réveil. Tout était brouillé, les souvenirs lui revenaient doucement, Satan et elle avaient passé la soirée à écumer les clubs de la ville, des plus populaires aux plus sordides, ils avaient erré partout dans la ville, puis le couple était rentré dans cette chambre immense et hors de prix, ils avaient fait l'amour, puis ils avaient englouti des litres de liqueurs assommantes et ensuite...ils avaient pratiqué ces deux activités en même temps. La succube ne parvenait pas à se rappeler la suite, c'était peut-être une bonne chose. Lilith se redressa et s'étira en levant bien haut les bras, c'est là qu'elle remarqua l'homme en face d'elle, assis dans la pénombre, ou plutôt l'ange, car il s'agissait de Satan. Satan qui était habillé de son magnifique costume italien, encore plus cher que cette nuit d'hôtel, les mains sur les dossiers du fauteuil, les jambes croisées, elle voyait mal son visage mais elle devinait son sourire trop charmeur pour une telle matinée. Il se leva d'un bond et commença son numéro, tournoyant sur lui-même pour attraper des objets posés sur le sol et sur la large commode de la pièce. Lilith soupira en voyant sa lingerie atterrir entre ses jambes, elle tenta d'attraper le sac garni de viennoiseries sans y parvenir puis se tourna vers Satan avec le regard blasé, alors que ce dernier avait rejoint le pied du lit, devant elle, en lui tendant une cruche remplie d'un liquide chaud et odorant, il énuméra en la toisant de ses yeux doux et envoûtants :
« Culotte. Croissants. Café.
- Satan, il est...tenta Lilith, en cherchant à deviner l'heure.
- Il est temps de te remettre de tes émotions ! On a passé une nuit géniale hier ! S'exclama-t-il.
- Peut-être, j'ai du mal à m'en souvenir.
- Ha ? C'est à cause de l'alcool ou parce que tu avais la tête dans l'oreiller quand on...
- Satan ! Je t'en prie ! La paix ! Grogna-t-elle.
- Hé, tu vas me prendre pour un menteur mais...
- Tu es un menteur ! Dit Lilith d'une voix lassée.
- Héhé ! C'est vrai, mais même avec tes cheveux en bataille et ton haleine de feu, tu es la plus belle chose qui me soit arrivée. Murmura-t-il à son oreille. Lilith lui jeta un regard mauvais et le mit à terre d'une poussette de la main. Elle se leva et dit d'une voix à la fois hautaine et charmante :
- Je vais me laver, ne me suis pas. Satan éclata de rire et hocha de la tête en signe d'obéissance. Il reprit pied, se saisit d'une télécommande et alluma la chaîne hi-fi, diffusa un titre de Lou Reed dans la pièce, il entendit sa compagne reprendre les paroles de sa voix apaisante, l'ange déchu ne put s'empêcher de sourire bêtement, il sentait son cœur battre comme jamais. Satan ouvrit la fenêtre, laissant le soleil illuminer pleinement la chambre, il se pencha pour admirer la vue, la ville, la vie, l'humanité. Il laissa son esprit divaguer dans les travers de ce monde qu'il ne connaissait que trop peu, s'émerveillant de tout, s'inquiétant de rien, l'Enfer était loin de lui, et c'était bon. La caresse de Lilith sur son échine le fit sortir de sa méditation, elle avait l'air inquiète, et demanda :
- Tout va bien ?
- Oui, tout va très bien, je voudrais que cela dure. Dit-il en regardant le ciel.
- Quand rentrons-nous ?
- Pourquoi rentrer ? Questionna soudain l'ange, avec un regard inhabituellement sérieux.
- Hé bien, parce que l'Enfer...
- ...peut encore se passer de moi, de nous. En revenant, j'ai vu une boutique de vêtements, ils vendent des robes incroyables, très colorées, tu adorerais cet endroit !
- Satan...
- On pourrait prendre des nouvelles de la Seine, la dernière fois qu'on s'y est promené, les gens parlaient latin !
- On ne peut pas rester ici Satan, tu le sais très bien.
- Mais on peut se permettre encore un jour non ? Tout ne va pas s'écrouler en un jour ?
- Je ne sais pas, je voudrais rester, crois-moi !
- Alors prenons-nous une journée, une journée pour nous deux.
- Asmodée doit tout gérer tout seul quand tu n'es pas là, et mon frère...
- Lilith ! Satan avait élevé la voix, sans faire preuve de méchanceté, il la saisit par les bras et la regarda dans les yeux, elle s'apaisa à son tour. Je vais rentrer gouverner l'Enfer, mais je veux juste une dernière journée avec toi, une dernière journée dans tes bras, parce que là-bas...
- Je sais, l'Enfer nous laisse peu de répit, mais je serais là avec toi ! La rassura-t-elle.
- Mais rien n'est pareil en Enfer, je ne suis pas... Le doigt de Lilith se posa sur les lèvres, il se laissa enlacer par son aimée qui lui murmura :
- C'est d'accord, on reste encore un peu, montre-moi ces robes.
- Je ne peux pas continuer si tu n'es pas près de moi Lilith, je ne sais plus me passer de toi, parce que...ton amour, c'est la seule chose qui compte pour moi, l'Enfer, ce n'est que des cendres.
- Je suis là, je t'aime Satan, et je ne vais pas partir ! »
Satan roula sur le côté, toussant et crachant un filet de sang et de cendres infernaux. Par le Styx et l'Acheron ! Où était-il ? Sa tête, ses poumons et son cœur le faisaient souffrir terriblement, il avait du mal à identifier ce qui l'entourait, l'ange reposait à priori sur un matelas des plus inconfortables, sa vision s'éclaircit brutalement quand un odieux personnage l'aspergea d'eau glacée, Satan se redressa brutalement, les yeux grand ouvert, en inspirant bruyamment. Le responsable de cette agression était Azazel, il fixait son seigneur l'air inquiet, tenant encore la preuve de son méfait, un sceau en bois à l'aspect brut et usé. À peine relevé, Satan se laissa choir contre l'épaule de son soldat, gémissant :
« Azazel...au rapport...du café...
- Je viens de faire mon rapport à dame Lilith, je peux le répéter si vous le désirez.
- Je...non, c'est bon. Mikaël...Mikaël ! Où est-il ? Demanda soudain l'ange déchu, le souvenir de ces derniers jours lui revenant en tête.
- Il est ici, je dois vous avouer que je ne sais pas trop comment gérer sa présence, j'ai préféré cacher sa venue à la reine. Mais...
- Tu as bien fait Azazel, je vais m'occuper de ça. Comment va Lucifer ?
- Je ne sais pas, je n'ai pas eu le temps de prendre de ses nouvelles, les démons commencent à se masser devant nos murailles, je crains qu'ils ne nous assaillent dans les prochaines heures !
- Salem ! Se rappela Satan aussi soudainement.
- Je vous demande pardon ?
- La femelle humaine que j'ai amené avec moi ! Elle doit être toujours ici !
- Heu...vous parlez de l'étrange femme qui furetait autour de nos provisions ? J'ai pensé que c'était une voleuse ou une espionne, j'ai cru bon de l'enfermer au cachot. Dame Lilith ne m'a donné aucune directive à son sujet.
- Tu as fait quoi ? Demanda le seigneur, les yeux ronds.
- Je l'ai enfermé, je vous assure qu'aucun mal ne lui a été fait ! Balbutia Azazel.
- Cette personne est...mon invitée ! Allez la libérer immédiatement et présentez lui vos excuses !
- Bien mon seigneur !
- Ou plutôt non ! Donne moi les clés, je vais la sortir de là moi-même. Occupe toi des choses importantes.
- Bien ! Mais seigneur...
- Quoi encore ?
- Que fait-on pour Mikaël ?
- L'archange m'a probablement sauvé la vie, j'espère que tu ne l'as pas enfermé aussi ?
- Quoi ? Non, non ! Je n'aurais pas osé enfermer Mikaël, c'est...
- Tu peux disposer Azazel, et s'il-te-plaît, arrête de prendre des décisions, réfère-toi à Asmodée !
- Mais seigneur, Asmodée est mort.
- Ho. C'est vrai. Hé bien...il me faut un nouveau conseiller. Va me chercher Anaël.
- Votre maîtresse ?
- Ma...oui c'est cela, ma maîtresse ! Clama Satan, déjà sur les nerfs. Elle fera une excellente conseillère !
- Je...comme vous voudrez, mais je dois vous prévenir, elle est en état de choc, elle était présente quand Bélial a tué Asmodée, ils avaient l'air proches.
* Je sais, je sais ! Gère les démons, je vais m'occuper de mes...propres démons. Expliqua Satan, sans être sûr d'être compris.
- Et seigneur ?
- Quoi Azazel ? Satan avait prononcé ces mots avec une lassitude extrême, il était épuisé et le calvaire ne faisait que commencer. L'archange ne répondit pas, il se contenta de tendre une serviette brunie par la poussière à son chef. Le petit ange écarquilla les yeux à la vue du bout de tissu à l'état exécrable. Ho ! Merci ! »
Satan s'essuya la figure et se précipita dans son énorme donjon, il s'enferma dans la première pièce venue, une sorte de grand placard auquel personne ne faisait jamais attention. Il se massa le front et les yeux et posa la paume de sa main droite sur sa poitrine, son cœur battait toujours aussi fort et la cicatrice ancienne qu'il sentait sous ses doigts lui rappela Mikaël, l'archange général avait décidé de lui sauver la vie, il l'avait ramené chez lui et a décidé de se battre pour lui. Plus haut, Lucifer se battait toujours contre la mort, l'Exterminateur voulait encore défendre cet endroit, il voulait le défendre lui, et cela était vrai pour tout les anges de la Légion, pour tout les démons qui étaient restés, Mikaël avait raison, des gens croyaient en lui, il étaient peu nombreux en comparaison aux forces monstrueuses de Bélial et de sa Horde, mais ils valaient la peine qu'on s'intéresse à eux et qu'on les défende. Satan fit apparaître un costume tout neuf sur son corps, il se coiffa tant bien que mal et partit en direction des cachots, faisant tournoyer le trousseau de clé autour de son index. Pendant ce temps, Azazel accomplissait la volonté de son maître, il errait dans le palais à la recherche d'Anaël, à force de sortir bredouille de chacune des pièces qu'il visitait et d'interpeller les rares domestiques qu'il rencontrait encore, l'ange finit par trouver son bonheur à l'extérieur, dans un coin discret à l'ombre des murailles, dans un angle terreux de la forteresse que le monde semblait avoir oublié. Anaël était seule ici, posée à même le sol, elle veillait le corps d'Asmodée. On l'avait laissé là, sur une vieille couverture, la tête tout près du corps, comme si on avait cherché à dissimuler la décapitation. Azazel remarqua que les gens du palais n'avait plus l'habitude de s'occuper des morts, ils vivaient coupés de la réalité, Anaël venait de vivre ce que l'archange traversait trop souvent. Il s'assit près d'elle, en se faisant le plus discret possible, et se pencha sur le cadavre, malgré le fait que l'hybride lui avait fermé les yeux, le soldat pouvait deviner que le démon était mort terrifié, surpris et terrifié. Puisque la femme semblait vouloir l'ignorer, Azazel décida de lui parler :
« Je ne le connaissais pas vraiment, mais il ne méritait pas de mourir comme cela.
- Personne ne mérite de mourir ainsi. Répondit doucement la dame après un silence.On dit que Belzébuth emporte dans le néant les archidémons disparus, j'attends qu'il arrive.
- Pardonnez-moi mais...Satan désire vous voir.
- C'est que je ne suis pas vraiment présentable. Expliqua Anaël, montrant son état à l'ange, elle était encore couverte du sang séché de celui qu'elle veillait.
- Je crois que vu la situation, nous pouvons faire l'impasse sur la bienséance. Dit Azazel avec un sourire triste qu'il voulait réconfortant.
- Je vais aller voir Satan, où puis-je le trouver ?
- Il est actuellement dans les cachots, je vais vous y conduire.
- Non merci, je peux m'y rendre seule. Occupez-vous des défenses, et d'Asmodée s'il-vous-plaît.
- Il aura un traitement décent dès que les préparatifs du siège seront terminés ma dame.
- Je vous remercie Azazel. Conclut Anaël avec une petite révérence. »
Satan fit tourner la clé dans la serrure capricieuse, le mécanisme grinça désagréablement et la porte s'ouvrit. Salem était bien là, assise sur le banc en bois de sa cellule, Azazel avait encore eu le bon sens de ne pas l'enchaîner. Plus contrariée qu'effrayée, l'humaine avait les jambes tendues et croisées, avec un vieux crâne de démon en guise de repose-pied, elle s'occupait en mâchant un chewing gum, réalisant une grosse bulle rose devant Satan avant de la faire exploser. Le petit ange se précipita vers elle en s'excusant :
« Je suis confus, vous êtes ici depuis longtemps ?
- Non, et heureusement pour vous. Poussez-vous que je puisse sortir de cet horrible endroit !
- Azazel vous a pris pour une voleuse, soyez assurée que...
- Mais je suis une voleuse ! J'ai piqué de la nourriture à ses soldats parce que je ne savais pas quoi faire pour Lucifer et moi ! Vous êtes parti et vous avez tout laissé en plan ! Avec tout ce qui se passe, j'étais la seule à encore me soucier de lui ! Maintenant que je me suis retrouvé là, je ne sais même pas s'il tient toujours le coup ! Mais où étiez-vous bon sang !?
- J'étais...égaré. Tenta d'expliquer Satan, perdu dans ses souvenirs et dans la confusion de l'instant présent.
- Égaré hein ? Hé bien j'espère que vous avez retrouvé vos esprits, vous avez des tas d'erreurs à réparer dans le coin je crois.
- Vous avez raison Salem, je vais vous emmener voir Lucifer, vous allez assister à quelque chose d'intéressant. Dit mystérieusement Satan.
- Vous me faîtes peur. Se méfia Salem.
- Ne craignez rien, insista-t-il, et puis vous n'allez pas errer dans ce palais comme une âme en peine. Allez, suivez-moi. »
Salem acquiesça sans grande conviction et prit la suite de Satan, l'humaine se risqua presque à demander au maître des lieux s'il avait pris des nouvelles de sa femme, mais elle se ravisa, Satan avait l'air calme, qu'il le reste.
Le néant, partout, toute lumière avait disparu, Lucifer était-il mort ? Avait-il succombé à sa blessure ? L'ange n'en savait rien, il se sentait plus léger, l'esprit plus aéré que d'habitude, mais l'absence immédiate de perspective l'inquiétait. Il commença à marcher, ou à flotter, au hasard, il n'y avait nul chemin, ni même de sol à proprement parler, seulement une infime sensation de matière sous ses pieds. Cela n'était pas désagréable, elle rappelait à l'ange sa jeunesse, lorsqu'il arpentait les cieux du Paradis grâce à ses ailes dorées. Des voix retentirent soudain, de lointains échos, Lucifer les reconnut, il entendait là Mara, Satan, Lilith, Azazel, les voix du passé venaient réveiller les doutes et la tristesse qui lui déchiraient le cœur depuis si longtemps, le néant changea à une vitesse bouleversante, il revit ses instants les plus terribles, il découvrit à nouveau les caresses de Mara, la découverte de son corps, ses combats contre Bélial, les paroles à la fois trompeuses et sincères de Lilith, la colère dévastatrice de Satan, tout cela assaillit ses yeux et ses oreilles de façon insupportable, gigantesque, déformée. Lucifer hurla sans émettre le moindre son, il se débattit sans pouvoir bouger, subissant la violence de toutes les horreurs qu'il avait vécu. La torture s'arrêta aussi subitement qu'elle avait commencé, Lucifer eut alors la sensation de chuter à haute vitesse, puis de moins en moins vite, jusqu'à se stabiliser et à retrouver un semblant d'équilibre. Le Chevalier tomba à genoux au milieu de tout ce noir, il comprit qu'il n'était pas encore mort, que tout cela n'était qu'une énième torture, un autre maléfice de Bélial, que son supplice n'était pas terminé. Pourtant Lucifer en avait assez, assez de subir les faux espoirs que l'Enfer a provoqué, assez de revoir ceux qu'il n'avait pas pu sauver, il ne voulait plus sentir son cœur être écorché à nouveau. Lucifer voulait crier, en cet instant précis, il voulait mourir, s'en aller retrouver Mara dans le vrai néant. L'archange eut alors un vaste frisson qui le terrifia, des croassements oppressants se firent alors entendre, Bélial apparut brutalement en face de lui, ses intenses yeux violets étaient la seule source de lumière dans ce rêve enténébré. Le démon ne prononça aucune parole, il se contenta de dégainer son katana en s'approchant de Lucifer, l'immense lame illumina l'endroit. Le guerrier ne porta cependant aucun coup, il fixait le Chevalier, il attendait. Lucifer leva alors les yeux vers lui, il dit :
« Vas-y, je suis prêt. »
Bélial leva alors bien haut sa lame, Lucifer ferma les yeux mais ne sentit aucune douleur, un fracas métallique retentit, quelqu'un avait paré le coup à sa place ! Il entrouvrit les paupières et vit l'impensable, Mara était là, son épée angélique se frottait à la lame aiguisée de l'archidémon, Lucifer ne croyait pas cette vision, il était émerveillé. Elle était là, belle, vaillante, le regard fier, brave et si lumineux, elle lui avait sauvé la vie, encore une fois. La vision de Bélial s'effaça, Mara en profita pour tendre une main à Lucifer, tenant toujours fermement son épée avec l'autre. Lucifer ne pouvait y croire, ces yeux, ce sourire, c'était bien elle, la légionnaire portait la même armure qu'il avait abîmé le jour de leur rencontre, la même qu'il avait dû ôter de son cadavre. Malgré tout, Lucifer hésitait, tout cela ne pouvait être réel, la dame l'encouragea alors :
« Debout mon capitaine !
- Tu n'es pas réelle ! Cria Lucifer en saisissant tout-de-même la main de Mara, tu es morte ! J'ai porté ton corps ! Tu ne peux pas être là ! Les larmes ruisselaient sur les joues de l'archange, sa voix était brisée par les sanglots, il s'effondra dans les bras de sa compagne, celle-ci murmura à son oreille :
- Tu as raison mon amour, je suis morte.
- Je ne peux pas le supporter, je ne peux pas vivre sans toi ! Depuis que tu es partie je n'ai...je n'ai plus rien ! J'aurais dû être à ta place ! C'est moi qui devait mourir ce jour-là, pas toi ! Mara, je suis désolé, pardonne-moi...
- Lucifer, ce n'était pas de ta faute ! Tu n'es pas responsable, ce n'est pas toi qui m'a tué !
- Bélial, les sylves...
- Tout cela, c'est du passé, j'appartiens au passé. Il y a des gens, tout un peuple, tout les peuples qui comptent sur toi ! Et tu te focalises sur les erreurs que tu crois avoir commises, mais tu n'as rien fait de mal, nous avons tout les deux suivis les ordres ! Je t'aime tellement Lucifer, je veux que l'amour que tu as connu pour moi te rende plus fort, invulnérable ! Je ne veux pas que Bélial s'en serve pour t'affaiblir ! Fais-moi honneur, relève-toi et terrase nos ennemis !
- Je t'en supplie, ne t'en vas pas...
- Je sais que tu crois être seul, mais ouvre les yeux, tu n'es pas seul ! Des personnes croient en toi, tu es leur seule source de lumière maintenant !
- Pourquoi je devrais combattre, si je n'ai aucun droit au bonheur ?! Demanda Lucifer avec rage, sa terrible tristesse réveillait en lui une puissance qu'il ne soupçonnait plus. Mara sourit de plus belle, elle lui répondit :
- Tu trouveras le bonheur, crois-moi Lucifer. Sors de cet endroit, surmonte ta peine, surmonte la douleur et il te tendra les bras.
- Ce bonheur, c'est avec toi que je voulais le vivre !
- Tu ne sais pas ce que l'avenir te réserve. Dit malicieusement Mara.
- Et toi ? Tu le sais ? Demanda Lucifer.
- Prends mon épée, repousse les ténèbres. J'ai eu une vie heureuse Lucifer, tu m'as rendu heureuse. Je sais que tu réussiras à vaincre ta part d'ombre, je t'aime Chevalier, que les souvenirs que tu as de nous ne te fassent plus jamais souffrir ! Adieu mon amour.
- Mara ! NON ! Elle avait disparu, ne laissant que son épée dans les mains d'un Lucifer en larme, tremblant de peine et de colère. Il hurla le nom de son aimée à en perdre la voix, il poussa un rugissement de rage et de haine. Tout ces souvenirs, ces visions, Bélial l'avait maudit, le contraignant à revivre un cauchemar, il avait utilisé Mara contre lui et quelque chose avait inversé le processus. Mara était venue à lui, elle lui avait donné son épée, pourquoi ? Lucifer comprit brutalement pourquoi, il para de justesse un coup mortel et traître de Bélial, le démon était réapparu derrière lui, il enchaînait maintenant les frappes les violentes et l'archange bloquait avec de plus en plus de difficulté, le démon semblait être un titan inébranlable. Soudain, une gerbe de feu sortie de nulle part repoussa Bélial si loin qu'il disparut aux yeux de Lucifer, il entendit alors une voix unique en son genre et plus que familière :
- Ben alors mon pote ? On s'amuse tout seul ?
- Satan ? Tu es là ? Il était bien là, fringuant, le regard plein d'une fausse naïveté qui dissimulait la plus grande des malices, un large sourire sur les lèvres, les mains dans les poches, l'air tranquille, il s'avança vers son ami et commença :
- Enfin, je ne suis pas vraiment là, c'est plutôt ton subconscient qui t'envoie des ondes positives à mon image. En gros je suis là pour t'aider, je vais te sortir un discours très niais et réconfortant sur le pouvoir de l'amitié, tout ça tout ça, et tu vas te réveiller. Tu vois le genre ?
- Je ne suis pas sûr de vouloir entendre ça. Hésita Lucifer, que l'apparition de Satan troublait au plus haut point.
- Écoute, je sais que tu souffres, que tu doutes de toi, alors je veux que tu saches que je suis là pour t'aider. Je veux être là pour toi, si je dois lutter contre moi-même pour te sauver la peau, je le ferais sans hésiter !
- Pourquoi ?
- Parce que toi, tu ne m'as jamais laissé tomber Lucifer ! Tu m'as suivi, depuis toujours ! Tu m'as épaulé, tu m'as défendu ! Tu as toujours cru en moi, même dans mes passes les plus difficiles, je sais que tu ne vas pas abandonner comme ça, ce n'est pas toi ! Toi tu te dresses face à l'adversité ! Je dois vraiment te rappeler tout ce que tu as fait depuis que le monde tourne ? Penses-y un peu, tu comprendras alors que tu es loin, très loin d'être un raté ! C'est pour cela que je te parle maintenant, pour que tu te souviennes de tout ce que tu as accompli de grand !
- J'ai fait des choses terribles pourtant, tout ces morts...
- Tu protégeais les tiens ! Tu agissais en chevalier, et c'est ce que tu es encore, le Chevalier de Feu !
- Crois-tu que je mérite encore ce titre ? Après Mara ? Après la trahison de Bélial ?
- Tu le verras par toi-même mon frère ! Moi j'ai confiance en toi, et je ne suis pas le seul.
- Que veux-tu dire par là ? Demanda Lucifer, soudainement intrigué.
- Allons Lucifer, tu as bien vu sa façon de te regarder, de réagir à ta vue, à tes mots, tu sais déjà ce qu'elle ressent pour toi. Salem attend aussi ton retour !
- Mais c'est une humaine ! Elle est si différente ! Et elle ne veut pas de l'Enfer !
- Personne ne veut de l'Enfer, mais tu es un être exceptionnel, ça lui a forcément plu.
- Je la comprends à peine ! S'inquiéta Lucifer.
- Aie confiance en toi, tu vas remonter la pente. L'encouragea Satan avec un petit sourire réconfortant. Je dois vaincre Bélial. Murmura l'archange, alors que la vision de Satan commençait déjà à s'effacer. Bon allez, je te laisse, je vais aller explorer d'autres coins de ton subconscient, pourquoi pas celui des fantasmes refoulés ?
- Je te remercie mon ami ! Dit Lucifer, mais l'ange avait déjà disparu. Bélial fit de nouveau son apparition, il chargea le Chevalier dans un silence de mort, ce dernier esquiva avec une aisance qui le surprit, il comprit alors que ce Bélial n'était qu'un spectre, une matérialisation de ses propres angoisses, des angoisses qu'il se devait d'oublier, pour Mara, pour Satan, pour Salem, pour tout ceux qui avaient besoin de lui dans ces instants si cruciaux, l'archidémon ne devait pas le mettre hors jeu, il allait le vaincre. Un coup rapide de la créature le projeta plus loin dans le néant, la douleur fut presque assommante, mais Lucifer se releva, il fit face. C'est là qu'une lumière éblouissante fit disparaître le néant, elle se dissipa peu à peu, dévoilant aux yeux de Lucifer un archange de lumière, celui qui était venu le provoquer dans sa précédente vision. Cette fois, il le reconnaissait, c'était Helël, Porteur de Lumière, c'était lui-même. D'une voix terrible, l'ange s'exprima :
- Assez de plaintes et d'apitoiement ! Nous allons terrasser ce démon ! Tu en es capable ! Tu avais cette force bien avant de connaître l'Enfer, elle est décuplée à présent. Sers-toi de ton pouvoir contre lui, déchaîne le feu contre le mal !
- Tu as raison, je n'ai pas peur de toi Bélial, plus maintenant. Tu as voulu me prendre tout ce qui avait de la valeur à mes yeux, mon amour, mon amitié et mon honneur, mais tu as échoué. Rien a disparu, Mara vit en moi, et elle alimente le feu qui causera ta perte. Je peux et je vais te tuer.»
Lucifer se déchaîna comme jamais auparavant, un hurlement de rage guerrière brisa le silence, le néant laissa place à un océan de feu dont les flots se déchaînaient à mesure que la rage de l'ange s'exprimait face à son ennemi. Bélial disparut noyé sous les flammes infinies et Lucifer put enfin ouvrir les yeux. Sa vision était floue, il avait du mal à retrouver ses esprits mais l'ange parvenait à distinguer une forme humaine penchée sur lui, une forme aux cheveux dorés. La surprise fut grande quand il reconnut Mikaël, son frère n'avait pas changé mais son regard fatigué exprimait une compassion que Lucifer n'aurait pas cru voir en lui. De ses mains émanait encore l'énergie angélique qui avait guéri sa blessure, elle disparut quand l'ange se jeta dans les bras de son semblable déchu, il avait l'air bouleversé :
« Je suis désolé, pour tout ce que tu as traversé.
- Que fais-tu là Mikaël ? Demanda l'archange en regardant autour de lui, Satan était là, il regardait la scène, visiblement rassuré, Lucifer émit un petit sourire en voyant son ami, il était heureux de le revoir même si ce dernier avait quelque chose de changé, que le Chevalier ne comprenait pas encore. Salem était à ses côtés, elle observait les deux anges en serrant les poings et semblait aussi fatiguée que son frère, elle avait vu cet ange doré s'occuper de Lucifer sans trop comprendre. Elle avait assisté au supplice de la guérison du Chevalier, son corps tremblait violemment, il avait l'air frigorifié jusqu'à ce que la magie de l'ange apaise peu à peu le mal qui causait sa souffrance, la lumière avait envahi la chambre, elle avait été si forte que Salem fut contrainte de fermer les yeux pendant quelques instants, de peur de finir aveugle, puis elle avait vu Lucifer redressé, le regard vif, fixé sur elle, dans les bras de son sauveur. Le Chevalier de feu s'intéressa aussi à l'hybride qui tenait compagnie à Satan, la même dame qui se tenait aux côtés d'Asmodée avant sa mort, elle ne s'en était pas encore tout à fait remise, Lucifer le remarqua aisément, sa tenue était hésitante, son regard et son esprit totalement perdus. Il se tourna de nouveau vers Mikaël, fronçant les sourcils, il ne comprenait pas sa présence dans le Palais d'or, que c'était-il encore passé ? Le soldat angélique hésita dans sa réponse, puis dit :
- J'ai été trahi, le Paradis tout entier a été trahi. Bélial n'est pas votre seul ennemi, il s'est allié à Mordred Pendragon, à Léviathan et au premier conseiller Imaël, ils veulent refaçonner le monde ! Ils sont tous complètement fous !
- Et tu es venu te réfugier ici ? Après nous avoir jeté du Paradis ? Accusa Lucifer sur un ton de défi, Satan voulut intervenir mais le regard noir de son ami et le geste préventif de Mikaël le dissuadèrent.
- Non, Imaël m'a raconté que Bélial vous avait tué, qu'il avait pris le pouvoir en Enfer, il m'a chargé d'une mission de reconnaissance en Enfer pour tirer les choses au clair. Quand j'ai vu cette armée se diriger vers le Palais, j'ai renvoyé mes hommes et j'ai voulu vous prévenir. En compagnie de Satan, j'ai découvert que mon supérieur était un traître et qu'il voulait visiblement me supprimer en même temps que Samaël.
- Je crois que Bélial avait prévu de me tuer à la réception, il ignorait mon absence. Ajouta Satan.
- Tout-le-monde ignorait ton absence ! Précisa Lucifer, ce qui fit légèrement sourire les dames.
- Écrase tu veux ? Grogna le petit ange, visiblement vexé par ce reproche. Bon résumons, nous avons un magicien hipster ET psychopathe, un ange complètement dérangé, Bélial et sa Horde contre nous.
- Qu'en est-il de Léviathan ? Demanda Lucifer.
- Le seigneur des Profondeurs s'est retiré, précisa Mikaël, Imaël l'a apparemment trahi au profit de Bélial.
- On s'occupera de lui en temps voulu, le plus urgent est de repousser cette armée ! Expliqua Lucifer.
- Ils sont plus nombreux, surtout si les légions du Paradis se joignent à leurs côtés.
- S'ils te voient vivants, ils comprendront qu'Imaël les a trompé ! Dit Satan.
- Oui, même si je crains que le conseiller possède quelques fidèles pervertis parmis les miens.
- Si des anges persistent à affronter la Légion Ardente, ils subiront son courroux. Mikaël fronça les sourcils en entendant cette déclaration, après tout ce temps, Lucifer n'avait pas changé. Il se tourna vers les autres et demanda avec une gentillesse trahie par la colère qu'il ressentait intérieurement :
- Excusez-moi, pourriez-vous nous laisser seuls un court instant ? Satan haussa les épaules et fit signe aux dames de le suivre, Salem en profita pour lui glisser une question à l'oreille :
- Hé, c'est qui cette version viking métal de Bon Jovi ? Après avoir étouffé tant bien que mal un fou rire, l'ange répondit :
- C'est Mikaël, le chef des archanges, et accessoirement le frère de Lucifer.
- Sans déconner ? C'est le frère de Lucifer ? Salem avait du mal à y croire, tant les deux anges semblaient avoir un caractère bien différent.
- On peut dire ça oui, sauf que depuis notre départ, ils ne s'entendent plus très bien.
- Et je suppose que vous n'avez rien à voir là-dedans ! Ironisa Salem.
- Hé ! Mikaël a essayé de me tuer ! Il a voulu m'empaler sur une de ses lances de lumière, alors oui, nous l'avons un peu mal pris Lucifer et moi, sauf que mon ami a la rancune plutôt dure vous voyez ?
- En fait ils se détestent à cause de vous.
- C'est bien le genre des humains de m'accuser de tout les problèmes de la Création. Conclut Satan en soupirant avant de fermer la porte, laissant les deux guerriers seuls. Mikaël lança alors les hostilités :
- Il n'y a que ça qui t'intéresse n'est-ce pas ? Tuer des anges ? Après tout ce que tu as vécu, toute ces horreurs, tu penses encore à te venger ?
- Me venger ? Tu me dis que tes semblables viennent massacrer et détruire tout ce que nous avons bâti ici et tu m'accuses de vouloir me défendre ? Es-tu devenu fou Mikaël ?
- Un carnage ne résoudra rien, c'est une occasion unique d'unir les anges face à un ennemi commun ! Imaël et ses alliés doivent être arrêté. Les anges peuvent stopper ensemble la Horde !
- Mais que sais-tu de nous, de la Horde, de l'Enfer ?! Rugit Lucifer en se levant pour faire face à son cadet. La Horde n'obéit qu'à Bélial, par peur ou par respect. Ils se fichent d'Imaël, tout ce qui les intéresse, c'est la richesse et le sang, peu leur importe les aléas politiques de l'Enfer ou du Paradis ! Dès que les tiens quitteront nos terres, la Horde retournera dans les Territoires de Chasse.
- Tu as raison je te l'accorde, je ne connais pas l'Enfer aussi bien que toi, mais tu ne veux pas de mon aide ?
- Je n'ai pas dit ça, ce serait un honneur de me battre à nouveau à tes côtés. Dit doucement Lucifer en baissant la tête.
- C'est ce que je voulais entendre ! Clama Mikaël. Je ne peux pas te le cacher, j'ai besoin d'aide pour que le Paradis retrouve sa splendeur d'antan et il se pourrait que Samaël et toi, vous soyez mon seul espoir d'y parvenir.
- Alors la situation est vraiment déséspérée ! Dit cyniquement le Chevalier. Mais je t'aiderais, pas pour toi ou pour le Paradis, mais parce que ton conseiller est une menace que nous avons en commun. Quand tout cela sera réglé, chacun retournera chez soi.
- Bien sûr ! Les anges iront au Paradis, les déchus resteront dans ce magnifique palais et les humains retourneront chez eux ! Détailla malicieusement Mikaël.
- Que veux-tu dire par là ?
- L'humaine qui accompagnait Satan, celle qui occupe tant tes pensées, tu ne comptes quand même pas la garder ici ? Ce n'est pas sérieux ?
- Attends, tu as vu mes pensées ?
- Je t'ai sauvé la vie, et tu ne m'as même pas remercié. La politesse démoniaque probablement.
- Ce que je ressens pour Salem, c'est confus, récent, et surtout, ça ne te concerne en rien !
- Bien sûr ! Mais penses-y, peut-être que tout ce qu'elle veut c'est échapper à la mort et s'enfuir d'ici.
- Ne soit pas stupide. Contra Lucifer avec un sourire suffisant.
- Tu devrais tirer les choses au clair très rapidement avec elle, tu ne sais pas ce qui peut arriver dans les heures qui viennent, ne la laisse pas dans le doute si tu tiens à elle !
Lucifer se retenait de frapper son cher frère, cela faisait des millénaires qu'ils étaient séparés et Mikaël commençait déjà à lui donner des leçons, il n'avait pas besoin de ses conseils de bienséance angélique, le Chevalier voulait se battre, il sentait son sang bouillir. Lucifer ignorait si c'était sa puissance retrouvée qui causait son état mais le feu infernal attisait sa colère et son désir de revanche comme jamais, ses yeux étaient rougeoyant, ce qui inquiéta un peu Mikaël. Son regard émit un flamboiement quand il pointa le soldat du doigt :
- Écoute moi bien Mikaël, je supporte ta présence parce que Satan te laisse librement aller dans le Palais mais si tu te mêles de mes affaires ou si tu essayes de te mettre entre Salem et moi, peu importe la motivation qui te guide, je ferais en sorte que tu ne revois jamais le Paradis.
- Vraiment ? Demanda-t-il en éclatant de rire, tu crois m'impressionner avec ce regard blessant et ces aboiements ? Allons Helël, je ne vais pas courtiser ta petite protégée, je pense simplement que l'Enfer t'a fait assez de mal comme ça, et qu'il serait temps que tu t'intéresses un peu à toi-même. Quand la tête d'Imaël sera plantée sur une pique bien entendu.
- Tu as des paroles bien belliqueuses pour ton frère angélique ! S'étonna Lucifer. Mikaël baissa les yeux à son tour, il répondit doucement :
- Ma femme est restée au Paradis, elle m'imagine mort à l'heure qu'il est, et elle attend un enfant. Je dois mettre un terme à cette folie et je ne peux échouer, tu imagines...
- Non, coupa Lucifer, je sais ce qu'elle doit ressentir. Perdre son âme sœur, c'est...difficile à vivre.
- Alors j'espère que tu as gardé un peu de ta hargne pour nos ennemis. Lucifer eut un sourire cruel, mais Satan ne lui laissa pas le temps de répondre, il ouvrit brutalement la porte et clama, inquiet :
- Venez vite, la Horde a envoyé des émissaires, ils veulent me rencontrer ! »
Et voilà le chapitre 11 ! Il reste encore des tas de choses à découvrir |
| | | Démon/Démone de l'Obscurité Messages : 2575
| Sujet: Re: DEMONS Sam 11 Juin - 11:00 | |
| Viens de finir le premier chapitre ^^ ! Les deux... Personnages principaux ? - Enfin j'imagine que c'est le cas, vu qu'ils sont tous les deux présentés individuellement - sont attachants à leur propres manières . Hâte de découvrir le personnage de Lilith aussi, je sais pas pourquoi, mais elle m'intéresse x) ! Pour les petits rechignages, j'ai noté deux fautes ^^ : au début du chap, il y a une répétition : "Il apprit par hasard un peu par hasard"Et il manque aussi un l un moment, avec un "t'expiquerais" C'est peut-être un souci qui a été réglé dans les chapitres suivants, mais certains paragraphes sont assez serrés. Peut-être que les espacer ou les couper en deux rendrait la lecture plus fluide ? Après ce point n'est pas si essentiel. En zoomant un peu la page, et je n'avais plus ce problème |
| | | cambrioleur/euse débutant/e Messages : 158
| Sujet: Re: DEMONS Lun 28 Nov - 19:42 | |
| Le récit est maintenant publié sur 404 factory ! https://www.404-factory.fr/story/demonsN'hésitez pas à lire et à commenter sur le site, si vous le cœur vous en dit, ça fait toujours plaisir et ça me fera de la pub mwahahahahaha ! |
| | | | Sujet: Re: DEMONS | |
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